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20ème
Saison
Chroniques 20.096
à
20.100 Page
398
L'Ecole
des Femmes - Les Treteaux de France à L'épée de bois
- photo © Theothea.com
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© Theothea.com
L'Ecole
des Femmes - Les Treteaux de France à L'épée de bois
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L'ECOLE DES FEMMES
de Molière
mise en
scène Christian
Schiaretti |
****
Théâtre de l'épée de bois
Tel
01 48 08 39 74
|
prochainement
|
FIGARO
DIVORCE
de
Ödön von
Horvath
mise en
scène Christophe Rauck
|
****
Le Monfort Théâtre
Tel
01 56 08 33 88
|
En 2007, Christophe Rauck mettait en scène le Mariage de Figaro
à la Comédie Française. Pour sa première
création lilloise, l'actuel Directeur du théâtre du Nord,
depuis 2014, vient de monter "Figaro divorce" du dramaturge allemand Odön
von Horváth.
Un tel titre nous avertit qu'une rupture s'est produite, qu'une union
s'est rompue, qu'un monde s'est effondré. On n'est plus en présence
de la figure emblématique du siècle des lumières, le
Figaro de Beaumarchais impertinent, beau parleur éloquent et
cultivé, en quête d'ascension mais également soucieux
d'égalité dont la liberté de penser et de parler le
portait à protester contre les privilèges de l'aristocratie
jugée immorale.
Ici, la pièce débute dans les ténèbres d'une
nuit où seul un faible rayon persiste, signe malgré tout que
tout n'est pas complètement noir dans ce monde qui fait le grand
écart temporel et spatial du 18ème siècle en France
au 20ème siècle quelque part en Europe. La révolution
a éclaté et les personnages de la pièce de Beaumarchais
fuient un pays en proie au chaos faisant du Comte Almaviva, de la Comtesse
et de leur serviteur Figaro et de sa femme Suzanne des émigrés
plongés dans les sombres années trente.
Ayant franchi une frontière, installés dans une petite ville
lambda et confrontés à une vie quotidienne devenue hostile,
les nobles, déchus de leur rang, sont désorientés et
sans repères. Figaro en profite pour briser son état de servage
et voler de ses propres ailes, ouvre un salon de coiffure, tentant au fur
et à mesure du temps de se mouler à la petite bourgeoisie locale,
faisant fi de ses anciens principes progressistes,
Pour parvenir à la réussite professionnelle et à
la reconnaissance sociale, devenu craintif, il refusera jusqu'à la
paternité et ne répondra pas au désir d'enfant
manifesté par Suzanne, laquelle finira par demander le divorce, ne
supportant plus sa mesquinerie, l'étroitesse de son esprit et sa nouvelle
servilité au service de ses clients.
Divorce d'un couple alors uni et qui désormais se déchire,
divorce des idées. Qu'est devenu l'homme qui voulait s'émanciper
dans un siècle précédent ? C'est maintenant son ex-femme
qui se tourne vers la possibilité d'un ailleurs, refusant une vie
étriquée.
Les déambulations des personnages, le brassage des idéologies,
les tergiversations de Figaro, les insatisfactions de Suzanne s'enchaînent
dans une mise en scène placée sous le signe du mouvement
perpétuel par d'incessants changements scénographiques à
vue effectués par les comédiens sur un plateau nu entouré
d'objets et d'accessoires. Christophe Rauck utilise tous les ingrédients
du théâtre et même du cinéma. La vidéo en
direct, avec deux caméras, dont les images s’inscrivent en fond
de scène, permet de voir des visages en gros plans et arrive, par
des angles de cadrage variés, à donner différentes
perspectives d'une même scène et créer ainsi un autre
niveau d’interprétation et insuffler une certaine distanciation.
Le procédé utilisé ici est visuellement très
séduisant.
Avec les premières notes des "Noces de Figaro" de Mozart, la place
de la musique est essentielle dans la démarche dramaturgique. Sous
l'impulsion de l'excellente pianiste Nathalie Morazin jouant aussi le personnage
de Fanchette et chantant merveilleusement de sa voix atypique, toute la
trajectoire épique de Figaro est émaillée par des parties
chorales avec, en solo, le ténor haute-contre Jean-François
Lombard qui joue également Chérubin.
Figaro est interprété par John Arnold qui a travaillé
plusieurs fois avec Christophe Rauck, Cécile Garcia-Fogel joue une
Suzanne emprunte d'altière gravité qui prend son destin en
mains, Jean-Claude Durand et Caroline Chaniolleau expriment le désarroi
du Comte et de la Comtesse Almaviva désarçonnés par
l'exil. Ils sont accompagnés par les acteurs Flore Lefèbvre
des Noëttes, Guillaume Lévêque, Marc Chouppart, Marc Susini
et Pierre-Henri Puente, incarnant parfois de façon très burlesque
les divers personnages que croise Figaro dans ses
pérégrinations.
Christophe Rauck et sa troupe ont fait de ce Figaro cynique et sans vergogne
se débattant dans un monde en crise et sans envergure, un spectacle
choral et musical qui sonne comme une alarme devant le totalitarisme des
esprits. N'oublions pas que l'auteur de cette pièce, Odön von
Horváth, fut un exilé, honni par le régime nazi, qui
mourut accidentellement à Paris en 1938, devant le Théâtre
Marigny, alors même qu'il allait émigrer aux Etats-Unis.
Cat’s / Theothea.com le 15/06/16
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UN SONGE D'UNE NUIT
D'ETE
de
Shakespeare
mise en
scène Antoine
Herbez |
****
Théâtre 14
Tel 01 45 45 49
77
|
C’est « enchantement » que ce songe
précédé de l’article indéfini pour le
différencier, dans sa focalisation shakespearienne toute sylvestre
matinée de lyrique purcellien à tonalité baroque, de
façon à ce que cette fantasmagorie renvoie, en miroir convergent,
l’image à la fois intrigante et courtoise de l’œuvre
signée William tellement polyvalente à l’origine avec
son article défini !
En création à La Porte Saint-Martin durant trois mois, de
2012 à 2013, la mise en scène d’Antoine Herbez retrouve
au Théâtre 14, en 2016, l’ensemble de ses marques originelles
et, si ce n’est à quelques attributions de rôles près,
cette conception magique de l’interprétation au sein d’une
scénographie où les effets visuels subliminaux viennent en
sublimer la perspective surnaturelle.
Ceux, parmi les critiques, qui découvrent quatre années
plus tard cette création en reprise tout à la fois onirique,
poétique et humoristique ne tarissent pas d’éloges sur
l’expression orale & chantée de jeunes comédiens
maîtrisant leur art avec talent, aisance et légèreté.
Les chants tirés du "The Fairy Queen" de Purcell suscitent, en
langue anglaise si mélodique, cette impression d’authenticité
spontanée que l’imaginaire vient aisément à fusionner
avec une sorte d’emballement instinctif dont le spectateur n’a
guère envie de quitter les langueurs addictives dès qu’il
en entend les intonations médiévales.
Sur les planches, c’est à une sorte de ronde aux chaises musicales
que nous assistons, médusés par tant de candeur, de
sincérité, de bonne foi trompées tour à tour
par les caprices du destin, de la malignité et du jeu que les dieux,
les elfes et surtout les êtres humains accordent aux sortilèges
de l’Amour encombré par son cortège de rivalités,
de jalousie et de pusillanimité forcément mal placées.
Antoine Herbez apparaît ainsi comme un magicien de l’âme
en enfance voire en romantisme; en un mot, il est celui du merveilleux dont
même le diable du désamour aurait pu trouver des vertus à
s’y confondre de plaisir… jusqu’à galamment laisser
sa place au happy end.
Theothea le 21/06/16
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AMOUR AMOR
de Isabelle
Georges
Direction
musicale Frederik
Steenbrink |
****
Théâtre La Bruyère
Tel 01 48 74 76 99
|
C’est toujours une véritable fête que de se rendre à
un spectacle d’Isabelle Georges même si l’artiste polyvalente
(chant, danse, théâtre…) ayant le talent, le savoir-faire
et le charisme d’une meneuse de revue à grande production,
évolue depuis plusieurs années sur des shows paradoxalement
intimistes, entourée en l’occurrence de trois musiciens jouant
ici, de surcroît, la Comédie.
C’est en 2001 que nous découvrions la jeune
« Star » interprétant le rôle culte de Kathy
Selden dans « Chantons sous la pluie » au Théâtre
de La Porte Saint-Martin décrochant alors le Molière du meilleur
spectacle musical.
De toute évidence, Isabelle Georges donnait pleinement à
voir sa véritable dimension artistique sur une vaste scène
à la hauteur de ses multiples compétences.
Aussi ne boudons surtout pas notre plaisir, quasi cyclique depuis une
quinzaine d’années, de pouvoir apprécier la virtuose
« frenchy » labellisée
« Broadway », mais néanmoins peu connue du grand
public, en des créations variées toujours très riches
musicalement et souvent pleines d’humour scénographique.
Dans cette perspective artisanale, la jeune femme a en effet
l’opportunité de se façonner une carrière
indépendante et autonome en compagnie de Frederik Steenbrink, son
compagnon sur scène et à la ville, au sein de laquelle ils
peuvent développer leurs techniques et épanouir leurs ambitions,
sans obligations professionnelles autres que celles qu’ils se donnent
personnellement tout en s’entourant à chaque fois de quelques
valeureux partenaires bien choisis à dessein.
Cette démarche s’appelle tout simplement « la
liberté créatrice » choisie de plein gré et
cela impose le respect total.
Donc, voici « Amour Amor » pour ce crû estival
2016 à Paris jusqu’au 20 août, date à laquelle ils
partiront avec leur autre récent spectacle « Oh là
là » clôturer, en grande notoriété,
le Festival d’Edimbourg.
Ainsi, présentement au La Bruyère, en contraste aux
évènements sociétaux mondialisés, Isabelle Georges
a souhaité concocter une variation thématique autour des situations
archétypales suscitées par l’Amour, comme la
« séduction », la
« rencontre », la « passion », la
« confrontation », la
« séparation » etc… qu’il serait possible
de résoudre grâce à la chanson, qui plus est
« française ».
On y retrouve, pour la cause, de nombreuses grandes pointures patrimoniales,
à l’instar entre autres de Brel, Aznavour, Bécaud, Moustaki,
Salvador, Nougaro, Demy, M. Legrand, Distel, Vian, Prévert, Trénet
ou Rezvani... illustrant par leurs paroles et leurs mélodies de nombreux
stéréotypes des relations amoureuses accompagnées de
leurs chambardements émotionnels.
Alors façon « Muppet show » ou « Laurel
& Hardy », les deux musiciens acolytes Edouard Pennes et Adrien
Sanchez s’évertuent à contrecarrer, ingénument
ou malicieusement, les humeurs cyclothymiques du couple lambda
qu’interprètent Frederik & Isabelle, en fonction des ritournelles
choisies constituant de facto comme la trame narrative d’une Comédie
musicale virtuelle.
C’est très joyeux, plein d’entrain et d’esprit bien
« français » style Guitry; cela constitue
effectivement une alternative « enchantée » et
« jouée » avec grande délectation.
Theothea le 05/07/16
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MERE TERESA
de
Joëlle Fossier
mise en
scène Pascal Vitiello
|
****
Théâtre Artistic Athevains
Tel 01 43 56 38
32
|
Durant plus d’un mois à L’Artistic Théâtre,
Catherine Salviat aura donc évoqué l’icône universelle
qu’est devenue Mère Teresa.
Il faut dire que, Molière 1968 du meilleur second rôle dans
le « Dialogue des Carmélites », la Sociétaire
honoraire de la Comédie Française pouvait aisément se
trouver en accointance avec cette destinée en sainteté bien
que la comédienne ait assurément plus d’une compétence
autre que mystique ou spirituelle à son arc de talents.
Ayant reçu le prix Nobel de la paix en 79, béatifiée
par Jean-Paul II en 2003 et prochainement canonisée en 2016, Mère
Teresa est donc plus que jamais d’actualité d’autant que
l’ensemble de sa vie est un message exemplaire à l’adresse
d’une humanité tellement désemparée face à
elle-même.
Inscrit dans un triptyque « Femmes d’exception. Mes seules
en scène. », entre « Comtesse de
Ségur » et prochainement « Sarah
Bernhard », Joëlle Fossier trace de
« Teresa » un portrait qu’elle nuance par son sous-titre
« Ombre et Lumière ».
Un spectacle concis, épuré dont le scénographie se
focalise sur un sari blanc à liserés bleus, costume permanent
que la religieuse s’était choisie en signe distinctif de son
combat radical mené en Inde contre la pauvreté et devenant,
sous la mise en scène de Pascal Vitiello, emblème
théâtral sur fond de documents photos et vidéos ponctuant
et témoignant des étapes volontaristes successivement
franchies.
Catherine Salviat est la fois narratrice et incarnation de la Sainte,
passant d’un point de vue l’autre dans une distanciation et même
une abnégation à la hauteur du « sujet »
ainsi éclairé dans sa démarche prioritairement
« humaine ».
La foi y relève assurément de l’engagement
pragmatique.
Theothea le 30/06/16
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