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TIMON D'ATHENES
de
William Shakespeare
mise en scène
Cyril le Grix
avec
Patrick Catalifo, Philippe Catoire,
Thibaut Corrion, Thomas Dewynter, René Hernandez, Maud Imbert,
Jérôme Keen, Alexandre Mousset, Carole Schaal Et avec la
participation artistique du studio dAsnières Musiciens
Karim Touré, Florent Hinschberger & Jon Lopez De Vicuna
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****
Théâtre de La
Tempête
|
Timon d'Athènes, pièce méconnue et peu jouée
de Shakespeare, bien qu'elle ait été choisie par Peter Brook
pour inaugurer les Bouffes du Nord, en 1975, dans cette même traduction
de Jean-Claude Carrière, est nominée aux Molières 2017
dans la catégorie "meilleur Comédien" du Théâtre
public pour Patrick Catalifo.
Cette pièce s'est jouée pendant un mois au Théâtre
de la Tempête sous la direction de Cyril Le Grix qui, en fait,
l'a créée en 2007 et l'accompagne donc depuis dix ans.
Le texte qui offre une puissante réflexion sur la cupidité
et les bassesses humaines est porté par une mise en scène moderne
et musicale dont le ton est donné d'entrée de jeu. Accompagné
par un orchestre live de cuivres et percussions, installé côté
jardin qui impulsera toutes les scènes, un comédien à
l'allure de rockeur, vêtu de cuir, va interpeller le public devant
un micro, seul en bord de scène.
Arriveront d'autres comédiens en costume contemporain et chaussures
vernies. Le décalage entre le niveau de langue du texte et les tenues
vestimentaires est donc un parti pris qui peut dérouter au premier
abord mais ce choix illustre magistralement les propos sur la corruption
qui gangrène la cité à l'époque Elisabéthaine
et qui se révèleraient d'une fracassante actualité.
Toute une ribambelle de courtisans tournent autour de la figure centrale
de Timon, riche athénien altruiste. Désintéressé,
il prodigue largement sans compter et dilapide sa fortune en offrant festins
et cadeaux. Toute la première partie est une démonstration
de la puissance bienfaitrice de Timon, matérialisée par la
verticalité des hauts panneaux noirs de son palais dans lesquels se
réfléchissent la cupidité et la convoitise des notables
flatteurs interprétés par une quinzaine de comédiens
qui ne partagent pas tous le même code de jeu, entre ceux qui jouent
façon "théâtre antique" et les autres qui jouent façon
"télévisuelle" avec quelques passages dansés sans
grâce.
La vie de Timon va s'effondrer lorsque, ruiné, personne ne lui
tendra la main. Dans cette deuxième partie, en passant de la
verticalité à l'horizontalité, l'homme royal, debout,
a chuté et va se traîner physiquement hors de la carcasse d'un
bateau. Il sera désormais résolument seul, toujours à
même le sol, se déplaçant en rampant. On le sent verser
dans la folie et se fondre dans une haine sans retour, misanthrope retiré
du monde, ne se nourrissant plus que de racines, résolu à ne
plus accorder sa confiance à personne.
Patrick Catalifo, un peu nonchalant dans son rôle de prince souverain
et un peu perdu au milieu d'un essaim d'envieux prend de l'ampleur quand
il devient cet ermite aux yeux exorbités, à la chevelure hirsute,
vêtu de loques, à la voix rauque, hurlante, tel un loup aux
abois.
Cyril le Grix a construit toute sa mise en scène sur le personnage
principal de Timon. Son interprète en souligne les nuances et les
changements de postures, de lhomme débonnaire au type replié
sur lui-même, blessé par l'attitude des hommes. Il donne des
fulgurances à ce spectacle quelque peu imparfait dû au traitement
inégal accordé à certains personnages.
Cette pièce se révèle parfois en demi-teinte et cependant
pleine d'une énergie directe dont quelques images puissantes sont
sublimées par la lumière et la musique originale d'un beau
trio qui cadence l'épopée flamboyante puis solitaire de Timon
d'Athènes.
Cats / Theothea.com le 12/05/17
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INTRA MUROS
de & mise en scène
Alexis Michalix
avec
Jeanne Arenes, Bernard Blancan,
Alice De Lencquesaing, Paul Jeanson, Faycal Safi et le musicien Raphaël
Charpentier |
****
Théâtre 13 / jardin
|
Moins de dix années plus tôt, triomphait au Festival de Cannes
le film « Entre les murs » qui, mis en scène par
Laurent Cantet daprès le roman de François Bégaudeau,
obtenait la Palme dOr 2008. La transgression des relations maître
- élèves y impliquait louverture symbolique vers une
pédagogie « hors les murs », ceux en
loccurrence du carcan des idéologies
tout en suscitant
par ricochets des polémiques.
En intitulant aujourdhui sa nouvelle création
théâtrale selon létymologie latine de cette même
expression, Alexis Michalik devait sans doute obéir à la même
intuition dimplosion mentale, sauf quen appliquant
« Intra Muros » aux murs bétonnés dune
Maison centrale, il lui était impérieux de différencier
implicitement « évasion de limaginaire »
et « transgression de lautorité ».
A la lecture des « critiques » parues depuis près
dun mois après la première ayant inauguré la
rénovation du Théâtre Treize
« jardin » flambant neuf à lidentique mais
désormais ouvert sur la ville, le plébiscite du jeune auteur
à succès publics déjà répétés
par trois fois, « Le Porteur dHistoire »
créé au Théâtre 13, « Le Cercle des
illusionnistes » à La Pépinière et, au
Palais-Royal, « Edmond » nominé par 7 fois
aux Molières 2017, nest entaché par aucune controverse
ou autre désaccord tant sa méthode de mise en scène
est comprise par tous comme un entrecroisement de récits subjectifs
se construisant de façon complexe en une entité fictionnelle
évolutive mais « sublimant », par échos, la
réalité temporelle.
Alexis Michalik fait ainsi délibérément uvre
de divertissement scénographique voire cinématographique, enrichi
de sources multiples qui sintriquent par associations en temps réel
dans limagination de chaque spectateur selon une pléiade de
rôles à facettes prismatiques se renvoyant ombre et
lumière.
Présentement, la « Maison centrale » y est
effectivement posée comme lieu denfermement par essence.
Ce principe établi à linstar des moments de stages
théâtraux eux-mêmes parenthèses dans ce quotidien
carcéral permanent et contingent, il est alors possible ou non de
faire surgir la parole, toutes les paroles et, par conséquent, rien
que le verbe suivi de sa gestuelle et surtout de son principal vecteur
partagé par tous, la dimension profondément émotionnelle.
(Re)construire des identités bafouées, tel pourrait être
ici le fil conducteur à tout cet enchevêtrement de destinées
connexes auquel nous convie Alexis Michalik, confrontées à
Kevin et Ange, deux « forçats » quasiment
stéréotypés respectivement dans lintroversion
et lextraversion.
Cest le chemin parcouru par étapes contradictoires sous la
bienveillance dun metteur en scène « has
been », dune actrice « ex-épouse »
ainsi que dune assistante
« inexpérimentée », qui fera peu à
peu surgir, dans loralité et ses silences, la mémoire
de ce qui pourrait constituer la conscience de soi et dêtre au
monde.
Il sagit, de fait, dun théâtre équilibriste
où la force des mots qui se toisent et sentrechoquent, forme
le canevas dune humanité en projet existentiel de se retrouver
elle-même
fût-ce, en loccurrence, au fin fond dune
Prison.
Theothea le 04/04/17
|
TROIS
de
&
mise en scène
Mani Soleymanlou
avec
Mani Soleymanlou, Emmanuel Schwartz
et les interprètes québécois et français : Gustave
Akakpo, Jean Alibert, Loïc Bernard-Chabrier, Nil Bosca, Assad Bouab,
Marguerite Bourgoin, Marco Collin, Anissa Daaou, Geoffrey Dahm, Judith Davis,
Emmanuel De Chavigny, Agathe De Raymond-Cahuzac, Noémie Durantou Reilhac,
Jean-Baptiste Foubert, Didier Girauldon, Nina Klinkhamer, Jocelyn Lagarrigue,
Constance Larrieu, Denis Lavalou, Dominique Leclerc, Julien Lewkowicz,
Maïka Louakairim, Jean-Moïse Martin, Matthieu Mintz, David Nguyen,
Karine Pédurand, Néphélie Peingnez, Emmanuel Schwartz,
Samira Sedira, Mani Soleymanlou, Lætitia Somé, Elkahna Talbi,
Kevin Tussidor, Frankie Wallach, Miléna Wendt, Hichem
Yacoubi |
****
TGP
|
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L'ECUME DES JOURS
de Boris
Vian
mise en scène
Sandrine Molaro & Gilles-Vincent
Kapps
avec
Roxanne Bret, Maxime
Boutéraon & Antoine Paulin |
***
Théâtre de La Huchette
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MARIS ET FEMMES
de Woody
Allen
mise
en scène Stéphane
Hillel
avec
FLORENCE PERNEL, Hélène
Médigue, JOSÉ PAUL, MARC FAYET, ASTRID ROOS, EMMANUEL PATRON
& ALKA BALBIR |
****
en tournée
Théâtre Montansier
|
A laffiche du Théâtre de Paris en 2016 avec nomination
aux Molières dans la catégorie "meilleure comédie",
de nombreuses représentations de "Maris et Femmes" se sont poursuivies
en tournée 2017 notamment en région parisienne au
Théâtre Montansier de Versailles ainsi quau Casino
dEnghien. La prochaine résidence est annoncée pour
début mai au Jeu de Paume dAix-en-Provence et Angers devrait
clore ce cycle hexagonal à la mi-juin
Sur une idée d' Hélène Médigue, une des
comédiennes, Christian Siméon (Molière du "meilleur
auteur" en 2007 pour "le Cabaret des hommes perdus") a adapté le
scénario de Woody Allen dont le film éponyme de 1992 a
été le dernier tourné avec sa compagne Mia Farrow et
donc marqué par l'empreinte d'une séparation inévitable.
Il nous y livrait une vision de la vie en couple dont le contenu primait
sur la forme dans un style quasiment documentaire. Comme gagné par
lhystérie de la plupart de ses personnages féminins,
Woody Allen traduisait linstabilité chronique de ces
quadragénaires mal dans leur peau par des mouvements saccadés
de caméra à l'épaule.
Comment montrer au théâtre la déstabilisation d'un
groupe d " intellos-bobos " new-yorkais sûrs de leur statut
professionnel, social, en loccurrence les évolutions sentimentales
de deux paires de personnages en apparence équilibrés, mais
qui vont révéler peu à peu la béance de leurs
failles !
Dans un décor design très épuré de gratte-ciels
en carton-pâte, tout de guingois, qui, grâce à un jeu
de lumières élégantes (Laurent Béal), s'animeront
de couleurs variées indiquant les heures de la journée et
instillant à chaque fois une nouvelle ambiance dans laquelle vont
déambuler les protagonistes, la pièce démarre sur l'annonce
très décontractée de la séparation, par consentement
mutuel, d'un couple ayant vingt de vie commune et assumant le fait qu'il
arrive à son terme à un autre couple d'amis, les meilleurs
du monde, au cours d'une petite soirée sympa.
Coup de tonnerre inattendu et bouleversant pour ces derniers ensemble,
eux, depuis dix-sept ans et qui va déclencher fatalement une remise
en question, le doute se distillant au fur et à mesure dans leur
intimité et leur stabilité apparente. S'ensuit un
chassé-croisé de situations et d'émotions, les deux
duos agissant comme des vases communicants.
Jack (Marc Fayet), décidé à faire du sport, quitte
Sally pour une femme beaucoup plus jeune qu'elle et plutôt "nunuche"
qui croit en l'astrologie, sa dynamique prof d'aérobic (Astrid Roos).
Cynique, cassante, cérébrale, Sally encaisse avec une certaine
désinvolture. C'est la radieuse et renversante Florence Pernel qui
endosse le rôle de cette superwoman au caractère bien trempé,
ayant besoin de contrôler les moindres détails de sa vie. Elle
a besoin de réfléchir sur tout et à n'importe quel moment,
même les plus intimes, ce qui donne des scènes très cocasses
en particulier avec son nouveau prétendant Mickaël
interprété par le très attentionné Emmanuel Patron,
qui se taxe d' être un romantique, tout ce que déteste la
désabusée Sally.
Hélène Médigue, qui interprète son amie est,
elle, une émotive qui essaie de concilier les contraires, dissimulant
derrière une façade d'intellectuelle équilibrée
une fragilité sentimentale qu'elle tente de refouler, attirée
et éblouie par le charme de Mickaël alors qu'elle ne cesse de
réitérer son désir d'enfant avec Gabe, son compagnon.
Dautant que de son côté, Gabe, professeur de
littérature, ne se sent pas prêt à assumer la paternité
et nest pas insensible aux démonstrations dadmiration
d'une jeune étudiante, Rain, pleine de fraîcheur (Alka Balbir).
José Paul, toujours bluffant, rentre en finesse dans l'esprit de Woody
Allen avec sa carapace ironique, sa nonchalance, sa maladresse qui dessinent
en contrechamp la silhouette du cinéaste.
Ces quatre amis et les acolytes qui viennent perturber leur jeu et servent
de catalyseurs nous livrent une partition gaie, truffée d'humour noir,
on se lance des répliques drôles avec vivacité malgré
les interrogations existentielles empreintes de gravité. La mise en
scène rapide, nerveuse et sobre laisse la place aux dialogues souvent
croustillants, débités dans de courtes séquences qui
se déroulent à un rythme soutenu comme si Stéphane Hillel
voulait choper des instants de réalité ou des moments
d'improvisation.
Cette chronique conjugale à la sauce new-yorkaise est souvent caustique
et bien que la séquence d'Halloween semble trop caricaturale et pesante,
avec le revirement "pleurnichard" de Jack implorant Sally de revivre avec
lui, délaissant sa jeunette délurée, le ton savoureux
de Woody Allen est habilement traduit par cette forme de
légèreté frivole caractéristique de l'auteur.
"Maris et femmes" opère un véritable coup de théâtre
avec ce retournement de situation assez savoureux : Jack et Sally qui avaient
annoncé leur séparation imminente finissent par se ressouder,
alors que Judy et Gabe qui renvoyaient une image de solide entente subissent
le cataclysme de la rupture.
Érosion ou tentation passagère ! Usure du quotidien ou aiguillon
du démon de midi ! Poids des non-dits ! Crise de réflexion
des quadras ! tels sont les enjeux de cette pièce fort bien adaptée,
aux personnages attachants, fragilisés par leurs failles et leurs
fêlures.
Cats / Theothea.com le 12/04/17
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