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24ème  Saison     Chroniques   24.21   à   24.25    Page  454

     

     

       

                   

                 

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UNE VIE

"Une Vie" de Guy de Maupassant par Clémentine Célarié aux Mathurins

   

de Guy de Maupassant

mise en scène Arnaud Denis

avec  Clémentine Célarié 

****

     

Théâtre des Mathurins

 

©  LOT

             

D'entrée de jeu, elle apparaît majestueuse, marmoréenne. Au devant de la scène, enveloppée dans une jupe grise aux lourds plis et serrée dans un corsage ajusté à la taille, elle se dresse, en équilibre précaire sur un rocher qui surplombe les falaises blanches et abruptes d'Yport en toile de fond, telle une statue de pierre sur son piédestal, elle semble fixer l'horizon, droite, fière et désireuse de conquérir le public.

Elle, c'est la Jeanne du 1er roman de Guy de Maupassant écrit en 1883, qui, en prélude, expose avec une certaine lenteur le parcours de sa vie depuis qu'elle est sortie du couvent du Sacré-Coeur à 17 ans jusqu'aux confins de sa vieillesse. Une Vie, tel en est le titre, celle « d'une femme depuis l'heure où s'éveille son cœur jusqu'à sa mort ».

Et, dans cette petite salle intimiste du théâtre des Mathurins, qu' elle domine de toute sa hauteur raidifiée par son pesant vêtement tel un carcan protecteur, c'est la flamboyante Clémentine Célarié qui endosse l'identité de Jeanne, fille unique du baron et de la baronne Le Perthuis des Vauds, prête à toutes les joies après avoir été cloîtrée pendant plusieurs années.

« Une vie charmante et libre commença pour Jeanne ». Après les préliminaires d'un récit monolithique, la comédienne s'anime, saisit cette existence à bras le corps et se met à la vivre frénétiquement devant nous. Elle devient légère et alerte malgré l'épaisse robe qu'elle fait tournoyer de contentement.

Enjouée, prenant des airs de petite fille mutine, elle saute de joie, éclate de rire, frappe des mains, radieuse de sentir l'air marin et le vent fouetter ses cheveux, elle incarne avec une joie espiègle cette jeune fille ignorante qui rejoint la propriété familiale. Elle est impatiente, tout l'excite, même la grosse pluie normande ne semble pas être un obstacle à son plaisir.

Une fois installée aux ''Peuples'', le vieux et vaste manoir patrimonial planté au bord des flots, tout n'est que ravissement, et, malléable à souhait, Clémentine Célarié est cette grande adolescente qui s'émerveille de tout, en totale osmose avec une nature envoûtante. Elle sent palpiter des espoirs incroyables. Naïve, elle a envie de découvrir l'Amour et pense que son coeur sera deviner celui qui lui apportera le bonheur. « Comment serait-il ?...Il serait lui, voilà tout.» Et Clémentine/Jeanne rougit d'émotion et frissonne de sensualité.

Sa rencontre avec le vicomte Julien de Lamare au charme langoureux, fils de nobles déchus, concrétisera son rêve. Tel un merveilleux conte de fée et après une courte et radieuse saison de fiançailles, elle épouse le jeune homme. Malheureusement, dès le retour du voyage de noces en Corse, Julien ne se montre plus le mari aimant et bienveillant qu'elle espérait.

Commenceront les désenchantements. Julien se révélera pingre, hypocrite, brutal, infidèle. Elle le découvrira au lit avec Rosalie, la femme de chambre puis, plus tard, elle apprendra qu'il est l'amant de la comtesse Gilberte Fourville.

Jeanne ira alors de désillusions en désillusions, s'installant dans un ennui latent, un spleen mélancolique. Clémentine, dont le visage élastique est capable d'exprimer tous les émois, devient cette femme tourmentée, vulnérable et dépressive.

Les mots résonnent avec une vérité et une puissance dévastatrices. Jeanne se cherche et se perd au gré des échecs sentimentaux. Mais grâce à une énergie singulière, elle ne s'effondre pas complètement. Elle rebondit et ne trouvant aucun réconfort auprès de Julien, cherchera à devenir mère coûte que coûte, malgré l'opposition de son mari. Jeanne a besoin de renaître, enfanter une nouvelle vie, avoir un projet, combler un vide de plus en plus profond.

Clémentine Célarié nous fait ressentir intensément les blessures d'amour, puis les joies de la maternité et les inquiétudes viscérales d'une mère. Malheureusement, son fils Paul pour lequel elle s'est dévouée corps et âme l'abandonnera et ne viendra plus la voir, menant une vie dispendieuse et décousue, dilapidant l'héritage paternel. Elle en sera effroyablement affectée et son chagrin deviendra insondable.

Jeune fille ivre de passions, femme éperdument amoureuse, femme humiliée, mère étouffante, puis veuve esseulée dans un profond désarroi, Clémentine Célarié, habitée, passe par tous les âges et tous les états avec une incroyable souplesse. Elle rit, elle pleure, enrage, se tait pour éviter les conflits, se décompose telle une fleur fanée, refait surface, replonge dans le désespoir, se résigne. C’est de la pure émotion éprouvée, de la sensation perçue qui nourrit le regard de Jeanne sur les événements qu'elle traverse.

Elle va même interpréter les personnages qui accompagnent l'héroïne sur ce parcours à qui elle donne vie et voix avec la simplicité, l’authenticité, la justesse nécessaires, jusqu'à prendre un malin plaisir à croquer un curé de campagne un peu caricatural au franc parler bien campagnard qui conseille de faire croire qu'elle est enceinte pour que son mari cesse de prendre toute précaution.

Dans un environnement de falaises droites et crayeuses baignant leurs pieds dans les flots bleus, décor magnifique et omniprésent de Hermann Batz, la mise en scène subtile d’Arnaud Denis a su respecter l’œuvre littéraire tout en rendant ce spectacle intense parfaitement théâtral et très imagé avec une comédienne lumineuse, exubérante et pleine de fougue qui fait voltiger les mots et la poésie de Maupassant.

Un piano égrène ses notes, on entend le bruit des vagues et des mouettes, le souffle du vent du large. On se croirait au bord de la mer accompagnant Jeanne dans les dérives de sa Vie à un tel point que, dans la salle, l'on pourrait quasiment sentir l'air salin et la puissante odeur des varechs...

Cat’S / Theothea.com le 22/12/19

               

     

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DEVASTE-MOI

   

de & mise en scène  Johanny Bert 

chorégraphe Yann Raballand

avec Emmanuelle Laborit & The Delano Orchestra 

****

     

Théâtre Avant Seine (Colombes)

 

©  Jean-louis Fernandez

         

prochainement

           

 

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ARCHITECTURE

"Architecture" Cible élitaire en déconstruction bien au-delà d'Avignon...

de & mise en scène  Pascal Rambert   

avec Emmanuelle Béart, Audrey Bonnet, Anne Brochet, Marie-Sophie Ferdane, Arthur Nauzyciel, Stanislas Nordey, Denis Podalydès de la Comédie-Française, en alternance avec Pascal Rénéric, Laurent Poitrenaux, Jacques Weber

****

     

Théâtre des Bouffes du Nord

 

© Christophe Raynaud de Lage

En ayant rassemblé un casting aussi exceptionnel composé d'Emmanuelle Béart, Audrey Bonnet, Anne Brochet, Marie-Sophie Ferdane, Arthur Nauzyciel, Stanislas Nordey, Denis Podalydès en alternance avec Pascal Rénéric, Laurent Poitrenaux et, en point de mire, Jacques Weber, le dramaturge Pascal Rambert était contraint à l'excellence face à ce "collectif temporaire" pour lequel il aura constitué un spectacle global, à l'image du monde contemporain, puisant son origine auprès d'une famille élitaire viennoise se déchirant au début du XXème siècle au fur et à mesure que ses membres se trouvaient confrontés à leur propre échec existentiel.    

Ainsi réunis autour du patriarche charismatique, les passes d'armes se multipliaient au coeur de la fratrie familiale en maintenant néanmoins une incontestable solidarité de Classe, de Culture et de Pouvoir.

Créée en juillet 2019 dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes au Festival d'Avignon dans une version de près de 4 heures avec entracte, la tournée, via notamment Les Bouffes du Nord & Les Gémeaux de Sceaux, s'allégeait d'une heure en resserrant la dramaturgie essentiellement sur l'interactivité destructrice de thèses absolues et idéalistes.  

Tout un ensemble descriptif des dégâts de la guerre occasionnés sur le corps humain, jusqu'à déshumaniser celui-ci en désagrégeant notamment son visage, suscitait dans la version longue un nihilisme métaphysique dont l'effet cumulatif venait en quelque sorte mettre en impasse l'effet dynamique que la notion de "progrès" aurait pu légitimement lui opposer.

La pièce démarrait avec une remontrance radicale du pater familias à l'égard de Stan (Stanislas Nordey), l'un de ses fils, elle trouverait son épilogue dans une réunion collective où chacun, face à son ordinateur, ferait le débriefing entre factuel et subjectivité à la suite d'événements faisant se télescoper l'histoire contemporaine avec celle de cette famille emblématique censée être l'émanation supérieure de la société humaine, selon des didascalies que les comédiens seraient en train d'écrire et d'interpréter dans un même élan simultané.    

Selon l'auteur, "Architecture" est un Memento mori pour penser notre temps. Cette pièce montre comment, à l'instar des civilisations reconnues périssables, les plus belles structures s’effondrent et finissent par engloutir leurs enfants les plus brillants.

En effet les principes, en apparence les plus inébranlables, fondant et structurant la société, peuvent soudain s'effondrer et emporter toutes les illusions éthiques comme un fétu de paille retournant ainsi aux prémices de la sauvagerie. 

Le vingtième siècle en a montré de manière exemplaire de multiples et fameux stigmates.    

Du langage au style, il n'y aurait donc qu'un pas, celui de la vérité d'une époque qui peut se dissoudre à la moindre défaillance de la confiance qu'on lui porte. 

Tout ce qui constitue l'ambition de la connaissance humaine se véhicule à travers des mots et des concepts qui, en définitive, ne portent en eux que la valeur qu'on leur octroie en des moments successifs pouvant fort bien se contredire voire s'annihiler, sans crier gare.  

Tout cet aréopage de comédiens emblématiques se constituerait alors comme une force brute exemplaire que le spectateur ne pourrait dissocier de sa perception sensitive alors même que Pascal Rambert, leur ayant écrit des rôles sur mesure, continue par les appeler, dans sa fiction scénographique, selon leurs véritables prénoms identitaires.    

Tout ce passe comme si cette somptueuse architecture en trompe l'oeil était en fait une invite à magnifier le corps multiple de l'acteur dans une oeuvre théâtrale qui le sublimerait au-delà de toute contingence humaine alors que celle-ci s'avèrerait, de facto, profondément décevante et vulnérable.

Theothea le 18 janvier 2020

             

     

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WARM

   

de Ronan Chéneau

mise en scène David Bobée

avec Béatrice Dalle, Edward Aleman & Wilmer Marquez

****

     

Théâtre du Rond-Point

 

En contrepoint à " Elephant Man " aux Folies Bergère, David Bobee présentait récemment " Warm " au Rond-Point avec, pour les deux spectacles, la participation culte de Béatrice Dalle.

En l'occurrence, ici, Maîtresse de cérémonie déclamant le texte de Ronan Cheneau, l'actrice avait pour mission de mettre de l'huile bouillante sur le feu d'une prestation acrobatique duelle faisant défi aux lois de l'équilibre en quête d'osmose physique.

Poussant l'incandescence aux ultimes degrés d'un sauna chauffé à blanc, l'objectif était de repousser la transpiration des artistes au-delà de toute maîtrise là où leur savoir-faire pourrait être pris en défaut pendant que concomitamment la récitante ne cesserait d'attiser le feu sacré.

Ce spectacle pleinement lié à ses protagonistes agit comme une fascination où la parole et les gestes apparaissent comme totalement dissociés voire même désynchronisés et c'est précisément dans cet attelage baroque que se situe le régal du spectateur, sens complètement en éveil et alors même que ceux-ci sont témoins d'une disharmonie délibérée.

Les deux acrobates, Edward Aleman & Wilder Marquez, effectuent une performance époustouflante ravivée en permanence par la mouche du coche égérique contraignant la scénographie à se révéler jusqu'au boutiste au sein de sa lumière intense et de sa chaleur suffocante.

Ce spectacle unique en son genre impose de facto l'appréciation inconditionnelle du spectateur.

Theothea le 04/01/20

             

     

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OH LA LA   Isabelle Georges

   

avec  Isabelle Georges chant, Frederik Steenbrink piano et chant, Jérôme Sarfati contrebasse,  Edouard Pennes guitare, César Poirier saxophone & Samuel Domergue batterie 

****

     

Théâtre des Champs-Elysées

 

         

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