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PETITS CRIMES
CONJUGAUX
de Eric-Emmanuel
Schmitt
mise en scène
Jean-Luc Moreau
avec Fanny Cottençon & Sam
Karmann
|
****
Théâtre Rive Gauche
Tel
01 43 35 32
31
|
De Strindberg à Schmitt, il pourrait ny avoir quune
inversion de perspective, celle du bonheur conjugal se retournant sur sa
pierre dachoppement en se réduisant à sa plus simple
expression, à savoir lusure inexorable du temps.
Cependant lécriture de Schmitt, elle, savance masquée
à linstar dune amnésie quun clone dAlfred
Hitchcock serait en charge de scanner afin de faire apparaître
lenvers du traumatisme crânien survenu soi-disant dans un escalier
en colimaçon.
Gilles et Lisa sont effectivement de retour chez eux dans leur duplex,
suite à un court séjour hospitalier où celui-ci a pu
se remettre daplomb après le « choc ».
Et, maintenant, souvrirait donc ce travail de mémoire où
il faudrait faire preuve de discernement entre loubli, le déni
ou toute manipulation du féminin à légard du masculin
et vice versa.
Et pourtant, ce serait tellement plus confortable de ne se souvenir de
rien, de telle façon que lautre puisse concentrer tous ses efforts
à refonder leur couple à limage idéale de ses
ambitions.
Tellement tentante cette phase où tous les espoirs seraient permis,
que demblée ils vont sautoriser, à deux, ce passage
en force proche dun jeu de rôles où celui qui sait aurait
tout oublié et celle qui culpabilise aurait carte blanche pour tout
reconstruire.
Toutefois, au fur et à mesure dun tel happening en trompe
lil, le doute va quelque peu sinsinuer dans les esprits
soumis aux contradictions de la thèse officielle post-traumatique.
Alors, à tout instant, la vérité pourrait surgir
révélant que lun ou lautre aurait voulu en finir
avec son partenaire mais, selon cette alternative, qui des deux oserait faire
le premier pas vers la reconnaissance dun telle posture criminelle
?
Néanmoins, de limaginaire au virtuel, le geste décisif
devrait appartenir à celui qui assumerait pleinement ses sentiments
et ressentiments à légard de son conjoint, en ayant
laudace de les livrer tels quels.
Affaire de conscience ! Affaire de confiance !.. Il suffirait, à
cet instant, dêtre en mesure de revivre lémotion
de leur première rencontre pour que lAmour y retrouve ses marques
dorigine
ne serait-ce quen inversant, complices, les
rôles et les répliques échangées quinze années
auparavant !
Ainsi, après Charlotte Rampling et Bernard Giraudeau, lors de la
création en 2003 au Théâtre Edouard VII signée
Bernard Murat, Fanny Cottençon et Sam Karmann, actuellement au
Rive-Gauche, se glissent avec plénitude et grand naturel dans les
failles de ce couple en pleine anamnèse sous limaginaire prismatique
dEric-Emmanuel Schmitt et la direction toute sensorielle de Jean-Luc
Moreau.
Theothea le 22/10/16
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LE CHIEN
de Eric-Emmanuel
Schmitt
mise en scène
Marie-Françoise & Jean-Claude Broche
avec Mathieu
Barbier & Patrice Dehent
|
****
Théâtre Rive Gauche
Tel
01 43 35 32
31
|
« Si les hommes ont la naïveté de croire en Dieu,
les chiens ont la naïveté de croire en lhomme ».
Eric-Emmanuel Schmitt a lart de prendre le lecteur, en loccurrence,
ici, le spectateur, par la main afin de lemmener dans un monde où
lémotion et le sentiment sont si proches de la métaphysique
que tout système défensif rompt les amarres en souvrant
sur des dimensions tellement humaines que celles-ci semblent,
dévidence, présentes de toute éternité.
Sur la scène du Rive-Gauche, deux comédiens, comme venus
dailleurs, apparaissent dans la sobriété tamisée
du décor constitué exclusivement de quelques cubes improbables.
Durant cette phase initiale, lalter ego restera à la fois
étrange et muet à la différence de son partenaire, au
premier plan, mi-sourire aux lèvres, entreprenant le récit,
à la manière dun conteur prenant tout son temps car
déjà empreint de ladhésion du public aux
sortilèges annoncés
Lenjeu de lhistoire va, en effet, séchafauder
autour dun secret, celui dun médecin octogénaire
ayant exercé avec compétence dans son village jusquà
la retraite sans que jamais personne nait réussi à franchir
le mur de son intimité.
En effet, on ne lui aurait jamais connu dautre compagnie durant
quarante ans que son chien ou plus exactement ses chiens successifs
toujours le même Beauceron appelé Argos.
Cependant le croisement à répétition, au cours de
promenades rituelles, dun écrivain nouveau venu au bourg, suscitera
peu à peu une approche qui, bien que réservée, pourrait
néanmoins se sublimer en affinités autour de bonnes
bouteilles
sans jamais, malgré tout, outrepasser la sphère
du privé.
Malheureusement, au retour dune tournée littéraire
promotionnelle, le narrateur sera confronté à la terrible nouvelle
de la disparition accidentelle dArgos et celle suicidaire de son
maître Samuel Heymann.
Comme mue par la destinée, sa rencontre opportune avec Miranda,
la fille du médecin, révélera dans une stupéfaction
progressive la saga en déportation de toute une famille juive ayant
subi labjection au plus haut point.
Cette prise de conscience a posteriori initiera une démarche de
résilience par personnes interposées trouvant son apogée
au sein dune lettre révélatrice de forces telluriques,
empathiques et quasiment salvatrices, bien que celles-ci fussent étonnement
de nature « canine » !
Lintensité du verbe, la douceur du ton, la force du regard,
la persuasion de la torpeur et limaginaire en plein émoi, tout
se mêle dans lentendement du spectateur suspendu, entre la rive
du trop-plein monstrueux et celle de la plénitude inespérée,
aux lèvres de ces deux comédiens, Mathieu Barbier et Patrice
Dehent, vibrant de pair au diapason dEric-Emmanuel Schmitt au sein
dune mise en perspective avec un tact infini par Marie-Françoise
& Jean-Claude Broche
dans le prolongement de leur création
plébiscitée en Avignon off.
Theothea le 25/10/16
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MONSIEUR
KAÏROS
de & mise en scène
Fabio Alessandrini
avec Yann Colette & Fabio Alessandrini
|
****
Théâtre Lucernaire
Tel
01 45 44 57
34
|
Lorsque le Théâtre et son double pirandellien font irruption
dans limaginaire dun romancier, ni lui ni son personnage ne sont
à labri dun vertige identitaire éventuellement
préjudiciable à leur libre arbitre réciproque.
Toutefois, si Pygmalion doit sattendre à ce que sa créature
lui échappe dès quil en a terminé avec la mise
en orbite terrestre, il est davantage surprenant que celle-là se rebelle
alors même quelle est encore en phase de conception et
délaboration.
Cest pourtant ce quil va advenir à lécrivain
investi par Fabio Alessandrini que nous découvrons en plein labeur
devant son ordinateur manifestant à cet instant quelques signes
récalcitrants et annonciateurs dun grand chambardement au sein
de lécriture en cours
Comme sorti de nulle part mais, en loccurrence, dun rideau
en trompe lil dissimulant lencadrure dune porte
installée sur scène menant vers un ailleurs indéfini,
voici donc Yann Collette, celui par qui la stupéfaction sera
désormais au cur de lintrigue.
Nous apprendrons rapidement quil est chirurgien envoyé en
mission humanitaire au milieu des multiples combats menés de façon
permanente sur la planète avec, néanmoins, quasiment aucune
chance den résoudre lorigine des conflits sans que ceux-ci
réapparaissent en dautres lieux.
Tirant de cette perspective en impasse généralisée,
la cruelle sensation de se considérer en situation déchec
à la fois professionnel et personnel, lintrus, perçu
immédiatement par le spectateur dans une ressemblance physique et
vestimentaire
troublante avec lécrivain, réclame tout de go son
joker de façon à pouvoir influer avantageusement sur sa
destinée
grâce à laide opportune et divine
de « Kaïros ».
Cest pourquoi le concepteur, avant que dadmettre quil
puisse sagir ici de sa propre création littéraire surgissant
en révolte des lignes dun carnet personnel dont il est seul
détenteur du contenu et déliminer ainsi radicalement
loption éventuelle dun piratage de son ordinateur, nest
franchement pas enclin à la reconnaissance spontanée dune
telle perturbation de son uvre en gestation et encore moins à
des concessions qui pourraient susciter des idées de protestation
à lensemble des autres personnages
encore couchés
sur le papier.
De cette relation éminemment conflictuelle se développera
une lutte aux couteaux verbaux et conceptuels où chacun des deux tentera
de justifier, à ses propres yeux, son bon droit selon une argumentation
où la liberté dagir et de penser sera tirée à
hue et à dia.
En effet, si le chirurgien souhaite désormais déposer ses
valises en des contrées plus positives pour son ambition, lauteur,
lui, souhaite garder la maîtrise dune écriture dont il
est le seul responsable et garant.
Tous les deux, immiscés dans leurs sphères de réflexion
respective, se font face dans un étrange mimétisme comme
sils étaient mus par une scénographie en miroir où
aux gestes de lun semblent correspondre les mots de lautre dans
un vice versa dont lentendement aurait été envahi par
lensemble des maux contemporains.
Comment résoudre, en effet, un tel dilemme existentiel où,
à « la liberté dexpression » pourraient
sopposer « les droits de lhomme » alors
quen parallèle chacun des protagonistes paraît également
se débattre avec ses propres démons intérieurs mal
identifiés ?
Yann Collette et Fabio Alessandrini, impliqués avec une forte puissance
intérieure dans ce duel en dédoublement interposé, sont
bel et bien chaque soir en charge de la subjectivité des spectateurs
tentant, eux, dapporter leurs réponses appropriées à
la différenciation des identités ainsi confrontées aux
affres littéraires dun clonage potentiel ou virtuel.
Theothea le 30/10/16
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MOI ET FRANCOIS
MITTERRAND
de Hervé Le
Tellier
mise en scène
Benjamin Guillard
avec Olivier
Broche |
****
Théâtre du Rond-Point
Tel 01 44 95 98 21
|
Sur laffiche du spectacle se profile le dessin signé
Stéphane Trapier rappelant une célèbre photographie
de François Mitterrand en compagnie de Michel Rocard, tous deux en
« tenue de randonneurs », lun portant la canne
au bras et lécharpe sous le blouson-parka, lautre mains
dans les poches dun imper de ville avec chaussures de montagne, posant
ensemble pour le cliché tout en souriant à la
postérité.
Sur le visuel théâtral dédié où ces
personnages ne sont point coiffés des casquettes arborées sur
la fameuse photo, Hervé ne représente pas plus Michel Rocard
que « Hervé Le Tellier » lauteur de la
pièce puisquen loccurrence, sur la scène du Rond-Point,
Olivier Broche interprète ce rôle
« partenaire » de François Mitterrand qui, lui,
à nen pas douter est, bel et bien, sur ces supports graphiques
l'authentique Président de la Vème République, élu
en 1981.
Selon cette alternative, voilà donc le décor planté,
lun est le chef de lEtat en loisirs et lautre son invité,
son obligé, son faire-valoir
à moins que ce dernier puisse
simaginer être véritablement devenu « lami
intime ».
Y aurait-il maldonne ? Que nenni, en salle Jean Tardieu, Hervé
entre en conférence, comme tous les soirs, fier comme Artaban et sûr
de limpression quil va produire sur les foules admiratives.
En effet, un beau jour de lété 1983, il eut
lidée sympathique denvoyer une carte postale depuis Arcachon,
sa résidence de vacances, pour féliciter, à retardement,
François Mitterrand de sa brillante élection deux années
auparavant.
Et miracle, trois mois plus tard, le Président répondait
en lui faisant parvenir ce que daucuns appelleraient une lettre type
mais quHervé interprétait comme le signe annonciateur
dune correspondance amicale lencourageant à persister
dans cette voie épistolaire
Il nen fallait donc pas plus
à notre anti-héros pour sy lancer à
« esprit perdu » mais ô combien satisfait de cette
nouvelle relation tellement gratifiante.
Lui-même raconterait ainsi à François toutes les anecdotes
et autres misères de sa vie jusque-là si discrète, alors
quen retour, le Président pourrait, à son tour, se confier
à Hervé en sépanchant sur le poids de ses
responsabilités et tout en sappliquant à lui renvoyer
des lettres type en provenance de son secrétariat avec le si fascinant
tampon présidentiel.
Véritablement lancé sur orbite sidérale, Hervé
continuera par la suite, de plus bel, avec tous les successeurs élus
à ce poste prestigieux, brossant en creux un portrait spécifique
très subjectif des « règnes » de Jacques
Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande que pourrait fantasmer
le citoyen mythomane face au prestige de la République.
Parvenu à ce point du plaisir assouvi, resterait à notre
mégalomane aguerri celui résiduel de réussir enfin à
« bluffer » son ex-épouse, en la conviant à
un souper où tous ces Présidents seraient exceptionnellement
réunis autour de lui, leur confident privilégié qui,
ainsi nuitamment sans chichi, oserait les recevoir en pyjama
par goût
de grande simplicité mais juste avant, sans doute, de faire de beaux
rêves ou de tirer une dernière fois, en bouquet final, des plans
candides sur leur comète irradiante.
Theothea le 27/10/16
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QUINTESSENCE
mise en scène
Stephan Gruss & Stéphane Haffner
avec Les Gruss
& Les Farfadais |
****
Cirque Alexis Gruss
Tel
01 45 01 71
26
|
Alexis Gruss & Les Farfadais sont de retour en Ile- de-France pour
une « Quintessence » au long cours puisque sous chapiteau
au Bois de Boulogne jusquau 19 février 2017, leur spectacle
partira ensuite en grande tournée hexagonale des Zéniths.
A la manière dune « soucoupe volante »
adaptée aux dimensions circulaires de la piste, évoluant à
la manière dun ascenseur et libérant ainsi trois niveaux
mobiles de prestation équestre et aérienne, la technologie
scénographique révèle un enchaînement de performances
dessus, dessous et au sol du plus bel effet complexe.
Inaugurée deux années auparavant, la complémentarité
des deux compagnies se présente désormais comme une
opportunité créatrice sans limite tant leur osmose se prête
à de multiples configurations où leurs arts se marient au mieux
de leurs talents ainsi quau prorata de leurs savoir-faire respectifs
tout autant que de leurs incessants apprentissages, plaçant ainsi
les performances des écuyers et des acrobates sous la co-mise en
scène de Stephan Gruss et Stéphane Haffner.
Alexis Gruss, en commandeur accompli et assumé régissant
lensemble des générations de cette association,
apparaît pour la circonstance, tel un Ben-Hur inattendu, en conducteur
de char ailé aidant à la poursuite de la noble quête
menée par Joseph missionné avec lobjectif de recueillir
des extraits des 4 éléments, lair, leau, la terre
et le feu afin de pouvoir sauver le cheval Pégase dune
mystérieuse maladie.
Emmenés par lorchestre live branché sur des musiques
planantes venues dun ailleurs sidéral et subjugués par
la mélodie quasi continue dune voix enveloppante et enchanteresse,
artistes & chevaux se rencontrent et se succèdent,
sapprivoisant selon un rythme fluide en des performances de bas en
haut de la « navette orbitale » en show nec plus ultra.
Maintenir lunité autant que la diversité dune
telle troupe composite apparaît au spectateur comme un miracle constamment
renouvelé sous des yeux admiratifs alors que de cette magie
sélève le sentiment tellement empathique de grande famille
du Cirque en mutation permanente.
Theothea le 04/11/16
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