Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

21ème  Saison     Chroniques   20.016   à   20.020    Page  404

 

           

     

      

     

           

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UNE CHAMBRE EN INDE

de Collectif  Théâtre du Soleil  & Hélène Cixous

direction  Ariane Mnouchkine   

musique  Jean-Jacques Lemêtre

avec   la participation exceptionnelle de Kalaimamani P. K. Sambandan Thambiran

****

     

Théâtre du Soleil  

Tel   01 43 74 24 08

   

                      ©   Theothea.com    

                                 

En hôtesse attentive, chaque soir de représentation à La Cartoucherie, Ariane Mnouchkine est présente à l’entrée des spectateurs lors de l’oblitération de leurs billets forcément déjà « collector ».

Au devant du tapis d’accueil, à quelques mètres de la metteuse en scène, officie sous un auvent la brigade du contrôle sécurité… induisant en prémices et signe des temps, un avant-goût de la thématique du spectacle.

Cette chambre en Inde, c’est à la fois le lieu de destination d’une troupe en mission pour s’initier à la culture millénaire de ce continent ésotérique mais aussi celui de son inspiration pour créer un spectacle total à l’écoute du monde contemporain ainsi que celui de l’angoisse à piloter un projet artistique dont la fonction de direction venait d’être désertée par son chef tétanisé face aux attentats ayant récemment secoué la France.

Reste sur place, au sein du tohu-bohu indien parvenant d’au travers les persiennes, Cornelia (Hélène Cinque) la collaboratrice dévorée d’inquiétude, oscillant entre la soupape des toilettes et le refuge du lit ne cessant de produire une panoplie de cauchemars sur son esprit désemparé.

Gandhi, Tchekhov, Shakespeare et Cie… seront successivement convoqués à la rescousse au gré d’un imaginaire en souffrance partagé avec des collaborateurs n’en menant pas large quant à la maîtrise d’un Titanic théâtral cherchant désespérément son cap transcendant.

Mais que diable Ariane serait-elle allée faire dans cette galère, alors même que les doutes l’avaient assaillie avant que de s’envoler pour Pondichéry ?

En effet, pourquoi partir si loin, en emmenant l’intégralité de l’équipe du Théâtre du Soleil, réfléchir sur l’état de la Planète en péril alors même qu’une guerre civilisationnelle éclatait en Europe ?

La réponse ad hoc n’allait pas tarder à supplanter les hésitations existentielles fallacieuses; en effet, il apparaîtrait avec évidence que l’éloignement et la prise de distance idéologique seraient salvateurs en milieu culturellement différencié pour appréhender la déroute du « vivre ensemble » sous miroir de créativité devant transgresser les forces du mal.

En contre-plan, le patrimoine indien opposerait sa constante vivacité en affichant les vertus de son théâtre populaire symbolisé ici par Le Theru Koothu reprenant de façon préférentielle les grandes pages du Mahabharata.

Pour relever le challenge de l’auscultation d’une société humaine en perdition se mutant en sa représentation scénographique décalée par le geste théâtral, il suffirait d’en écrire le script au fur et à mesure des répétitions, d’abord en Inde et ensuite de retour à La Cartoucherie, avec comme arme nucléaire ou atout prioritaire celui du rire défensif, explosif et surtout délibérément moqueur.

Oui, Ariane Mnouchkine en harmonie avec Hélène Cixous a ainsi écrit sa première Comédie que la Troupe du Soleil lui a inspirée au fur et à mesure de l’élaboration plus ou moins chaotique d’un projet à dimension globalisante… tel le couronnement d’une Œuvre.

Alors bien entendu, l’ensemble des conflits actuels du Moyen-Orient y ont pris place prépondérante mais au lieu de les évoquer de manière géopolitique et donc psychodramatique, c’est par le prisme de l’outrance déguisée en bon droit que s’y retourne l’absurdité idéologique de protagonistes zélés, déclenchant par ricochet le rire de l’absurdité ainsi dialectiquement démontrée et démontée en coupe réglée… une fois pour toutes.

Alors, comme si Ariane feignait que le Théâtre n'eût aucune limite poétique pour parvenir à redresser les torts de cette humanité à la dérive, c’est par l’évocation chaplinesque d’un dictateur de pacotilles reconverti en ange islamique que pourra se conclure provisoirement le discours métaphorique des bonnes intentions universelles à l’égard des droits de l’homme et pourquoi pas, en aparté, ceux de la culture.

Soyons convaincus avec elle !… C’est tout bénéfice pour l’excellence du spectacle vivant.

Theothea le 08/12/16

         

         

               ©   Theothea.com

     

POUR UN OUI POUR UN NON

de  Nathalie Sarraute

mise en scène  Léonie Simaga

avec  Nicolas Briançon, Nicolas Vaude & Roxana Carrara    

****

     

Théâtre de Poche Montparnasse

Tel  01 45 44  50 21

   

                      ©   Theothea.com    

                             

Léonie Sinaga ayant déjà eu l’opportunité de monter à la Comédie Française, en 2007, cette pièce de Nathalie Sarraute initialement radiophonique et créée vingt ans plutôt au Rond-Point par Simone Benmussa avec Sami Frey & Jean-François Balmer qui pratiquaient alors l’alternance des deux rôles, a décidé aujourd’hui d’en modifier quelque peu sa perspective théâtrale, forte de la liberté d’interprétation scénographique laissée par l’auteur n’ayant recommandé aucune didascalie ou autre consigne scénique.

Si donc, à l’époque, sa mise en scène s’était appuyée sur la dualité entre incarnation et dépersonnalisation induisant une abstraction du vécu relationnel, il s’agirait cette fois de pousser jusque dans ses retranchements la notion d’amitié :

Est-ce que la radicalité des mots prononcés suffirait à annihiler le temps d’une illusion partagée à deux ?

Est-ce qu’au contraire, ce sentiment résisterait d’une manière indissoluble quels que soient les coups de boutoir du langage tentant d’en neutraliser le lien fondamental ?

En toile de fond, serait mise en exergue la problématique de la réussite ou du ratage de toute vie, des instruments de son évaluation et, en définitive, de sa relativité manifeste eu égard à la subjectivité des considérations et autres points de vue.

Sur la scène intimiste du Poche Montparnasse en un décor d’une sobriété toute virginale où seuls deux cubes viennent esquisser la trame d’un parcours vindicatif accompagné de ses éventuelles étapes, pauses ou renversements de situation, un duo de comédiens amis de longue date, se livre ainsi à l’auscultation du public observant, une heure durant, deux personnages d’apparences contrastées, l’un sûr de lui droit dans ses bottes et ses convictions, l’autre torturé par le monde extérieur tout autant que par ses démons intérieurs.

Lorsque l’on se rappelle que Nathalie Sarraute concevait qu’il pouvait s’agir des deux facettes de la même personne vivant ainsi l’essence de la contradiction, il apparait que les deux Nicolas, Vaude & Briançon trouvent, en ce prisme artistique, un exutoire idéal à leur véritable amitié professionnelle tout en donnant matière à réflexion et admiration à tous ceux qui apprécient leur complémentarité et, le cas échéant, peuvent y projeter leur propre imaginaire.

Au fur et à mesure d’une dialectique de reproches changeant peu à peu de camp jusqu’à front renversé, ce sera en quelque sorte le rôle de F. (Roxana Carrara) que de savoir susciter et fédérer l’appréciation des témoins assistant à cette joute verbale masculine livrée sous huis clos et temps réel, en trouvant son énergie indicible et inépuisable autour de l’intonation hypersensible rendue à jamais célèbre et sans cesse réinterprétée : « C’est bien…. çà ! »

Theothea le 24/11/16

                 

MOI, MOI & FRANCOIS B.

de Clément Gayet  

mise en scène  Stéphane Hillel   

avec  François BERLÉAND, Sébastien CASTRO, Constance DOLLÉ, Inès VALARCHER & Clément GAYET    

****

     

Théâtre Montparnasse

Tel   01.43.22.77.74  

   

                      ©   Theothea.com    

                                   

Quand un auteur, non seulement délègue son alter ego durant deux actes pour persuader un célèbre acteur du bien-fondé de jouer sa pièce… en le poursuivant jusque sur scène alors que celui-ci devrait au même moment interpréter Dom Juan mais que, de surcroît, en lieu et place d’un troisième acte avorté, le dramaturge intervient lui-même personnellement au domicile du fameux comédien pour tenter, avec son manuscrit en main, de finaliser le contrat dans un tête-à-tête sans intermédiaire, il est fort probable que Clément Gayet, inconnu jusque-là du grand public, trouve en François Berléand son véritable mentor… à charge de renvoi d’ascenseur.

Il faut dire que la renommée actuelle de la star "Berléand" est, à ses propres yeux, une sorte de miracle dont ce dernier s’ébaubit à chaque instant car, s’étant jadis conçu « fils de l’homme invisible », il a passé la première partie de sa vie d’artiste à lutter contre une schizophrénie existentielle le rendant transparent à lui-même et aux autres.

Aussi, c’est par une métaphorique revanche contre la destinée que, dans la vraie vie, l’acteur soixantenaire donna son accord enthousiaste au scénario de Clément Gayet après que celui-ci eut transformé sa lettre d’accompagnement d’une première œuvre avortée, en véritable dramaturgie surréaliste & iconoclaste… tellement proche de l’imaginaire de François !

Et voilà donc, quelques années plus tard, Stéphane Hillel en situation de mettre en musique cette quête à, au moins, double entrée où l’auteur novice va rechercher la reconnaissance immédiate du public via l’hyper sensibilisation du comédien « bancable » en prise avec son propre kaléidoscope identitaire que celui-ci pense pouvoir unifier en le faisant d'abord imploser.

Donc, Moi & François B. vont se retrouver en huis clos durant les deux premiers tiers de la représentation, en une sorte de manipulation mentale où Vincent (Sébastien Castro), le sosie de l’auteur se coltine avec François le double de Berléand, tous deux aspirés dans une fiction imaginaire dont les ficelles seraient tirées par un démiurge mal identifié mais non sans les avoir accompagnés, pour faire diversion, de Cézanne (Inès Valarcher) l’étrange fée contorsionniste ainsi que de Cécile (Constance Dollé) « la moitié féminine » de François quelque peu récalcitrante.

Viendra donc, en phase finale, le temps du de(briefing) où la séance de séduction, organisée par Clément l’auteur, afin de convaincre François l’acteur, de s’impliquer dans son œuvre, servira tout à la fois de réminiscence au spectateur ayant préalablement assisté à cette négociation contrainte et forcément problématique ainsi que de présentation au projet théâtral où le vrai François Berléand, lui, serait programmé pour jouer prochainement avec son épouse, mais sans son approbation formelle, afin de faire triompher l’auteur inconnu qui, grâce à cette méthode « marketing », plébisciterait l’audience du grand public… à moins que, coup de théâtre imprévu, ce soient en définitive Nathalie Baye et Pierre Arditi qui coiffent, sur le poteau, les deux interprètes initialement choisis…

Theothea le 16/11/16

         

         

               ©   Theothea.com

     

JACQUES DANIEL

de & mise en scène  Laurent Baffie   

avec  Claude Brasseur, Nicole Calfan & Daniel Russo

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Théâtre de La Madeleine

Tel  01 42 65 07 09    

   

               ©   DR. 

             

En mettant à l’affiche le classieux trio « Brasseur-Calfan-Russo », le théâtre La Madeleine attire l’intérêt immédiat du public.

Comédie écrite, et donc dédiée à l’intention des trois comédiens ci-nommés, avec « mise en bouteille et distillation » confiées également à l’auteur fort de ses succès au Palais-Royal, l’accroche est plutôt souriante, à ceci près qu’il s’agit pour Laurent Baffie d’une première incursion dans la dramaturgie psychosociale.

Disons-le tout de suite, sa mise en scène respirant la soûlerie progressive qu’il organise à la manière effrénée d’un jeu de chaises musicales autour des fauteuils d’un bar à whisky ainsi que d’un juxe-box de collection, relativise, de fait, le risque de prise de tête intello.

Ne lâchant pas complètement les amarres de « l’entertainment », sa réalisation ne peut s’empêcher de flirter gentiment, à certains moments, avec une interactivité latente à l’égard des premiers rangs de l’orchestre, de façon à maintenir la complicité ou la complaisance du public, atouts et savoir-faire qui, précédemment, ont plutôt bien réussi au « spectacle vivant » de Laurent Baffie.

Ceci dit, la thématique de la pièce s’appuie nécessairement sur d’autres ressorts scénographiques dont l’interprétation existentielle des trois acteurs chevronnés tire brillamment l’épingle d’un jeu se situant à mi-chemin entre la forfanterie et la dépression, façon psychose maniaco-dépressive partagée à deux en temps réel et en présence d'une barmaid garantissant diplomatiquement, tout à la fois, la libre expression et l’arbitrage.

En effet, comme dans un dédoublement opportun, Jacques et Daniel se retrouvent en face à face, avec un sac de nœuds affectifs, complètement chamboulés à la suite d’une désertion conjugale dont l’un et l’autre n’ont plus aucun contrôle à disposition.

S’abreuver sans retenue de whisky, en poussant la performance aux limites de la rupture, leur permet, chacun avec sa personnalité, d’éprouver physiologiquement cet abandon et cette incapacité à rebondir par eux-mêmes.

Sur le juxe-box, se succèdent les amorces de tubes expressionnistes du « mal de vivre » au point de rendre insupportable le « copier-coller » avec leur propre vécu.

A l’instar d’un ping-pong verbal où quand l’un tente de bluffer, l’autre sombre proche des larmes et que, dans un jeu de rôles inversés, la velléité et le lâcher prise changent de camp l’instant suivant, il devient manifeste qu’un ou deux coups de théâtre seraient volontiers bienvenus pour enrayer l’effet Titanic…

« Non Jeff, t’es pas tout seul… ce n’est plus un trottoir, cela devient un cinéma… ».

Cette chanson de Jacques Brel ne fait pas partie de la play-list proposée par Laurent Baffie mais pourrait fort bien illustrer cette solidarité amicale masculine partageant jusqu’à la lie l’impression momentanée de dépossession psychique inhibant toute réflexion constructive et cédant même aux sirènes de l’autodestruction.

Bref, l’enjeu du psychodrame initié par le « nouveau » Baffie est de taille « ambitieuse » mais, que l’on ne se méprenne pas, le bougre a toujours plus d’un tour dans son sac à malices et c’est, avant tout, pour le plaisir de voir réunis Claude Brasseur, Nicole Calfan et Daniel Russo que cet opus a été imaginé, conçu et réalisé et c’est aussi, dans cette perspective, que les spectateurs doivent assumer cette même envie tellement agréable et si bien partagée.

Theothea le 23/11/16

       

                 

               ©   DR.

     

LA LOUVE

 

de & mise en scène  Daniel COLAS

avec   Béatrice AGENIN, Gaël GIRAUDEAU, Coralie AUDRET, Maud BAECKER, Yvan GAROUEL, Adrien MELIN et Patrick RAYNAL

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Théâtre  La Bruyère 

Tel   01 48 74 76 99

   

               ©   LOT

                             

       

     

               ©   LOT

     

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