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LA TEMPÊTE
de
mise
en scène
avec
|
****
Théâtre
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indisponible
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FESTEN
de Thomas
Vinterberg & Mogens Rukov
mise
en scène Cyril Teste
avec
Estelle André,
Vincent Berger, Hervé Blanc, Sandy Boizard ou Marion Pellissier, Sophie
Cattani, Bénédicte Guilbert, Mathias Labelle, Danièle
Léon, Xavier Maly, Lou Martin-Fernet, Ludovic Molière, Catherine
Morlot, Anthony Paliotti, Pierre Timaitre, Gérald Weingand et la
participation de Laureline Le Bris-Cep
|
****
Théâtre de l'Odéon
Berthier
|
Quand le Théâtre a rendez-vous avec le Cinéma, cette
rencontre devrait se jouer « gagnant-gagnant » pourvu
que le fond et la forme puissent sy compléter en donnant à
lun et lautre ce supplément de sens dont chacun des deux
Arts serait en attente latente.
Dans cette perspective, il est indéniable que la conception
scénographique de son « Festen » donne, à
Cyril Teste, beaucoup de pertinence à sa réalisation
éminemment sophistiquée qui, non seulement, associe les techniques
respectives du spectacle vivant et de laudiovisuel mais les intrique
au point de les dualiser en temps réel sous une exclusive
entité.
Néanmoins, la véritable problématique est de savoir
si lune et lautre de ces deux disciplines y perdent un peu voire
beaucoup de leur spécificité ou de leurs prérogatives
en sassociant à part entière et réciproque ?
Autant le dire tout de suite, la question restera sans réponse
décisive à lissue de la fascinante représentation
de « Festen » aux Ateliers de lOdéon
Berthier.
Le spectateur est encore sous le choc de ce spectacle à
lesthétique polymorphe auquel tous les sens participent en
contribuant à son atmosphère froide mais impressionniste induite
par une multitude dartifices se conjuguant au naturel complexe.
Mais, dans le même temps, la haute technicité de ce système
global pourrait avoir paradoxalement empiété sur la profondeur
abyssale des sentiments et ressentiments familiaux pourtant soulevés
avec une intensité faramineuse.
En effet vider, au détour dune phrase dun discours
danniversaire célébrant la soixantaine paternelle, le
sac de linceste familial, sans crier gare, plonge brutalement tous
les convives dans un état de sidération à hauteur du
secret bien gardé ou tout au moins à légal de
son silence tacite jusque-là si bien partagé.
Ainsi les deux jumeaux, le frère et la sur, auraient
été les victimes dun père paradoxalement si soucieux
de la réputation de sa dynastie, dans le cadre de cette demeure
prestigieuse de la haute bourgeoisie acquise depuis près de quarante-cinq
ans.
Mais qui plus est, le récent suicide de Linda savère
être la principale pièce à conviction que Christian souhaite
clamer haut et fort afin de pouvoir libérer sa sur, au-delà
de sa vie brisée, des chaînes fantomatiques la rattachant à
ce passé indélébile et fondamentalement coercitif.
Car, bien sûr, le déni était, jusque-là, le
dernier rempart bien ancré au sein du patrimoine mémoriel que
chacun contribuait à maintenir à sa façon avec la
complicité de lépouse et mère au sommet de la
défense maritale protégeant lensemble de la pyramide
généalogique.
Et bien malgré la formulation à voix distincte de ces mots
daccusation radicale, labsence générale de
réaction semble nêtre que la seule manifestation en écho
à cette révélation impossible à admettre.
Il faut dire que, quand la caméra filme en direct et en gros plan
lexpression des visages se sachant ainsi scrutés, cela
ninvite pas forcément à la libération des consciences
même lorsque le virtuel impliqué par la vidéo est ici
au cur de la règle du jeu.
Cest pourquoi la dichotomie peut tranquillement sinstaller
sournoisement entre le texte de Thomas Vinterberg et les adaptations
théâtrale, scénographique, olfactive, culinaire, florale,
sonore
captées en direct live sous le focus implacable de la
steadicam !
Tout se passe, alors, comme si les émotions étaient à
leur comble, projetées sur grand écran surplombant le plateau
mais quen même temps lensemble du dispositif technique
venait à la fois en renforcer les stigmates tout en les édulcorant
par cette diversité de transmission au public
quelque peu
débordé par le trop-plein.
Il reste que domesticité et membres de cette famille évoluant
dans un rituel tellement ordonné, à limage dun
héritage socioculturel très classe à préserver
coûte que coûte, semblent se prêter au sacrifice suprême
que seuls des damnés en puissance peuvent avoir la volonté
de perpétuer
jusquà limplosion !
Ce spectacle serait ainsi à considérer comme une démarche
expérimentale permettant de pousser lâme humaine, par
lexacerbation, jusque dans ses retranchements ultimes afin dobserver
les éventuels points de rupture.
Souhaiter y associer Théâtre & Vidéo pour parvenir
à forcer les témoignages tentant de relever ce défi
apparaît comme une cohérence quau pire les spectateurs
de Festen ne peuvent démentir mais quau mieux ils peuvent
apprécier comme une réalisation ambitieuse, tellurique et
poignante.
Theothea le 04/12/17
|
APRES LA PLUIE
de
Sergi Belbel
mise
en scène Lilo Baur
avec
Véronique Vella,
Cécile Brune, Alexandre Pavloff, Clotilde de Bayser, Nâzim
Boudjenah, Sébastien Pouderoux, Anna Cervinka & Rebecca
Marder |
****
Théâtre du
Vieux-Colombier
|
Après ou avant la pluie ? A chacun den décider, selon
le ressenti de chaleur suffocante sur la terrasse sise au 49ème
étage de la Tour de bureaux au centre de la grande ville mondialisée
!
Sans doute serait-on plus à laise dans les étages
inférieurs climatisés mais, voilà, beaucoup sont
inéluctablement attirés à atteindre le sommet en plein
air totalement asséché de façon à pouvoir en
griller une ou plusieurs !
Tous montent jusque-là pour consommer le culte jamais assouvi de
la déesse « cigarette », juste après
quen fut formulée son interdiction dans les lieux publics et
de travail.
1991, la Loi Evin est promulguée en France; 1993, Sergi Belbel
publie sa pièce de Théâtre qui sera créée
en 98 au Théâtre de Poche en emportant le Molière du
spectacle comique 99.
Vingt-cinq années ont passé alors que désormais La
Comédie Française offre à Lilo Baur
lopportunité de monter à nouveau ce spectacle au
Vieux-Colombier.
Toute la hiérarchie salariale et dencadrement de
lentreprise va défiler sur le toit en faisant se côtoyer
employés et dirigeants qui, généralement, nont
que lascenseur pour effectuer de telles rencontres dhabitude
éphémères mais là bel et bien persistantes et
répétitives.
Tous culpabilisent mais tous sen remettent à la complicité
tacite de lautre de façon à maintenir le secret transgressant
linterdiction pouvant les exclure définitivement de
lorganigramme.
Alors le temps dune ou plusieurs cigarettes pris sur le décompte
horaire, que vont-ils pouvoir se dire, se confier, se plaindre ?
Point de sujets tabous mais exclusivement des monologues de femmes et
dhommes dans leurs bulles de préoccupation quotidienne, domestique
et même professionnelle !
Que vienne la pluie salvatrice et, peut-être, pourrait-il y avoir
un effet de purge, de catharsis bénéfique bien que
laddiction suprême au tabac resterait ce seul lien puissant et
indéfectible les reliant les uns aux autres, plus fort que nimporte
quels conviction ou élan altruiste !
Au demeurant en 2017, à flirter sur ces hauteurs auprès
des nuages et au risque du vertige indicible, cest bel et bien la preuve
de labsurde qui sera démontrée, à savoir le nihilisme
de la relation humaine en proie à laddiction souveraine
projetée en un récurrent écran de fumée !
Theothea le 02/01/17
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MELANCOLIE(S)
d'après
Les trois soeurs & Ivanov de Tchekhov
mise
en scène Julie Deliquet
avec
Collectif in
vitro |
****
Théâtre de la Bastille
|
Du Melancholia de Lars von Trier aux Mélancolie(s) de Julie Deliquet,
la continuité dépressive y est simultanément à
luvre sans que le spectateur ait la moindre faculté pour
en neutraliser lapocalypse annoncée.
Alors que la planète Melancholia sapproche de la terre en
se faisant de plus en plus menaçante, Ivanov, lui, semble avoir rompu
les amarres de la santé mentale pour sengouffrer dans une infernale
descente aux enfers dont il va tenter de contaminer tous ses proches.
Le plus surprenant est quen phase introductive des « Trois
surs », cest ce même protagoniste qui était
le véritable catalyseur de toute la communauté tchekhovienne.
Comment quelquun daussi enthousiaste dans un premier temps,
va-t-il peu à peu sombrer dans le défaitisme personnel,
labsence de confiance en soi et le nihilisme contextuel ?
Bien entendu, la maladie chronique de son épouse nest pas
pour rien dans ce changement dhumeur, mais tout se passe comme si une
inversion de tendance sétait déclenchée à
linsu du personnage et que rien ne pourrait désormais enrayer
son autodestruction.
Julie Deliquet est une metteure en scène qui a commencé
par mettre sa propre génération en perspective de celle de
ses parents baby-boomers ayant célébré les idéologies
soixante-huitardes.
En répétant avec son « Collectif in
vitro », cest à partir des improvisations de ses membres
que lacte théâtral devient en quelque sorte
hyperréaliste et quainsi peut se focaliser le miroir tendu aux
spectateurs sondant les enjeux interrelationnels mêlés aux
états dâme contradictoires.
En ayant créé un
« Vania »
au Vieux-Colombier en 2016 avec les comédiens du Français selon
une méthode similaire permettant à ceux-ci de vivre la situation
tchekhovienne plutôt que de la déclamer dans la distanciation,
la metteure en scène rebondit au Théâtre de La Bastille
en unifiant et synthétisant deux pièces de lauteur russe,
« Les trois surs » qui ne seront effectivement
que deux et « Ivanov » dont Eric Charon endossera
lévolution tragique jusque dans les ultimes
conséquences.
Au demeurant, les mélancolies grandissantes se croiseront, se
heurteront, se télescoperont au gré de flux pathologiques se
renforçant mutuellement.
Dautres forces tenteront de réagir, de combattre, de
résister à cet assaut contagieux mais Julie Deliquet nayant
guère envie dêtre en contresens avec le diagnostic
Tchekhovien, cest de manière totalement assumée que la
dégradation sopérera radicalement et
inéluctablement.
A chacun ensuite den extraire léventuelle leçon
de vie existentielle que linterprétation du collectif aura
poussé jusque dans les retranchements de la conscience humaine.
Theothea le 04/01/18
|
LES VIBRANTS
de
Aïda Asgharzadeh
mise
en scène Quentin Defalt
avec
Aïda
Asgharzadeh ou Elisabeth Ventura, Benjamin Brenière, Matthieu Hornuss
& Amélie Manet |
****
Studio Théâtre
Champs-Elysées
|
|
© Jean-Christophe Lemasson
|
« Quoi ma gueule ? Mais quest-ce quelle a ma gueule
? Quelque chose qui ne va pas ? Elle ne te revient pas ? »
Ainsi, de manière décalée, naurait pas pu
sexprimer Eugène mais, sans doute, aurait-il pu le penser très
fort, lui qui, parti la fleur au fusil en 14, se retrouvait quelque temps
plus tard, totalement défiguré par les éclats dun
obus, à linstar de beaucoup de ses camarades de combat.
Étiquetés pour lHistoire « Gueules
cassées », les voilà ainsi tous couverts pour
lhiver définitif de leur vie, en charge dune destinée
fauchée à jamais, quasiment morts vivants au sein dune
société les excluant de fait lors de la paix provisoire
recouvrée entre les nations belligérantes.
Et cest là que le miracle intervient, celui imaginé
de manière fictive et parabolique par Aïda Asgharzadeh, la dramaturge
fait, en effet, se rencontrer Eugène et Sarah pour le meilleur de
leur volonté commune à faire un pied de nez au destin en
dédiant le handicap au spectacle vivant tout en utilisant la
déficience elle-même comme outil ad hoc pour vaincre la
fatalité en la sublimant telle une réalité supérieure
à toutes les autres.
Il faut dire que Sarah Bernhard, puisque cest delle dont il
sagit, avait déjà une sacrée expérience
de ce noble sacrifice puisque lamputation de lune de ses jambes
navait fait que croître son envie infinie de vouer toutes ses
forces vitales à sa carrière Théâtrale.
Devenue, par la suite, marraine de guerre à légard
dEugène, celui-ci ne pouvait rester insensible à
lexemple inouï de cette magistrale comédienne qui, de
façon volontariste, le conviait à faire de même en
interprétant le rôle de Cyrano de Bergerac.
Il suffirait de substituer un masque à lautre, en interchangeant
la disparition du nez implosé par la célèbre prothèse
nasale du héros concocté par Edmond Rostand.
Dire quEugène fut demblée emballé par
ce projet artistique serait aller trop vite en besogne mais lidée
initiée par Sarah allait faire peu à peu son chemin et constituer
ainsi lobjectif à atteindre qui se dessinerait dans
limaginaire dune refonte identitaire dont le Théâtre
serait la pierre angulaire.
Formidable conte pour « adultes » prenant conscience des
forces telluriques que lêtre humain a à sa disposition,
il resterait à Quentin Defalt le soin de mettre le processus de
reconstruction en musique sous un ballet de tulle et de voilage permettant
dajuster en permanence la profondeur de champ reliant le spectateur
au handicap incarné.
Voici donc une réalisation onirique à très haute
valeur pédagogique et morale ajoutée.
Theothea le 31/12/17
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