Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

22ème  Saison     Chroniques   21.56   à   21.60    Page  431

 

     

          

             

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MISS NINA SIMONE

d'après Gilles Leroy  

mise en scène  Anne Bouvier  

avec  Jina Djemba, Valentin de Carbonnières & Julien Vasnier   

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Théâtre du Lucernaire

   

© Samy La Famille

                                                     

Ce spectacle inspiré par le roman éponyme de Gilles Leroy, coadapté par la comédienne Jina Djemba et la réalisatrice Anne Bouvier doit être d’abord défini, si le spectateur souhaite l’apprécier à sa juste valeur, par ce qu’il n’est pas et ne veut surtout pas être, à savoir un biopic dédié à la chanteuse Nina Simone.

Ceci étant admis et bien compris, il suffit alors de lire la note d’intention de la metteuse en scène pour s’imprégner d’une « sorte d’ultime voyage que rien ne peut arrêter » où celle-ci souhaite créer un univers onirique porté par la musique, le chant et l’intime relation nouée par l’artiste et son intendant fictif.

A ce titre, il est alors pertinent d’affirmer que cette création de théâtre musical est une réussite à la fois subtile, transgressive et pathétique.

En effet si, sur la scène du Théâtre Rouge, la mezzo soprane y aborde une dizaine de chansons parmi les plus réputées de son répertoire, par quelques-uns de leurs extraits ingénieusement jaugés, c’est pour mieux analyser la relation de dépendance destructrice générée entre l’artiste douée et son double « la femme désappointée » à travers l’image virtuelle de son faire-valoir et souffre-douleur (Valentin de Carbonnières) affectivement martyrisé et dont l’incarnation romanesque permet de rendre compte des affres de la bipolarité sans autre perspective que la lente déchéance de la Diva somatisant une pathologie objective.

Faudrait-il cacher une telle destinée et ne considérer que la période faste où tous les espoirs de succès étaient envisageables pour cette Légende du Jazz qui pensait posséder un charisme similaire à La Callas et souhaitait devenir la première concertiste classique noire ?

A contrario, percevoir l’enjeu tragique d’un telle carrière, où cette ambition initiale fut bloquée par le racisme institutionnel et que, de ce fait, l’alternative « Blues / Jazz » menant au succès international n’aurait été que la conséquence, par dépit, d’un pis-aller artistique de revanche, pourrait effectivement donner à penser que la maladie maniaco-dépressive de la chanteuse aurait été ainsi programmée de manière sociétale.

Au demeurant, le travail de recherche scénographique résultant de deux années de collaboration intensive entre la comédienne et sa metteuse en scène, est donc d’autant plus abouti si le spectateur accepte de mettre entre parenthèses son admiration sans borne pour l’immense Nina Simone et d’entrouvrir son regard sur l’incommensurable désespoir dans lequel celle-ci fut plongée, en guise de rançon à son succès absolu mais en porte-à-faux.

Effectivement, le chant de Nina Simone reste superbement gravé à jamais dans les mémoires humaines, digitales et autres sillons vinyles ou numériques…

Sans doute d’ailleurs, pourrait-on se contenter de l’écouter ainsi dans une satisfaction inégalée mais, néanmoins, il est également passionnant d’écouter la voix très performante de Jina Djemba, voluptueusement accompagnée d’étrangeté par le multi-instrumentiste Julien Vasnier, venir illustrer les ressorts cachés de la création artistique au sein de contradictions ô combien paradoxales.

Theothea le 08/05/18

               

   

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LES ONDES MAGNETIQUES

de &   mise en scène  David Lescot 

avec  Sylvia Bergé, Alexandre Pavloff, Elsa Lepoivre, Christian Hecq, Nâzim Boudjenah, Jennifer Decker, Claire de La Rüe du Can & Yoann Gasiorowski

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Théâtre du Vieux-Colombier

   

© Vincent Pontet

                                                     

A l’heure présente où les ondes électromagnétiques sont décriées par ceux qui en craignent la dangerosité de flux à proximité des antennes relais, il est délicieusement désuet de se replonger à une époque, encore récente, où celles-ci étaient peu à peu apprivoisées par des aficionados qui en revendiquaient le libre accès pour une utilisation radiophonique.

Des antennes émettrices mobiles pouvaient ainsi servir de liens de transmission pirate à tous les précurseurs qui s’essayaient, dès les années 70, à diffuser sur ces nouveaux faisceaux hertziens une idéologie marginale en totale rupture avec le discours institutionnel qui jusque-là s’était approprié l’usage exclusif des ondes.

La décennie 80 débutait ainsi avec le premier septennat de François Mitterrand accompagné dès les premiers mois d’un souffle libertaire dont la légalisation des radios locales privées pouvait être le symbole  mais qui, par la suite, mènerait inexorablement au tournant de la rigueur en 1983.

C’est ce contexte qu’a voulu faire ressurgir David Lescot alors même que les idéaux de parole libre de l’époque allaient bientôt se trouver confrontés aux réalités mercantiles concomitantes.

Cette utopie collective réalisée à l’aide de supports techniques, ancêtres des réseaux sociaux actuels, essaimait alors dans une passion partagée de l’émetteur au récepteur, du speaker à l’auditeur et d’un quidam à l’autre !

En effet, cette appropriation sociétale avait valeur d’emblème en même temps qu’elle reliait potentiellement de manière horizontale le citoyen à son alter ego.

Dans un espace bi-frontal recomposé au sein du Vieux-Colombier, la scénographie d’Alwyne de Dardel, délibérément foutraque, réunit de manière disparate les vinyles, posters, photos et autres revues vintage disposés sur les murs et quelques linos encadrant un studio de fortune et sa salle de conférence tout en formica dédié.

La troupe de la Comédie Française y est représentée par des pointures enclines à des performances parodiques telles Elsa Lepoivre, Jennifer Decker, Nâzim Boudjenah, Alexandre Pavloff ou Christian Hecq pour n’évoquer ici que leurs personnages fantasmés dans ce simulacre quarantenaire sous fréquence modulée.

Que nous reste-t-il donc de cette période à la fois si proche de nos souvenirs alors même qu'elle est définitivement révolue ?

Sans doute une nostalgie parfaitement en phase avec un amateurisme de bon aloi permettant de singer les professionnels de la communication tout en respirant la soif d’une expression sans frontières autres que celles de l’imagination au pouvoir.

Cela valait bien l’astucieuse création hertzienne d’une pièce de Théâtre sous mise en scène analogique !

Theothea le 06/06/18

   

                   

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LES PARISIENNES

Récital Revival  

mise en scène  Stéphane Jarny 

avec  Arielle Dombasle, Helena Noguera, Mareva Galanter & Inna Modja   

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Théâtre des Folies Bergère

   

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Chronique en cours d'élaboration

                                                         

« 24 heures sur 24, la vie serait bien dure, si l’on n’avait pas le Pop-Club avec José Arthur » 43 secondes de bonheur pour un générique qui a sévi sur les antennes de France Inter de 1965 à 2005... chanté par Les Parisiennes, groupe de quatre jeunes femmes constitué par Claude Bolling dès 1963 et perdurant jusque 1970 : Raymonde Bronstein, Anne Lefébure, Hélène Longuet & Anne-Marie Royer.

Concomitante aux Yéyés, cette formation chorale appuyée par une musique issue du Jazz fit les beaux jours du renouveau engendré par les sixties tout en les accompagnant de multiples tubes ayant depuis imprimé la chanson populaire, ainsi par exemple : « Il fait trop beau pour travailler », « On fait peur aux garçons » ou encore « Un tout petit pantin » adaptation de « Pupett on the string » de Sandie Shaw.

C’est en 2017 que Laurent Ruquier eut l’idée de reformer le groupe originel en l’actualisant avec des personnalités féminines d’aujourd’hui déjà bien identifiées et tout en s’assurant du bon mariage harmonique de leurs voix respectives : Arielle Dombasle, Mareva Galanter, Inna Modja & Helena Noguerra.

Un premier album est sorti en avril avec 15 chansons de l’époque réinterprétées et arrangées selon les critères des sonorités contemporaines, annonçant une tournée hexagonale pour la fin de l’année en cours après avoir effectué une dizaine de concerts aux Folies Bergère en mai - juin.

Soutenues par une formation orchestrale à l’arrière-scène, les quatre choristes-danseuses accompagnées d’autant de partenaires masculins font ensemble tout à la fois revue et récital où légèreté, fantaisie et humour visent le bon tempo et la bonne dynamique d’un tel spectacle revival à sketchs.

Tout en fulgurances comme au Music Hall, le patrimoine initié par Claude Bolling va revisiter ces formidables années où le baby boom était en plein adolescence et où l’insouciance faisait office de viatique à la bonne humeur générale… en tout cas, c’est le souvenir emblématique qu’en draine jusqu’à nous, la mémoire collective.

Les filles rivalisent en toilettes, coiffures et autres délires vestimentaires de ces années progressistes; elles sont pimpantes, souriantes, espiègles tout en préservant un féminisme d’avant-garde complice avec la futilité du genre.

Les représentations aux Folies Bergère ont majoritairement satisfait l’engouement et le feeling parisien; reste donc maintenant à séduire la France profonde à l’automne mais également l’Olympia en décembre.

A suivre donc....

Theothea le 07/06/18

             

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LA MADELEINE PROUST

Les Adieux à la Scène

de, mise en scène & avec Lola Sémonin  

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Dernière le 3 juin 2018     

L'Olympia

   

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Après cette tournée d'Adieux à la Scène, je vais me consacrer à l'écriture et m'offrir ce luxe de prendre le temps.

Du temps pour lire, pour rêver, pour regarder pousser les fleurs et tomber la neige.

Du temps pour ne rien faire.

Du temps pour écrire.

J'entendrai toujours vos rires, je vous imaginerai me lire.

Je resterai liée à vous, à toi, merveilleux public toujours au rendez-vous, que je ne cesserai de remercier.

Moi aussi, comme la Madeleine :

"J'aurais jamais cru que j'allais être vieille si jeune !"

Lola Sémonin     

     

             

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L'IDIOT

de Fiodor Dostoïevski  

mise en scène  Thomas Le Douarec 

avec Arnaud Denis, Thomas le Douarec & Gilles Nicoleau en alternance, Caroline Devismes, Fabrice Scott, Marie Lenoir, Marie Oppert, Solenn Mariani, Daniel-Jean Colloredo, Bruno Paviot 

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Théâtre 14

   

©   LOT

                                                     

Dans ce même Théâtre 14, vingt ans auparavant, Emmanuel Dechartre prenait le visage du Prince Mychkine selon une mise en scène de Jacques Mauclair. Son attitude placide et bienveillante à l’égard de son entourage créait une sorte de présence-absence autour du personnage suscitant en retour une perception d’étrangeté distanciée.

En s’emparant de ce même rôle aujourd’hui, Arnaud Denis compose un être tourmenté subtilement christique mais davantage interventionniste sur les lacunes d’un monde en perdition. Il y a une dimension messianique dans son interprétation, un peu comme s’il était en charge de toute la misère du monde.

Cependant, le rayonnement du Prince est tel que tous ceux qui l’approchent ne peuvent éviter de se poser pour eux-mêmes la question de l’indifférence morale face à leurs intérêts immédiats. En contrepartie sa maladie, dont non seulement il ne se cache pas mais d’une certaine manière en revendique les troubles, force chacun à se positionner en une oscillation incessante entre candeur pathologique et hyper sensibilité éclairée.

De l’idiotie caractérisée à la crise d’épilepsie, l’ensemble du syndrome pourrait être à charge d’une déviance du jugement et rendre ainsi marginale l’influence du Prince sur les êtres et les choses mais c’est tout le contraire qui se produit:

En effet, parvenu à une période de rémission, celui-ci est sur le retour d’un long traitement psychothérapique en Suisse afin de rejoindre sa Russie natale et c’est donc en convalescent, certes vulnérable et fragile, qu’il va reprendre son identité sociétale, fort de toutes ses découvertes sur lui-même et sur les autres.

D’emblée, cela inspire le respect empathique et c’est ainsi en philosophe par défaut qu’il renoue avec les comportements pour le moins contradictoires de ses contemporains.

Que ce soit du côté de ses fréquentations masculines, Rogojine (Thomas Le Douarec ou Gilles Nicoleau), Lebedev (Bruno Paviot) et autres généraux de rencontre opportune (Daniel-Jean Colloredo), c’est sur la nécessité de replacer « l’humain » au centre des valeurs éthiques que se focalise la mission de Mychkine.

Quant à ses deux fascinations amoureuses du moment, Aglaé Ivanova (Marie Oppert) et Natassia Philippovna (Caroline Devismes), celles-ci se partagent les attraits d’un homme dont la sensibilité exacerbée ne peut se résoudre à trancher sans éprouver doutes, remords et frustrations.

Il faut dire que les deux jeunes femmes, chacune au sein de leurs propres terrains de conquête, jouent l’une avec les sentiments privés, l’autre avec les susceptibilités collectives pour subjuguer plus ou moins délibérément ce représentant de la gent masculine pris ainsi dans un étau libidinal duquel il ne parvient point à se soustraire.

Roman de plus de mille pages, « L’Idiot » de Fiodor Dostoïevski constitue l’une des références existentielles suprêmes de la littérature Russe; sa traduction et son adaptation théâtrale posent, à chaque nouvelle création, les mêmes questions d’adéquation avec l’œuvre originelle.

Il apparaît qu’ici la légitimité de la démarche artistique se concentre en une seule et même personne: En effet, Thomas Le Douarec assume à la fois le texte francophone et la mise en scène théâtrale, tout en jouant le rôle de Rogojine, frère du prince, en alternance.

Son axe dramaturgique essentiel est celui « d’un homme tendu vers le bien mais harcelé par le mal ». Sa conviction idéologique admettrait que « Sans la foi, l’homme est une fatalité pour l’homme… Même quand il est bon ! » En bref, il souhaiterait que le spectateur sorte de la salle « réveillé ».

Mission pleinement accomplie sous l’interprétation « idéale » d’Arnaud Denis et l’ensemble de la compagnie Le Douarec aiguisée à vif au scalpel du ressenti.

Theothea le 11/06/18

             

     

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