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LE MEILLEUR PROFESSEUR

de  Daniel Besse

mise en scène    Stéphane Hillel

 Choix des Chroniques ****

Petit Théâtre de Paris

Tel: 01 42 80 01 81

 

   

Huit comédiens dont l’auteur Daniel Besse, avec le metteur en scène Stéphane Hillel, directeur du Petit Théâtre de Paris, accompagnés d’Edouard Laug au décor, Laurent Beal aux lumières, Brigitte Faur-Perdigou aux costumes et François Peyrony à la musique originale, tous ensemble au service d’une très noble croisade:  La remise en question de l’éducation nationale !

Vaste chantier pour lequel aucun spectateur ne peut nourrir l’illusion qu’au sortir de la représentation théâtrale, serait acquis le sésame d’un remède miracle.

Avec "Le meilleur professeur", la problématique va trouver en quelque sorte sa légitimité dans le diagnostic ; ce constat n’est pas à minimiser, d’autant que le dramaturge a l’art et le soin de mettre les rieurs du côté de la critique constructive.

Réunir douze apôtres de grande compétence autour du ministre de l’éducation avec l’objectif de les envoyer en mission médiatique pour diffuser l’image positive d’une réhabilitation institutionnelle se fondant sur des valeurs pédagogiques avérées, voilà une méthodologie gouvernementale branchée en perspective d’un programme court de télé-réalité sur une chaîne nationale durant une quinzaine en début de soirée.

Avec ce concept d’exemplarité promotionnelle en perspective d’audimat, c’est paradoxalement le mécontentement corporatif qui va se répandre de la base au sommet du système éducatif, en lâchant la proie de la communication pour l’ombre des rivalités syndicales.

Dans l’un des meilleurs lycées de l’hexagone, un proviseur (Philippe Magnan), sa secrétaire (Claudie Guillot), trois professeurs (Didier Caron, Guillaume de Tonquedec & Daniel Besse) et deux parents d’élèves (Marie Bunel, Virginie Peignien), dont une journaliste, vont pouvoir rejouer toute la partition des griefs à l’égard de l’enseignement ayant rythmé quarante années de réformes tourneboulées au gré des échéances électorales de la Ve république.

Qu’un suicide d’élève vienne enrayer l’utopie de bien achever les idéologies pour solde de tout compte, et voilà la belle ambition du modèle pédagogique idéal qui va s’effondrer au profit d’un énième compromis administratif sans envergure.

Tourne donc le manège des notations hiérarchiques et autres barêmes à l’ancienneté, pourvu que les carrières de fonctionnaires y perpétuent leur rythme de croisière, et que continuent de voguer, encadrées tant bien que mal, toutes les jeunes générations à instruire !

Theothea le 12/10/05

J'AI OUBLIE DE VOUS DIRE...

de  Jean-Claude Brialy

mise en scène    Jean-Claude Brialy

 Choix des Chroniques ****

Théâtre des Bouffes Parisiens

Tel: 01 42 96 92 42

 

   

Jean-Claude Brialy effectue la promotion de "J'ai oublié de vous dire..." en précisant que chaque soir son spectacle est différent tant en contenu qu'en durée puisque l'illustre comédien se laisserait porter par les états d'âme du public.

Cette profession de foi pourrait cependant subir des aléas car elle présuppose que s'il y a des représentations d'excellence, d'autres le seraient nécessairement en moindre.

Sans doute est-ce l'une de cette deuxième catégorie que nous avons pu apprécier l'autre soir où d'emblée la présence discrète d'une caméra au centre gauche du premier rang de la corbeille a pu éveiller notre inquiétude.

Disons-le ici, notre estime à l'égard de Jean-Claude Brialy est immense, en considération d'une carrière théâtrale et cinématographique hors pair ainsi qu'en témoin talentueux d'une époque marquée par "la nouvelle vague".

Sans doute par ailleurs, notre attente nous inclinait à imaginer la rencontre au diapason d'un ton de confidences dont seuls les spectateurs du mercredi 12 octobre 2005 aux Bouffes Parisiens dont il est le directeur vigilant, auraient été les destinataires privilégiés.

Cependant en place de cette intimité d'exception, Jean-Claude Brialy se postait une fois pour toutes au centre de la scène dans le halo d'un éclairage formaté et braquait son visage vers l'oeil anonyme de cette "satanée caméra" par dessus les rangs de l'orchestre.

Affirmer que son regard serait resté durant deux heures et demie rivé à cet axe en contre-plongée, ne relèverait pas d'une objectivité sincère, néanmoins le champ visuel de l'artiste y revenait sans cesse comme attiré par une nécessité palpable.

Aussi comme pour compenser cet indéniable manque à émouvoir, le fabuleux conteur se lançait dans une loghorrée marathon où l'on entendait s'entrechoquer les souvenirs dans une mémoire vivante compressée aux limites de la vitesse d'élocution, au point qu'il aurait fallu éviter de rire par crainte de perdre le fil conducteur.

Quasiment inégalable, il s'agissait bel et bien d'une véritable performance d'acteur dont la montée en puissance n'allait cesser d'être accélérée par le professionnel aguerri enchaînant sa jeunesse, ses amis les stars, et les bons mots en un feu d'artifices fonctionnant telle une machine infernale.

Entouré d'un piano, d'un fauteuil impérial et d'un projecteur de cinéma, debout bien calé sur ses deux jambes, la silhouette presque svelte, doué d'une forme physique évidente ne trahissant aucune transpiration, c'est sans boire durant ces cent cinquante minutes de présence ininterrompue sur scène que Jean-Claude Brialy va débiter la synthèse des deux best-sellers qu'il a publiés récemment, sans qu'à aucun moment le comédien ait l'heureuse intuition "d'avoir oublié de nous dire": "Pouce, mes amis!... Faisons une pause... "

Cependant toute réflexion faite, c'est peut-être pour ce happening invraisemblable que nous n'en l'aimerons que davantage et dans ce cas, nous n'aurions qu'à nous féliciter de la présence inopportune de cette maudite caméra qui, ce soir-là, nous a  délibérement frustrés d'un peu de chaleur humaine.

Theothea le 14/10/05

ANTOINE ET CLEOPÂTRE

de  William Shakespeare

mise en scène    Stuart Seide

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de Gennevilliers

Tel:  01 41 32 26 26 

 

   Photo:  Elisabeth  Carecchio  

         

C'est à l'occasion de Lille 2004, Capitale européenne de la culture que Stuart Seide eut l'occasion de créer cet "Antoine et Cléopâtre" dont il proposait de surcroît sa propre traduction.

Actuellement en tournée 2005 entre Gennevilliers, Marseille et de nouveau Lille, cette mise en scène de trois heures a investi durant trois semaines d'octobre la salle Maria Casarès du centre dramatique national dirigé par Bernard Sobel.

Montée comme un piège se refermant peu à peu mais inexorablement sur l'irrésistible passion amoureuse, avec en arrière-plan la panoplie des turpitudes du pouvoir politique dressant les stratégies de vengeance, de conquête et d'alliances opportunistes les unes contre les autres, cette réalisation du directeur du théâtre de région Nord-Pas de Calais a su échapper au péplum traditionnel en cristallisant l'énergie créatrice sur les rapports de forces qui tirent à hue et à dia cette tragédie de William Shakespeare.

A terme ce seront tels des Roméo et Juliette déterminés à triompher des forces antagonistes qu'Antoine et Cléopâtre vont plonger tour à tour dans la magnificence fatale du double suicide, convaincus à tort ou à raison, de la mort de l'autre.

Eric Challier (Antoine) possède la présence et le charisme nécessaires aux paradoxes de son rôle guerrier et affectif; Hélène Lausseur (Cléopâtre) se veut distanciée d'une reine d'Egypte légendaire et pharaonique pour composer une amante fougueuse et fantasque dont le timbre de voix et la diction chercheraient à s'affranchir des contingences.

Au demeurant une longue saga qui ne prendrait véritablement son envol qu'après l'entracte dans l'exacerbation des conflits personnels transposés sur le plan géostratégique.

Une quinzaine de comédiens accompagnent ainsi les héros devenus victimes expiatoires de leur destin ayant échappé au cadre et à l'emprise du dessein impérial romain.

Theothea le 17/10/05

DESERT INN

de  Michel Deutsch

mise en scène    Michel Deutsch

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de l' Odéon Berthier

Tel:  01 44 85 40 40

 

   Photo:  Pidz.com

          

Dans la petite salle des Ateliers Berthier dont les dimensions pourraient aisément en constituer l'espace principal dans d'autres lieux du spectacle parisien, Michel Deutsch face à l'impact médiatique de VIOL de Botho Strauss mis en scène de manière concomitante par Luc Bondy dans la grande salle de l'Odéon Berthier, présente en une apparente surenchère concurrentielle, un texte qu'il a composé autour d'un homme fascinant qui a su symboliser à la fois le pouvoir absolu, la mégalomanie, la paranoïa, la phobie obsessionnelle, le perfectionnisme tout autant que le nihilisme, et surtout le capitalisme triomphant:

Howard Hughes s'appelait-il alors que les avions, les bolides, Hollywood et les femmes attendaient encore son bon vouloir et que lui, réfugié et cloîtré en haut de la tour du Desert Inn, se laissait dépérir dans l'ultime manifestation de suprême autorité du démiurge!...

Tel un trou noir dans la galaxie humaine et comme en proie aux deux phases successives du cycle maniaco-dépressif, celui qui fut le brillant metteur en scène de "Hell's Angels" avec Jean Harlow va cependant réussir en se rendant invisible de tous, à incarner la volonté de puissance et à réaliser l'ambition virtuelle de dominer le monde.

Sur scène en accompagnement d'un piano jazz, un vaste décor de cinéma pivotant du recto à son verso dans le champ de vision d'une caméra légendaire des grands studios est prête à capter les performances des acteurs mythiques au service de chef d'oeuvre sur commande.

De chair et d'os, quatre comédiens dont deux jeunes femmes, Bérangère Allaux et Clotilde Hesme, susciteront la véritable satisfaction de cette soirée, tant par la complémentarité de leur féminité que par la palette des compositions qu'elles devront éprouver face à leurs partenaires masculins Pascal Sangla et Olivier Treiner, eux notamment remarquables au cours des partitions musicales.

"Une auberge du désert" à apprécier comme un happening ou autre expression de théâtre expérimental!...

Theothea le 18/10/05

VIOL

de  Botho Strauss

mise en scène    Luc Bondy

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de l'Odéon Berthier

Tel:  01 44 85 40 40 

 

   Photo: Ruth Walz

     

Faudrait-il sortir indemne de VIOL ?

Pour "Shändung" littéralement "Mutilation", cette nouvelle pièce de Botho Strauss que Luc Bondy a souhaité créer à l'Odéon Berthier avant ses représentations germaniques, nul ne serait obligé d'être choqué par la démonstration des liens associant Eros et Thanatos puisque le Titus Andronicus de Shakespeare dont s'inspire initialement Botho Strauss a depuis longtemps habitué le spectateur a côtoyer la métaphore théâtrale de la violence.

Si ce n'est qu'en s'approchant de ce qui pourrait être considéré à tort comme du Théâtre-réalité, Botho Strauss brouille la grille de lecture en incluant une perspective pirandellienne à son étude faisant de la scène le lieu même de la répétition en abîme d'images mentales chaotiques qui s'emparent de manière définitive de l'imaginaire collectif.

L'observation hyperréaliste du crime en temps réel force alors chaque conscience à admettre qu'elle est en mesure d'assister avec distanciation à l'horreur insupportable, tant elle serait désormais convaincue que le processus destructeur est inscrit dans l'ordre des choses.

Sans doute l'esthétisme voulu par Luc Bondy facilite l'habillage du viol par de l'hémoglobine d'un rouge tellement pictural qu'il va permettre à la victime de constituer sa souffrance en oeuvre d'art.

D'ailleurs pour sauvegarder l'intégrité de son être, Lavinia (Dörte Lyssewski, impliquée de manière quasi métaphysique) va peu à peu renverser son aversion du bourreau jusqu'à le désirer dans le paroxysme et c'est en bravant les foudres de son père Titus (Gérard Desarthe, méticuleux dans la haine) totalement meurtri qu'elle tracera sur le sol, en lettres de poussière, la pulsion libidinale qui la torture.

Privée de sa langue et de ses bras arrachés dans le délire de la jouissance meurtrière mais quelle que soit l'intensité du remords lancinant de Chiron (Louis Garrel) l'un de ses agresseurs désavouant sur le tard la complicité de son frère Démétrius (Joseph Menant) et de sa mère Tamora (Christine Boisson, sensuelle en diable), la quête désespérée de Lavinia, relayée et traduite par Monica (Marina Foïs à l'étrange malice), son double en langage des signes, échouera dans la récurrence infernale de la vengeance guerrière des parties en présence.

Assistant du début à la fin de la représentation qui inscrit la profanation au centre de l'histoire humaine, c'est au travers du regard d'un jeune garçon très attentif et initialement candide que Lukas (Marie-Laure Crochant) sortira à terme du jeu de son enfance pour proclamer à sa mère (Laurence Cordier) le plus radicalement du monde qu'il est désormais "l'empereur de Rome".

Il ne serait donc pas possible de sortir indemne de VIOL !...

Theothea le 19/10/05

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