Les
Chroniques
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10ème
Saison
Chroniques 10.36
à
10.40
Page 157
MARIE
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OPENING NIGHT
de John
Cromwell
mise en scène
Jean-Paul Bazziconi
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****
Théâtre de la Porte Saint-Martin
Tel: 01 42 08 00 32
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Photo
Lot
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Marie-Christine Barrault en star déchue sortant d'une cure de
désintoxication alcoolique s'offre en première partie de
soirée au théâtre de la Porte Saint-Martin, un rôle
de composition inattendu quoiqu'en prise totale avec sa fougue intime.
A soixante-quinze minutes du lever de rideau s'ouvrant sur "La Mouette"
de Tchekhov débute ainsi un compte à rebours où va
défiler la vie de l'actrice Fanny Ellis avec ses succès et
déboires, avec ses passions et ressentiments qu'elle évoque
en compagnie d'Hector son ange gardien (Michel Carnoy), de surcroît
homme à tout faire et à tout supporter.
Osant à peine confier à son miroir ses angoisses
récurrentes que l'abstinence éthylique rassure d'autant moins,
la comédienne pressent qu'en cette représentation de retrouvailles
avec le public, elle jouera son va-tout professionnel risquant par la même
occasion le fragile équilibre tout juste recouvré qui en sortira
nécessairement affecté.
Le rituel précédant l'entrée en scène
l'obsède particulièrement car le cheminement au travers d'un
long couloir sordide de sa loge au plateau lui déclenche
systématiquement le sentiment d'être condamnée à
pénétrer dans l'arène pour y être dévorée
tout cru par l'hostilité critique.
Cependant la préparation et l'attente avant l'assaut des planches
développent en boucles itératives à la fois des
bouffées de paranoïa succédant aux pulsions de cynisme
et de délire satirique, à l'instar des coulisses d'un métier
artistique dont les caricatures pourraient s'approcher cruellement d'une
vérité picturale en pastiches.
Esquisse d'un destin personnel pris sur le vif autant que peinture paradoxale
de la grande famille du spectacle vivant, la mise en scène de Jean-Paul
Bazziconi permet à Marie-Christine Barrault de s'affranchir
définitivement de l'image formatée par la notoriété
en poussant la grimace jusque dans les retranchements du désespoir
dissimulé sous l'adrénaline du verbe proféré
et du geste ô combien théâtral!...
Theothea le 7 décembre 2005
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LA MAIN PASSE
de Georges
Feydeau
mise en scène
Mitch Hooper
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****
Théâtre Mouffetard
Tel: 01 43 31 11 99
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Photo
Bernard Palazon
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Quand la compagnie "Anthéa Sogno" s'associe à celle du
"théâtre vivant", "la main passe" si bien de l'une à
l'autre que le metteur en scène de cette pièce en quatre actes
de Georges Feydeau va entraîner le théâtre Mouffetard
dans un processus d'hilarité en chaînes.
Ajustant les spécificités d'une époque révolue
au modus vivendi contemporain, cet adaptateur parvient à recadrer
les relations amoureuses dans une sensibilité affective
débarrassée des conventions sociales datées.
Mieux encore, sans déroger à l'esprit facétieux de
l'auteur, Mitch Hopper saura susciter des scènes torrides en amenant
les comédiens à simuler les ressources du "gros plan"
cinématographique happant le spectateur dans le fantasme immanent
du jeu de l'amour ici et maintenant.
C'est alors que le téléobjectif du réalisateur
branché sur la fonction "café théâtre" pourra
focaliser les sentiments des protagonistes au diapason d'une note parfaite,
celle qui, en harmonie avec l'imaginaire du film projeté "live" sur
scène, va impliquer chacun des personnages dans une empathie
irrésistible.
Cette comédie psychologique de moeurs où naïveté,
lâcheté, passion, cynisme vont se côtoyer pour le meilleur
et pour le pire, a le bonheur d'être servie par de jeunes acteurs
complètement rodés à l'interprétation précise
jouée de l'intérieur jusqu'à atteindre l'affect
ciblé.
C'est à neuf qu'ils créent un engouement spectaculaire d'une
centaine de minutes qui ne saurait se dissiper la main passée, c'est
donc à neuf que nous leur tendons la main en les nommant ici un par
un: Anthéa Sogno, Anatole de Bodinat, François Raison, Michel
Papineschi, Sacha Petronijevic, Gaël Rebel, Jean Tom, Hervé
Masquelier, Philippe Simon.
Theothea le 09/12/05
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MARIAGE(S)
de Gogol
& Tchekhov
mise en scène
Anne-Marie Lazarini
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****
Théâtre Artistic Athévains
Tel: 01 43 56 38 32
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Photo
Marion Duhamel
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En réunissant en un diptyque deux auteurs russes du XIXème
siècle pour faire oeuvre de satire autour de la thématique
du mariage, Anne-Marie Lazarine réalise un vaudeville impressionniste
en croisant consciencieusement ses sources telle une journaliste
professionnelle.
En effet pourquoi imaginer qu'à cinquante ans d'intervalle, la
confrontation de ces deux témoignages littéraires ne puisse
être le reflet exact d'un processus social avéré?
Si de nos jours l'institution du mariage est de fait battue en brèche
par les moeurs de ceux qui en remplissent les rites à la fois civils
et religieux, Gogol et Tchekhov nous confirment qu'il y a cent cinquante
ans le mariage se pratiquait alors comme un jeu de dupes où seuls
l'aspect financier et la situation sociale servaient de base à la
négociation pseudo amoureuse.
Intimiste pour "Hyménée", grand spectacle pour "La Noce",
leur mise en scène s'articule en trois actes et deux mouvements
adossés à la continuité musicale d'Hervé Bourde
sur laquelle peuvent surfer et se compléter les rôles de l'une
à l'autre de ces deux pièces.
De la foire aux prétendants qui viennent jauger l'animal à
marier jusqu'aux fastes pompeux et délirants des noces, chacun va
s'employer à tirer son épingle d'un jeu pipé par les
conventions.
Si toutefois le spectateur peut trouver "la mariée si belle" (Judith
d'Aleazzo), c'est précisément parce que l'art du spectacle
vivant permet d'exorciser les aberrations d'une humanité à
la dérive.
Ainsi subtile dans la caricature d'une société
empêtrée dans ses obligations de transmission
générationnelle, Anne-Marie Lazarini réussit à
peindre au Théâtre Artistic Athévains un divertissement
à portée intemporelle et universelle.
Theothea le 14/12/05
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PAROLE, PAROLE
d'après
Dario Fo
mise en scène
Christophe Correia
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****
Théâtre du Ranelagh
Tel: 01 42 88 64 44
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De la victoire dans une émission de
télé-réalité en 2003, tous les espoirs étaient
permis y compris celui pourquoi pas de devenir comédienne, d'autant
plus si cet objectif professionnel était déjà à
l'ordre du jour avant que d'atteindre la notoriété médiatique
instaurée par l'audimat.
Ainsi Serena Reinaldi, diplômée du conservatoire des Arts
dramatiques de Bologne, présentait-elle au Festival d'Avignon off
2005 à La Luna ce "Parole, parole" de Dario Fo et Franca Rame, avant
de rejoindre ce même automne le théâtre du Ranelagh à
Paris.
Cette pièce oscillant entre réalisme et poésie donnait
effectivement l'opportunité à la jeune femme de faire ses classes
en abordant des registres de composition ouverts sur une interprétation
personnalisée de la mémoire et du ressentiment.
Cependant comme le texte s'avance en tant que parabole ou métaphore
au féminin de la souffrance à être au monde, sans doute
une scénographie au profit d'un imaginaire dénué de
tout contexte socio-politique suscite-t-elle une valse-hésitation
tendant à laisser le spectateur hors propos.
Peut-être d'ailleurs celui-ci en apprécie-t-il d'autant mieux
la performance de l'actrice en devenir qui ainsi se livre sur scène
avec fougue et sensualité pour élaborer les lignes de force
d'une fantasmagorie très latine.
C'est donc avant tout le tempérament de Serena Reinaldi qui va
sortir victorieux de ce projet artistique mise à l'épreuve
du théâtre vivant.
Theothea le 12/12/05
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MAGDANE CRAQUE
de & avec
Roland Magdane
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****
Théâtre Dejazet
Tel: 08 92 70 28 03
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De même qu'il est difficilement supportable d'assister à
une émission de télévision où les applaudissements
sont télécommandés à distance par un chauffeur
de salle, de même il n'est pas aisé d'être en empathie
avec un spectacle où la systématisation du rire à chaque
réplique impliquerait les spectateurs au réflexe
conditionné.
Comment alors se permettre de penser que ce serait le public qui ne serait
pas de bonne qualité? Et comment imaginer pareillement que l'humoriste
ait pu concevoir une machine infernale à décerveler?
Et cela d'autant plus si le comédien en question possède
un imaginaire et une sensibilité hors pair qu'il a pu confronter à
des périodes fort difficiles de sa vie personnelle.
La problématique est donc ainsi posée en forme d'alchimie:
Lire le script de "Magdane craque" doit effectivement être fort
réjouissant, tant le surréalisme psychiatrique sans cesse
sous-jacent pour ne pas dire au centre de la gamberge, implique une connaissance
acérée des mécanismes aberrants de l'esprit humain.
Par ailleurs, le show man qui ponctue de manière récurrente
les chutes de ses trouvailles psychiques ahurissantes par un: "çà
mouline, hein?
", en faisant le geste réflexif du doigt rotatif
à la perpendiculaire de la tête, prouve qu'il est passé
maître inégalable dans la maîtrise de la folie douce.
Mais voilà à l'instant où l'on s'attendrait que tant
d'efforts artistiques pour ouvrir le miroir de la conscience devraient induire
un feedback d'une intelligence en gestation, fût-ce par le simple sourire
entendu, ce sont tout au contraire comme d'une boîte de Pandorre, des
vagues d'exclamations de crétinisme ou de beauf attitude qui se
déclenchent dans la salle en se renforçant mutuellement.
Expérience troublante et inquiétante, d'autant plus que
toutes lumières rallumées à l'issue du spectacle, les
spectateurs se retrouvent comme vous et moi, c'est-à-dire aussi discrets
et pudiques qu'ils l'étaient en entrant au Théâtre
Dejazet.
Certes Roland Magdane craque, mais attention il n'est pas le
seul!
Theothea le 13/12/05
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