Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

26ème  Saison     Chroniques   26.66   à   26.70    Page  475

     

     

       

                   

                 

  © Theothea.com

   

     

   

     

  © Theothea.com

   

       

   

       

  © Theothea.com

     

     

   

            

           

  © Theothea.com

   

     

                

     

  © Theothea.com

     

           

     

75ème Festival de Cannes 2022

La Croisette 2022

   

Les Molières 2022

Les Lauréats 2022

Les Molières 2022

           

R E V I V A L

Stones No Filter

Wight ! 50 années après

     

Toutes nos  critiques   2021 - 2022

Les Chroniques de   Theothea.com   sur    

   

THEA BLOGS                    Recherche   par mots-clé                    THEA BLOGS          

UN CADEAU PARTICULIER

« Un cadeau particulier » au Funambule avec Didier Caron en prestidigitateur démiurge

      

de Didier Caron  

mise en scène  DIDIER CARON ET KARINA MARIMON

avec  KARINA MARIMON OU BÉNÉDICTE BAILBY, CHRISTIAN MULOT OU DIDIER CARON, PIERRE-JEAN CHERER OU CHRISTOPHE CORSAND

   

****

 

Théâtre Le Funambule

      

© Theothea.com

           

Emballé en 2020, ce « cadeau » bénéficie d’une pleine reprise estivale au Funambule selon l’alternance de chacun des trois rôles aux rangs desquels l’auteur contribue à générer une situation relationnelle sociétale dont il rend compte par l’écriture et qu’il lui faut donc également assumer sur scène en défendant avec conviction son personnage.

Pas nécessairement aisé effectivement d’accepter l’image par laquelle les autres voire les proches vous perçoivent alors que le moi idéal encaisserait une dévalorisation manifeste dans sa confrontation avec le constat peu reluisant des tiers.

Mais comment savoir, même du point de vue de l’observateur extérieur, qui aurait réellement légitimité pour établir un diagnostic des qualités et défauts de chacun, lorsque trois amis dont une femme seraient incités par les événements à dresser le portrait intime des deux autres comme dans un remake du jeu de la vérité ?

Qui pourrait prétendre à être suffisamment lucide avec lui-même tout en ayant une approche objective de ses partenaires pour parvenir à dresser une carte du tendre conforme avec les aspirations forcément subjectives des trois autres protagonistes ?

Ce tour de force mentale, c’est nécessairement l’auteur qui en est le maître incontesté puisqu’il tient les cartes du jeu et surtout les rebondissements qu’il intégrera si possible à bon escient.

Cependant, pour que la tragi-comédie fonctionne à plein sur l’imaginaire du public, il faut que la crédibilité des affects soit non seulement pertinente avec l’époque en cours mais également sincère avec le caractère de chacun en rendant plausibles les états d’âme, les sautes d’humeur, les revirements, voire les colères difficilement maîtrisables…

Ainsi pour éviter toute susceptibilité, il serait plus confortable à l’occasion de l’anniversaire de l’un d’entre eux de se contenter d’un cadeau traditionnel sympathique de façon à susciter essentiellement la bonne humeur.

Adopter une attitude inverse en recherchant la provocation induite pourrait en effet déclencher des cataclysmes en série sans que personne ne sache vraiment comment mettre un terme à ces réactions en chaîne, forcément drôles pour le spectateur mais quasiment diaboliques pour les comédiens.

Il faut dire que le cadeau choisi par Didier Caron sent particulièrement le souffre mais, néanmoins, son niveau de « respectabilité » est maintenu par la notion socioculturelle et dialectique qui est immanquablement soulevée lorsque d’aucuns sont appelés à donner leur avis dûment argumenté à ce sujet.  

Le piège est donc parfait pour introduire la situation psychologique d’un couple fêtant le cinquantenaire d’un ami et associé intime…. en acceptant de se projeter en aveugle sans savoir si ce sera aux dépens ou aux intérêts de l’un et les autres !

Cependant le suspens ne perdurera guère car, paradoxalement, ce cadeau sera très rapidement ouvert et dévoilé sur scène bien qu’au final une alternative à son contenu fût-ce virtuellement proposée… option qui, en définitive, ne ferait que repousser d’une année supplémentaire les sévères explications qui ont eu lieu pendant cette soirée où le coq au vin aura été cramé et la charlotte au chocolat abandonnée au profit des seules coupes de champagne fédérant en permanence les prolongations d’une situation affective se devant inévitablement d’exploser au regard et à l’entendement de cette famille qui, dans son genre spécifique, accèdera ainsi à la notion contemporaine de « recomposée ».

Aucun critique ou commentateur n’ose de fait « divulgâcher » l’objet du délit et c’est très bien ainsi car, on l’aura compris, ce « cadeau » n’est autre que l’arbre qui cache la forêt des sentiments convoqués à fleur de peau par Didier Caron pour affronter le regain d’amitié et d’amour escompté à l’égard d’un avenir si possible prometteur.

Theothea le 17/07/22

                   

© Theothea.com

     

PARIS LA GRANDE

      

de  Philippe Meyer   

mise en scène  Benoit Carré  

avec Philippe Meyer & Jean-Claude Laudat à l'accordéon  

   

****

     

Théâtre Lucernaire

      

© Karine Letellier

           

Dans l'écrin d'une salle du Lucernaire, l'ex-chroniqueur de Radio France Philippe Meyer déclare sa flamme à la ville lumière, accompagné par Jean-Claude Laudat, son fidèle et discret accordéoniste, qui a créé le groupe Paname Swing en 2010.

Il a repris cet été son spectacle '' Paris La Grande '', tiré de son livre éponyme, qu’il avait créé en 2001 au Théâtre de la Ville, en remettant celui-ci au goût du jour.

Philippe Meyer né en Allemagne, a vécu son adolescence en banlieue et s'est installé dans sa jeunesse à Paris, devenue pour lui la plus belle ville du monde.

Sauf que Philippe Meyer, aujourd'hui, est un amoureux fou qui souffre des enlaidissements causés par le monde moderne.

Eternel bateleur, interprétant des chansons savoureuses, il nous livre son désarroi et nous plonge dans le passé en lisant des textes de Montaigne, Victor Hugo, Aristide Bruant...

« Depuis que je suis à Paris Je mords dans le fruit c'est exquis, Et je dévore mes vingt ans à belles dents, Pour rattraper le temps perdu je ne dors plus Le jour et la nuit, je suis gris - Depuis que je suis à Paris J'ai compris que c'est merveilleux Et je souris d'avoir vingt ans à Paris » (Jean Nohain, Mireille) est une chanson qui exprime pleinement son enthousiasme personnel pour la capitale qu'il a adoptée de toute son âme et lui a procuré des joies inégalables.

Mais le Paris d'antan adulé qu'affiche « Paris jadis » (Jean-Roger Caussimon) écrite sur une musique de Philippe Sarde pour le film de Bertrand Tavernier « Des enfants gâtés », véritable ode au Paris populaire, n'a plus tout à fait la même saveur, Philippe Meyer ne retrouve plus ses vieux quartiers, ses églises cachées, jardins et autres passages qui en font le charme.

Et d'évoquer sans complaisance un quartier autrefois marché coloré de produits alimentaires, fleurs, fruits légumes, viande, poisson... en plein coeur du 1er arrondissement, terriblement animé et fourmillant, atmosphère bien rendue au 19ème siècle par Émile Zola dans le '' Ventre de Paris'' :

« Dans Les Halles de Paris Près de la rue Saint-Denis Y a tout un monde qui vit Et qui grouille dans la nuit Y a les mains pleines de sang Qui portent les boeufs saignants Y a le bruit des gros camions Qui transportent les poissons Et y a les trognons de choux » ( les Halles de Paris - Georges Gérard, Georges Cornil).

A partir de 1971, les 12 pavillons couverts de vitrage des Halles de Baltard, du nom de son architecte, sont détruits, un seul sera remonté à Nogent sur Marne.

On sent l'incompréhension de Philippe Meyer, offusqué par le grand centre commercial sous-terrain qui a pris la place dans les années 80 appelé Forum des Halles.

C'est un nostalgique de la cité aux cent vil!ages aux ruelles pittoresques, ses vieilles églises, église de Saint-Sulpice, église Saint-Séverin et son cloître, ses squares, ses jardins, le jardin du Luxembourg et de chanter « Les vieux Messieurs du Luxembourg » (Maurice Genevoix, Guy La carte), la Seine, ses quais et ses bateaux-mouches, le musée du Louvre et sa Joconde que l'on admire « La Joconde » (Paul Braffort).

C'est une même rengaine mêlée de plaisir mélancolique, des halles à Montmartre, ancien village où la vigne et les moulins à vent n'ont pas complètement disparus, ses guinguettes et ses cabarets avec le Lapin Agile, la basilique du Sacré Coeur, du quartier latin et son ''boulmich'' à Notre-Dame, du Canal Saint-Martin à Ménil’muche faubourg populaire entaché par la répression de la Commune de Paris, ou la Butte-aux-Cailles et sa population ouvrière qui sut résister à la fin de cette même insurrection.

Véritable connaisseur des souvenirs de Paris, il en partage quelques uns avec cocasserie et tendresse et d'entonner des airs antédiluviens liés à la vie parisienne. Il se livre à de réjouissantes interprétations d’airs méconnus, hommages amusés aux tricoteurs de ritournelle.

Avec peu de mobilier sur le plateau, dans une mise en scène très épurée de Benoît Carré, le conteur n'a pas besoin de décor pour faire apprécier un Paris inattendu dans son approche historique, du Moyen-Age à la Commune de Paris « Au mur ! » (Jean-Baptiste Clément, Max Rongier) en passant par le cortège funèbre de Louis XIV « Enfin Louis le Grand est mort » (anonyme 1715) et la construction du Métropolitain « Métro correspondance » ( Georges Ouvrard fils).

Avec une truculence espiègle et sa voix chaude d'animateur radio, il termine le spectacle par un excellent Medley composé des plus célèbres chansons sur Paris et elles sont fort nombreuses.

Pour n'en citer que quelques unes de « Paname à Paris s'éveille », de « Sous le ciel de Paris à Paris sera toujours Paris », du « Le Poinçonneur des Lilas à Pigalle », de « Paris au mois d'Août à Paris, c'est une blonde » !

Saluons, bien entendu, le talent de l'accordéoniste et son piano à bretelles qui fait vibrer l'air de Paris sera toujours Paris !

Cat’S / Theothea.com le 16/08/22

     

     

© Theothea.com

     

Liste et auteurs des chansons

- Adieu Paris (Lucien Boyer, Sanders)

- Depuis que je suis à Paris (Jean Nohain, Mireille )

- Paris jadis. (Jean-Roger Caussimon, Philippe Sarde)

- 18 rue Daval ( Instru, Jean-Claude Laudat)

- Les Halles de Paris (Georges Gérard, Georges Cornil)

- Enfin Louis le Grand est mort ( Anonyme 1715)

- Les Bienfaits du système (Anonyme 1719)

- La rue des Blancs-Manteaux (Jean-Paul Sartre, Joseph Cosma)

- Les Tuileries (Victor Hugo, Colette Magny)

- Le capitaine « Au mur ! » (Jean-Baptiste Clément, Max Rongier)

- La Chabraque (Marcel Aymé, Guy Béart)

- Métro correspondance (Georges Ouvrard, fils)

- les vieux Messieurs du Luxembourg (Maurice Genevoix, Guy Lafarge)

- Madame Arthur (Paul de Kock, Yvette Guilbert)

- De place en place (Lucien Boyer, Adolphe Stanislas)

- La Joconde (Paul Braffort)

         

                     

© Theothea.com

     

SI ASTOR M'ETAIT CONTE

      

Hommage à Astor Piazzolla    

Trompette & Accordéon 

avec  Lucienne Renaudin-Vary & Félicien Brut   

   

****

     

Eglise de Saint-Martin-la-Méanne

      

© Theothea.com

           

Sur les deux mois d'été, le festival MilleSources rayonne dans le Limousin & la Haute-Dordogne avec la motivation de rendre accessibles au plus grand nombre de spectateurs plusieurs artistes établis autant qu'en devenir dans les musiques classiques, de Jazz voire même populaires...

Avec un programme dédié à chaque lieu de représentation, les sites honorés sont forcément diversifiés dans leurs qualités intrinsèques notamment en ce qui concerne l'acoustique...

C'est ainsi que, le samedi 13 août, la petite église de Saint-Martin-la-Méanne accueillait, avec cet atout sonore majeur, le duo Lucienne Renaudin-Vary & Félicien Brut respectivement trompettiste & accordéoniste pour un hommage à Astor Piazzolla en mettant autant en valeur les musiciens qui ont joué sa musique que les oeuvres dont celui-ci s'est inspiré.

   

     

© Theothea.com

       

Très fluides voire chorégraphiques dans leur approche instrumentale, l'une ondulait en pistonnant & soufflant debout pieds nus alors que l'autre assis la plupart du temps accompagnait les va-et-vient de son soufflet à double claviers dans le flux et le reflux d'une gestation corporelle par vagues récurrentes.

Tous les deux semblaient marteler dans l'extension de leurs jambes jusqu'à l'extrémité de leurs doigts de pieds le rythme vibratoire de la communion entre cordes et cuivre.

Ponctuant leur performance, pour lui d'évocations rendant compte de son évolution professionnelle dans le monde de l'accordéon au fil des rencontres et des postes occupés précédemment dans plusieurs conservatoires de musique en province, pour elle de repères dans sa formation disciplinaire célébrée déjà par de nombreux prix internationaux, les duettistes captaient l'attention du public en le rendant sensible aux particularismes de pratique liés à leurs instruments ainsi qu'à leur fascinante complémentarité harmonique.

   

     

© Theothea.com

     

Chacun des deux interprètes apprécie la prise en charge du Festival MilleSources qui leur a permis, notamment pour lui en tant qu'invité officiel de cette session, à plusieurs formats d'exhibitions permettant de signifier et de réaliser des prestations artistiques différenciées et donc riches en expressions auprès des spectateurs...

Davantage que régi par des circonstances opportunes estivales, leur concert en binôme devrait perdurer de plus bel tant les deux artistes trouvent en ce rapprochement de la trompette et de l'accordéon une énergie sans cesse renouvelée réciproquement; quant au public, ses applaudissements à l'issue de chaque œuvre et ses nombreux rappels faisaient preuve d'une séduction indéniable que le charmant cadre de la très jolie petite église corrézienne valorisait à merveille.

Bravos à tous ces talents ainsi offerts en partage jusque dans la plus grande profondeur des villages de l'hexagone !....

Theothea le 19/08/22

     

         

© Theothea.com

       

           

Programme du Concert

pour Trompette & Accordéon

Lucienne Renaudin-Vary & Félicien Brut

en l’église de Saint-Martin-La-Méanne

le samedi 13 août 2022

   

Il était une fois Astor…

Chau Paris

de Astor Piazzolla

     

Un écho des Ecoles Nationales

Fantaisie Slave

de Carl Hohne

Danses Norvégiennes n°2 & 3

de Edouard Grieg

       

Buenos Aires

Maria de Buenos Aires - extraits

de Astor Piazzolla, arrangements de Jérôme Ducros & Domi Emorine

       

Le passage à New-York

Tonight - extrait de West Side Story

de Léonard Bernstein, arrangement de Thibault Perrine

       

Sous le ciel de Paris

Medley de Valses Paris

arrangement de Claude Thomain et Eric Bouvelle

     

Nuevo Tango

Escualo

de Astor Piazzolla

           

Héritage

Aria

de Richard Galliano

Dopo La Folia

de Thierry Escaich

Tango pour Claude

de Richard Galliano

                     

       

           

© Theothea.com

     

LE CYRANO DE LA LUZEGE EN SON FESTIVAL 2022

Le « Cyrano » de La Luzège en son Festival 2022

          

Texte de Edmond Rostand  

mise en scène  Romane Ponty-Bésanger  

avec  Maxime Bonnand, Vicor Calcine, Ashille Constantin, Emmanuel Demonsant, Clémentine Haro, Fabrice Henry, Coralie Leblan et Vincent Pouderoux

   

****

     

Champagnac-la-Noaille

      

© Louise Ajuste

               

Le Festival de la Luzège est un incontournable des festivités estivales de la Corrèze. Existant depuis de nombreuses années, il se produit dans de nombreux villages de ce verdoyant département.

Cette 36ème édition a débuté le 20 juillet 2022 à Ussel - Château de la Diège - et s’est clôturée le 17 Août à Neuvic - Lac de la Triouzoune - en passant le dimanche 14 par le pittoresque Roc du Gour Noir à Saint-Pantaléon-de-Lapleau.

Depuis 2019, un collectif d'acteurs (Clémentine Haro, Fabrice Henry, Romane Ponty-Bésanger et Vincent Pouderoux) en assure la direction artistique.

Aussi, c'est avec grand plaisir qu'on retrouve chaque été cette troupe fidèle de Comédiens particulièrement sympathiques accueillie, une nouvelle fois, ce 10 Août 2022, dans le cadre bucolique de Champagnac-la-Noaille.

En cette très chaude soirée, une magnifique pleine lune s'est invitée irradiant le champ adossé à la scène et baignant les spectateurs disposés en « U » sur le terrain adjacent à la Salle des Fêtes, astre magistralement et totalement synchrone avec la poésie qui imprègne Le « Cyrano  » d'Edmond Rostand et souvent invoqué par le pittoresque poète.

Car nos amis comédiens auront plongé cette saison dans le mythe de Cyrano et se sont ainsi déployés tout autour des spectateurs immergés au centre d'une ronde effrénée et virevoltante, les acteurs ne cessant de courir et s'agiter jusqu'à l’extrémité du pré intégré dans leurs déplacements.

Cependant, la mise en scène de Romane Ponty-Bésanger est d'une grande sobriété et met particulièrement l'accent sur l'orateur friand de beaux mots, aimant les alexandrins davantage que sur le mousquetaire servant dans une unité de Gascons prêt à ferrailler et à en découdre si tel énergumène se permet d'ironiser sur son son aspect physique.

Dans cette perspective, on préfère le bel esprit, le truculent homme de lettres susurrant des mots doux à sa bien-aimée par le truchement d'un bellâtre au duelliste agressif prêt à manier l'épée avec ses acolytes.

Victor Calcine qui, en 2021, avait mis en scène ''Bon appétit, Messieurs'' d'après Victor Hugo, ici affublé d'un faux nez, cet appendice source de tant de douleurs, insuffle beaucoup de douceur à Cyrano de Bergerac s'engageant à prendre Christian de Neuvillette, beau cadet sans esprit ni talent d'expression, amoureux de Roxane, sous sa protection et organise un stratagème : il écrit pour Christian (Maxime Bonnand) des lettres ardentes au langage ciselé et lui souffle des déclarations d'amour qui enflamment la jeune demoiselle jouée par une Coralie Leblan pleine d'ardeur et bouillonnante de passion.

On se souvient que celle-ci avait empoigné avec beaucoup d'énergie le rôle de la petite fille audacieuse dans '' la Traversée d'Alice '' (mise en scène de Clémentine Haro), deux ans plus tôt dans ce même lieu.

Cyrano, lui se présente en amoureux transi qui cache secrètement ses sentiments et qui n'explose que lorsqu'on ose se moquer de sa disgrâce.

Le vicomte de Valvert, son rival, l'attaque maladroitement sur son organe nasal disproportionné et ce dernier, piqué au vif, réplique. Nous assistons alors à la célèbre « tirade du nez », réponse pleine de brio à un Valvert joué par Ashille Constantin très espiègle; on sent chez ce comédien originaire de Sainte-Lucie (Caraïbes) le plaisir ludique d'amuser le public.

Un autre ennemi de Cyrano, le comte de Guiche, gentilhomme épris de Roxane mais marié est interprété par Emmanuel Demonsant.

Fabrice Henry qui a mis en scène '' la Tempête '' de Shakespeare en 2020 est Lignière, figure d'ivrogne distingué; Vincent Pouderoux qui, en 2019, a mis en scène Platonov d'après Anton Tchekhov est Ragueneau, le savoureux pâtissier des comédiens et des poètes.

Les acteurs de la troupe de La Luzège au jeu corporel dynamique inventent leur partition physique en investissant les lieux autour de la scène centrale et communiquent avec un évident enthousiasme la verve comique, le savoir-faire et l'impétuosité nécessaires pour revisiter une oeuvre de cette qualité.

Romane Ponty-Besanger propose une adaptation légère et respectueuse dans un univers poétique, s'éloignant de l'image attendue du mousquetaire. Pas d'épée, de fleuret ou de glaive, pas de bottes, de capes ou de chapeaux au panache blanc, les altercations se font sans porter d'estocades, seulement en utilisant le langage fleuri d'Edmond Rostand.

Pas de décors, de temps à autre Vincent Pouderoux manipule des poutrelles de bois en poussant la chansonnette pour simuler la boutique de Ragueneau ou pour dresser le fameux balcon sous lequel Cyrano, dissimulé, souffle les paroles enflammées que Christian aurait dû prononcer pour séduire Roxane qui, finalement, sera nettement plus sensible à l'éloge d'un discours spirituel qu'à une simple beauté externe.

Pour le plaisir des mots, des rimes et des structures en vers, Cyrano truque le réel afin de le rendre plus aimable, plus drôle, plus poétique. Héros blessé, il est l'artiste romantique qui ira jusqu'au bout de son histoire.

Bravo à cette merveilleuse troupe qui garde l'esprit de noblesse tant recherché par Cyrano !

Cat’S / Theothea.com le 18/08/22

                       

         

© Theothea.com

     

ROLLING STONES SIXTY

Les Rolling Stones en concert festif pour leur Sixty Tour à Paris Longchamp

      

avec Mick Jagger, Keith Richards & Ron Wood   

   

****

     

Hippodrome Paris Longchamp

      

© Theothea.com

           

Autant à l’hippodrome de Longchamp le concert du samedi 1er Juillet 1995 avait été dantesque et contrariant, autant celui du 23 juillet 2022 aura été festif et exaltant, de la tempête désastreuse d’alors jusqu’à la chaude soirée estivale récente, du « Voodoo Lounge » détrempé au « Sixty Tour » ovationné, Les Stones auront ainsi bourlingué au cours de trois nouvelles décennies durant lesquelles ils auront inauguré le Stade de France en y effectuant plusieurs come back ainsi que L’U Arena de la Défense, joué à Bercy & de nouveau à l’Olympia… pour ne faire référence qu’à leurs exhibitions parisiennes auxquelles il faudrait ajouter en spots précédents, Le Palais des sports, les abattoirs de la Villette, le Parc des Princes, l’hippodrome d’Auteuil ainsi que pareillement le Théâtre Mogador et la salle du Trabendo.

Toujours est-il que pour célébrer leurs soixante années de plus grand groupe de Rock & Roll du monde ses membres escomptaient, Mick Jagger en tête, pouvoir trôner en concert 2022 sur le Champ de Mars au pied de La Tour Eiffel.

Que nenni, ce projet n’aura point été validé par les autorités parisiennes et c’est, en définitive, dans l’infrastructure du Festival musical Lollapalooza se déroulant au bois de Boulogne le week-end précédant l’une de leurs deux étapes françaises que le fabuleux groupe anglais est donc revenu pour son troisième concert à Longchamp.

En sus, Les Rolling Stones auront bénéficié sur ce site d’une réplique de 34 mètres de La Tour Eiffel à échelle 1/10ème qu’en la parant de leur logo emblématique, on pourrait feindre de croire que l’emplacement souhaité à l’origine avait été facticement honoré.

Car, effectivement, cela aurait pu être un superbe signe de reconnaissance décerné au groupe de Mick Jagger à l’instar, par exemple, de Johnny Hallyday & de Michel Polnareff qui, respectivement, eurent précédemment l’honneur de chanter devant le prestigieux monument symbolisant Paris dans le monde entier.

Cependant, le vaste hippodrome, sans grande magie particulière, a néanmoins pour vertu de disposer d’un immense espace à l’air libre ayant notamment pour cadre un environnement boisé avec perspectives lointaines sur La Défense et ses environs…

Deux tribunes latérales de petites dimensions installées pour Lollapalooza proposaient des places assises de part et d’autre de la scène Sixty que le barnum des Stones a transportée et installée pour chacune des prestations de cette tournée européenne d’une vingtaine de dates estivales se clôturant à Berlin le 3 août.

Cependant, bardés de ces contraintes contradictoires, il est manifeste que Les Rolling Stones auront donné à Paris en 2022 ce concert mémorable dont chacun des cinquante cinq mille spectateurs est d’ores et déjà fort nostalgique.

En effet, à trois jours de l’anniversaire des 79 ans de Mick Jagger, c’est avec une conviction puissante et créatrice que l’ensemble des musiciens sur le plateau ont fait vibrer le patrimoine musical Stonien dans un élan dynamique que le public leur retransmettait à son tour en écho.

Il y avait dans l’air ce je ne sais quoi d’intemporel et d’évanescent qui inspire aux âmes ces instants rares d’éternité terrestre fort communicative.

Comme pour signifier cette attitude collective propice aux bonnes vibrations, la reprise de « Out of Time » extraite de leur premier album original « After-Math » apparaissait comme un signe des temps à jamais retrouvé dans la psalmodie scandée par Mick invitant à l’expression chorale de la foule entière.

D’ailleurs, Keith Richard grimpé sur un nuage semblait en fin de show comme en proie à des forces mystérieuses irrésistibles qui s’agitaient rieuses à l’intérieur de son surmoi.

Quant à Ron Wood le plus souvent concentré, il semblait néanmoins pris de convulsions passagères l’emmenant vers une sorte de paradis éthéré nec plus ultra. Steve Jordan remplaçant avec pertinence Charlie Watts se montrait à la fois très discret et fort impliqué dans les roulements rythmés de sa frappe intensive et percutante.

La choriste Sasha Allen se libérant pleinement de toute inhibition se lançait diablesse pour affronter gestuellement et vocalement le charisme sensitif et performant de Mick son partenaire sur « Gimme Shelter » en se boostant mutuellement yeux dans les yeux.

Tous ainsi étaient à leurs tâches instrumentales dédiées dans une écoute visuelle à l’affût de chaque signe subtil qui les relie ensemble à la performance de l’instant présent.

Bien entendu le leader se comporte en vigie tout azimut observant simultanément ses partenaires et les spectateurs de façon, à chaque instant du show, d’être en mesure d’adapter sa gestuelle, ses déplacements, son expression vocale à toutes les opportunités s’offrant en improvisations anticipées bien que le plus souvent scénographiées par automatisme quasi génétique.

Il n’empêche que Mick Jagger, on a beau le savoir mais cela reste toujours surprenant, est de fait un véritable phénomène pour lequel même son âge avancé semble être un paramètre d’ajustement pour le moins relatif.

Bien sûr, en soixante années de pratique scénique, l’expérience acquise compte sans doute davantage que le talent inné mais il s’avère que son sens instinctif apparaît en permanence comme une stratégie imparable à son charisme sans cesse sur la brèche alors que sont convoquées pour son personnage de star incarnée du rock, sensualité, fluidité, intensité et distance de soi prenant en charge sa relation directe et quasi permanente avec les vibrations latentes du public.

Avec sa souplesse et sa minceur d’adolescent ayant maintenu l’esprit frondeur, il semblerait alors que les traits burinés du visage s’estompent dans le faisceau des projecteurs ne conservant que la mobilité de la silhouette surréaliste en prise tactile avec l’inconscient collectif.

Certes en raccourcissant sensiblement les parcours effectués sur le praticable grâce à la modélisation de dimensions moindres concernant l’infrastructure notamment pour l’avancée centrale en direction du public, le show man a bien moins l’opportunité de courir à grandes enjambées qu’auparavant mais si donc la marche rapide serait devenue le style actualisé du Sixty Tour, la puissance dégagée semble paradoxalement se décupler dans les changements de direction incessants et les grandes circonvolutions de ses bras enveloppant la foule par empathie réciproque !

Il est à noter que le rajeunissement effectif du public est en cours et que, par conséquent, si les générations fondatrices du groupe sont toujours bien représentées, il apparaît néanmoins que les trentenaires contemporains composent la grande majorité des spectateurs.

Ce sont donc les petits-enfants des fans originels des Stones qui viennent désormais découvrir sur le tard les héros vintages de leurs grands-parents lorsque ceux-ci étaient ados au XXème siècle.

Dire qu'ainsi Les Stones sont devenus consensuels n’est peut-être pas qu’une simple vue contredite par l’esprit malin qui spontanément les classifierait encore et toujours comme « rebelles ».

Certes « railleur » lorsque Mick Jagger annonce, farceur, qu’il est venu l’après-midi même sur le site en vélo accompagné d’Anne Hidalgo mais il faut bien que le désaveu de l’authentique Tour Eiffel émerge au moins dans une boutade pour solde de tout compte, n’est-ce pas ?

Oui, ce 23 juillet 2022, l’esprit était avant tout jovial sous cette agréable soirée d’été bucolique et quel que soit l’emplacement où se trouvait chacun des 55000 privilégiés pour ce rendez-vous au sommet du world Rock, le son était excellent sans aucune réverbération malvenue occasionnée par quelque acoustique approximative de stade bétonné, sans même aucun « fading » dû à un vent inopportun mais ici réduit à l’état de bise apaisante et c’est donc dans la pleine félicité que les spectateurs ont applaudi au final ces trois survivants mythiques venus directement des Sixties à l’occasion de leur Sixty Tour agrémenté de lampions conviant à la festivité, tout en retournant volontiers avec empressement à ces formidables artistes leur propre compliment ultime : MERCI !

Theothea le 31 juillet 2022

         

            

© Theothea.com

     

Recherche   par mots-clé

 

 

   

      

          

© Theothea.com

     

   

   

          

© Theothea.com

   

     

   

          

© Theothea.com

     

 

   

  

© Theothea.com

     

     

         

          

© Theothea.com

       

     

     

          

     

© Theothea.com

   

     

       

     

     

          

     

© Theothea.com