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LES CHORISTES
de
& mise en scène Christophe
Barratier
avec Patrick Zard', Jean-Louis
Barcelona, Victor Le Blond, Jean-Pierre Clami, Aude Candela, Michel Pilorgé
et les choristes de la Maîtrise des Hauts-de-Seine
|
****
Les Folies Bergère
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© CYRIL MOREAU / BESTIMAGES
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En prolongeant, treize années plus tard, son propre film
« Les Choristes », à laffiche dès
2004 selon une inspiration de « La Cage aux rossignols »
réalisée en 1945, et donc en le transcendant aujourdhui
par un spectacle musical vivant, Christophe Barratier a acquis
létrange impression de remonter aux origines de son projet
artistique davantage que den faire, en aval, uvre de
diversification.
La sobriété ingénieuse du décor, partiellement
rotatif, conçu par Stéphanie Jarre invite, en passant du dehors
au-dedans, de la cour décole à la salle de classe, à
une dialectique actualisée entre Pédagogie et Institution où
les forces de la « contrainte subie » se disputent avec
celles de la « réalisation de soi » comme si le
match anciens-modernes pouvait y trouver son exutoire symbolique en la
nécessaire mue de lenfant juste avant que celui-ci ne devienne
majeur.
Ayant demandé à Bruno Coulais de composer six nouvelles
chansons sajoutant aux meilleures préexistantes pour complèter
limpact choral accompagnant du début à la fin du spectacle
lencadrement adulte face à lunivers de lenfance
incarnée ici par le relais en trois groupes de 15 enfants (3/4
garçons & 1/4 filles) issus de la Maîtrise des Hauts-de-Seine,
le metteur en scène a souhaité faire de cette création
scénique le socle référentiel des choristes dont le
film ne pourrait savérer être, a posteriori, que la bande
annonce ès qualité.
La gageure de taille était quil fallait notamment faire oublier
que Gérard Jugnot, François Berléand et surtout la voix
dor de Jean-Baptiste Maunier en têtes daffiche de la
mémoire cinématographique collective, puissent seffacer
naturellement au profit de lenjeu du récit conté
désormais telle une fable musicale universelle et intemporelle.
Ainsi, par exemple, Jean-Louis Barcelona interprétant le professeur
de musique Clément Mathieu engagé comme simple
« pion » à linternat provincial du
Fond-de-létang ou Patrick Zard endossant le costume
autoritariste de Rachin son directeur initiateur de la méthode
« Action - Réaction », ont-ils pour mission
dédiée de composer les archétypes de ces fonctions tel
que limaginaire de chaque spectateur aurait pu les concevoir dans son
intuition psychologique et sa perception sociétale.
Aussi, dans un jeu de rôles reconstitué comme une partition
de musique où lensemble de ces représentants disciplinaires
soutiendraient, chacun à sa façon, les voix des
« chérubins », la scénographie
modélisée façon « Music-hall »
sarticule en une succession de tableaux où les pulsions de vie
rencontrent celles du mal et cest donc au cur de cet éternel
combat existentiel, à connotation métaphorique, que chaque
spectateur est immergé dans lécoute miraculeuse de fameux
« leitmotivs », à linstar de « Vois
sur ton chemin » ou « Caresse sur
locéan », que tout le monde a dans loreille
et doù, par instants suspendus, sélève magique
le timbre dun jeune soliste prodige au sein des Folies Bergère
alors que, par alternance programmée chaque soir, dautres voix
dange sont dores et déjà prêtes afin
dassumer ce formidable privilège à leur tour.
Theothea le 13/03/17
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SCENES DE LA VIE
CONJUGALE
de Ingmar
Bergman
mise
en scène Safy Nebbou
avec Raphaël Personnaz & Laetitia
Casta |
****
Théâtre de L'Oeuvre
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Le Tout-Paris se presse au Théâtre de Luvre pour
approcher le couple de scène emblématique, par valeur ajoutée
à la modernité branchée, sans pour autant évaluer
que le retour du miroir ne sera pas nécessairement flatteur à
la conception ambitieuse attribuée consensuellement à
lAmour.
Lenjeu est pourtant clair, simple et quasiment trivial : Le long
fleuve tranquille sur lequel évoluent Marianne et Johan mariés
pour le « meilleur » depuis dix ans ne serait-il pas
quun jeu de dupes pour lequel ceux-là auraient souscrit une
assurance de bonheur éternel sans jamais avoir eu connaissance du
mode demploi, pourtant élaboré dorigine en parité
avec le « pire » ?
La problématique dIngmar Bergmann pouvant ainsi être
posée sous une telle perspective, la réalisation de Safy Nebbou
se devait de réduire de moitié les presque trois heures du
film originel (issu lui-même de cinq heures de série
télévisée) en adaptant, pour la scène et avec
Jacques Fieschi, les six temporalités successives parcourant vingt
années dune relation conjugale sans doute malmenée par
la destinée mais, en définitive, plutôt en phase affective
avec ces jeunes gens pris dans les filets contradictoires de leurs sentiments
et ressentiments amoureux.
En effet, se conviant mutuellement au jeu de la vérité au
bout de dix années de vie commune avec à la clef, deux enfants,
il apparaissait, selon une évidence certaine, quune sensation
de frustration sétait installée à leur insu sans
que Marianne et Johan en connaissent la vraie nature mais surtout sans que
les deux parviennent à se mettre daccord sur le diagnostic et,
bien entendu, encore moins sur le remède à y apporter.
Cest donc une profonde introspection qui débute ainsi en
se différenciant demblée sur la description du mal
engendré car si Johan perçoit rapidement que son ressenti de
liberté est indubitablement altéré, Marianne ressent
davantage un « mal-être » diffus lié au
déficit de leur communication relationnelle.
Ce porte-à-faux initial va, par la suite, engendrer toutes les
maladresses, les erreurs et les reproches réciproques à venir.
La lente descente aux enfers parsemée de sursauts en joie partagée
voire en actes libidinaux salvateurs seffectuera au rythme de
linconscient se révélant à lui-même au travers
dune démarche analytique nécessitant un réel transfert
depuis lentité du couple vers lextérieur.
Dans quel état se retrouveront-ils au terme de ces expériences
parallèles ? Lincandescence de leurs retrouvailles les
poussera-t-elle paradoxalement au paroxysme de leur
« haine » étouffée ?
Laetitia Casta et Raphaël Personnaz assument avec une détermination
convaincante ce qui pourrait constituer les jalons du chemin à venir
mais surtout mettent un point dhonneur à maintenir
lauthenticité de cette remise en question existentielle à
deux, cest-à-dire de manière universelle et
intemporelle.
Une magnifique interprétation de la part dune comédienne
et de son partenaire, tous deux parvenus au point de pertinence le plus
fiable
à apprécier à sa haute et juste valeur.
Theothea le 17/03/17
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SILENCE, ON TOURNE !
de
Patrick HAUDECOEUR et Gérald
SIBLEYRAS
mise en scène
Patrick HAUDECOEUR.
avec
Isabelle SPADE, Philippe UCHAN,
Patrick HAUDECOEUR, Nassima BENCHICOU, Jean-Pierre MALIGNON, Stéphane
ROUX, Véronique BARRAULT, Adina CARTIANU, Gino LAZZERINI & Patricia
GREGOIRE. |
****
Théâtre
Fontaine
|
« Coupez ! Cest la bonne ! » pourrait assurément
répondre lécho une heure quarante plus tard, mais entre
temps que dhilarités et de fous rires au "Fontaine" à
tel point de se dire que Patrick Haudecoeur fait, sans doute, le plus beau
métier du monde à conduire ainsi chaque soir sa troupe et son
public jusquaux confins de la farce se mettant en vrille telle une
toupie heureuse de se tourner elle-même en dérision.
En effet, Patrick ne se donne guère le beau rôle en «
assistant de plateau » devant subir successivement les desiderata voire
les diktats du producteur, du metteur en scène, de la vedette
féminine, de la maquilleuse, de la régisseuse, du second rôle
imbu de lui-même
en assumant les imprévus et autres failles
du tournage ainsi que, le cas échéant, en payant de sa personne
par des risques inconsidérés lentraînant à
des cascades dont, par tradition, le cinématographe raffole mais qui
présuppose une qualification quil navait pas eu,
jusquici, lopportunité dacquérir.
Et pourtant des talents, cest sûr quil en a à
revendre, le bougre !
Auteur, adaptateur, metteur en scène, acteur et même ici
musicien, Patrick Haudecoeur mène les spectateurs où il veut
depuis plus de vingt ans avec, à la clef, de nombreux prix consacrant
la légitimité de son engagement dans la joie prodiguée
à ses contemporains.
Pour notre part, nous découvrions son écriture et sa bonne
humeur communicative dans « Frou Frou Les Bains » au
Théâtre Daunou où il jouait un garçon
dhôtel de cure que nous qualifions à lépoque
de « véritable Arlequin de la maladresse bienveillante »
aboutissant au Molière 2002 du spectacle musical.
Puis ce fut « La Valse des Pingouins » assurant notamment le
Molière 2007 de la « révélation théâtrale
» à Sarah Giraudeau.
Ensuite, la reprise au Fontaine de « Thé à la menthe
ou tes citron » mena ce spectacle déjà culte
jusquau Molière 2011 de la Comédie.
Et donc maintenant « Silence ! » mais surtout « chapeau
bas » car ce que réserve Patrick Haudecoeur aux spectateurs est
un véritable régal de la première seconde où
ceux-ci entrent dans la salle rutilante du "Fontaine" accompagnés
par une formation jazzy jusquaux dernières notes loufoques des
saluts autour de cette invraisemblable équipe de cinéma venue
tourner dans un Théâtre le plan séquence dun meurtre
vaudevillesque de lamant par le mari, bien encadré, comme il
se doit, par une escouade technique et artistique de rôles
stéréotypés à ravir.
Bien sûr, selon la règle du genre, le milieu du cinéma
en prend largement pour son grade mais cest bel et bien lauteur,
Patrick Haudecoeur, qui endossera la multifonction de souffre-douleur consentant
et caractérisant parfaitement lhumilité qui,
systématiquement, se retrouve à toutes les étapes de
sa démarche créatrice et généreuse.
Autour de lui, gravitent certaines de ses comparses, comme Isabelle Spade
ou Véronique Barrault, bien habituées à jouer de cette
cocasserie spécifique à sa troupe
étendue cette
fois-ci à tous les spectateurs faisant, de fait, office de figurants
à cet invraisemblable tournage en temps réel.
Gageons quà nouveau Les Molières pourraient être
conviés lors dun prochain rendez-vous avec ce désopilant
« Cinéma dauteur » plébiscité
demblée sans réserve par le public.
Theothea le 24/03/17
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LA PASSATION
de
Christophe Mory
mise
en scène Alain Sachs
avec Pierre Santini & Eric
Laugérias |
****
Théâtre Les feux
de la rampe
|
Sacré quatuor réuni pour la circonstance récurrente
du désormais quinquennat républicain transposé
allégrement sur les planches des Feux de la Rampe et constituant,
de facto, un duo de personnalités, ô combien en prise avec
lactualité du suffrage universel !
Voici donc le magistral Pierre Santini, Président sortant sur le
point de transmettre sa charge institutionnelle au génial et
néanmoins respectable trublion Eric Laugérias, nouveau
Président élu en un mois de mai forcément prometteur,
sous la houlette scrutatrice et sarcastique dAlain Sachs se mettant
au service dun auteur Christophe Mory, tellement passionné de
Théâtre que celui-ci a osé, dans la vraie vie, miser
lensemble de son patrimoine sur une librairie dédiée
!
Bref, ces « quatre professionnels » sont suffisamment
« allumés » par la cause du spectacle vivant pour
prétendre nous fasciner avec celle de la politique dautant plus
quand celle-ci est sur le point de révéler le contenu de ces
instants fantasmés où le « code
nucléaire » serait transmis dun ex-président
à lautre, sans que personne nait jamais pu en observer
le relais et ainsi en témoigner de visu.
Au sein du salon dapparats Élyséen faisant office
de bureau présidentiel et selon plusieurs rounds successifs dont un,
bien entendu, dobservation, les deux grands
« animaux » de LÉtat se toisent, se jaugent,
sévaluent à coups de petites phrases incisives, insidieuses,
assassines comme si ce temps suspendu entre deux
« règnes républicains » nétait
que le sprint final entre deux orgueils tellement incommensurables quil
leur faudrait, de surcroît, jouer la revanche cinq ans plus tard, toujours
aussi assoiffés davoir le dernier « bon »
mot imparable face à ladversaire politique
jamais
terrassé.
Et pourtant entre ces deux-là, comme partout dans le monde
démocratique, se profile le devenir de millions de citoyens leur confiant
un avenir incertain mais toujours plein de promesses quil leur faudra
globalement décevoir avec le cynisme chevillé au costume de
la fonction.
Aussi, entre la complicité de bon aloi de ceux qui connaissent
et éprouvent la nature essentiellement symbolique de la Fonction
suprême et, par ailleurs, la rivalité instinctive qui sempare
de cette émulation transitoire les dominant à leur insu mais
à parts égales, ce cycle dune double alternance entre
deux hommes ayant atteint la suprématie du Pouvoir est en soi un moment
de vie humaine, terriblement humaine car tellement compréhensible
de tous puisquà la portée, en définitive, de chaque
ambition
pourvu quelle soit simplement démesurée
!
Theothea le 15/03/17
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HONNEUR A NOTRE ELUE
de
MARIE NDIAYE
mise en scène
FRÉDÉRIC
BÉLIER-GARCIA
avec
ISABELLE CARRÉ, PATRICK CHESNAIS,
JEAN-CHARLES CLICHET, CLAIRE COCHEZ, ROMAIN COTTARD, JAN HAMMENECKER, JEAN-PAUL
MUEL, CHANTAL NEUWIRTH, AGNÈS PONTIER & CHRISTELLE
TUAL |
****
Théâtre du Rond-Point
|
|
© Giovanni Cittadini Cesi
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Alors que la pièce de Marie Ndiaye finissait sa tournée
de création, trois jours avant le premier tour de lélection
présidentielle française 2017, place serait faite désormais
au scrutin grandeur nature
bien quau-delà de la fiction
théâtrale, un doute systémique pouvait subsister !
En effet, la dramaturge ayant placé délibérément
son anti-héroïne sur un piédestal fantasmagorique,
« Notre élue » était censée y incarner
la probité et lhonnêteté à elle seule sur
son nom, après avoir pleinement comblé, au terme de son mandat,
les attentes des électeurs prêts à la reconduire à
son poste de maire dans leur petit village du bord de mer.
Cependant, il était tout aussi légitime que lopposition
se manifeste avec persuasion, de façon à faire oublier sa
défaite précédente et puisse ainsi, à son tour,
faire les preuves de son efficacité politique.Voici donc Isabelle
Carré en confrontation directe avec Patrick Chesnais dans un jeu de
rôles où lirrationnel pourrait prendre sa pleine
démesure.
Lopposant, conscient néanmoins de la haute valeur de
lélue et de ses compétences reconnues, il lui faudrait,
pour atteindre lobjectif de sa propre victoire convoitée, la
survenance dun énorme « coup fourré »
opposable à son adversaire pouvant ainsi remettre fondamentalement
sa droiture en question au regard du concitoyen.
Cest alors que, comme par sortilège ou coup surnaturel du
destin, se présente au domicile familial de lélue, un
couple de « petits vieux » (Chantal Neuwirth & Jean-Paul
Muel) prétendant être ses parents, jadis abandonnés par
leur fille ingrate, initiant ainsi un cycle de diffamation publique qui,
par la suite, ne cesserait de croître, alors même que, très
discrète sur son passé, lélue avait
jusquà présent toujours affirmé que son père
et sa mère nétaient plus en vie.
Pour accroître le sentiment détrangeté et de
malaise généralisé parvenant à gangrener la
quiétude de ses enfants et de son mari, sa réponse totalement
inattendue offerte à ce harcèlement intrusif sera pourtant
daccueillir ce couple, de lhéberger et de le prendre
totalement en charge.
La seule et unique raison invoquée par Madame la Maire, encore
en titre, à son hospitalité sans réserve sera
lengagement de son intégrité reconnue par le bon sens
commun ainsi que sa croyance en la puissance irréversible dune
justice immanente.
Ne voulant donc point, par fierté et orgueil, engager des
polémiques en répondant à une vilénie par la
dénégation, tout en sabaissant ainsi au niveau
« petitesse » de ses détracteurs, la candidate
à sa propre réélection préfère a contrario
leur ouvrir grande la porte de son cur, espérant ainsi la
rédemption et un juste retour des choses.
Bien entendu, comme il se doit, lélue ne sera pas reconduite
par les électeurs, fortement troublés par limpact de
ce soi-disant « retour du refoulé » parental pendant
que lopposant quoique confus, lui, savourera son triomphe dans une
compassion fort opportunément affichée.
Point dintention moraliste à ce conte cruel conceptualisé
par Marie Ndiaye et mis en scène au Rond-Point avec scénographie
hautement technologique par Frédéric Bélier-Garcia,
avec à la clef deux nominations aux Molières 2017 (auteur
francophone & comédienne Théâtre public), mais toutefois
une problématique subsiste avec persistance :
Pourquoi donc, en certaines conjonctures, lêtre humain est-il
capable daccompagner les forces autodestructrices dans leur uvre
de sape et, ainsi de manière quasi inhibée, regarder
médusé seffacer sa propre destinée sous ses pieds
?
Mais pourquoi aussi, en loccurrence, alors que durant son
précédent mandat de maire, lélue a dû affronter
de nombreuses luttes démocratiques et, sans doute, souvent les gagner
en affichant avec vigueur sa conviction et sa détermination, pourquoi
donc soudain ne pas être en mesure de se défendre, avec aplomb,
face à une « apparente » calomnie privée
?
Lhonnêteté et la probité, par excellence,
auraient-elles une face cachée où résiderait un démon
encore plus fort que lambition humaine la plus idéalisée
?
Theothea le 18/04/17
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