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MARIAGE ET
CHÂTIMENT
de David Pharao
mise en scène
Jean-Luc Moreau
avec
Daniel RUSSO, Laurent GAMELON, Delphine RICH,
Fannie OUTEIRO, Zoé NONN |
****
Théâtre Hébertot
Tel 01 43
87 23 23
|
Voici donc une cérémonie de mariage qui, au lieu de se conclure
en apothéose hyménéale, serait sur le point de se solder
par le châtiment de celui qui aurait commis la faute originelle
rédhibitoire et qui, de surcroît, aurait déclenché
une véritable réaction en chaîne destructrice de la confiance
portée des uns aux autres.
Selon une intrigue digne, par excellence, du théâtre de boulevard
et une interprétation finement synchronisée par Jean-Luc Moreau
selon lévolution psychologique des protagonistes se renvoyant,
à la manière dune patate chaude, lobjet du délit,
à savoir la menterie initiale donnant lieu par la suite à une
ribambelle darrangements avec la vérité, Edouard (Daniel
Russo) sapprête, en effet, à décevoir
profondément son ami Fred (Laurent Gamelon) pour lequel il aurait
dû, dans quelques instants, assumer le rôle de témoin
à loccasion de son union conjugale célébrée
avec Louise (Fannie Outeiro).
Mais voici déjà que commence un ballet entre Marianne (Delphine
Rich) l'épouse dEdouard et Gabriella (Zoé Nonn) sa
secrétaire qui, rapidement, va faire tourner la tête de celui-ci
et linciter à oublier sa responsabilité en témoignage
nuptial au point de transformer le premier dilemme en manège infernal
dès que Fred & Louise seront revenus de la noce qui, faute de
sa présence, aura donc dû être annulée.
Lénormité du mensonge invoqué pour tenter de
se tirer daffaires aura tellement de conséquences relationnelles
désastreuses que plus rien ne pourra arrêter la machine sociale
du parler faux dans sa course contagieuse à rendre plausible ce qui
ne peut désormais plus lêtre.
Le point de non retour à la franchise étant dépassé,
tout ce petit monde va être emporté par la velléité
dune cohérence introuvable et rendre totalement surréaliste
la quête du vraisemblable.
Parvenue à ce point déchappement à
lattraction terrestre, lécriture de Pharao se dégage
du vaudeville traditionnel pour atteindre un état poétique
jubilatoire où la dualité savoureuse des deux compères,
Edouard & Fred, na plus quà se laisser porter par
la vague féminine, elle, prête à toutes les roueries
défensives et bien motivée à enrayer le duo
machisme/misogynie voguant tendance désorientée.
Jouant tous, mine de rien, à « plus menteur que moi,
tu meurs » alors quà tour de rôle chacun tente
dafficher sa pseudo contribution salvatrice, la situation par essence
boulevardière pourrait néanmoins être considérée
comme une fable plus proche de la « Leçon de vie »
ludique que de la simple comédie de divertissement.
En effet, lart de mentir y apparaît comme une étude
de variations spontanées à géométrie variable
où tout un chacun finit toujours par mettre le doigt dans
lengrenage et bien souvent davantage
dautant plus si
affinités, Amitié et Amour sy révèlent
ô combien partie prenante.
Theothea le 10/11/16
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SCENES DE VIOLENCES
CONJUGALES
de & mise en scène
Gérard Watkins
avec
Hayet Darwich, Julie Denisse, David Gouhier, Maxime
Lévêque & Yuko Oshima |
****
Théâtre de la Tempête
Tel 01 43
28 36 36
|
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LA PEUR
d'après Stefan Zweig
mise en scène
Elodie Menant
avec
Hélène DEGY, Ophélie MARSAUD
& Aliocha ITOVITCH |
****
Théâtre Michel
Tel
01.42.65.35.02
|
De la peur à langoisse, il ny aurait quun pas
à franchir; cest celui qua choisi de mettre en exergue
Elodie Menant dont ladaptation dialectique et la mise en scène
catapultent ses trois interprètes au royaume Hitchcockien de la traque
progressive au sein dune montée en puissance quIrène
vit comme un cauchemar éveillé se refermant inexorablement
sur sa capacité à gérer le stress et lamour.
A la façon du cinéphile de « Fenêtre sur
cour », le spectateur de Stefan Zweig est appelé ici à
un voyeurisme attentif dont les changements manuels de décor à
vue viennent ponctuer ce sentiment diffus dimpasse psychique.
Fritz et Irène sont en couple, depuis une dizaine dannées,
projeté dans une scénographie du way of life au cur de
lAmérique des fifties version futuriste puisque la nouvelle
a été écrite en 1913.
Du poste à transistors de lépoque jaillissent le Rock
& Roll originel et la pub sintégrant à la
contemporanéité, alors quà lheure du petit
déjeuner ensoleillé, mari et femme vaquent conjointement à
leurs occupations quotidiennes bien quun début de tension semblerait
affleurer entre eux :
Rien de grave cependant, quun simple repli sur soi momentané
suffira à résoudre de façon à pouvoir se concentrer
sur leurs tâches respectives.
Mais voilà quun tiers va surgir dans cet ordonnancement un
peu trop fonctionnel et alors quIrène vient de trouver une
échappatoire affective à son existence en passe dêtre
marginalisée par des cours de piano quelque peu adultérins
et quainsi, de cause à effet, débutera un processus de
chantage et dextorsion de fonds dont aucune manuvre en retour
ne semblerait pouvoir freiner la pression ainsi exercée par Elsa
(Ophélie Marsaud) autrement dite « lallégorie de
langoisse ».
Fantasme, schizophrénie, culpabilité, déni de soi,
tous ces ressentis contradictoires vont désormais habiter
lentendement dIrène vivant peu à peu sous la terreur
enfantine et régressive dune chasse aux sorcières dont
elle serait à la fois le jouet et lartisane.
Dans une scène danthologie où, semblant se battre
contre des moulins à vent, celle-ci affronte Elsa à
lépée virtuelle, son improbable alter ego devient soudain
double gestuel lui faisant face, en clone synchronisé, dans une
symétrie mentale pareille à celle dun miroir
sérigeant à la fois en conseiller opportun et adversaire
à terrasser.
Quant à Fritz son mari, avocat impliqué professionnellement
dans la recherche déontologique de laveu, il a beau jeu de feindre
létonnement et lincompréhension plongés
en pleine fébrilité inquisitrice
jusquà
ce quun coup de théâtre, savérant fomenté
dès les prémices de leur distanciation réciproque, se
prépare désormais à imploser via la remise à
lheure des pendules de la suspicion et du remords face au couple
duel.
Dans un jeu intensément intériorisé, Irène
(Hélène Degy) et Fritz (Aliosha Itovich) sinvectivent
à fleurets mouchetés alors quautour deux se
chorégraphie un ballet de panneaux mobiles ne cessant de se reconstituer
en des configurations évolutives mais toujours plus oppressantes.
Les protagonistes eux-mêmes étant les machinistes de ces
déplacements modulaires, limpression dautodestruction
conjugale active paraît sattacher délibérément
à leurs pulsions contrariées dans ce passage à lacte
si mal assumé de part et dautre
du bourreau à sa
victime et vice versa mais
tellement brillant sur le plan
dramaturgique.
Theothea le 15/11/16
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ANGELUS NOVUS
mise en scène
Sylvain Creuzevault
avec
Antoine Cegarra, Éric Charon, Pierre
Devérines, Évelyne Didi, Lionel Dray, Servane Ducorps,
Michèle Goddet, Arthur Igual, Frédéric Noaille, Amandine
Pudlo & Alyzée Soudet
|
****
Théâtre de la Colline
Tel 01 44
62 52 52
|
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Angelus Novus ©
compagnie
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Selon son « Ange nouveau » aux ailes largement
déployées, en accointance avec celles du désir façon
Wenders mais dans lincapacité de les refermer à cause
de la tempête paradisiaque, Sylvain Creuzevault élève
jusquen orbite lange de Paul Klee, autrement dit celui de
lHistoire avançant vaillamment vers lavenir à reculons,
regard braqué sur limmense catastrophe accumulée au cours
des temps précédents.
Dans cette perspective, la production « Le Singe »
et son collectif nont plus quà semparer du mythe
de Faust en le retournant comme le gant du Savoir devenu simple marchandise
issue de la productivité contemporaine afin de permettre à
son détenteur, non plus de tendre à lexcellence universelle
transcendante mais seulement de parvenir à devenir soi-même.
Ainsi, au fur et à mesure des répétitions et des
représentations en tournée, les trois figures symboliques
(neurologie, biologie et musique) choisies par lauteur pour
représenter lanti-Faust prendront-elles valeurs de repères
dialectiques en harmoniques avec les démons dédiés
et projetés en tant que bons ou mauvais conseillers selon la
subjectivité du spectateur disposé à la réflexion
critique.
Présentement sur la scène du Théâtre de la
Colline dirigé par Wadji Mouawad, désormais fort
fréquenté par les jeunes générations, la bande
à Sylvain a investi les lieux de manière scientifique,
cest-à-dire en faisant labo ouvert à toutes les
expériences plus ou moins « fol amour » ou
« geek » selon lhumeur des protagonistes.
Après lentracte, un happening sur fond sobre noir met en
exergue un Opéra à quatre têtes aux identités
improbablement masquées mettant létrangeté à
son comble et lattention musicale à son paroxysme.
Pour clore les deux cent minutes de spectacle, lAngelus Novus, telle
la silhouette dun gigantesque papillon sans doute en quête du
meilleur des mondes, viendra sesquisser selon un ballet esthétique
et poétique renvoyant chacun à ses interrogations
métaphysiques tout en se balançant dans un feeling sensuel
oscillant entre « savoir » & « savoir
être ».
Theothea le 06/11/16
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Angelus Novus ©
compagnie
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LE DERNIER BAISER DE
MOZART
d' Alain Teulié
mise en scène
Raphaëlle Cambray
avec
Delphine DEPARDIEU et Guillaume
MARQUET |
****
Théâtre du Petit Montparnasse
Tel 01 43 22 77 74
|
La pièce se joue dans l'intimité d'un salon aux lourdes
tentures et au mobilier style XVIIIème, secrétaire-écritoire,
table console, un clavecin trônant au milieu de fauteuils bergères.
Derrière une fenêtre située côté jardin,
voltigent des flocons de neige.
Tout ce décor raffiné signé Catherine Bluwal, sous
les lumières subtiles de Marie-Hélène Pinon, installe
le spectateur dans une époque précise, plus exactement en
décembre 1791, lors d'un hiver rigoureux à Vienne.
Il fait bon d'être à l'intérieur de l'appartement
de ce musicien de génie qu'est Wolfgang Amadeus Mozart. Et pourtant,
une femme portant collier avec pendentif camée sur une robe de taffetas
moiré y semble éplorée.
Il s'agit de Constance Mozart, désormais veuve, car le compositeur
vient de mourir à 35 ans. Triste mais pas du tout larmoyante et très
pragmatique, elle fait entrer, côté cour, un jeune homme vêtu
d'un costume de gentilhomme et chapeauté.
Celui-ci se présente sur sa requête car elle cherche quelqu'un
ayant assez de talent pour achever le Requiem en ré mineur dont le
Maître avait uniquement écrit les premières mesures alors
qu'il s'agissait d'une commande pour laquelle une conséquente avance
avait été octroyée.
Afin de ne pas avoir à la rembourser d'une part, et pour
réhabiliter la mémoire de son mari en vue d'obtenir une pension
d'autre part, accablée par des dettes qui la mettent dans une situation
financière douloureuse, il est impératif de terminer ce fameux
requiem.
Elle porte son dévolu sur un élève fervent admirateur
de Mozart. Il se nomme Franz-Xaver Süssmayer. Aussitôt
apparu en scène, un échange à bâtons rompus
s'établit, qui alternera des moments de douceur, d'espièglerie,
de ruse, de brusquerie, de règlements de compte.
Les deux partenaires complices s'adonnent au jeu du chat et de la souris
"tu me tiens je te tiens par la barbichette!". Elle, toute en malice, exerce
une pression sentimentale sur Franz-Xaver qui fut sans doute un amant
d'autrefois.
Lui, vénérant Mozart, hésite, ne sent pas à
la hauteur de la tâche demandée et "falsifier" son mentor lui
semble une hérésie !
Elle le fait chanter, le met au pied du mur en lui révélant
qu'elle a confié la partition dans le plus grand secret à un
autre musicien, Joseph Eyber, ce qui le fait littéralement exploser,
en proie à un subit excès de jalousie belliqueuse.
Ils se testent; la balance penche d'un côté puis d'un autre.
Le ton se fait mielleux chez l'une, plus machiavélique chez l'autre.
Leur conversation pleine de tendresse devient joute verbale, véritable
jeu de ping-pong aux répliques qui font mouche.
Delphine Depardieu incarne à merveille cette Constance acculée
mais faisant front avec détermination.
Pour parvenir à ses fins, finaude, elle tente de manière
parfaite d' ensorceler l'indécis. Rampant autour de lui, coquine et
aguicheuse, elle lui susurre de sa voix mélodieuse que "son enfant
a la même oreille que son papa, signe qui ne trompe pas", et qui
sous-entend qu'il en est, à coup sûr, le géniteur,
révélation qui étonne amplement Franz-Xaver.
Guillaume Marquet interprète ce disciple fébrile ne sachant
sur quel pied danser et qui tente de maîtriser son attrait pour cette
femme envoûtante.
Peut-être joue-t-il sa partition un peu trop en retenue, lui qui
nous avait éblouis dans sa prestation virevoltante et hilarante de
Redillon dans le Dindon de Philippe Adrien et obtenu ainsi, en 2011, le
Molière de la Révélation théâtrale
masculine.
Ce tête-à-tête aux incisifs dialogues écrits
par Alain Teulié évoque, sur fond sonore de musique mozartienne,
la dévotion et la tendresse portées mutuellement au grand
compositeur et s'interroge sur les possibilités de gérer un
tel héritage.
La connivence pugnace de ce duo est orchestrée par la mise en
scène délicate et précise de Raphaëlle Cambray.
Peut-être, dans cet écrin chaud et confortable, manquerait-il
un soupçon de loufoquerie à la démesure d'Amadeus qui,
ainsi, aurait donné son dernier baiser !
Cats / Theothea.com le 15/11/16
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