Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

21ème  Saison     Chroniques   20.001   à   20.005    Page  401

 

     

         

             

Le Rouge et le Noir  - Le Palace  © Theothea.com

   

       

     

       

Le Rouge et le Noir  - Le Palace  © Theothea.com

     

   

     

                

Le Rouge et le Noir  - Le Palace  © Theothea.com

     

     

           

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LES DAMNÉS

d'après Luchino Visconti, Nicola Badalucco et Enrico Medioli

mise en scène Ivo van Hove

avec la troupe de la Comédie-Française Sylvia Bergé, Éric Génovèse, Denis Podalydès, Alexandre Pavloff, Guillaume Gallienne, Elsa Lepoivre, Loïc Corbery, Adeline d’Hermy, Clément Hervieu-Léger, Jennifer Decker, Didier Sandre, Christophe Montenez

****

   

   

Comédie-Française Salle Richelieu

Tel 01 44 58 15 15  

   

      Christophe Montenez & Didier Sandre - LD © Jan Verswevyeld

                                   

Médusés, hébétés, tétanisés, voici Les Damnés… autrement dit ces spectateurs du cauchemar éveillé ayant plané l’autre soir sur la salle Richelieu en générale de presse et provenance directe du Palais des Papes, eux qui ne pouvaient quasiment pas, à la suite des quelques secondes passées à réaliser que sur la scène de la Comédie-Française la « Tuerie » était bel et bien terminée, frapper leurs mains l’une dans l’autre tant la sidération les avait envahis au point de rendre impudique et totalement incongrue la perspective d’une standing ovation.

Débuter ainsi la saison théâtrale 16-17 pourrait avoir aboli définitivement le registre de l’insouciance estivale, pourtant dictée par une météo restée délibérément au beau fixe, si précisément cette béatitude n’avait été déjà fort mise à mal dans la « vraie vie » ainsi que, de surcroît, dans la Cour d’Honneur d’Avignon avec, en prime, la remarquable captation vidéo de cette « Damnation » accessible d’emblée par tout un chacun.

Nous le savions donc que la mise en scène de Ivo van Hove était magistrale, nous en avions en effet perçu à distance l’intensité esthétique sur nos écrans numériques, nous en connaissions par avance l’intuition métaphorique rendant les spectateurs partie prenante de leur stupéfaction pouvant se figer en torpeur.

Et pourtant rien, absolument rien, ne nous a empêchés d’être absorbés, engloutis par l’immense système d’autodestruction mis en place selon la faculté humaine intrinsèque d’être la proie, universelle et intemporelle, du pouvoir absolu ainsi que du goût pour la perversité ajouté à la fascination pour la cruauté.

Cependant qu’importe, en définitive, que la riche Famille von Essenbeck se déchire en interne et se désagrège de tout son saoul, sous notre perception objective de voyeur, dans l’inceste, la torture et le meurtre quand, au demeurant, à chaque étape accomplie de ces exactions progressives, le réalisateur renvoie au devant de la scène l’ensemble des protagonistes impliqués, pour se figer en miroir du public présent, dûment capté face caméra et ainsi invité à se visualiser sur le grand écran central… tel un chœur antique en pareille compagnie suicidaire.

Quel choc, en boomerang, pour la salle ébahie à chaque fois, sous la pleine lumière crue revenue !

Alors, littéralement emporté par l’attrait que les hautes technologies audiovisuelles garantissent sur mesure, subtilement dosées ou exacerbées à souhait par cette réalisation virevoltante et néanmoins sans cesse objectivée, le spectateur est submergé par des flux d’affect aux multiples sens :

En premier plan, voici les comédiens de la Troupe du Français qui se projettent, dans leurs rôles d’anéantissement radicalement programmé, situés au plus haut point de leur excellence à être « eux-mêmes » à part entière et sans réserve; à leur côté ou en face à face, voilà la fameuse caméra scrutant, dans l’agilité de son technicien dédié, tout ce qui pourrait être ressenti par la conscience humaine aux limites du supportable; enfin, et ce n’est pas le moindre, trônant tel un magicien venu d’ailleurs ou de nulle part, place à l’immense écran numérique prêt, au sein de sa brillance extrême, à tous les sortilèges comme aux pires turpitudes.

A l’échelle de la Cour d’Honneur, il est manifeste que sa présence réflexive est beaucoup plus prégnante sur le plateau relativement étroit de la salle Richelieu et implique, de fait, une focalisation subjective frôlant l’addiction incontrôlable du regard… même « critique ».

Il ne reste donc point d’autres échappatoires, aux sociétaires, pensionnaires et autres comédiens de l’Académie qu’à se lancer à corps perdu en tirant leurs « épingles » individuelles et collectives de cet enjeu tellement déshumanisé qu’il en deviendrait forcément « sublime ».

Menant, presque à leur insu lié par tant de rouerie et d’ingénuité corrélative, ce flamboyant bal de la dégénérescence, la baronne Sophie et son fils Martin trouvent en Elsa Lepoivre et Christophe Montenez le fil conducteur d’une histoire d’amour à l’envers et portée à l’incandescence par les pulsions irrépressibles de la bassesse humaine en pleine apothéose.

   

       

      Elsa Lepoivre & Christophe Montenez - LD © Jan Verswevyeld

   

Loin de concevoir que leurs partenaires ne seraient que les faire-valoir de ce paroxysme dévastateur s’appuyant sur une sensualité dévoyée, un jeu de rôles en adaptation structurelle permanente convie chacun des membres ou proches de la Famille von Essenbeck à se positionner selon son intérêt personnel sur l’échiquier du pouvoir industriel face à la montée inexorable du nazisme.

« Après moi, le déluge » pourrait ainsi servir aisément de dénominateur commun aux lâchetés successives de chacun d’entre eux désertant toute dimension éthique.

Le point culminant de cette odyssée meurtrière se symbolisera en une mémorable bacchanale où Denis Podalydès se pose sincèrement la question de savoir s’il a déjà ressenti un tel plaisir de jeu d’acteur, réalisé en synchronisation parfaite avec des images pré-enregistrées et sous un délire de décibels vibrant au prorata de cette fantasmagorie… pourtant si proche du « monde réel ».

Dans cette perspective, « Les Damnés » de Ivo van Hove marqueront-ils une rupture idéologique et technique, dans l’appréhension à venir du spectacle vivant en prise avec le siècle numérique ?

Les comédiens ayant goûté à cette liberté « surveillée » de créativité au plus profond de l’intimité pourront-ils retourner, sans frustration, à leur lecture traditionnelle autour de la table des répétitions ?

La Comédie-Française pourra-t-elle continuer à rester confinée dans sa prestigieuse salle historique à l’italienne sans ressentir la nécessité impérieuse d’une ouverture spatiale et polyvalente ?

Autant de questions que son administrateur actuel, Eric Ruf pourrait, plus que jamais, avoir en point de mire selon la pérennité d’une renommée « intouchable » tout en garantissant l’exemplarité des créations de la Maison de Molière.

Theothea le 30/09/16

                

          

         ©   Theothea.com

   

VANIA

d'après Anton Tchekhov 

mise en scène  Julie Deliquet  

avec Florence Viala, Laurent Stocker, Hervé Pierre, Stéphane Varupenne, Noam Morgensztern, Anna Cervinka et Dominique Blanc

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Comédie-Française Vieux-Colombier 

Tel  01 44 58 15 15   

   

          ©   Simon Gosselin, coll.CF

     

En adoptant une configuration bi-frontale pour rendre à Tchekhov ce qui appartient à l’humanité, Julie Deliquet a fait au moins d’une pierre deux coups tant la salle en profondeur du Vieux-Colombier semble subitement prendre sa véritable dimension à l’aune des spectateurs ainsi tous bien placés de part et d’autre de la scène.

De surcroît dans ce dispositif, la convivialité s’invite naturellement au banquet des esprits en souffrance tendant la main aux comédiens de manière si proche, si tactile, si charnelle que d’évidence, ils apparaissent comme les représentants légitimes de ceux qui, dans les gradins, vont leur inspirer une solidarité à partager tous ensemble, le temps de la représentation :

Soit deux heures d’horloge affichée dans le décor rustique d’une chaumière campagnarde autour d’une grande table en bois servant de lien quotidien à l’ensemble de la maisonnée résonnant de jour comme de nuit des états d’âme que la recomposition familiale distille au gré des humeurs des uns et des autres.

Ici, point de folklore russe localisé dans l’espace et le temps dédiés, de façon convenue, à l’auteur mais seulement des êtres balancés dans des tourments à mélancolie récurrente.

Ils sont tous là, Elena, Vania, Alexandre, Astrov, Tielieguine, Sonia & Maria, disponibles aux rendez-vous maintes fois réitérés par la clairvoyance du dramaturge mais dont Julie Deliquet, elle, s’empare de façon à mettre en perspective la conscience humaine reliant les uns aux autres selon le registre du ressenti de préférence à celui des mots.

Et pourtant la parole d’Anton Tchekhov sera bien dite et bien entendue, même allégée et débarrassée de tout emballage contextuel en prise avec le lieu et l’époque et c’est donc, au sein des sentiments qu’elle suscite que vont se nouer, grandeur nature, les peines, les ressentiments, les frustrations, les jalousies, les colères rentrées ou explosives mais également que va régner l’amour unilatéral en maître du désespoir général car vécu sans réciproque et diapason similaire valorisant :

En effet, si X aime Y qui, lui-même, est en adoration pour Z et ainsi de suite, alors se forme une ronde non vertueuse renvoyant chacun à ses ambitions déçues.

A Florence Viala, le rôle séducteur de les rendre tous un peu « fous » de tristesse admirative. A Laurent Stocker et Stéphane Varupenne, celui de se relayer pour renvoyer Hervé Pierre dans les cordes rivales du ring ! Cependant qu’Anna Cervinka focalisera sur elle toutes les larmes libidinales que l’échec amoureux a dû générer dès l’origine du monde. Dominique Blanc et Noam Morgensztern, quelque peu en marge de cette grande désolation universelle, se devront, eux, de résister aux contrecoups du moral ambiant totalement en berne.

Sous la méthode du « hic et nunc » improvisée lors des répétitions où les comédiens ont eu l’opportunité de s’emparer des rôles selon leur intuition, Julie Deliquet a organisé une mise en scène captant cette créativité spontanée pour la modéliser en une entité pérenne destinée « à être (re)jouée » lors de chaque représentation.

Rendons à la metteuse en scène ce qui relève de la justesse des comédiens car c’est, effectivement, sous son influx inspiré que ceux-ci ont pu épanouir l’aptitude artisanale à fonder cette famille « emblématique » au travers de leurs apports respectifs.

Theothea le 06/10/16

                 

         

          ©   Theothea.com

       

LE ROUGE ET LE NOIR

d'après Stendhal

Opéra Rock de  Zazie & Vincent Baguian

mise en scène   Laurent Seroussi & François Chouquet

avec Yoann Launay, Côme, Haylen, Julie Fournier, Cynthia Tolleron, Patrice Maktav, Elsa Pérusin, Michel Lerousseau, Philippe Escande...

****

   

     

Théâtre Le Palace

Tel  01 40 22 60 00   

   

        ©   Theothea.com

     

De Stendhal à Zazie, il n’y aurait, de fait pour un Opéra Rock, qu’un seul pas à franchir, non pas celui de l’adaptation du roman mais celui de sa transgression, en tout bien tout honneur.

Cela admis, la page blanche s’offrira, en pleine légitimité, aux auteurs du livret, des chansons et des musiques pourvu qu’ils aient l’intention et l’objectif de respecter l’esprit et l’âme du récit originel.

Et ce ne sont pas la scénographie, les lumières, les costumes et le décor qui dérogeront à ce principe artistique d’une quête au-delà des mots d’une oeuvre aussi célèbre soit-elle, aussi romantique en soit son essence, aussi intimidante et complexe en soit l’approche littéraire !

De fait, ce sera la mise en scène qui devra assumer cette perspective transcendante du projet dont l’éthique globale devra, au final, être garantie par la production.

Voici donc douze artistes interprètes choisis selon la pertinence de leurs compétences, talents et motivations artistiques qui les animent, ainsi distribués dans autant de rôles explicitant au mieux la destinée, en deux actes « province-capitale », de Julien Sorel (Côme) ce jeune homme doué, ambitieux mais quelque peu présomptueux et dont le pouvoir de séduction naturelle à l’égard de la gente féminine se transformera peu à peu en arme fatale contre lui-même.

En quatorze chansons constituant un album dédié, devront être conjugués l’Amour, la passion et la désillusion accompagnant l’ensemble de leurs composantes émotionnelles tout en reflétant le parcours initiatique que les intrigants du XIXème siècle pourraient fort bien renvoyer en miroir vers d’autres époques, y compris celle contemporaine misant sur le glamour.

Sur deux niveaux scéniques superposés, reliés virtuellement en toile de fond par une projection de vidéos en « décors thématiques », vont s’intégrer une dualité remarquable voire une osmose perceptible entre l’orchestre « live » de cinq musiciens officiant en mezzanine surplombant la troupe qui, elle, théâtralise le drame ainsi « en-chanté » dans ce dispositif pouvant rappeler les montages audacieux qu’effectuait Jean-Christophe Averty en pleine créativité télévisuelle d’antan.

Au demeurant, vue et entendue depuis la salle, c’est l’impression de grande qualité polyvalente qui l’emporte sur toute autre considération ou appréciation critique cherchant à évaluer le spectacle.

Effectivement, la transgression du chef d’œuvre romanesque est bel et bien au rendez-vous mais pour le bénéfice culturel d’une pédagogie performante et c’est, donc, dans une orchestration mixant les décibels instrumentaux subtilement maîtrisés avec des voix bien posées sur des textes « sincères » que se produit le miracle d’un livret narrant, à l’instar d’un film judicieusement séquencé, l’histoire dramatique d’un meurtre social à l’insu de tous les protagonistes désemparés.

Du bel ouvrage théâtro-musical emportant l’adhésion spontanée du spectateur qui en ressent, de manière implicite, toutes les forces concomitantes induisant l’exigence et le respect idéologiques comme concept de créativité.

Pour assurer ce continuum, Geronimo (Yoann Launay), ami de Julien devient au Palace « récitant » et même « Maître de cérémonie » du spectacle emmenant le spectateur au cœur de l’enjeu sociétal jusqu’à ces conséquences psycho- morales qu’il serait judicieux de maintenir présentes à la conscience lorsque le rideau du Théâtre se sera abaissé en clôturant, comme par magie, à la fois le Roman de Stendhal et l’Opéra Rock d’Albert Cohen.

Theothea le 12/10/16

                

         

         ©   Theothea.com

   

POLITIQUEMENT CORRECT     

de & mise en scène   Salomé Lelouch

avec Thibault de Montalembert, Rachel Arditi, Ludivine de Chastenet, Bertrand Combe et Arnaud Pfeiffer

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Théâtre Pépinière

Tel  01 42 61 44 16

   

         ©   Christophe Vootz

                                     

Mettre l’Amour au cœur du psychodrame relève presque du pléonasme en ce qui concerne l’acte théâtral; vouloir y ajouter un enjeu politique témoigne d’une ambition fort louable mais, en revanche, opposer, à parts égales, le coup de foudre ravageur et le dilemme idéologique s’apparente quasiment à s’élever jusqu’à hauteur de la Tragédie grecque.

Salomé Lelouch a décidé de relever ce défi Cornélien, qui plus est, en le situant dans une fiction à court terme puisque celle-ci la projette d’emblée le jour du premier tour de l’élection présidentielle française en 2017.

Mado et Alexandre n’auraient eu de fait aucune raison spécifique de se rencontrer à cette date mais quand la destinée s’est mêlée de recharger elle-même leurs batteries de smartphones, leur avenir immédiat a pris indubitablement une tournure fortuite que Loulou, le gérant du café éponyme, aurait transformée d’emblée à son insu… en carrosse nuptial annoncé.

Bref, ces deux-là se sont rencontrés de prime abord pour le meilleur… à moins qu’en seconde analyse, ce ne fut, en définitive, pour le pire !

Lui est avocat, elle prof d’histoire, point d’incompatibilité libidinale apparente à ce niveau… si ce n’est que leurs professions respectives portent sans doute en elles-mêmes la fonction symbolique de ce qui va bientôt les confronter… lorsque le voile opaque de leurs convictions intimes se sera dissipé sur ce qui les a construits « idéologiquement » chacun.

Alexandre avait bien subodoré que Mado pouvait être « de gauche » mais quant à elle, rien ne l’avait alertée sur la « position Frontiste » de son partenaire.

Voilà donc les tourtereaux embarqués dans cette galère rédhibitoire où, en rameurs dédiés, vont officier, à leurs côtés, Andréa et Louis leurs confidents respectifs particulièrement rigoristes chacun dans leurs sphères idéologiques de prédilection.

En installant une dialectique nourrie, travaillée et systémique, l’auteure - metteuse en scène fait œuvre d’équité manifeste, quasiment imparable. Ainsi, les spectateurs de toutes obédiences ou sensibilités peuvent y trouver leur contentement et, par conséquent, s’y projeter subjectivement.

Cependant, présentement, l’intérêt sous-jacent à cette dualité en impasse inexorable ne sera pas tant ce qu’il va advenir de l’Amour face aux déterminations politiques inconciliables que la pertinence des attitudes psychologiques adoptées pour tenter ou non de sauver ce qui pourrait l’être !

A cet endroit, en effet, une grande divergence comportementale semble motiver les deux partenaires en les impliquant sans échappatoire au prorata de l’intransigeance exercée par leurs acolytes en position influente.

L’indécision chronique de Mado pourrait donner l’impression qu’elle tergiverse mais au demeurant, en historienne patentée, l’incompréhension fondamentale et le rejet absolu des thèses de son « amoureux » vont sceller l’impossibilité à poursuivre leur relation au-delà.

A contrario, la souplesse d’échine d’Alexandre le porte à défendre, en avocat de leur cause romantique entravée, un compromis souhaitable selon son point de vue, permettant de dissocier à la fois sentiments privés et convictions idéologiques acquises, toujours modulables et adaptables par empirisme.

Deux philosophies en débat mais surtout deux caractères fort différents dans leur manière d’appréhender à la fois le vécu existentiel et la perception du réel.

Passionnante, cette pièce de Salomé Lelouch a l’immense vertu de poser à la fois un regard conjoncturel en prise sur l’actualité électorale française du moment mais surtout d’exposer une problématique universelle s’essayant à conceptualiser l’Amour face au principe de Réalité.

Theothea le 15/10/16

               

               

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LE PROJET POUTINE

de  Hugues Leforestier  

mise en scène  Jacques Decombe  

avec Nathalie Mann &  Hugues Leforestier

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Théâtre La Bruyère

Tel  01 48 74 76 99   

   

            © LOT

       

Comment résister au charme du duo formé par Nathalie Mann & Hugues Leforestier, ce dernier étant, de surcroît, l’auteur de cette pièce mettant en perspective Vladimir Poutine… pour le pire et, pourquoi pas, pour le meilleur ?

A mi-chemin entre un procès à charge et une enquête journalistique, la confrontation du Président actuel de la Russie avec une procureure exilée en Sibérie se présente comme un exercice de haute voltige géopolitique et diplomatique d’où la séduction exercée l’un sur l’autre est loin d’être exclue de leur débat hyperréaliste.

Si l’on admet pour véridique et prouvée l’accumulation des griefs et des exactions criminelles égrenés tout au long du réquisitoire destiné à un futur procès en cour internationale, l’avenir de Vladimir ne serait guère prometteur… à moins de réussir à se maintenir « Président à vie ».

Cependant, si ce « Théâtre du réel » s’appuie sur des informations judicieusement sourcées et croisées à l’égard d’un chef d’état en fonction, le rôle de sa partenaire est, lui, bel et bien « fictif » et, de ce fait, permet un effet de miroir en abyme à la fois instructif, pédagogique et métaphorique mais doit néanmoins être appréhendé selon l’ensemble de ses implications publiques et privées.

Ainsi, Svtelana ne serait pas seulement une haute fonctionnaire de la Russie postsoviétique en mission, il s’avère qu’elle est aussi une maîtresse de jeunesse que Vladimir aurait aimée et dont il existerait peut-être un fils « qui lui ressemble ».

Nécessairement, cela influe d’autant plus sur l’enjeu du spectacle puisque c’est bien sur ordre hiérarchique que Svtelana se trouve ici convoquée dans le bureau du Kremlin.

En effet, sous prétexte de prendre connaissance des reproches qu’adresse la dissidence au régime en place, le Président songerait à accorder un poste ministériel dans son gouvernement à cette leader de l’opposition et ira jusqu’à suggérer que ce fils « caché » pourrait éventuellement lui succéder à terme.

Bien entendu, tout ceci ne relève que de l’imagination « fantasmagorique » de l’auteur qui, ainsi, se plaît à mélanger les cartes du pouvoir à celles des options envisagées par la « realpolitik », mais, forcément, cette mise en perspective « visionnaire » relativise les portraits des deux protagonistes tout en les rendant quelque peu glamour et sympathiques, bien que la rébellion, le chantage et les menaces soient les principaux vecteurs de cette rencontre au sommet.

Lors d’une représentation exceptionnelle organisée au Théâtre La Bruyère par « Reporters sans frontières », « Amnesty International France » & « Russie Libertés » le représentant de cette dernière association émit, durant le débat, l’idée que d’être virtuellement à la place de la procureure pourrait fort bien fonder le « rêve » de chaque citoyen russe contemporain ainsi en situation d’interroger et de demander des comptes à Vladimir Poutine.

En effet, si le Président est plébiscité par le peuple pour avoir su renouer avec la grandeur de la Russie, les électeurs, néanmoins, s’interrogent sur les modalités de la politique menée, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Fédération.

L’image du stratège agissant en joueur d’échecs, toujours en avance de plusieurs coups sur ses adversaires, est en soi flatteuse mais correspond-elle aux nécessités imposées par l'enjeu mondialisé ?

Cependant l’épilogue de cette problématique internationale échappe à l’ambition de la pièce qui laisse ouverte, à l’appréciation de chacun, la résolution du dilemme entre Pouvoir absolu, contestation radicale et « failles de l’Amour ».

Theothea le 20/10/16

   

            

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