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Les    Chroniques   de

  

20ème  Saison     Chroniques   20.081   à   20.085    Page  395

 

          

        

     

             

Veronic DiCaire - Tournée VOICES - Le Grand Rex avril 2016  - photo © Theothea.com

   

       

     

       

Veronic DiCaire - Tournée VOICES - Le Grand Rex avril 2016  - photo © Theothea.com

     

   

     

                

Veronic DiCaire - Tournée VOICES - Le Grand Rex avril 2016  - photo © Theothea.com

     

     

           

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QUI A PEUR DE VIRGINIA WOOLF ?

de  Edward Albee   

mise en scène   Alain Françon 

****

Théâtre de Suresnes

           

        photo ©   Theothea.com

     

Auréolée de cinq nominations aux Molières 2016, la réalisation d’Alain Françon vient donc de quitter le cocon de sa création trois mois plus tôt, à savoir le Théâtre de l’Œuvre, pour débuter sa tournée en trois représentations au Théâtre de Suresnes.

Trois des comédiens sur les quatre en scène ayant ainsi été distingués par cette sélection honorifique, la quatrième, Julia Faure, pourrait paradoxalement tirer les marrons du feu puisque, d’évidence dorénavant, la véritable surprise ne pourrait venir que de sa propre prestation.

En effet, les trompettes de la renommée ayant célébré l’exemplarité du jeu de Dominique Valadié, Wladimir Yordanoff & celui, dans un second rôle, de Pierre-François Garel, tout en magnifiant l’épure scénographique liée à l’une des meilleures créations de la saison au Théâtre privé, le parti pris du spectacle vivant haut de gamme est donc déjà bien assuré !

De là, bien sûr, à faire oublier Elisabeth Taylor et, pourquoi pas, Richard Burton dans leurs rôles cinématographiques du couple légendaire d’Albee, peut-être que certains critiques professionnels se sont laissés emporter par leur enthousiasme spontané, fort compréhensible par ailleurs !

Ceci dit, sans remonter au film culte des sixties, beaucoup plus près de nous, soit vingt années seulement auparavant, Niels Arestrup mettait en scène cette célèbre pièce à la Gaîté-Montparnasse avec un retentissement à rebonds multiples d’ordre artistique, médiatique et judiciaire qui apportait à sa manière dans l’opinion d’alors un piment incontestable et, de surcroît, permettait à Myriam Boyer de gagner, à la fois, son procès mais aussi le Molière de la meilleure comédienne 1997.

Évidemment, c’était une autre époque où une paire de gifles de trop sur scène pouvait embraser le monde du Théâtre ainsi que, dans un même élan passionné, ses spectateurs aficionados et ses détracteurs bien pensants !

Mais tout ceci n’a jamais été le registre d’Alain Françon qui, loin d’être attiré par les forces autodestructives systématiques, n’a monté ce projet, à la demande des deux comédiens principaux, qu’à la suite d’une relecture analytique inversant la dynamique des motivations conjugales en présence:

Selon cette thèse, Martha & Georges ne seraient pas sous l’effet de pulsions de mort réciproques, mais bel et bien dans une démarche salvatrice qui, a contrario, les amèneraient, en une simulation feinte, à ne composer ce jeu de rôles d’apparence hostile que pour maintenir la réalité complémentaire de leur couple à laquelle, de fait, ils tenteraient de s’arrimer en toute priorité malgré les aléas existentiels.

Dans cette perspective, la course contre la destinée ne serait pas tant de se nuire mutuellement que d’explorer toutes les limites au-delà desquelles l’intégrité pourrait basculer cruellement de l’autre côté du miroir, là, sans doute, où se situe la fameuse problématique virtuelle de leur progéniture.

Le couple invité jouerait, lui, à son insu dans cette configuration spécifique, une fonction de garde-fou à l’égard de leurs hôtes Martha & Georges, mais, néanmoins, fort périlleuse pour eux-mêmes Nick & Honey.

Bref, en faisant de la pièce d’Albee la bouée de sauvetage symbolique d’un couple en désarroi manifeste, c’est donc moins l’odeur du soufre qui dicterait la direction d’acteurs que le texte, mis à nu, devant être exalté à la face du public.

C’est ainsi que, grâce à une logorrhée articulée en vitesse accélérée par Wladimir Yordanoff la débitant avec la pression d’un métronome, se met en place la détermination à foncer tête haute dans une dialectique sans faille… à laquelle vont répondre, en toute complicité, les superbes fulgurances de Dominique Valadié.

En conséquence, un spectacle, fort, intense mais sans violence démonstrative, laissant à l’imaginaire le soin de compter les coups éventuels de ce match de boxe symbolique, uniquement en hors champ, à cour et à jardin.

Le décor totalement rudimentaire et décati, composé exclusivement d’un canapé et d’un escalier permettant toute dérobade éventuelle, vient ainsi authentifier la volonté du metteur en scène de placer l’enjeu dramaturgique à hauteur de l’abstraction nécessaire à une « renaissance » mentale prise à contre-pied de la version traditionnelle « rentre dedans ».

Alors, à l’issue de la cérémonie fin mai, que restera-t-il des cinq nominations glanées sur réputation consensuelle… mise à l’épreuve aléatoire des Molières au second tour des votes ?

En tout état de cause, qu’importent les trophées, puisque toute l’équipe réunie autour d’Alain Françon aura su s’extraire des ondes négatives et des rails nuisibles pour découvrir, de facto, un purgatoire artistique bénéfique à tous et, qui plus est, à cette réalisation fort plébiscitée par le public et la critique !

Theothea le 09/04/16

   

       

       photo ©   Theothea.com

         

JE L'APPELAIS MONSIEUR COCTEAU

de  Carole Weisweiller

mise en scène  Pascal Vitiello

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Studio Hébertot

Tel   01 42 93 13 04   

           

        photo ©   Theothea.com

     

Nous avions quitté Bérengère Dautun, comtesse de Ségur à la Comédie Bastille une année auparavant, nous la retrouvons aujourd’hui, par la magie des réminiscences empathiques, adolescente et jeune fille, au Studio Hébertot, dans sa propre adaptation du livre souvenir de Carole Weisweiller, elle-même encore émerveillée par ses relations affectives de jeunesse avec Jean Cocteau durant une dizaine d’années partagées entre la résidence parisienne Place des Etats-Unis et la villa Santo Sospir de Saint-Jean-Cap-Ferrat, appartenant toutes deux à sa mère Francine Weisweiller, la milliardaire devenue mécène du poète.

De toute évidence, l’artiste avait organisé une sorte de jardin secret pour eux deux qui plaisait beaucoup à l’enfant s’éveillant ainsi à un imaginaire empli d’évocations oniriques voire surréalistes.

L’Alice de Lewis Carroll n’étant pourtant pas sa cousine, Carole conserve de cette période un sentiment exaltant et indéfectible sur lequel aucune altérité n’avait pu avoir prise jusqu’au jour où sa mère, ayant introduit dans son cercle relationnel un nouvel amant mal accepté, congédia brutalement le protégé totalement désemparé… à l’image, par ricochets, de sa tendre complice.

Entre temps, celui-ci avait pleinement embelli les murs de la célèbre villa méditerranéenne, devenue plus tard musée, par ses fresques et dessins laissant ainsi la trace indélébile de ces temps heureux !

A l’instar métaphorique de la « Jeunesse éternelle », c’est Guillaume Bienvenu qui s’emploie à désincarner la présence fantasmatique de « Monsieur Cocteau » dans cette évocation théâtrale narrée selon le temps sensible jusqu’au jour de sa disparition en étonnante concomitance avec celle d’Edith Piaf.

En se frôlant sans cesse avec Bérengère sur la scène du Studio Hébertot durant plus d’une heure sous la baguette scénographique de Pascal Vitiello, leur destinée partagée s’entrecroise, en effet, pour le meilleur de la connivence mémorielle sans que jamais la dimension tactile ne puisse les rattraper, ni même le regard puisse être échangé.

Subtil, délicat et drôle, ce spectacle est à apprécier à l’aune d’un état second ludique que l’on n'a guère envie de quitter au risque d’être sevré de sa mélancolie joyeuse et festive.

Theothea le 13/04/16

   

       

       photo ©   Theothea.com

         

UNE VIE SUR MESURE

de  Cédric Chapuis   

mise en scène  Stéphane Batlle 

****

Théâtre Tristan Bernard

Tel  01 45 22 08 40   

           

        © photolosa

                                  

A la manière d’un costume sur mesure parfaitement ajusté, Cédric Chapuis, nominé aux prochains Molières, s’est donc confectionné un spectacle talisman qui devrait le protéger durablement dans sa destinée d’artiste polyvalent au cours de sa encore jeune carrière… bien qu’il soit déjà presque quadragénaire !

Cependant, son seul en scène ayant été plébiscité dès son premier passage en Avignon off, cinq années auparavant, le comédien tout habillé de blanc tel l’ange habité entièrement par la passion exclusive le dévorant de l’intérieur, nous apparaît au devant de la scène à la lumière ludique et enflammée de son briquet alors qu’Adrien Lepage, son clone, lui, s’apprête à se régaler une fois de plus face à une salle archi-pleine, en jouant durant une heure et demie avec sa partenaire favorite, la fameuse batterie acoustique qui se dédouble sous sa version électronique en un vis-à-vis complémentaire sur les planches, pour l’une des toutes dernières représentations au Tristan Bernard, avant nouvelle reprise estivale en Avignon.

Dans cette configuration duelle, Adrien & Cédric se joignent en une émulation joviale de percussionnistes exaltés et fins connaisseurs des différents composants de leur « Tiketoum » adorée mais pourtant, d’emblée, une différence de taille les sépare, l’un est autiste, l’autre ne serait exclusivement qu’artiste !

A cet instant précis, s’opère le vertige sans fond dans lequel va être happé le spectateur littéralement fasciné par la distanciation virtuelle reliant le Pygmalion à sa créature fictionnelle sortie directement d’un imaginaire écrit, pensé et conçu pour élever un panégyrique à l’expression artistique en tant qu’elle est révélatrice de l’être humain à lui-même ainsi qu’à ses semblables.

L’un pourtant donc est autiste, en tout cas, suffisamment pour être schizophrène dans sa relation à ses camarades, ses éducateurs, ses parents pareillement qu’envers sa propre entité, étant de fait bloqué dans ses modalités de communication; en écho, l’autre est artiste suffisamment pour créer un spectacle à la fois poétique et subtil ainsi que, par concomitance, radical et monomaniaque ressemblant quelque peu à son image d’adolescent débordé et néanmoins sauvé par sa passion liée à la découverte du sens du rythme !

Dans cette perspective, au grand plaisir des spectateurs, Cédric et Adrien ne vont constituer qu’un seul et même personnage durant la représentation et leur sensibilité commune de musiciens dans l’âme emporte l’adhésion, l’identification, le plébiscite de tous pour un, dans lequel chacun devrait pouvoir se reconnaître.

Bien compréhensible qu’à la suite de cette initiation à la batterie sous forme de conte théâtral universel, ô combien musical, l’aspiration à une vie rêvée sur mesure fasse des émules chez tous ceux qui souhaiteraient privilégier le ressenti à la possession, l’être à l’avoir !

Theothea le 17/04/16

               

              

       photo ©   Theothea.com

         

LE CAS MARTIN PICHE

de  Jacques Mougenot   

mise en scène   Hervé Devolder 

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Théâtre du Petit Montparnasse

Tel  01 43 22 77 74   

           

        photo ©   Pauline Marbot

                         

C’est une configuration assez exceptionnelle que d’avoir sur scène deux comédiens alors que l’un est l’auteur de la pièce jouée et l’autre le metteur en scène.

A 19h sur les planches du Petit Montparnasse, trois fois par semaine, Hervé Devolder, par ailleurs réalisateur de « Kiki » à La Huchette nominée aux Molières 2016, retrouve Jacques Mougenot qui, lui, par alternance les autres soirs, assure seul son autre spectacle « L’affaire Dussaert »; ainsi réunis, leur duo fait salle comble pour accueillir une bien étrange première séance d’accueil analytique où la thématique se révèle être « l’ennui » existentiel, voire métaphysique !

C’est aussi assez insolite qu’une chute dramaturgique apparaisse subitement, au bout d’une heure de représentation, tellement significative et d’autant plus déterminante à la compréhension relationnelle des deux protagonistes perçus a priori en situation thérapeutique.

Impossible, par conséquent, d’apporter au spectateur la moindre explication informative supplémentaire, au risque évidemment de neutraliser l’impact de cette 10ème comédie écrite par Jacques Mougenot.

Rappelons néanmoins que la qualité primordiale d’un soignant serait, à l’issue d’une écoute attentive de son patient, d’être en mesure professionnelle de pouvoir poser le bon diagnostic, de façon ensuite à pouvoir faire évoluer celui-ci de manière positive.

Cela suppose notamment de la part du thérapeute de savoir discerner le non-dit, voire la parole-écran du discours en souffrance de ce patient !

Mais soyons conscient que si, ici, à n’en pas douter, le spectateur se trouve en position d’observateur de la séance initiale d’un patient en vue d’une éventuelle prise en charge de sa cure, le décor et la scénographie sont en eux-mêmes la preuve tangible que celui-là assiste, de fait, à une représentation théâtrale.

Sans dévoiler quoi que ce soient de l’intrigue et de son rebondissement fondateur, c’est précisément au point de jonction du Théâtre et de la psychothérapie que se trouve la clef magique de cette formidable ode à l’ennui, cultivée comme le bien le plus précieux d’un auteur et de son metteur en scène, étant de surcroît acteurs de leur fameuse création duelle à succès !

Theothea le 21/04/16

       

       

       photo ©   Theothea.com

         

MALIGNE

de  Noémie Caillault   

mise en scène  Morgan Perez 

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Pépinière Théâtre

Tel  01 42 61 44 16

           

        photo ©   Theothea.com

                         

Une année après ses débuts de comédienne en six représentations de mise en place à la Pépinière Théâtre et non sans ensuite avoir joué sa « Maligne », à plein temps, aux Béliers d’Avignon off ainsi qu’au Petit Saint-Martin, Noémie Caillault est, aujourd’hui, de retour sur ces planches originelles sises près de l’Opéra, avec, à la clef, une nomination « Seul(e) en scène » aux Molières 2016.

Si pour chacun de ses brillants colistiers, de surcroît intensément drôles et ludiques, la bataille est quasi frontale envers les forces antagonistes voire destructrices, pour au moins deux d’entre eux, la part autobiographique, au sein de leurs spectacles respectifs, est une tendance dominante dont, par évidence, Noémie prendrait largement la tête tant son engagement personnel est impliqué dans son récit thérapeutique développé sur trois années de lutte avec une tumeur au sein, découverte inopinément en 2012.

Fin mai prochain, l’un de ces quatre nommés aura donc emporté le prestigieux trophée annuel mais, de toutes façons, Noémie, elle, a déjà recueilli au centuple la manne inespérée suite à cette confrontation vitale avec une telle épreuve de vérité.

En effet, il fallait triompher de l’ensemble des obstacles, physiques, psychologiques, affectifs, existentiels en prise avec la technicité médicale du moment, il fallait croire en sa bonne étoile sans faillir, rencontrer les bons conseillers au bon endroit, il fallait écrire pour s’apaiser, apprendre à se distancier pour être en mesure de jouer et enfin monter sur scène pour atteindre l’objectif poursuivi depuis plusieurs années qui allait ainsi se confondre avec un ultimatum de la destinée transformée, ainsi malignement, en une opportunité créatrice !

Bravo à chacun de ceux qui ont aidé l’apprentie comédienne à effectuer ce « parcours du combattant » mais surtout bravo à son cran, à sa détermination et au pragmatisme qui, désormais, va lui permettre de faire ce métier du spectacle à sa main !

Cette étape maïeutique où d’ici peu, il lui faudra abandonner délibérément les écailles de l’éclosion sous perfusion médicale pour devenir, à part entière, la comédienne qu’elle a toujours voulu être sachant s’ouvrir à la gamme de tous les possibles… Cela vaut n’importe quel Molière ou n’importe quel trophée si ce n’est peut-être, de facto, celui de la « Révélation 15-16 ».

Theothea le 24/04/16

         

       

       photo ©   Lisa Lesourd

         

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Veronic DiCaire - Tournée VOICES - Le Grand Rex avril 2016  - photo © Theothea.com

 

       

   

   

   

     

          

Veronic DiCaire - Tournée VOICES - Le Grand Rex avril 2016  - photo © Theothea.com

     

     

     

         

       

     

         

Veronic DiCaire - Tournée VOICES - Le Grand Rex avril 2016  - photo © Theothea.com