Les
Chroniques
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10ème
Saison
Chroniques 10.01
à
10.05
Page 150
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1962
de Mehdi
Charef
mise en scène
Kader Boukhanef &
Azize Kabouche
|
****
Théâtre Montparnasse
Tel: 01 43 22 77 74
|
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Sur le quai de la petite gare de Marnia, sept personnages attendent le
dernier train, celui du retour définitif, tels les protagonistes d'une
"Cerisaie" à l'échelle d'un pays qui ne veut plus les
héberger face à un autre qui n'a pas envie de les
reconnaître.
A l'instar d'un Tchekhov d'Algérie, Mehdi Charef signe sa
première pièce de théâtre dans le prolongement
du César de sa première oeuvre cinématographique en
1985 pour "Le thé au harem d'Archimède".
Myriam Feune de Colombie, la directrice du Théâtre Montparnasse
accueille la mise en scène de Kader Boukhanef et Azize Kabouche dans
la perspective d'un travail de mémoire engagé vers une
complémentarité de cultures n'ayant pu trouver leur respiration
commune pour cause de déni radical engendré par "Les
Evénements" de l'époque!...
En effet, 1962 l'année de l'autodétermination aura suscité
ce destin collectif où les repères des "Pieds noirs" s'est
enrayé dans une valse hésitation entre la fuite obligatoire
et l'acceptation impossible du déracinement.
Amidou, Nadia Barentin, Jean-Michel Dupuis, Stéphane Höhn,
Julie Judd, Jean-Pierre Malo et Mounir Margoum donnent corps et âme
à cette tranche de vie où les senteurs, les bruits, les couleurs
du bled imprègnent leurs mots qui s'entrechoquent comme des couteaux
rouvrant sans cesse les plaies à vif.
La sobriété du décor, de l'interprétation
et de la réalisation impriment une pudeur et une retenue qui donnent
le ton de la dignité mais qui, néanmoins, ont bien des
difficultés à susciter l'intérêt
théâtral.
Les spectateurs attendent en compagnie des comédiens ce train du
désespoir qui ne saurait arriver tel un Godot de ferrailles éructant
sa vapeur pour emmener ceux-ci vers des lendemains dénués de
toutes illusions... à tort ou à raison!...
Sans doute la comédie musicale "Les enfants du soleil" au cours
de la saison 04-05 permettait-elle une perception plus sensitive de la souffrance
initiée par cet exode vers la France!... Ici, il semblerait que le
texte et les dialogues de Mehdi Charef auraient nécessité une
approche moins statique et plus en relief du jeu scénique. C'est toutefois
le témoignage historique et sociologique d'une rupture identitaire
violente qui fait la valeur de cette création dramatique.
Theothea le 02/09/05
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MOI AUSSI JE SUIS CATHERINE
DENEUVE
de Pierre
Notte
mise en scène
Jean-Claude Cotillard
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****
Pépinière Opéra
Tel: 01 42 61 44 16
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Photo
© Claire
Besse
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Avec un titre aussi intrigant que glamour, Pierre Notte a réuni
d'emblée les conditions du malentendu élevé en art abouti
de la confusion surréaliste.
En plongeant directement au coeur d'une famille "tuyau de poêle"
sans assurer aucun palier de décompression, l'auteur confronte son
public avec la compassion relationnelle à l'égard du trop plein
d'incommunication schizophrénique.
Face à une mère s'accrochant désespérément
au cap de la survie voici trois redresseurs en diable des fautes d'accord
grammatical de leur génitrice!... Ainsi sont ses enfants qui n'en
finissent pas de chercher des canots de sauvetage en se réfugiant
dans les royaumes d'une déviance comportementale où la pulsion
libidinale tente de subsister, voire de se régénérer
à la synergie du naufrage collectif!...
Dans l'affirmation "Moi aussi je suis Catherine Deneuve", c'est avant
tout "aussi" qui importe!... En effet le processus d'identification ne prend
sa véritable valeur que dans la mesure où l'aura, le charisme,
l'image médiatique de la célèbre actrice peuvent servir
de modèle à une copie conforme.
Ainsi vont pouvoir coexister en un imaginaire idéel d'une part
la vraie Cartherine Deneuve et par ailleurs Geneviève son clone
prétendant aux pouvoirs et privilèges supputés de
l'artiste.
A partir de cette exigence radicale va pouvoir s'installer avec
frénésie le régime de la terreur et du chantage à
l'égard d'une réalité qui tenterait de résister
à la toute puissance de l'ego en mal de reconnaissance.
Et qu'importe si autrui et particulièrement les proches devaient
faire les frais d'une impossibilité à exister par
soi-même!...
Confrontés à l'absence du père, la soeur et le
frère de Geneviève n'auront pas d'autres réponses à
signifier à leur mère que celles de leur propre pathos,
l'auto-scarification en chantant pour l'une, le mutisme lymphatique de
l'autre.
Un tableau dévastateur où l'intention du metteur en scène
Jean-Claude Cotillard est de placer les protagonistes en telle situation
d'absurdité délirante que les comédiens puissent y tirer
leur épingle d'un jeu complètement exacerbé.
Ainsi Zazie Delem, la mère et Juliette Coulon, Geneviève
vont pouvoir se déchaîner sur le registre de l'incompréhension
mutuelle; Charlotte Laemmel, Marie et Romain Appelbaum, le fils exilé
à Bordeaux officieront eux sur le mode de la régression
dégénérescente.
L'ensemble constituant une analyse socioculturelle si peu insensée
pourvu que le cynisme paranoïaque y soit compris à l'aune d'un
humour salvateur.
Theothea le 06/09/05
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MOINS 2
de & mise en scène
Samuel Benchetrit
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****
Théâtre Hébertot
Tel: 01 43 87 23
23
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Photo: Marc
Amiguet (Pasacal Legros Productions)
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A moins 2 de l'échéance accordée à deux
consciences affranchies en sursis d'existence et à moins de rester
insensible aux subtilités paradoxales de l'âme humaine, un tel
surcroît d'affect va chercher à s'exprimer que celles-ci devraient
se maintenir dans le suspend de l'instant présent ad vitam
aeternam!...
Paul (Jean-Louis Trintignant) et Jules (Roger Dumas) vont ainsi se lancer
sur le tard dans un improbable road-movie, celui de leur vie défilant
à rebours de tous les ratages se répétant au fil des
générations.
De la réanimation à la maternité, le chemin inverse
parcouru dans le miroir du spectacle vivant va les diriger en ces lieux de
rencontre où les destins n'en finissent jamais de basculer au nom
de l'Amour ou de ses variantes.
La transgression vers l'au-delà guérie de toutes les blessures
mal cicatrisées par déficit de reconnaissance de la chair de
la chair, voici en tant que vecteur du repos enfin gagné sur le tourment
infini, l'enjeu qu'une actrice réconciliée avec ses propres
origines peut en phase ultime offrir en cadeau au père
retrouvé.
Elle est là bien présente La Sonia de Tchekhov apaisant
Oncle Vania, alias La Lou Stern de Benchetrit enfin réunie avec son
père Paul, esquisses à peine masquées du bonheur infini
recouvré entre Marie Trintignant et Jean-Louis!...
Pour parvenir à un telle apothéose, distanciation et humour
se devaient d'avoir vaincu chacun des obstacles que chaque individu n'a de
cesse d'échafauder entre lui et le monde.
C'est là le talent et la grâce que Samuel Benchetrit
a su forger en et autour de lui, de telle manière que la métaphore
du cancer dénié puisse devenir universelle et intemporelle.
Cependant Roger Dumas avec son air d'un Gabin revenu de toutes les
adversités, Valérie Crouzet avec sa justesse à composer
la rencontre au féminin, Manuel Durand celle d'en incarner tous les
partenaires opportuns joueraient ainsi avec Jean-Louis Trintignant au
théâtre Hébertot pour confirmer que non seulement la
poésie de la vie est sans doute le bien le plus précieux à
partager quand il en est toujours temps mais surtout que tous ensemble, ils
ne seraient pas à l'abri d'un triomphe!...
Alors "Carpe diem" puisque "alea jacta est" !...
Theothea le 7 septembre 2005
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C'EST JAMAIS FACILE
de
Jean-Clauded Islert
mise en scène
Jean-Luc Moreau
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****
Théâtre Michel
Tel: 01 42 65 35 02
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photo ldd:
Depagne-Palazon
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La dictature de l'âge est bel et bien au coeur de cette comédie
et l'intention partagée par l'auteur Jean-Claude Islert et le metteur
en scène Jean-Luc Moreau est de montrer par la caricature que c'est
moins facile que l'on croit, même à une époque qui se
veut libérale, d'accepter qu'autrui et davantage encore ses proches
fassent des écarts avec les normes générationelles et
socioculturelles.
Néanmoins chacun étant très complaisant vis-à-vis
de lui-même, les relations apparemment disparates ne cessent de se
multiplier engendrant en seconde nature un esprit de culpabilité latente
à l'origine de nombres d'affabulations.
C'est ainsi qu'au théâtre Michel s'organise un véritable
chassé-croisé autour d'un enseignant sur le retour d'âge,
alors que Sarah une jeune étudiante, Marion son ex-épouse,
Julie sa propre fille tentent d'infléchir les choix de vie de ce fameux
Edouard au mieux de leurs intérêts sentimentaux respectifs.
Le puzzle affectif n'en finit jamais de se résoudre car même
la bonne volonté se heurte aux projections hallucinatoires d'un
gêneur qui serait enfermé dans la salle de bain mais qui en
définitive représente le saut qualitatif de tolérance
auquel chacun d'entre eux devra consentir!...
Roger Miremont, Ingrid Donnadieu, Maïke Jansen, Myriam Moraly et
Nicolas Jouhet emmènent cette partie de cache-cache à la
manière d'une joyeuse récréation dont le retour à
l'évidence a fini par sonner en crevant les faux-semblants et en acceptant
que le bien-être d'autrui échappe à tous critères
préétablis.
Theothea le 12/09/05
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LE MARIAGE DE
BARILLON
de Georges
Feydeau
mise en scène
Jacques Echantillon
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****
Théâtre du Palais Royal
Tel: 01 42 97 59 81
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photo ldd:
Orly
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En cette rentrée théâtrale 2005-2006, le
théâtre du Palais Royal convie les parisiens à
découvrir un "nouveau" Feydeau, plus précisément une
pièce de jeunesse où les dysfonctionnements de l'état
civil seront à l'origine de multiples quiproquos successifs impliquant
que l'institution du mariage y soit battue en brèche par des entorses
peu orthodoxes.
Ainsi l'union polygame ou homosexuelle y fera des incursions intempestives
aux dépens de ses protagonistes, au gré d'aberrations
administratives.
Il s'agit d'une oeuvre également musicale dont Jacques Echantillon
n'a souvent conservé que les accroches des airs à l'exception
de quelques morceaux de choix; a capella les chansons sont accompagnées
au piano tour à tour par quelques-uns des comédiens.
La mise en scène enlevée est parsemée de clins d'oeil
à des références cinématographiques cultes, le
facteur de "Jour de fête", la silhouette de Delon en panoplie de justicier
et bien d'autres livrées à la perspicacité du
spectateur.
Le couple Claire Vernet (madame Jambart) - Jean-Luc Porraz (Barillon)
mènent ces noces rocambolesques tambour battant et après
l'entracte, Ursule la soubrette a l'opportunité de se livrer à
un festival de malicieuses ingénuités qui permettent à
Caroline Maillard de devenir la révélation de cette
création!...
Cependant si le rôle de Topeau (Jean-Michel Mole) est censé
être au coeur d'erreurs lourdes de conséquences, les explications
désuètes que celui-ci doit apporter pour se justifier plombent
quelque peu le début et l'épilogue de ces tribulations
conjugales.
L'ensemble du divertissement est néanmoins d'excellente facture,
notamment grâce à son interprétation très
débridée selon une adaptation particulièrement
inventive.
Theothea le 09/09/05
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