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Les    Chroniques   de

  

22ème  Saison     Chroniques   21.51   à   21.55    Page  430

 

     

          

             

   

       

   

       

Une Chambre en Inde - Théâtre du Soleil © Theothea.com    

     

     

       

     

Priscilla - Casino de Paris © Theothea.com    

   

     

                

     

     

     

           

     

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L'EVEIL DU PRINTEMPS

de  Franck Wedekind   

mise en scène  Clément Hervieu-Léger  

avec Michel Favory, Cécile Brune, Éric Génovèse, Alain Lenglet, Clotilde de Bayser, Christian Gonon, Julie Sicard, Serge Bagdassarian, Bakary Sangaré, Nicolas Lormeau, Georgia Scalliet, Sébastien Pouderoux, Christophe Montenez, Rebecca Marder, Pauline Clément, Julien Frison, Gaël Kamilindi, Jean Chevalier et les comédiens de l’académie de la Comédie-Française Matthieu Astre, Robin Goupil, Aude Rouanet, Juliette Damy, Alexandre Schorderet

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Comédie Française

   

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De Lars Norén avec « Poussière » à Frank Wedekind avec « L’Éveil du Printemps » s’exalte, à rebours de la chronologie, le suc de la nature humaine permettant la transgression des normes jusqu’à l’accomplissement intégral des pulsions existentielles et inverses.

Durant ce premier semestre 2018, Eric Ruf, l’administrateur de la Comédie-Française, a donné son imprimatur pour une remontée à contre-courant, au travers du prisme générationnel de la Troupe, sans occasionner pour autant une nouvelle bataille des Anciens et des Modernes.

D’abord, parce que leurs créations respectives et successives ne donneraient pas lieu à la constitution d’un ghetto des âges mais, bien au contraire, à leur assimilation, fût-elle contrariée.

Mais surtout parce qu’en valorisant globalement « l’expérience » d’un côté et « la fougue » de l’autre, il était indéniable que ces composantes se retrouveraient, à parts sublimées, dans les deux mises en scène chorales, celle « onirique » de Lars Norén, puis celle « mentaliste » de Clément Hervieu-Léger.

En l’occurrence, dans cette perspective psychique et intellectuelle de l’œuvre subversive de Wedekind, il lui faudrait au pensionnaire-metteur-en-scène élire une scénographie qui, de bout en bout, marquerait les consciences et les confondrait en une entité sans réelle échappatoire.

Alors, ce que d’aucuns percevraient comme un immense et imposant tunnel sans sortie de secours deviendrait, par la grâce du démiurge (Richard Peduzzi), le miroir d’une caverne socratique où chaque Sisyphe aurait son rocher à remonter vers l’air libre bien qu’en ce labyrinthe bleu-grisâtre modulable à souhait, très peu d’aspérités objectives autoriseront l’héroïque escalade vers l’autonomie émancipatrice.

Les voilà donc tous ces jeunes gens emplis de sève pulsionnelle pris au piège du grand carcan institutionnel, social, familial, éducatif, psychologique sans que la dimension maïeutique puisse imposer sa loi fondatrice de chacune des personnalités en devenir.

Les voilà livrés à eux-mêmes, c’est-à-dire tout à la fois confrontés à leur ignorance chronique, à leur imaginaire en roue libre, à leur délire en exultation fébrile, à leur aspiration à jouir, à leur tentation destructrice, à leur culpabilité latente, bref à leur candeur inextinguible sans que la main de leurs aînés ne leur soit tendue au travers d’une confusion organisée sur scène par l’autoritarisme des adultes… quasiment a dessein !

Aussi les voici ces ados, interprétés délibérément par des comédien(ne)s (Georgia Scalliet, Sébastien Pouderoux, Christophe Montenez, Rebecca Marder, Pauline Clément, Julien Frison, Gaël Kamilindi et Jean Chevalier) ayant dépassé pour leur propre compte, depuis plusieurs années, ce stade évolutif vers la maturité, de telle façon que ces rôles de composition reflètent incontestablement une réelle part de leur vécu personnel… au diapason d’un empirisme professionnel permettant la distanciation profitable à une émotion désormais domptée.

L’amour, l’amitié, l’enthousiasme se mueraient en dépit, abandon, désespoir sous le poids d’une sexualité envahissante et tellement non maîtrisée que la violence, les mutilations, le suicide deviendront les fers de lance d’un absolu transcendé jusqu’à son retournement en son contraire.

Précédant Freud dans son exploration factuelle et conceptuelle de la psychanalyse, Frank Wedekind, en s’emparant, dès 1890, des tourments et angoisses de l’adolescence, ouvrait grande la porte aux pulsions de vie et de mort qui allaient structurer quelques années plus tard les schémas théoriques de l’inconscient, du moi et du surmoi.

Vue du XXIème siècle débutant, il est néanmoins fort surprenant de considérer que malgré toutes les vicissitudes évoquées par le dramaturge germanique concernant cette méconnaissance vertigineuse des « choses de la vie » par la jeunesse de l’époque (fin du XIXème), celle-ci semblait atteindre sa propre « fureur de vivre » dans une « mixité » totalement assumée et au sein d’une « verbalisation » active des affects.

Par conséquent, si « L’Emile » de Jean-Jacques Rousseau a considérablement imprégné notre sensibilité envers une pédagogie dédiée à « L’éducation idéale », nous nous rappelons qu’il y a 50 ans à peine, c’est-à-dire en 1968, l’enseignement garçons-filles était loin d’être généralisé en France… tout en conservant à l’esprit que l’enfermement sur soi ou, plus précisément, « l’autisme » reste une donnée essentielle de l’expression sociale.

De fait, serait-ce seulement pour un meilleur exposé de ses thèses originellement décrétées « scandaleuses » à tort que l’auteur aurait ainsi entremêlé jeunes hommes et jeunes filles conversant ostensiblement sans aucune retenue ni pudeur contraignantes ?

Mais surtout ne s’avérerait-il pas que l’usage de la Parole était, à l’époque, paradoxalement moins « conditionné » et « formaté » qu’aujourd’hui ?

On est légitimement en droit de s’interroger et, en tout cas, ceci expliquant peut-être cela, cette différenciation essentielle contribue-t-elle sans doute à produire, à juste titre, sur l’entendement de la plupart des commentateurs contemporains, la consensuelle impression de modernisme voire d’avant-gardisme ainsi suscitée par « L’Éveil du Printemps ».

Theothea le 22/04/18

       

                 

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BÔ Le Voyage musical

de  Catherine Lara   

mise en scène  Giuliano  Peparini  

avec  Braham Aïache, Gabriele Beddoni, Jocelyn Laurent, Grégoire Malandain, Olivier Mathieu, Aurore Mettray, Adrien Ouaki, Sinan Bertrand, Théo Legros-Lefeuvre & les pianistes Charlotte Gauth, Benjamin Pras en alternance

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Théâtre 13ème Art  

   

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Catherine Lara nous avait déjà séduits, en 2008, avec le spectacle "Au-delà des murs" qui puisait son inspiration aux sources de la musique des Balkans, laissant la prédominance au violon, son instrument fétiche, et où se mêlaient à la fois musique et danse contemporaine.

Il proposait une succession de tableaux mis en scène par le célèbre et talentueux chorégraphe italien Giuliano Peparini, lequel, en 2012, sera chargé de la comédie musicale de Dove Attia et Albert Cohen : " 1789, les amants de la Bastille ".

En 2015, il devient le chorégraphe et metteur en scène de " La Légende du roi Arthur ". Il a multiplié de nombreuses collaborations avec Franco Dragone du Cirque du Soleil, dont " Le Rêve ".

L'idée du rapprochement, de la fin des barrières et des préjugés en constituait la substantifique moelle. « Ce voyage-là se veut un instant de partage et de liberté » disait Catherine Lara et elle réitère avec "Bô, le voyage musical " selon ce concept similaire d'éclatement des frontières et de tolérance sous la baguette du même Giuliano Peparini.

À la genèse de ce nouveau spectacle, un album instrumental écrit et composé par la chanteuse musicienne. Elle en extirpe une traversée hors temps qu'elle va animer énergiquement avec son archet en résonnance des titres-phares comme Almach - Sélène - Alhena - selon le périple de dix personnages aux destins brisés ne se connaissant pas mais qui prennent la mer à la poursuite d'un meilleur "ailleurs" et surtout à la recherche de la beauté malgré toutes les violences extérieures. Leur sort souvent tragique et leur désir inébranlable d'ouverture est raconté par un narrateur qui tisse des liens entre ces inconnus.

Accompagnée parfois par les mots et la voix de M.C Solaar, la musique cinématographique et envoûtante nous happe d'emblée, enveloppée par les vidéos de Gilles Papain qui transforme la scène en un monde trois D. magnifique et poétique malgré les duretés de la vie évoquées dans les différents tableaux qui vont se succéder, à vrai dire, sans véritable fil conducteur et sans cohérence apparente.

Cependant, les talentueux artistes qui tournent autour de notre rockeuse de diamants incarnent avec une hardiesse vertigineuse ces tranches de vie assez disparates : Le harcèlement à l'école, le départ à la guerre, le libertinage, l'homosexualité, les réfugiés, l'aliénation par le travail où la vidéo montre des hommes portant mallettes marchant comme des automates, l'Amour du couple sur quatre saisons qui éclate au printemps, s'épanouit en été, s'estompe en automne pour se déchirer dans une magnifique tempête hivernale où les flocons de neige envahissent la scène rendant ces empoignades corporelles merveilleuses. A noter la présence d'une seule ballerine dans cette troupe très masculine.

Catherine Lara entourée d'un(e) pianiste et d'une bande-son incarne le passeur d’âmes, sur fond de compositions originales, tantôt festives, tantôt poignantes et dont certains arrangements revisitent l’Orient dans toute sa richesse.

"Bô, le voyage musical" décloisonne tous les arts en utilisant la danse, le théâtre, le chant, le cirque avec d'époustouflantes acrobaties dont une mention très particulière pour une prouesse physique magistrale sur un fil élastique ainsi que pour la bluffante et éblouissante prestation d'un artiste unijambiste.

La danse qui rythme l'histoire des personnages fait la part belle à des couleurs contemporaines, urbaines, hip hop et break dance avec un ado, magnifiées par les décors d'Emmanuelle Favre et les lumières de Denis Koransky.

Dans une mise en scène presque onirique qui nous transporte au-delà des vicissitudes de l'existence, le public frissonne aux sons ensorcelants d'un violon diabolique et ainsi, durant plus d’un mois jusqu’à mi-avril, ce spectacle aérien méritait largement l'ovation de la salle du 13ème Art enthousiaste pour applaudir cette ode à la tolérance.

Cat’s / Theothea.com le 12/04/18

        

                      

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PATRICK ET SES FANTÔMES

de  Normand Chaurette   

mise en scène  Normand Chouinard  

avec Patrick POIVRE D’ARVOR, Vincent BILODEAU, André ROBITAILLE, Sylvain MASSÉ et Gilbert LACHANCE

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Casino de Paris

   

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Comment feindre d’ignorer que le fantôme de Patrick Poivre d’Arvor ce serait, sans aucun doute, son clone ou alter ego ayant officié, durant près de trente années, à 20h00, face à la France profonde (ou pas) en lui dispensant les nouvelles du monde, par écrans interposés ?

Mais comment surtout ne pas rallier PPDA dans son humour voire sa malice quand, d’entrée de jeu ou presque, il réplique à Papageno lui remettant une flûte à bec magique destinée à favoriser ses rencontres avec Bach (Vincent Bilodeau), Mozart (André Robitaille), Beethoven (Sylvain Massé) et Satie (Gilbert Lachance) : « Je me sens comme un petit garçon entrant dans la cour des grands » lorsque l’on se rappelle qu’une phrase similaire sous forme de questionnement plus ou moins impertinent à l’égard du Président de la République de l’époque est pressentie avoir déclenché son éjection du fauteuil du 20h00 dix années auparavant ?

Et c’est donc, précisément, parce que le journaliste, désormais septuagénaire, a su tourner la page qu’il se permet ici ce trait d’esprit, véritable marque de fabrique et gage de son ironie latente que d’aucuns lui ont toujours reconnu en réaction instinctive aux forces d’influence et de pression.

A contrario, il y a un domaine avec lequel l’éditorialiste collabore à plein régime, c’est celui de la « chose littéraire » qu’il pratique pour son propre compte et que, de surcroît, il anime avec passion en marge à sa carrière d’ex-présentateur iconique.

C’est donc en se référant à ces deux axes professionnels que les producteur (Jean-Claude Dumesnil), metteur en scène (Normand Chouinard) et auteur (Normand Chaurette) canadiens sont venus lui proposer, deux années plus tôt, de reprendre le rôle d’ « Edgar », personnalisé outre-Atlantique par le comédien Edgar Fruitier, pour l’incarner à sa propre manière, au sein de leur spectacle théâtral et musical adapté à la France hexagonale.

Et voilà, par conséquent, le fameux présentateur dépossédé à jamais de son trône médiatique national, s’investissant pour la deuxième fois sur les planches, après avoir été le pédopsychiatre de « Garde alternée » en 2016, dans, cette fois-ci, une initiation pédagogique liée à la transmission musicologique en reprenant, sous la même distribution originelle québecquoise accompagnée d’un orchestre de 25 instrumentistes sur la scène du Casino de Paris, ce fameux spectacle qui tient l’affiche depuis 8 ans en tournée au Canada.

A la fois Monsieur Loyal, modérateur, passeur, interviewer et arbitre mélomane, Patrick se doit de dialoguer avec tact et diplomatie face aux egos surdimensionnés de ces illustres compositeurs ayant façonné le rayonnement de la musicographie occidentale.

En s’inventant ainsi une virtualité croisée de destinées au sein de leurs temporalités successives, ces légendaires Jean-Sébastien Bach (1685-1750), Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) et Ludwig van Beethoven (1770-1827) bénéficieront ainsi d’une forme de réciprocité musicale au sein de leur notoriété universelle que viendra chapeauter, en rupture avec l’harmonie mélodique, celle du quasi contemporain Erik Satie (1866-1925).

Mi-concert, mi-théâtre, la représentation enchaîne, comme par magie, les « tubes » symphoniques de ces prestigieux protagonistes alors que Patrick invite ceux-ci successivement à plonger leur attention dans une boule de cristal d’où leurs génies respectifs jailliront en se télescopant avec ceux de leurs partenaires virtuels selon des mouvements de voyance et de fascination collective, tout à la fois charmants, drôles, spirituels et fort instructifs.

Le grand public est convié en famille au rendez-vous d’un tel happening où se mêle la pluridisciplinarité des arts du spectacle, y compris ceux de l’illusionnisme onirique tout en maintenant sans cesse en perspective le plaisir de faire briller le kaléidoscope de ces œuvres patrimoniales au diapason d’un orchestre haut de gamme dirigé au Casino de Paris par Jean-Pascal Hamelin.

Si donc en France, c’est bel et bien, sur le renom de « Patrick » que se joue la fréquentation de ce show inédit où les revenants célèbres se découvriraient sinon des atomes crochus, tout au moins une admiration sans borne pour le talent partagé à l’aune d’une conscience culturelle osant se mesurer à l’interactivité, c’est incontestablement l’approche de La Grande Musique Classique qui sort véritable brillante gagnante de cette soirée fort réjouissante.

Theothea le 29/04/18

   

                 

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DEPENDANCES

de  Charif Ghattas   

mise en scène  Charif Ghattas  

avec  Francis Lombrail & Thibault de Montalembert 

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Studio Hébertot

   

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Dans un passé relativement récent, nous nous rappelons que le Théâtre Hébertot ne formait qu’une seule et même entité de spectacle avec, au fond de sa cour pavée, ce qui s’appelait alors « Le petit Hébertot » devenu depuis, en pleine autonomie, le « Studio Hébertot ».

Ainsi présentement bien séparés dans leur programmation et leur gestion économique, voilà que, soudain, pour une durée limitée à dix représentations, est affichée au Studio, à 19 h 00, une pièce de Charif Ghattas dont l’un des deux interprètes n’est autre que Francis Lombrail, le directeur du théâtre d’à côté.

Voici donc une belle manière de renouer avec la fusion d’antan ou tout au moins se situer, de nouveau, en relation effective de complémentarité scénique !

L’autre comédien, Thibault de Montalembert est lui fort connu du grand public pour avoir interprété le rôle du directeur d’agence artistique dans la série tv « 10 pour cent » initiée par Dominique Besnehard.

Les deux acteurs mis en scène par l’auteur lui-même espèrent sensibiliser suffisamment les spectateurs à cette réalisation qui leur tient tant à cœur, de façon à occasionner par la suite des prolongations, ici, là, ou dans une autre salle parisienne.

Leur complicité est d’autant plus de mise que, sur scène, ils jouent deux frères qui en attendent un troisième et dont on devine rapidement que, comme « Godot », celui-ci ne viendra jamais.

Cependant, les problèmes d’héritage et de succession familiale étant actuellement sous le faisceau médiatique, le spectateur lambda pourrait aisément s’égarer durant une grande partie du spectacle tant la thématique peut sembler se focaliser autour du devenir d’un bien immobilier à partager en plusieurs parts.

A ceci près qu’au fur et à mesure de l’expectative, il se dessine un malaise de plus en plus profond entre Tobias et Henri alors que leur dialogue semble, à chaque réplique, jouer avec le feu du double sens caché ou pas.

Certes, il leur serait facile de s’en prendre à l’absent qui a nécessairement tort d’être en retard à ce rendez-vous si important, mais l’animosité devient telle que les deux partenaires ne peuvent dissimuler plus longtemps un ressentiment partagé entre remords et colère.

S’il est implicitement acquis pour chacun des deux frères que Carl ne les rejoindra pas, comment l’admettre au regard de l’autre sans s’avouer mutuellement le terrible secret de famille que le non-dit persiste à protéger du factuel avéré.

En Introduction à la dramaturgie comme en sa conclusion sont projetées des images de forte houle marine se brisant sur des vagues ballotant et emportant un corps humain à la dérive… ainsi donc que, métaphoriquement, le mystère non verbalisé de Dépendances.

Theothea le 25/04/18

     

                     

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LA MAIN DE LEILA

de  Aïda Asghazadeh & Kamel Isker   

mise en scène Régis Vallée  

avec  Aïda Asgharzadeh, Kamel Isker & Azize Kabouche 

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Théâtre Béliers Parisiens

Corporative à La Pépinière

   

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Nominée aux Molières de la saison 17-18 comme « Révélation féminine », Aïda Asgharzadeh triple également cette reconnaissance sélective dans la catégorie « Auteur francophone » selon une écriture en duo partagée avec Kamel Isker pour «La Main de Leïla » ainsi qu’en solo pour « Les Vibrants ».

Et, comme de bien entendu, ces deux comédiens co-auteurs ainsi nommés sont présents ensemble sur scène pour jouer eux-mêmes leur pièce fétiche fantasmant une variante de « Roméo et Juliette » revisitée au diapason de la culture algérienne.

Après avoir fait le buzz en Avignon off, cette création originale a triomphé aux « Béliers parisiens » avant que d’effectuer actuellement une tournée retentissante qui les emmènera notamment à San Francisco et Papeete en novembre de l’année en cours.

Lui, d’origine algérienne et, elle, iranienne ont décidé de nous raconter l’histoire de Samir et Leïla ayant débuté sur un long baiser, celui d’Humphrey Bogart avec Lauren Bacall dans « Casablanca ».

En effet Samir, de façon clandestine, se plaît à rejouer les baisers du Cinéma Hollywoodien pour un public masculin d’initiés.

Cela se passe en 1987, dissimulés au fin fond d’un garage de Sidi Fares, les spectateurs privilégiés assistent médusés à un revival magique de moments de cinéma suspendus dans l’éternité, alors qu’en Algérie, à cette époque, la projection de ces films prestigieux était expurgée de ces fameuses scènes cultes.

Parmi eux, ce jour-là, Leïla camouflée en garçon a assisté à un tel happening et, sa curiosité ainsi émoustillée, chercha à entrer en contact avec Samir à l’issue de son show.

Mais voilà, elle, fille d’un puissant colonel de l’armée et lui, n’ayant d’autres compétences que celles qu’il s’inventait spontanément en réaction à l’oppression régnante, leur amour naissant ne risquait pas d’emporter l’approbation des institutions en place.

La scénographie est délibérément bricolée avec des accessoires rudimentaires de la vie quotidienne, telles des cordes à linge ou des caisses à bouteilles, de façon à composer, à chaque instant, une sorte de mécano type « système D » destiné à symboliser un lieu, un moyen de transport, une situation où les deux tourtereaux se battent tout à la fois contre la sphère privée et le régime politique.

Pour incarner l’une et l’autre successivement, leur partenaire Azize Kabouche s’emploie, lui, à jouer le tiers représentatif de ces instances qui leur sont hostiles en écho aux forces sociétales de l’époque ainsi qu’aux événements politiques accompagnant le soulèvement national.

La direction d’acteurs (Régis Vallée) implique un jeu rapide, vif, pratiquant l’ellipse de façon à être synchronisé en permanence sur la fuite en avant des jeunes amoureux échappant sans cesse à la mainmise étatiste sur leur vécu individuel.

Cette course poursuite, engagée avec le moralisme figé, les mœurs codifiés et les aspirations étouffées de la jeunesse, s’effectue au sein même des traditions culturelles et coutumières de l’Algérie accentuant ainsi le contraste d’enjeux contradictoires tout en déclenchant le rire face à des situations toujours plus scabreuses et loufoques.

Puisqu’il y a bel et bien « révélation », il devrait être légitime de la partager a parité entre Aïda Asgharzadeh et Kamel Isker qui font preuve ensemble, tout à la fois, de grande justesse et de formidable impétuosité alors que leur complice Azize Kabouche confirme à merveille son potentiel caméléonesque aux mille visages décalés.

Des nominations aux trophées, il n’y aurait qu’un simple pas à franchir pour ceux dont la valeur n’attend point le nombre des années.

Gageons que celle-ci sera forcément célébrée à l’avenir quelles que soient les récompenses attribuées lors de la 71ème cérémonie des Molières, fin mai 2018.

Theothea le 04/05/18

   

              

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