Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

22ème  Saison     Chroniques   21.21   à   21.25    Page  424

 

  • LA TEMPÊTE                                               
  • FESTEN                                                         
  • APRES  LA PLUIE                                       
  • MELANCOLIE(S)                                        
  • LES VIBRANTS                                                              2207ème  chronique  (depuis 1996)

     

          

             

STOMP -   Folies Bergère   ©   Theothea.com

   

       

   

       

  STOMP -   Folies Bergère   ©   Theothea.com

     

     

       

     

  © Theothea.com

   

     

                

     

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LA TEMPÊTE

de  

mise en scène

avec   

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Théâtre

   

 © Theothea.com    

                             

indisponible

       

     

              © Theothea.com    

              

FESTEN

de Thomas Vinterberg & Mogens Rukov  

mise en scène Cyril Teste

avec  Estelle André, Vincent Berger, Hervé Blanc, Sandy Boizard ou Marion Pellissier, Sophie Cattani, Bénédicte Guilbert, Mathias Labelle, Danièle Léon, Xavier Maly, Lou Martin-Fernet, Ludovic Molière, Catherine Morlot, Anthony Paliotti, Pierre Timaitre, Gérald Weingand et la participation de Laureline Le Bris-Cep     

****

     

Théâtre de l'Odéon Berthier

   

 © Simon Gosselin    

     

Quand le Théâtre a rendez-vous avec le Cinéma, cette rencontre devrait se jouer « gagnant-gagnant » pourvu que le fond et la forme puissent s’y compléter en donnant à l’un et l’autre ce supplément de sens dont chacun des deux Arts serait en attente latente.

Dans cette perspective, il est indéniable que la conception scénographique de son « Festen » donne, à Cyril Teste, beaucoup de pertinence à sa réalisation éminemment sophistiquée qui, non seulement, associe les techniques respectives du spectacle vivant et de l’audiovisuel mais les intrique au point de les dualiser en temps réel sous une exclusive entité.

Néanmoins, la véritable problématique est de savoir si l’une et l’autre de ces deux disciplines y perdent un peu voire beaucoup de leur spécificité ou de leurs prérogatives en s’associant à part entière et réciproque ?

Autant le dire tout de suite, la question restera sans réponse décisive à l’issue de la fascinante représentation de « Festen » aux Ateliers de l’Odéon Berthier.

Le spectateur est encore sous le choc de ce spectacle à l’esthétique polymorphe auquel tous les sens participent en contribuant à son atmosphère froide mais impressionniste induite par une multitude d’artifices se conjuguant au naturel complexe.

Mais, dans le même temps, la haute technicité de ce système global pourrait avoir paradoxalement empiété sur la profondeur abyssale des sentiments et ressentiments familiaux pourtant soulevés avec une intensité faramineuse.

En effet vider, au détour d’une phrase d’un discours d’anniversaire célébrant la soixantaine paternelle, le sac de l’inceste familial, sans crier gare, plonge brutalement tous les convives dans un état de sidération à hauteur du secret bien gardé ou tout au moins à l’égal de son silence tacite jusque-là si bien partagé.

Ainsi les deux jumeaux, le frère et la sœur, auraient été les victimes d’un père paradoxalement si soucieux de la réputation de sa dynastie, dans le cadre de cette demeure prestigieuse de la haute bourgeoisie acquise depuis près de quarante-cinq ans.

Mais qui plus est, le récent suicide de Linda s’avère être la principale pièce à conviction que Christian souhaite clamer haut et fort afin de pouvoir libérer sa sœur, au-delà de sa vie brisée, des chaînes fantomatiques la rattachant à ce passé indélébile et fondamentalement coercitif.

Car, bien sûr, le déni était, jusque-là, le dernier rempart bien ancré au sein du patrimoine mémoriel que chacun contribuait à maintenir à sa façon avec la complicité de l’épouse et mère au sommet de la défense maritale protégeant l’ensemble de la pyramide généalogique.

Et bien malgré la formulation à voix distincte de ces mots d’accusation radicale, l’absence générale de réaction semble n’être que la seule manifestation en écho à cette révélation impossible à admettre.

Il faut dire que, quand la caméra filme en direct et en gros plan l’expression des visages se sachant ainsi scrutés, cela n’invite pas forcément à la libération des consciences même lorsque le virtuel impliqué par la vidéo est ici au cœur de la règle du jeu.

C‘est pourquoi la dichotomie peut tranquillement s’installer sournoisement entre le texte de Thomas Vinterberg et les adaptations théâtrale, scénographique, olfactive, culinaire, florale, sonore… captées en direct live sous le focus implacable de la steadicam !

Tout se passe, alors, comme si les émotions étaient à leur comble, projetées sur grand écran surplombant le plateau mais qu’en même temps l’ensemble du dispositif technique venait à la fois en renforcer les stigmates tout en les édulcorant par cette diversité de transmission au public… quelque peu débordé par le trop-plein.

Il reste que domesticité et membres de cette famille évoluant dans un rituel tellement ordonné, à l’image d’un héritage socioculturel très classe à préserver coûte que coûte, semblent se prêter au sacrifice suprême que seuls des damnés en puissance peuvent avoir la volonté de perpétuer… jusqu’à l’implosion !

Ce spectacle serait ainsi à considérer comme une démarche expérimentale permettant de pousser l’âme humaine, par l’exacerbation, jusque dans ses retranchements ultimes afin d’observer les éventuels points de rupture.

Souhaiter y associer Théâtre & Vidéo pour parvenir à forcer les témoignages tentant de relever ce défi apparaît comme une cohérence qu’au pire les spectateurs de Festen ne peuvent démentir mais qu’au mieux ils peuvent apprécier comme une réalisation ambitieuse, tellurique et poignante.

Theothea le 04/12/17

         

     

              © Theothea.com    

              

APRES LA PLUIE

de  Sergi Belbel

mise en scène  Lilo Baur 

avec  Véronique Vella, Cécile Brune, Alexandre Pavloff, Clotilde de Bayser, Nâzim Boudjenah, Sébastien Pouderoux, Anna Cervinka & Rebecca Marder

****

     

Théâtre du Vieux-Colombier

   

 © Theothea.com    

                                 

Après ou avant la pluie ? A chacun d’en décider, selon le ressenti de chaleur suffocante sur la terrasse sise au 49ème étage de la Tour de bureaux au centre de la grande ville mondialisée !…

Sans doute serait-on plus à l’aise dans les étages inférieurs climatisés mais, voilà, beaucoup sont inéluctablement attirés à atteindre le sommet en plein air totalement asséché de façon à pouvoir en griller une ou plusieurs !

Tous montent jusque-là pour consommer le culte jamais assouvi de la déesse « cigarette », juste après qu’en fut formulée son interdiction dans les lieux publics et de travail.

1991, la Loi Evin est promulguée en France; 1993, Sergi Belbel publie sa pièce de Théâtre qui sera créée en 98 au Théâtre de Poche en emportant le Molière du spectacle comique 99.

Vingt-cinq années ont passé alors que désormais La Comédie Française offre à Lilo Baur l’opportunité de monter à nouveau ce spectacle au Vieux-Colombier.

Toute la hiérarchie salariale et d’encadrement de l’entreprise va défiler sur le toit en faisant se côtoyer employés et dirigeants qui, généralement, n’ont que l’ascenseur pour effectuer de telles rencontres d’habitude éphémères mais là bel et bien persistantes et répétitives.

Tous culpabilisent mais tous s’en remettent à la complicité tacite de l’autre de façon à maintenir le secret transgressant l’interdiction pouvant les exclure définitivement de l’organigramme.

Alors le temps d’une ou plusieurs cigarettes pris sur le décompte horaire, que vont-ils pouvoir se dire, se confier, se plaindre ?

Point de sujets tabous mais exclusivement des monologues de femmes et d’hommes dans leurs bulles de préoccupation quotidienne, domestique et même professionnelle !

Que vienne la pluie salvatrice et, peut-être, pourrait-il y avoir un effet de purge, de catharsis bénéfique bien que l’addiction suprême au tabac resterait ce seul lien puissant et indéfectible les reliant les uns aux autres, plus fort que n’importe quels conviction ou élan altruiste !

Au demeurant en 2017, à flirter sur ces hauteurs auprès des nuages et au risque du vertige indicible, c’est bel et bien la preuve de l’absurde qui sera démontrée, à savoir le nihilisme de la relation humaine en proie à l’addiction souveraine projetée en un récurrent écran de fumée !

Theothea le 02/01/17

       

     

              © Theothea.com    

              

MELANCOLIE(S)

d'après Les trois soeurs & Ivanov de Tchekhov    

mise en scène  Julie Deliquet 

avec  Collectif in vitro 

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Théâtre de la Bastille

   

 © Simon Gosselin    

                             

Du Melancholia de Lars von Trier aux Mélancolie(s) de Julie Deliquet, la continuité dépressive y est simultanément à l’œuvre sans que le spectateur ait la moindre faculté pour en neutraliser l’apocalypse annoncée.

Alors que la planète Melancholia s’approche de la terre en se faisant de plus en plus menaçante, Ivanov, lui, semble avoir rompu les amarres de la santé mentale pour s’engouffrer dans une infernale descente aux enfers dont il va tenter de contaminer tous ses proches.

Le plus surprenant est qu’en phase introductive des « Trois sœurs », c’est ce même protagoniste qui était le véritable catalyseur de toute la communauté tchekhovienne.

Comment quelqu’un d’aussi enthousiaste dans un premier temps, va-t-il peu à peu sombrer dans le défaitisme personnel, l’absence de confiance en soi et le nihilisme contextuel ?

Bien entendu, la maladie chronique de son épouse n’est pas pour rien dans ce changement d’humeur, mais tout se passe comme si une inversion de tendance s’était déclenchée à l’insu du personnage et que rien ne pourrait désormais enrayer son autodestruction.

Julie Deliquet est une metteure en scène qui a commencé par mettre sa propre génération en perspective de celle de ses parents baby-boomers ayant célébré les idéologies soixante-huitardes.

En répétant avec son « Collectif in vitro », c’est à partir des improvisations de ses membres que l’acte théâtral devient en quelque sorte hyperréaliste et qu’ainsi peut se focaliser le miroir tendu aux spectateurs sondant les enjeux interrelationnels mêlés aux états d’âme contradictoires.

En ayant créé un « Vania » au Vieux-Colombier en 2016 avec les comédiens du Français selon une méthode similaire permettant à ceux-ci de vivre la situation tchekhovienne plutôt que de la déclamer dans la distanciation, la metteure en scène rebondit au Théâtre de La Bastille en unifiant et synthétisant deux pièces de l’auteur russe, « Les trois sœurs » qui ne seront effectivement que deux et « Ivanov » dont Eric Charon endossera l’évolution tragique jusque dans les ultimes conséquences.

Au demeurant, les mélancolies grandissantes se croiseront, se heurteront, se télescoperont au gré de flux pathologiques se renforçant mutuellement.

D’autres forces tenteront de réagir, de combattre, de résister à cet assaut contagieux mais Julie Deliquet n’ayant guère envie d’être en contresens avec le diagnostic Tchekhovien, c’est de manière totalement assumée que la dégradation s’opérera radicalement et inéluctablement.

A chacun ensuite d’en extraire l’éventuelle leçon de vie existentielle que l’interprétation du collectif aura poussé jusque dans les retranchements de la conscience humaine.

Theothea le 04/01/18

     

             © Simon Gosselin    

              

LES VIBRANTS

de  Aïda Asgharzadeh 

mise en scène  Quentin Defalt

avec   Aïda Asgharzadeh ou Elisabeth Ventura, Benjamin Brenière, Matthieu Hornuss & Amélie Manet

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Studio Théâtre Champs-Elysées 

   

 © Jean-Christophe Lemasson    

                                   

« Quoi ma gueule ? Mais qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? Quelque chose qui ne va pas ? Elle ne te revient pas ? »

Ainsi, de manière décalée, n’aurait pas pu s’exprimer Eugène mais, sans doute, aurait-il pu le penser très fort, lui qui, parti la fleur au fusil en 14, se retrouvait quelque temps plus tard, totalement défiguré par les éclats d’un obus, à l’instar de beaucoup de ses camarades de combat.

Étiquetés pour l’Histoire « Gueules cassées », les voilà ainsi tous couverts pour l’hiver définitif de leur vie, en charge d’une destinée fauchée à jamais, quasiment morts vivants au sein d’une société les excluant de fait lors de la paix provisoire recouvrée entre les nations belligérantes.

Et c’est là que le miracle intervient, celui imaginé de manière fictive et parabolique par Aïda Asgharzadeh, la dramaturge fait, en effet, se rencontrer Eugène et Sarah pour le meilleur de leur volonté commune à faire un pied de nez au destin en dédiant le handicap au spectacle vivant tout en utilisant la déficience elle-même comme outil ad hoc pour vaincre la fatalité en la sublimant telle une réalité supérieure à toutes les autres.

Il faut dire que Sarah Bernhard, puisque c’est d’elle dont il s’agit, avait déjà une sacrée expérience de ce noble sacrifice puisque l’amputation de l’une de ses jambes n’avait fait que croître son envie infinie de vouer toutes ses forces vitales à sa carrière Théâtrale.

Devenue, par la suite, marraine de guerre à l’égard d’Eugène, celui-ci ne pouvait rester insensible à l’exemple inouï de cette magistrale comédienne qui, de façon volontariste, le conviait à faire de même en interprétant le rôle de Cyrano de Bergerac.

Il suffirait de substituer un masque à l’autre, en interchangeant la disparition du nez implosé par la célèbre prothèse nasale du héros concocté par Edmond Rostand.

Dire qu’Eugène fut d’emblée emballé par ce projet artistique serait aller trop vite en besogne mais l’idée initiée par Sarah allait faire peu à peu son chemin et constituer ainsi l’objectif à atteindre qui se dessinerait dans l’imaginaire d’une refonte identitaire dont le Théâtre serait la pierre angulaire.

Formidable conte pour « adultes » prenant conscience des forces telluriques que l’être humain a à sa disposition, il resterait à Quentin Defalt le soin de mettre le processus de reconstruction en musique sous un ballet de tulle et de voilage permettant d’ajuster en permanence la profondeur de champ reliant le spectateur au handicap incarné.

Voici donc une réalisation onirique à très haute valeur pédagogique et morale ajoutée.

Theothea le 31/12/17

   

         

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