Les
Chroniques
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10ème
Saison
Chroniques 10.06
à
10.10
Page 151
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SUR UN AIR DE TANGO
de Isabelle
Toledo
mise en scène
Annick Blancheteau
& Jean Mouriere
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****
Théâtre Poche Montparnasse
Tel: 01 45 48 92 97
|
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Photo LOT
|
C'est le charme du théâtre de Poche Montparnasse que de savoir
créer l'alchimie entre un texte (en l'occurrence celui d'Isabelle
de Toledo) et ses personnages d'une part, l'intimité des comédiens
avec un public d'initiés d'autre part.
Cette rencontre toujours profitable aux uns et aux autres peut de
surcroît susciter de véritables instants de grâce. Avec
Etienne Bierry et Olivier Marchal se glissant comme au naturel dans la
destinée de Max, veuf au soir de sa vie, et Pierre son grand fils
dans la force de l'âge, c'est avec le regard paradoxalement attendri
de l'épouse à l'égard de cette filiation pleine d'affection
que le spectateur s'immisce dans le malaise conjugal puisque donc Alice (Lisa
Schuster) aime désormais ailleurs.
Absorbé par son travail de petit restaurateur du bord de mer, Pierre
n'a pas vu venir le naufrage de son couple, mais il faut convenir à
sa décharge que son père, aussi sympathique soit-il, a de fait
squatté ses quelques moments de disponibilité l'éloigant
d'autant de ses responsabilités maritales.
En effet Max, c'est tout un poème!... Ayant déjà
passé allégrement le cap du grand âge, il est gagné
par nombre de velléités comme celle, par exemple, de se
perfectionner en tango tout en conviant son fils à savoir pareillement
profiter de la vie au point de lui brouiller les quelques repères
subsistant dans la sphère privée.
Ainsi désemparé par "les choses de la vie" mais plein de
bonne volonté, Pierre ne va plus savoir de son père, de sa
femme, de ses deux enfants, s'il doit chercher le rapprochement ou
l'éloignement.
Tous, guettés par le faux pas du destin, resteront en permanence
guidés par la pudeur du sentiment tacite.
Trois merveilleux comédiens sur le fil du mélodrame, tissé
poignant par Annick Blancheteau et Jean Mouriere!...
Theothea le 15 septembre 2005
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LETTRES A UN JEUNE
POETE
de
Rainer-Maria Rilke
mise en scène
Bernard Grasset
|
****
Théâtre La Bruyère
Tel: 01 48 74 76
99
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Seul sur la scène du Théâtre La Bruyère, Niels
Arestrup semble trouver la mesure de son apaisement. Comme si en conseilleur
de ses jeunes pairs, il devenait le payeur des droits à être
soi-même.
Ces lettres de Rainer Maria Rilke à Franz Xaver Kappus, jeune
poète viennois de vingt ans décontenancé par les projets
militaires nourris par sa famille à son égard alors qu'il
ambitionne une destinée littéraire, ont tôt fait d'inspirer
Niels Arestrup à être le chantre d'une conscience libre apte
à juger des bien-fondés la concernant.
Dans cette perspective souhaitant s'approcher de la sagesse souveraine,
le comédien force alors son apparence jusqu'à la silhouette
de vieillard à capillarité taillée dans le foisonnement
d'une blancheur atavique.
Ainsi doté de prérogatives empiriques, l'acteur habite le
personnage de Rilke au point de devenir chaque soir l'auteur authentique
des lettres qu'il signe en fin de chaque correspondance.
Concentrée dans la souffrance artistique à être le
seul et unique créateur d'une oeuvre née dans l'urgence et
la nécessité, la voie du poète s'ouvre sur le champ
des possibles dont il se doit d'être le maître.
Ainsi de Rainer à Franz va circuler, selon les termes de Bernard
Grasset, "un manuel de la vie créatrice à portée
universelle".
Se faisant, Niels Arestrup fascine son public par un comportement
scénique où à chaque instant semble se jouer la survie
du rôle qu'il compose dans la subtilité présente... jusque
dans le salut final où l'étrangeté du geste demeurera
comme suspendue à l'asymptote d'une incarnation à jamais hors
d'atteinte!
Theothea le 19/09/05
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LES HORS LA LOI
de Alexandre
Bonstein
mise en scène
Agnes Boury
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****
Théâtre
Marigny
Reprise avril-mai
2007:
Théâtre du Gymnase |
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Photo Jérôme
Deya
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S'il n'y avait eu qu'un seul spectacle à célébrer
en cette rentrée théâtrale 2005-2006, pour sûr
nous aurions choisi "Les Hors la loi" qui a déjà été
présenté en mars dernier dans ce même théâtre
Marigny pour quelques représentations tellement ovationnées
qu'une nouvelle série a été programmée du 14
au 18 septembre avec deux séances supplémentaires les 24 et
25 septembre avant l'arrivée de Serge Lama dans la salle
prestigieuse.
Les "Hors la loi", cette comédie musicale réunissant 6
comédiens handicapés moteurs, un sourd et trois "valides" a
été initialement imaginée pour sensibiliser l'opinion
aux clivages contre-performants qui peuvent subsister entre le monde du handicap
et le reste de la société; ce spectacle destiné à
parcourir la France profonde a donc été littéralement
happé et plébiscité, dès ses premières
représentations, par les spectateurs parisiens complètement
enthousiastes face à une telle initiative qui met du baume au coeur
de tous.
Ce succès immédiat entraînant nécessairement
un bouche à oreille galvanisant, ce sont maintenant les producteurs
qui s'interrogent sur la suite à donner face à cet engouement
public.
Il faut dire que, acquise dès le départ, l'hospitalité
de Robert Hossein dans son théâtre a été le coup
de pouce du destin qui a permis au concept artistique originel d'Ounissa
Yazid, présidente de l'association Handi-Art qu'elle a fondée
en 97, non seulement de se construire sous des auspices favorables mais encore
de fédérer de multiples talents comme celui d'Alexandre Bonstein
à l'écriture, d'Agnès Boury à la mise en scène,
de Dova Attia à la production.
Il ne restait qu'à effectuer le casting (Patricia Assouline, Rosario
Cusumano, Lila Derridj, Grégory Dunesme, Rachid El Ouaghli, Patrick
Laviosa, Ariane Pirie, Caroline Soria, Sherazade Tamzought, Gilles Vajou),
avec le souci d'intégrer des savoir-faire complémentaires pour
que la magie soit au rendez-vous de l'émotion et de la parodie afin
de faire triompher par le rire, toute l'énergie du cheminement
métaphorique.
Ainsi sur les traces de Bonnie & Clyde et dans la confusion des
rôles entre ceux qui ont la bonne carte à jouer et ceux qui
ne l'auraient pas, un souffle insidieux va faire valser les codes établis
au point d'en faire danser les fauteuils roulants eux-mêmes!...
Irrésistible au premier degré de ces tribulations de bon
aloi, la qualité des voix et de l'interprétation musicale va
non seulement éveiller la "nostalge" de tubes bien balancés,
mais encore créer un sentiment de plénitude où le défi
à vaincre les contraintes constituerait en soi un réconfort
collectif.
Euphorisant pour la meilleure des causes, ce spectacle et d'autres à
venir devraient désormais bénéficier de tous les signes
valorisants que notre société se doit à
elle-même!...
Theothea le 20/09/05
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CREANCIERS
de August
Strindberg
mise en scène
Hélène
Vincent
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****
Théâtre de l' Atelier
Tel: 01 46 06 19 89
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Photo Emmanuel-Robert
Espalieu
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La distribution est intéressante, l'auteur est fascinant, la metteur
en scène a de l'expérience, le théâtre de l'Atelier
est un lieu où la magie opère à juste titre et pourtant
d'où vient cette étrange impression que tous ces
éléments réunis passent à côté de
l'impact attendu à l'égard d'un tel projet.
A l'analyse, il sera possible de penser que la direction d'acteurs est
trop réaliste au détriment du machiavélisme implicite
tissé dans la stratégie d'August Strindberg. Sans doute le
jeu des protagonistes s'apparente trop à une rencontre de salon, là
où il faudrait voir des âmes en souffrance prêtes en puissance
à des extrêmes contradictoires, là où le spectateur
devrait percevoir davantage de ressentiment que de sentiment bafoué.
Ainsi, Gustav (Lambert Wilson) apparaît-il très sûr
de lui, imbu de sa personne mais relativement peu comme un personnage en
nécessité de vengeance radicale en mémoire d'un amour
trahi.
Ainsi, Adolphe (Jean-Pierre Lorit), cet artiste vulnérable et
influençable, nous apparaît comme une victime sans défense,
alors qu'en fait une sourde résistance au cataclysme à venir
ne devrait cesser de poindre à fleur de peau.
Et puis, il y a Tekla la femme fatale, celle par qui tout le mal amoureux
se déclenche autour d'elle sans qu'elle en ait la moindre once de
responsabilité; Emmanuelle Devos semble en distancier tellement son
interprétation que l'attrait mystérieux qu'elle devrait irradier
paraît s'estomper dans la banalité des arguties du rôle.
Cependant, divisée en trois parties caractérisées
par autant de rencontres déterminantes, d'abord "Gustav-Adolphe",
ensuite "Tekla-Adolphe" et enfin "Gustav-Tekla", la pièce
"Créanciers" culmine en une rencontre finale au sommet avec le trio
composé de l'ex-mari, de la femme et du jeune époux pour
dévoiler la manipulation démoniaque à laquelle, devant
témoins, ils se sont tous abandonnés du plus actif au plus
passif.
Il faut dire alors que Lambert Wilson, lâché comme un lion
en cage depuis le début de la représentation fait passer
l'assistance par de tels frissons d'effroi mêlés d'admiration,
que ces instants d'émotion intense valent bien d'effacer toutes les
sensations précédentes de vacuité.
C'est bien lui le prince de la soirée!
En effet le "Gustav"
d'Hélène Vincent tire toutes les épingles du jeu, du
sien et même de celui de ses partenaires, au point qu'il pourrait
paraître crédible que Tekla et Adolphe par instinct de survie
se remettent en ménage.
Mais était-ce là l'objectif psycho-dramatique poursuivi
par August Strindberg?
Theothea le 22/09/05
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RICHARD III
de William
Shakespeare
mise en scène
Philippe Calvario
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****
Théâtre des Amandiers
Tel: 01 46 14 70 00
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Photo Pascal
Victor
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Le Richard III de Philippe Calvario incarné par Philippe Torreton
était fort attendu en ce début d'automne 2005 en
représentations au théâtre des Amandiers de Nanterre,
puis en tournée hexagonale.
D'autant plus qu'en face au théâtre de Paris devait le
concurrencer le Richard III de Didier Long avec Bernard Giraudeau!
Cependant le duel Shakespearien n'aura pas lieu puisque la deuxième
mise en scène est différée pour raison de santé
du comédien.
Sans doute les deux Philippe devraient-il être fort marris de cette
rivalité défectueuse, car leur Richard passant à l'acte
d'une série de meurtres fantasmés dans l'opportunité
la plus totale, sera un "sale gamin" aux caprices sans limites à
l'égard de la couronne royale que ce personnage maléfique veut
conquérir.
Prêt à toutes les forfaitures pour assouvir son obsession
du pouvoir absolu, leur Richard saura pourtant au final se contenter
paradoxalement d'un cheval à bascule en place "de son royaume" pourvu
qu'il ait eu auparavant l'ivresse d'avoir transgressé toutes les
règles du jeu, y compris peut-être celles du drame!..
Quels auraient alors été les avantages respectifs issus
de la confrontation artistique si Didier Long et Bernard Giraudeau n'eussent
pas adopté ce même parti-pris de stratégie ludique?
S'arc-boutant à la fois sur les lois du grand spectacle et la
truculence de Guignol, Philippe Calvario va trouver un rythme métaphorique
qui permet à Philippe Torreton de transformer cette perspective du
Don Quichotte sanguinaire en un rôle éminemment physique, tel
celui d'une rock star affrontant et fascinant le public d'un grand stade.
En japonisant les costumes et le décor dont un panneau mobile pourra
tel un pont-levis servir selon, de mur de lumière tamisée,
de plafond luminescent et pourquoi pas ressembler à une piste de disco,
le metteur en scène va susciter une transposition spatio-temporelle
implicite fort propice à un univers imaginaire où le concept
du meurtre n'aurait pas d'autre équivalent que celui du modèle
freudien.
Ainsi Richard médiateur de l'inconscient aura beau jeu de renvoyer
les pulsions de mort au rang des accessoires d'une jungle policée
où les interdits ne seraient que le paravent du mal incarné.
Le véritable enjeu du Richard III de Calvario-Torreton, c'est donc
" le jeu " dans toutes ses acceptions.
Theothea le 30 septembre 2005
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