Le syndrome fantasque du « Fantôme de lOpéra »
se serait-il propagé par empathie contagieuse via ses propres affiches
ayant essaimé à travers Paris durant ces dernières semaines
?
Voici, en effet, quune Comédie musicale pouvant en cacher
une autre, apparaît soudain, en réplique de dimensions
réduites à lessentiel, ladaptation à la
scène dun autre roman fantastique de Gaston Leroux intitulé
« La Poupée sanglante » transformant, en la
circonstance, le patrimonial Théâtre de la Huchette en une annexe
de Broadway sur Seine.
Et ce serait litote que dimaginer y retrouver les simples
stéréotypes de Fred Astaire, Gene Kelly, Audrey Hepburn car
Edouard Thiebaut, Alexandre Jerôme et Charlotte Ruby pourraient bien
y valoir avantageusement les fameux acteurs dHollywood à
lépoque de leurs fastueuses créations chantées
et dansées revenant actuellement à la vitesse du boomerang
dans lappétence du public français.
Cest, en effet, une déferlante de comédies musicales
qui sapprêtent à envahir la Capitale lors de la saison
théâtrale 16-17 et il se trouve que celle de Didier Bailly &
Eric Chantelauze pourrait être considérée comme
lannonciatrice, si nest la première de cette prochaine
phase « musico-chorégraphique » dampleur
inégalée à ce jour.
Présentement, les deux co-adaptateurs
« texte/musique/chansons » se partagent également
la charge de pianiste (Didier Bailly) accompagnant le spectacle à
larrière du plateau et celle de metteur en scène (Eric
Chantelauze) dirigeant chirurgicalement quinze personnages avec trois
comédiens selon des paramètres lilliputiens spécifiques
à ce lieu prestigieux où se jouent par ailleurs sans
discontinuité, depuis 1957, deux pièces cultes de Ionesco
« La cantatrice chauve » et « La
Leçon ».
Avec le bouche à oreille laudatif qui sest répandu
comme traînée de poudre depuis la première de
« La poupée sanglante » à la mi-juin, la
mythique salle de la Huchette, en ce mois de juillet, sapparente à
une capsule spatiale dont, jauge complète, on fermerait les
écoutilles quelques secondes avant la clôture du compte à
rebours la propulsant dun coup dun seul vers les étoiles
des années folles.
Au pays des stars de la Huchette, cest donc trois artistes polyvalents
déjà fort expérimentés qui évoluent selon
une configuration rappelant par osmose sensitive le film « Jules
et Jim » alors quau fur et à mesure de leurs tribulations
rocambolesques Charlotte Ruby, telle Christine la muse récurrente
de cet imaginaire romanesque, ferait sans cesse renaître de ses cendres
lindicible noyau atomique du trio légendaire.
Cest un régal que de se laisser happer par ces aventures
fantasmagoriques où le tourbillon du transformisme seffectue
à vue selon des codes vestimentaires et daccessoires exclusivement
symboliques de manière à jongler avec les rebondissements
suscités par des vampires monstrueux selon des expériences
de science-fiction et des meurtres cauchemardesques façon épouvante
romantique, bien que les trois héros tenteraient, portés par
leurs convictions, de sauvegarder à tout prix leur passion
affective.
Cest ainsi que chaque soir, rue de la Huchette, se forme une queue
approximative façonnée au gré de la déambulation
piétonnière
A linstar de ce serpentin opportun cherchant lentrée
dun train fantôme qui sublimerait la fin de journée par
un électrochoc artistique à la hauteur de son attente
émotionnelle, voici donc une poupée qui dirait: « Oui,
oui, oui
» au spectateur venu à dessein
dans un clin dil subliminal et complice de la rengaine
musicale.
Theothea le 14/07/16