Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

22ème  Saison     Chroniques   21.61   à   21.65    Page  432

 

     

ETE  2018

          

             

Un Fil à la Patte - Marc Fayet & Catherine Jacob   © J. Stey

   

       

   

       

Mick jagger & Rolling Stones  Marseille 26/06/18   ©  Theothea.com

     

   

     

     

 Perspectives  d'Avignon Off  2018   

       

     

Emmanuel Van Cappel  / ELLE.... EMOI  /   Théâtre du Petit Chien

   

     

                

     

Thierry Lopez  /   ICH BIN CHARLOTTE   /   Chêne  Noir

     

     

           

     

71ème Festival de Cannes 2018

La Croisette 2018

   

Les Molières 2018

Les Nominés & Lauréats 2018

Les Molières 2018

           

R E V I V A L

Stones 14 on Fire Paris

Wight ! + 46 années après

     

Toutes nos  critiques   2017 - 2018

Les Chroniques de   Theothea.com   sur    

   

THEA BLOGS                    Recherche   par mots-clé                    THEA BLOGS          

UN FIL A LA PATTE

de  Georges Feydeau 

mise en scène  Christophe Lidon  

avec Catherine JACOB, Jean-Pierre MICHAËL, Christelle REBOUL & Noémie ELBAZ en alternance, Marc FAYET, Adèle BERNIER, Bernard MALAKA, Patrick CHAYRIGUÈS, Cédric COLAS et Stéphane COTTIN

****

     

Théâtre  Montparnasse

   

© J. Stey

                                                     

Avec sa patte Music-hall des années cinquante, Christophe Lidon offre un été revival au Théâtre Montparnasse tout en s’emparant de tenues vestimentaires Twist & Roll accompagnées d’une bande-son tempo rock sous fond d’écran 3D à triple embrasure vidéo.

Cela commence par une chorégraphie jazzy type marionnettes sur pieds bottés & mains gantées sous le rideau de scène pour laisser place au fameux délire nuptial concocté par Georges Feydeau en fin de XIXème siècle.

Dans cette scénographie ainsi réactualisée « fashion » où les séquences « in » sur les planches semblent se prolonger « off » dans les coulisses comme si le spectateur assistait, en un panorama global à 360 degrés, au chassé-croisé entre l’héritière fortunée et son prétendant qui, lui, cherche à esquisser toutes les velléités de sa « maîtresse chanteuse » alors que celle-ci, a contrario, tente de maintenir le grappin sur son amoureux idéalisé, voici donc qu’apparaît dans ce décor « new look » tout un aréopage de personnages caricaturaux au sein d’une médiocrité totalement hilarante :

Catherine Jacob y compose une baronne excentrique minaudant à qui mieux mieux face aux hommes envers qui elle ne peut s’empêcher de se pâmer.

Sa fille Vivianne se comporte en star pour qui rien ne serait trop beau afin de célébrer sa séduction tellement naturelle; Adèle Bernier s’emploie à ravir dans cette tâche du beau sexe à qui tout est promis.

Noémie Elbaz & Christelle Reboul alternent elles, selon leurs charmes respectifs, dans l’incarnation de Lucette Gautier, cette artiste du show-biz ayant jeté son dévolu sur Fernand de Bois d’Enghien (Jean-Pierre Michaël) alors que celui-ci n’a désormais qu’une seule obsession, la rupture sans dommage, en évitant toutes les rumeurs de ses noces annoncées avec Vivianne et autres colportages à sensation du « Figaro ».

Marc Fayet façonne, avec acharnement, un Bouzin bégayant et maladroit quasiment malsain et tellement empli d’un talent de compositeur auquel il prétend sans, de toutes évidences, en posséder les facultés, d’autant plus qu’il est complètement terrorisé par le Général Malaka qui, lui, aux vibratos d’un accent espagnol fort fougueux, a juré de le tuer au plus tôt, convaincu que celui-là fait de l’ombre à son désir de conquête amoureuse et passionnée.

Patrick Chayriguès, Cédric Colas et Stéphane Cottin complètent ce tableau d’humanité navrante en brossant de multiples portraits stéréotypés en servilité et maniérisme corsetés au point de faire jaillir en contrepoint le rire incessant d’un public acquis à l’esprit d’un Théâtre jubilant à fustiger les bonnes convenances et la bien-pensance.

Même si durant les deux heures de cette représentation décoiffante les spectateurs aimeraient reprendre, à certains moments, leur souffle et quelques forces estivales, ceux-ci sont happés, à leur corps défendant, dans une spirale où « tout Feydeau » se doit d’être joué et nous pouvons compter sur Christophe Lidon pour mener brillamment la turpitude glamour jusqu’au feu d’artifice final.

Theothea le 21/06/18

                  

© J. Stey

              

VOYAGE EN ASCENSEUR

de  Sophie Forte 

mise en scène  Anne Bourgeois

avec  Jean-Erns Marie-Louise & Corinne Touzet 

****

     

Théâtre  Rive Gauche

   

©   FABIENNE  RAPPENEAU

                                                     

Faire passer le week-end de l’Ascension à ses deux anti-héros mis en cage d'ascenseur bloquée au sous-sol d’un building déserté pour cause de pont férié, voilà l’idée fusionnelle de Sophie Forte bien décidée à les faire se rencontrer avec ou contre leur gré.

Elle, femme du boss posté aux étages supérieurs, lui, l’homme de ménage du haut en bas de l’immeuble qui, a priori, n’avaient pas, jusque là, d’intérêt particulier à se côtoyer plus que le temps d’une montée ou d’une descente d’un étage l’autre.

Mais la destinée, avec la complicité de l’auteure, avait, semble-t-il, pour eux d’autres ambitions que de se projeter dans leurs activités immédiates respectives : Juliette voulait faire la surprise de venir chercher son mari à son bureau ; Moctawamba, lui, s’apprêtait à terminer son service de nettoyage.

Et voilà qu'ensemble ils se retrouvent pris au piège psychodramatique du huis clos contraint et forcé de quatre jours et nuits, en raison d’une coupure générale de courant intempestive et surtout trop précoce.

Chacun des protagonistes va donc réagir spontanément en fonction de ses réflexes conditionnés par empirisme acquis.

Elle, pleinement impulsive, jugera immédiatement cette situation du cloisonnement sans échappatoire totalement inacceptable et serait presque prête à en rejeter la responsabilité sur son partenaire fortuit, tant il se montre d’emblée passif face à cette fatalité imprévue l’instant précédent.

Effectivement flegmatique, celui-ci semble, en effet déjà, avoir pris en considération toute la mesure de cet état de fait. Le séjour prolongé lui apparaît aussitôt comme la seule éventualité envisageable les attendant irrémédiablement tous les deux.

Viendra ensuite le temps des arguments, des analyses et des options auxquelles ils pourront se soumettre mutuellement, en cherchant obstinément la faille d’un système en berne afin de faire triompher l’ingénieuse solution à leur problème devenu instantanément commun… mais en vain.

Car, c’est précisément à cet endroit que Sophie Forte les attend pour faire exprimer enfin ce que l’un et l’autre, « selon la normalité », n’auraient jamais laissé transparaître.

Ainsi leurs personnalités effectives vont peu à peu apparaître au regard des spectateurs pris eux-mêmes dans le jeu du miroir réfléchissant mis en perspective par Anne Bourgeois.

Confrontés aux problèmes prosaïques de survie en situation de confinement, le système D essaiera, de part et d’autre, de passer des compromis avec la pudeur de chacun et la dignité privée de ses atouts habituels.

Mais ce sont surtout, les préjugés de classes sociales et de valeurs socioculturelles qui feront, a contrario, la part belle à l'appréciation solidaire et ludique du compromis comportemental.

A la façon d’une Master Class live dédiée au respect de l’autre, Juliette (Corinne Touzet) & Moctawamba (Jean-Erns Marie-Louise), après être passés en duo près du lâcher prise aux forces vitales, ressortiront immensément grandis par ce voyage en vase clos aux limites du fou rire existentiel.

Theothea le 23/06/18

   

                 

©   FABIENNE  RAPPENEAU

              

BRITANNICUS

de Jean Racine 

mise en scène  Romane Ponty Bésanger

avec Léo Bianchi, Pierre Dumond, Pauline Laurendeau, Coralie Leblan, Clément Lefebvre, Laurène Mazaudier, Marin Moreau & Bérengère Sigoure

****

     

Festival de La Luzège / Roc du Gour Noir Saint-Pantaléon-de-Lapleau & Soursac

   

Pierre Dumond & Bérengère Sigoure  © Theothea.com

                                                     

Pour la première création du Collectif Renfield, trois représentations de leur « Britannicus » étaient programmées à la mi-août, dans le cadre du Festival de La Luzège au Roc du Gour Noir (Saint- Pantaléon-de-Lapleau / Corrèze) dont la dernière a dû être déplacée dans la salle des fêtes de Soursac en raison d’intempéries.

Ce repli inopiné a nécessité de repenser la mise en scène dans l’urgence et, en l’occurrence, d’abandonner le système scénographique originel de six panneaux plus ou moins opaques graduant des caches virtuels pour écouter la partie adverse à son insu.

Cette représentation, rendue exceptionnelle par les circonstances, a donc trouvé ses marques en s’installant dans la diagonale de l’un des angles de la salle de remplacement dont quatre doubles portes-fenêtres étaient résolument ouvertes sur un parc permettant le va-et-vient différencié des huit comédiens entre intériorité et extériorité.

Ce dispositif improvisé substituait ainsi l’écoute dissimulée derrière des panneaux par celle impliquant de multiples attentes en pleine visibilité dans le parc selon une distanciation et une esthétique intuitives.

La nuit tombant peu à peu, quelques éclairages tamisés dans la verdure arborée complétaient cette perspective du plus bel effet ésotérique.

De surcroît, cette nouvelle adaptation semblait ne pas prendre au dépourvu le jeu des comédiens qui, bien au contraire, investissaient leurs rôles avec aplomb et confiance en chacun des partenaires.

En pratique, la présente direction d’acteurs module les emplois des personnages en fonction d’une ambition prioritaire à la mise en scène de Romane Ponty Bésanger, celle d’objectiver la schizophrénie identitaire de Néron.

Clément Lefebvre (Narcisse) et Bérengère Sigoure (Agrippine) nous ont paru exceller à rendre crédible cette bipolarité de l’empereur emporté peu à peu par l’abus de pouvoir alors que la passion développée par celui-ci à l’égard de Junie (Laurène Mazaudier) progresse nécessairement en parallèle vers l’impasse absolue.

Cependant s’appuyer sur les proches du Tyran pour en illustrer la stratégie maléfique ne suffisait pas à la présente démonstration.

En effet, celle-ci souhaitait aller jusqu’aux conséquences ultimes du caractère double de Néron en le faisant interpréter concomitamment par un comédien (Pierre Dumond) et une comédienne (Coralie Leblan) qui se partagent ainsi l’ambivalence du personnage dans une dialectique aux répliques effectivement contradictoires.

Si cette perception psychologique du personnage est en soi intéressante dans sa complexité intrinsèquement duelle, elle comporte néanmoins un écueil sur scène, celle de ne point faire endosser l’entière responsabilité de ce rôle puissant selon l’ensemble de ses paramètres spécifiques.

De fait, l’une et l’autre incarnant en même temps Néron, le risque serait alors de rendre « Le Monstre » inexistant en une sorte de vacuité subdivisée.

Mais laissons à chaque spectateur son ressenti face à cette dualité en abyme remettant implicitement en question la notion du libre arbitre face à la destinée.

En tout cas, puisque ce parti pris original de mise en scène induit une identité visuellement dédoublée en genre, cela est en soi porteur de nouveaux questionnements destinés à devenir bénéfiques aux protagonistes raciniens.

C’est ainsi qu'à partir d'enregistrements sonores de planètes réalisés par La Nasa, la création musicale sidérale (Nicolas de Gélis) dédiée qui accompagne ce voyage au tréfonds de l’âme humaine en pleine scission lui permettrait paradoxalement de s’élever jusqu’au cosmos pour en sonder les mystères dans un geste ô combien théâtral !

Theothea le 17/08/18

           

             

Laurène Mazaudier & Clément Lefebvre   © Theothea.com

              

ICH BIN CHARLOTTE

de  Doug Wright 

mise en scène Steve Suissa  

avec Thierry Lopez

****

     

Théâtre Poche Montparnasse

Le Chêne Noir (Avignon Off)

   

DR.  Thierry Lopez / Ich Bin Charlotte

   

Mais qui était donc cette Charlotte von Mahlsdorf que Thierry Lopez a lancée sur les rails de son seul en scène sous la houlette de Steve Suissa en une ultime répétition générale presse le 14 juin 2018 au Studio Comédia en présence de son producteur Jean-Marc Dumontet ?

Sa création ensuite, cet été, au Chêne Noir en Avignon off affirmait la polyvalence spectaculaire du comédien pleinement disponible à se transformer lui-même en une galerie d’une trentaine de personnages au profit, en l'occurrence, de la cause "transgenre".

Nul doute, désormais, que les représentations au Théâtre de Poche Montparnasse, dès le 8 septembre, vont susciter un choc esthétique, sinon éthique que les adeptes de la performance devraient apprécier à sa plus haute valeur ajoutée.

Certes, Thierry Lopez ne recherche pas l’aisance du célèbre transformiste Arturo Brachetti et sa propre prestation n'engage point la rapidité d'exécution selon un phénomène en trompe-l'oeil qui pourrait ravir grandement les spectateurs médusés cependant la présence thématique est, ici, au rendez-vous d'une sincérité de jeu démultipliant les approches récurrentes de Charlotte, personnage culte outre-Rhin et citoyenne d’honneur de la ville de Berlin devenue quasiment emblématique au-delà de sa disparition en 2002, à l’âge de 74 ans.

En effet, Charlotte née Lothar Berfelde pourrait être définie, au-delà du meurtre objectif de son père à l’adolescence de façon à défendre sa mère des violences infligées par celui-ci, comme une femme piégée dans un corps d'homme ayant su passer au XXème siècle à travers les mailles idéologiques et coercitives du Nazisme ainsi que du Communisme.

Toutefois comme certains témoignages semblent attester que, de surcroît, des relations complexes avec la Stasi auraient pu lui donner un rôle d'espionne à la solde de la Police Politique de l’ex-RDA, la biographie du travesti revendiqué et assumé jusque dans ses contradictions les plus invraisemblables constitue en soi une histoire humaine surréaliste où la récupération des biens spoliés aux juifs déportés pour en constituer un musée du mobilier petit-bourgeois du XIXème, Le "Gründerzeit Museum", s'entremêle paradoxalement avec une défense militante radicale de la communauté LGBT.

L’adaptation au cinéma de cette destinée subversive et controversée, "Je suis ma propre femme" (de Rosa von Praunheim, 1992) ainsi que sur les scènes de Théâtre, « I am my own wife » créée par Doug Wright ayant eu le privilège d’interviewer cette fameuse Charlotte / Lothar de son vivant, a déjà fait florès sur le plan international en obtenant notamment Le Pulitzer Prize (Drama) et Le Tony Award (Best Play) aux Etats-Unis en 2004 alors même que sa création en France ne fait donc que débuter en 2018.

Y défendant une certaine subtilité comportementale avec persuasion et sensibilité à fleur de peau, Thierry Lopez en effectue une incarnation à la fois poétique, sensuelle et suggestive dans un décor signé Natacha Markoff où de multiples pavillons de gramophones semblent se répondre hors du Temps réel dans une Transgression des tabous psychosociaux.

Ainsi, selon une silhouette perchée sur des hauts talons portant aussi bien la robe noire d'un clergyman vraisemblablement défroqué que des guêtres affinant ses gambettes n’en finissant plus dans un appel au désir de la chair, l'interprétation de Charlotte s’avère à la fois torride et néanmoins pleine de dignité.

Sur l’estrade, le comédien acquis à la multiplicité de son rôle de composition est comme happé par une chorégraphie des points de vue alors même que son geste artistique fédère le public en une entité retenant son souffle.

La quête d’identité semble se confondre avec le désarroi normatif qui rend caduque, à toute époque, la vérité du quant à soi en confrontation avec toutes formes de réseaux sociaux tentant de censurer la libre expression d’être ici et maintenant…

Laissez-vous donc superbement troubler et ensorceler par Thierry Lopez façon bas résilles, c’est Charlotte von Mahlsdorf qui viendra à vous s’afficher style collier de perles… en un fascinant et irrésistible manifeste universel.

Theothea le 08/08/18

          

                 

Thierry Lopez / Ich Bin Charlotte  © Theothea.com

              

NO FILTER TOUR

         

THE ROLLING STONES

Mick Jagger, Keith Richards, Charlie Watts & Ronnie Wood

****

     

Stade Vélodrome Marseille

   

Mick jagger - Marseille 26/06/18   ©  Theothea.com

                                                            

« A bientôt » s’affichait sur les écrans du Stade dès la fin du feu d’artifice clôturant le 26 juin leur prestation, celle, en effet, déjà mythique du retour des Rolling Stones à Marseille.

Huit mois auparavant, le « No Filter Tour » avait débuté sa tournée européenne en inaugurant l’ U Arena, à quelques pas de l’Arche de La Défense, par trois fabuleux concerts où l’âge du capitaine et de ses acolytes jouait plus que jamais avec les repères de péremption du baby boom tout en les transgressant allègrement.

Mais pourquoi donc va-t-on se presser aux shows des Rolling Stones en 2018 quelque cinquante six ans après la naissance du plus célèbre groupe de Rock à travers le monde que ceux-ci ne cessent de sillonner désormais en un périple quasi ininterrompu surfant sur leur discographie cultissime ?

D’ailleurs, pourquoi discerne-t-on de plus en plus de trentenaires se mêler en aficionados à leurs fans d’origine ? Pourquoi ce brassage des générations s’accompagne-t-il d’une reconnaissance admirative envers la saga du groupe tellement emblématique de l’époque contemporaine ?  

Oui, pourquoi Mick Jagger, déambulant à l’allure récurrente d’une adolescence affinée à mille lieux de tout jeunisme, fait-il posture aristocratique de l’instant présent assumé en temps allégorique ?   

Pourquoi, bien longtemps après la jeunesse chorale de Lisa Fischer, le chanteur immanent des Stones continue-t-il de danser si sensitif sur « Gimme Shelter » en une sensualité duelle avec Sasha Allen dont, par ailleurs, il pourrait aisément être le « grandfather » ?

Oui, pourquoi les Rolling Stones, issus du XXème rebelle et triomphant, constituent-ils un tel phénomène sociétal continuant de s’imposer au 21ème siècle débutant ?  

Bien sûr, d’abord parce que Le Leader c’est lui seul, et que personne sur la planète ne songerait à lui disputer son charisme tellement fascinant mais surtout également parce que Mick Jagger, focalisant ainsi toute l’attention des regards sur son feeling et sa dégaine féline, joue de surcroît d’une manière magiquement subliminale le rôle de miroir et de faire-valoir de la foule en « délire ».

Et pourtant, en totale humilité professionnelle poussée dans les retranchements de la perfection, l’artiste renvoie de fait, en temps réel et à chaque spectateur, ce qu’il attend implicitement de son personnage adulé car instinctivement élaboré en un fantasme fédérateur partagé par tous… selon la devise basique et universelle « I can’t get no Satisfaction ».

Du très grand art transcendé par cette fameuse musique du "diable" qu'avec "sympathie" chacun peut légitimer aux racines du blues ainsi que du rock and roll vécus dans le frisson juste à fleur de peau au plus profond de la sensibilité collective.

Keith Richards, Charlie Watts et Ronnie Wood forment les trois autres angles d’assise de cette exceptionnelle formation musicale ayant fondé et perpétué les sixties jusqu’à nos jours.

Keith, le compositeur inspiré par des riffs venus d’ailleurs, Charlie, le batteur impénétrable et classieux, Ronnie, celui qui a su, d’antan, combler avec affinités la place alors laissée vacante… par successivement Brian Jones & Mick Taylor.

Quant au bassiste Darryl Jones, la cinquième roue du carrosse royal, il perpétue, depuis belle lurette, la discrétion de fabrique qu’arborait déjà Bill Wyman lorsque celui-ci était encore impliqué dans la destinée du groupe.

Durant la présentation traditionnelle de l’équipe sur scène, Mick qualifiera Charlie, humoristiquement en référence à l’O.M., de « Barthez de la batterie » et Ronnie de « Zidane de la guitare »; ses nombreuses mais brèves interventions en langue française furent savoureuses osant même « bon enfant » jusqu’au plagiat argotique à la mode : « Est-ce que vous kiffez ? Eh bien moi, je vous surkiffe ! ».

Ayant annoncé tout de go « Ce soir, on vous met le Feu » suivi au-delà d’un « Merci Marseille ! Quel public extraordinaire ! » c’est alors donc que « Sympathy for the Devil » et son fameux « Whoo, Whoo » repris en écho par les fans, de même que « Miss You » permettant à Darryl Jones d’exceller sur son magistral solo guitare bass, ainsi que « Gimme shelter » mettant Sasha Allen en figure de proue vocale vont s’employer ensemble, accompagnés d’un « Jumping Jack Flash » et autre « Brown sugar » de légende, à ouvrir majestueusement la voie au bouquet final grâce au déchainement de l’indétrônable « Satisfaction ».

Oui, « A bientôt » Les Rolling Stones !… Ici ou ailleurs, nous serons toujours prêts à « rejouer » avec vous ces fabuleux accords, juste sous le Blues / Rock exactement, qui hantent nos oreilles nostalgiques emplies d’une reconnaissance célébrant, ainsi, l’incarnation « Sans Filtre » du ressenti de notre époque.

Theothea le 23/08/18

             

The Rolling Stones - Marseille 26/06/18   ©  Theothea.com

              

Recherche   par mots-clé

 

 

   

   

        

     

      

       

Sasha Allen & Mick jagger - Marseille 26/06/18   ©  Theothea.com