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UNE CHAMBRE EN INDE
de
Collectif Théâtre du Soleil &
Hélène Cixous
direction Ariane
Mnouchkine
musique Jean-Jacques Lemêtre
avec
la participation
exceptionnelle de Kalaimamani P. K. Sambandan Thambiran |
****
Théâtre du Soleil
Tel 01 43
74 24 08
|
En hôtesse attentive, chaque soir de représentation à
La Cartoucherie, Ariane Mnouchkine est présente à
lentrée des spectateurs lors de loblitération de
leurs billets forcément déjà
« collector ».
Au devant du tapis daccueil, à quelques mètres de
la metteuse en scène, officie sous un auvent la brigade du contrôle
sécurité
induisant en prémices et signe des temps,
un avant-goût de la thématique du spectacle.
Cette chambre en Inde, cest à la fois le lieu de destination
dune troupe en mission pour sinitier à la culture
millénaire de ce continent ésotérique mais aussi celui
de son inspiration pour créer un spectacle total à
lécoute du monde contemporain ainsi que celui de langoisse
à piloter un projet artistique dont la fonction de direction venait
dêtre désertée par son chef tétanisé
face aux attentats ayant récemment secoué la France.
Reste sur place, au sein du tohu-bohu indien parvenant dau travers
les persiennes, Cornelia (Hélène Cinque) la collaboratrice
dévorée dinquiétude, oscillant entre la soupape
des toilettes et le refuge du lit ne cessant de produire une panoplie de
cauchemars sur son esprit désemparé.
Gandhi, Tchekhov, Shakespeare et Cie
seront successivement
convoqués à la rescousse au gré dun imaginaire
en souffrance partagé avec des collaborateurs nen menant pas
large quant à la maîtrise dun Titanic théâtral
cherchant désespérément son cap transcendant.
Mais que diable Ariane serait-elle allée faire dans cette galère,
alors même que les doutes lavaient assaillie avant que de
senvoler pour Pondichéry ?
En effet, pourquoi partir si loin, en emmenant lintégralité
de léquipe du Théâtre du Soleil, réfléchir
sur létat de la Planète en péril alors même
quune guerre civilisationnelle éclatait en Europe ?
La réponse ad hoc nallait pas tarder à supplanter
les hésitations existentielles fallacieuses; en effet, il
apparaîtrait avec évidence que léloignement et
la prise de distance idéologique seraient salvateurs en milieu
culturellement différencié pour appréhender la déroute
du « vivre ensemble » sous miroir de créativité
devant transgresser les forces du mal.
En contre-plan, le patrimoine indien opposerait sa constante vivacité
en affichant les vertus de son théâtre populaire symbolisé
ici par Le Theru Koothu reprenant de façon préférentielle
les grandes pages du Mahabharata.
Pour relever le challenge de lauscultation dune
société humaine en perdition se mutant en sa représentation
scénographique décalée par le geste théâtral,
il suffirait den écrire le script au fur et à mesure
des répétitions, dabord en Inde et ensuite de retour
à La Cartoucherie, avec comme arme nucléaire ou atout prioritaire
celui du rire défensif, explosif et surtout délibérément
moqueur.
Oui, Ariane Mnouchkine en harmonie avec Hélène Cixous a
ainsi écrit sa première Comédie que la Troupe du Soleil
lui a inspirée au fur et à mesure de lélaboration
plus ou moins chaotique dun projet à dimension globalisante
tel le couronnement dune uvre.
Alors bien entendu, lensemble des conflits actuels du Moyen-Orient
y ont pris place prépondérante mais au lieu de les évoquer
de manière géopolitique et donc psychodramatique, cest
par le prisme de loutrance déguisée en bon droit que
sy retourne labsurdité idéologique de protagonistes
zélés, déclenchant par ricochet le rire de
labsurdité ainsi dialectiquement démontrée et
démontée en coupe réglée
une fois pour
toutes.
Alors, comme si Ariane feignait que le Théâtre n'eût
aucune limite poétique pour parvenir à redresser les torts
de cette humanité à la dérive, cest par
lévocation chaplinesque dun dictateur de pacotilles reconverti
en ange islamique que pourra se conclure provisoirement le discours
métaphorique des bonnes intentions universelles à
légard des droits de lhomme et pourquoi pas, en aparté,
ceux de la culture.
Soyons convaincus avec elle !
Cest tout bénéfice
pour lexcellence du spectacle vivant.
Theothea le 08/12/16
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POUR UN OUI POUR UN NON
de Nathalie
Sarraute
mise en scène
Léonie Simaga
avec Nicolas
Briançon, Nicolas Vaude & Roxana Carrara
|
****
Théâtre de Poche Montparnasse
Tel 01 45
44 50 21
|
Léonie Sinaga ayant déjà eu lopportunité
de monter à la Comédie Française, en 2007, cette pièce
de Nathalie Sarraute initialement radiophonique et créée vingt
ans plutôt au Rond-Point par Simone Benmussa avec Sami Frey &
Jean-François Balmer qui pratiquaient alors lalternance des
deux rôles, a décidé aujourdhui den modifier
quelque peu sa perspective théâtrale, forte de la liberté
dinterprétation scénographique laissée par
lauteur nayant recommandé aucune didascalie ou autre consigne
scénique.
Si donc, à lépoque, sa mise en scène
sétait appuyée sur la dualité entre incarnation
et dépersonnalisation induisant une abstraction du vécu
relationnel, il sagirait cette fois de pousser jusque dans ses
retranchements la notion damitié :
Est-ce que la radicalité des mots prononcés suffirait à
annihiler le temps dune illusion partagée à deux ?
Est-ce quau contraire, ce sentiment résisterait dune
manière indissoluble quels que soient les coups de boutoir du langage
tentant den neutraliser le lien fondamental ?
En toile de fond, serait mise en exergue la problématique de la
réussite ou du ratage de toute vie, des instruments de son
évaluation et, en définitive, de sa relativité manifeste
eu égard à la subjectivité des considérations
et autres points de vue.
Sur la scène intimiste du Poche Montparnasse en un décor
dune sobriété toute virginale où seuls deux cubes
viennent esquisser la trame dun parcours vindicatif accompagné
de ses éventuelles étapes, pauses ou renversements de situation,
un duo de comédiens amis de longue date, se livre ainsi à
lauscultation du public observant, une heure durant, deux personnages
dapparences contrastées, lun sûr de lui droit dans
ses bottes et ses convictions, lautre torturé par le monde
extérieur tout autant que par ses démons intérieurs.
Lorsque lon se rappelle que Nathalie Sarraute concevait quil
pouvait sagir des deux facettes de la même personne vivant ainsi
lessence de la contradiction, il apparait que les deux Nicolas, Vaude
& Briançon trouvent, en ce prisme artistique, un exutoire idéal
à leur véritable amitié professionnelle tout en donnant
matière à réflexion et admiration à tous ceux
qui apprécient leur complémentarité et, le cas
échéant, peuvent y projeter leur propre imaginaire.
Au fur et à mesure dune dialectique de reproches changeant
peu à peu de camp jusquà front renversé, ce sera
en quelque sorte le rôle de F. (Roxana Carrara) que de savoir susciter
et fédérer lappréciation des témoins assistant
à cette joute verbale masculine livrée sous huis clos et temps
réel, en trouvant son énergie indicible et inépuisable
autour de lintonation hypersensible rendue à jamais
célèbre et sans cesse réinterprétée :
« Cest bien
. çà ! »
Theothea le 24/11/16
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MOI, MOI & FRANCOIS
B.
de Clément Gayet
mise en scène
Stéphane Hillel
avec
François BERLÉAND,
Sébastien CASTRO, Constance DOLLÉ, Inès VALARCHER &
Clément GAYET
|
****
Théâtre Montparnasse
Tel
01.43.22.77.74
|
Quand un auteur, non seulement délègue son alter ego durant
deux actes pour persuader un célèbre acteur du bien-fondé
de jouer sa pièce
en le poursuivant jusque sur scène
alors que celui-ci devrait au même moment interpréter Dom Juan
mais que, de surcroît, en lieu et place dun troisième
acte avorté, le dramaturge intervient lui-même personnellement
au domicile du fameux comédien pour tenter, avec son manuscrit en
main, de finaliser le contrat dans un tête-à-tête sans
intermédiaire, il est fort probable que Clément Gayet, inconnu
jusque-là du grand public, trouve en François Berléand
son véritable mentor
à charge de renvoi
dascenseur.
Il faut dire que la renommée actuelle de la star "Berléand"
est, à ses propres yeux, une sorte de miracle dont ce dernier
sébaubit à chaque instant car, sétant jadis
conçu « fils de lhomme invisible », il a passé
la première partie de sa vie dartiste à lutter contre
une schizophrénie existentielle le rendant transparent à
lui-même et aux autres.
Aussi, cest par une métaphorique revanche contre la
destinée que, dans la vraie vie, lacteur soixantenaire donna
son accord enthousiaste au scénario de Clément Gayet après
que celui-ci eut transformé sa lettre daccompagnement dune
première uvre avortée, en véritable dramaturgie
surréaliste & iconoclaste
tellement proche de limaginaire
de François !
Et voilà donc, quelques années plus tard, Stéphane
Hillel en situation de mettre en musique cette quête à, au moins,
double entrée où lauteur novice va rechercher la
reconnaissance immédiate du public via lhyper sensibilisation
du comédien « bancable » en prise avec son propre
kaléidoscope identitaire que celui-ci pense pouvoir unifier en le
faisant d'abord imploser.
Donc, Moi & François B. vont se retrouver en huis clos durant
les deux premiers tiers de la représentation, en une sorte de manipulation
mentale où Vincent (Sébastien Castro), le sosie de lauteur
se coltine avec François le double de Berléand, tous deux
aspirés dans une fiction imaginaire dont les ficelles seraient
tirées par un démiurge mal identifié mais non sans les
avoir accompagnés, pour faire diversion, de Cézanne (Inès
Valarcher) létrange fée contorsionniste ainsi que de
Cécile (Constance Dollé) « la moitié féminine
» de François quelque peu récalcitrante.
Viendra donc, en phase finale, le temps du de(briefing) où la
séance de séduction, organisée par Clément
lauteur, afin de convaincre François lacteur, de
simpliquer dans son uvre, servira tout à la fois de
réminiscence au spectateur ayant préalablement assisté
à cette négociation contrainte et forcément
problématique ainsi que de présentation au projet
théâtral où le vrai François Berléand,
lui, serait programmé pour jouer prochainement avec son épouse,
mais sans son approbation formelle, afin de faire triompher lauteur
inconnu qui, grâce à cette méthode « marketing »,
plébisciterait laudience du grand public
à moins
que, coup de théâtre imprévu, ce soient en définitive
Nathalie Baye et Pierre Arditi qui coiffent, sur le poteau, les deux
interprètes initialement choisis
Theothea le 16/11/16
|
JACQUES DANIEL
de & mise en scène
Laurent Baffie
avec Claude
Brasseur, Nicole Calfan & Daniel Russo |
****
Théâtre de La Madeleine
Tel 01 42 65 07 09
|
En mettant à laffiche le classieux trio
« Brasseur-Calfan-Russo », le théâtre La
Madeleine attire lintérêt immédiat du public.
Comédie écrite, et donc dédiée à
lintention des trois comédiens ci-nommés, avec
« mise en bouteille et distillation » confiées
également à lauteur fort de ses succès au
Palais-Royal, laccroche est plutôt souriante, à ceci
près quil sagit pour Laurent Baffie dune première
incursion dans la dramaturgie psychosociale.
Disons-le tout de suite, sa mise en scène respirant la soûlerie
progressive quil organise à la manière effrénée
dun jeu de chaises musicales autour des fauteuils dun bar à
whisky ainsi que dun juxe-box de collection, relativise, de fait, le
risque de prise de tête intello.
Ne lâchant pas complètement les amarres de
« lentertainment », sa réalisation ne peut
sempêcher de flirter gentiment, à certains moments, avec
une interactivité latente à légard des premiers
rangs de lorchestre, de façon à maintenir la complicité
ou la complaisance du public, atouts et savoir-faire qui,
précédemment, ont plutôt bien réussi au
« spectacle vivant » de Laurent Baffie.
Ceci dit, la thématique de la pièce sappuie
nécessairement sur dautres ressorts scénographiques dont
linterprétation existentielle des trois acteurs chevronnés
tire brillamment lépingle dun jeu se situant à
mi-chemin entre la forfanterie et la dépression, façon psychose
maniaco-dépressive partagée à deux en temps réel
et en présence d'une barmaid garantissant diplomatiquement, tout à
la fois, la libre expression et larbitrage.
En effet, comme dans un dédoublement opportun, Jacques et Daniel
se retrouvent en face à face, avec un sac de nuds affectifs,
complètement chamboulés à la suite dune
désertion conjugale dont lun et lautre nont plus
aucun contrôle à disposition.
Sabreuver sans retenue de whisky, en poussant la performance aux
limites de la rupture, leur permet, chacun avec sa personnalité,
déprouver physiologiquement cet abandon et cette incapacité
à rebondir par eux-mêmes.
Sur le juxe-box, se succèdent les amorces de tubes expressionnistes
du « mal de vivre » au point de rendre insupportable
le « copier-coller » avec leur propre vécu.
A linstar dun ping-pong verbal où quand lun tente
de bluffer, lautre sombre proche des larmes et que, dans un jeu de
rôles inversés, la velléité et le lâcher
prise changent de camp linstant suivant, il devient manifeste quun
ou deux coups de théâtre seraient volontiers bienvenus pour
enrayer leffet Titanic
« Non Jeff, tes pas tout seul
ce nest plus
un trottoir, cela devient un cinéma
».
Cette chanson de Jacques Brel ne fait pas partie de la play-list
proposée par Laurent Baffie mais pourrait fort bien illustrer cette
solidarité amicale masculine partageant jusquà la lie
limpression momentanée de dépossession psychique inhibant
toute réflexion constructive et cédant même aux sirènes
de lautodestruction.
Bref, lenjeu du psychodrame initié par le
« nouveau » Baffie est de taille
« ambitieuse » mais, que lon ne se méprenne
pas, le bougre a toujours plus dun tour dans son sac à malices
et cest, avant tout, pour le plaisir de voir réunis Claude Brasseur,
Nicole Calfan et Daniel Russo que cet opus a été imaginé,
conçu et réalisé et cest aussi, dans cette
perspective, que les spectateurs doivent assumer cette même envie tellement
agréable et si bien partagée.
Theothea le 23/11/16
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LA LOUVE
de
& mise en scène Daniel
COLAS
avec
Béatrice AGENIN,
Gaël GIRAUDEAU, Coralie AUDRET, Maud BAECKER, Yvan GAROUEL, Adrien MELIN
et Patrick RAYNAL |
****
Théâtre La Bruyère
Tel 01 48
74 76 99
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