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Les    Chroniques   de

  

22ème  Saison     Chroniques   21.41   à   21.45    Page  428

 

     

          

             

TROIS SACRES - Bérénice Bejo © Theothea.com

   

       

   

       

 

     

     

       

     

  TROIS SACRES - Bérénice Bejo © Theothea.com

   

     

                

     

TROIS SACRES - Bérénice Bejo © Theothea.com

     

     

           

     

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DEUX MENSONGES ET UNE VERITE

de  Sébastien Blanc & Nicolas Poiret   

mise en scène  Jean-Luc Moreau   

avec  Lionnel Astier, Raphaëline Goupilleau, Frédéric Bouraly, Philippe Maymat, Esther Moreau & Julien Kirshe   

****

     

Théâtre  Rive Gauche   

   

© Fabienne Rappeneau;  

                                                 

Heureusement qu’après plus d’un mois de représentations, le bouche à oreille ayant fonctionné à plein régime et qu’ainsi en jauge pléthorique, se retrouvant spectateur lambda placé, au hasard d’une « répartition aléatoire », en fond de salle du Rive Gauche, survient au dernier instant une bonne fée qui nous convie à rejoindre le second rang des fauteuils face à la scène prête à s’enflammer de verve rhétorique et d’argumentation partiale autour de deux mensonges et une vérité.

Il est alors indéniable que, situé en cette nouvelle place, l’observateur candide va pouvoir apprécier, à sa juste mesure, le savoir-faire de comédiens autant exaltés qu’en pleine maîtrise les conduisant à transgresser les règles d’un statu quo à imploser.

Si la bonne conduite d’un couple modèle consistait à ne jamais faire de vagues avec la destinée et, par conséquent, à perdurer au fil de la connaissance approfondie du conjoint jusqu’à parvenir à tout savoir de lui en anticipant même ses désirs, goûts et réactions face à n’importe quel imprévu, il est quasiment sûr qu’au 27ème anniversaire de leur mariage, l’ordonnancement pourrait en être réglé comme du papier à musique et aboutir, par exemple, à ce que les cadeaux respectifs soient devinés de part et d’autre en pleine réussite garantie.

Cependant est-ce véritablement un objectif enviable que d’être ainsi copie conforme au regard et à l’entendement du partenaire ? Devrait-on se réjouir d’être ainsi en position de transparence tellement convenue que plus aucune surprise puisse atteindre la stabilité et l’équilibre d’un duo ainsi soudé à jamais par l’anticipation absolue de toute initiative spontanée ?

Voilà bien l’enjeu de cette pièce écrite précisément à quatre mains par Sébastien Blanc et Nicolas Poiret qui, sans que nous ayons connaissance spécifique de leurs méthodes d’accouchement en comédie, ont dû, à tout le moins, jubiler de satisfaction en voyant peu à peu apparaître le scénario contrarié du si grand Amour « parfait » réunissant Philippe (Lionnel Astier) et Catherine (Raphaëline Goupilleau).

En effet, incarnant paradoxalement sur l’affiche illustrative du spectacle les deux cases du mensonge, celle de la vérité revient à leur ami commun Edouard (Frédéric Bouraly) en charge d’arbitrer a posteriori le jeu stupide éponyme qui serait venu les séparer au moment même où ces réjouissances annuelles auraient dû rassembler de nouveau les deux tourtereaux festifs.

A vrai dire, leur point de vue diverge complètement au sujet de leur transparence réciproque; Raphaëline pense que rien n’est jamais acquis et que le conjoint est toujours susceptible de faillir dans son interprétation des intentions de son « alter ego ». A l’inverse Philippe défend la thèse du « tout est écrit d’avance » qu’on le veuille ou non.

A un détail près, car c’est avant tout en avocat (professionnel de la profession) qu’il argumente, convaincu à 100% de la thèse qu’il prend ainsi en défense mais dont le spectateur se doutera peu à peu qu’il pourrait, en excellent maître du barreau, argumenter la thèse exactement inverse…. avec bien entendu le même brio.

Et ce dernier est vraiment le juste mot car, en fin de représentation, littéralement emporté par la cause, les spectateurs assistent à la caricature d’une plaidoirie à charge tout azimut qui, à elle seule, peut effectivement remplir, chaque soir, la salle du Rive Gauche : Un véritable moment d’anthologie qui, vu du 2ème rang de l’orchestre, pourrait « subjectivement » prétendre à tous les Molières.

Trois autres comédiens renforcent la dialectique de ce débat en opposant une sorte de distanciation humoristique agissant en contrepoint des principes radicaux exposés frontalement. Investis de convivialité amusée, ils apportent une déstabilisation relative à toutes les certitudes fallacieuses.

Jean-Luc Moreau, en maître d’œuvre relationnel, excelle comme d’accoutumé à extraire la vulnérabilité humaine prise à son propre jeu des cyclones sociétaux.

Le Rive Gauche tient, en cette perspective de systématisation du couple, l’un des grands succès de la saison 17-18, mais les comédiens ont intérêt sanitaire à bien canaliser leur énergie car celle-ci est sollicitée au plus haut point.

Theothea le 23/02/18

       

             

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MONOLOGUE

d'après La Femme rompue - Simone de Beauvoir

mise en scène Hélène Fillières  

avec Josiane Balasko   

****

     

Théâtre  Hébertot   

   

DR.

     

Quand le rideau s'ouvre, elle est allongée dans un pyjama noir informe sur un étroit canapé orange pour tout décor, comme isolée du reste du monde, restant bien ainsi immobilisée deux longues minutes, telle une respiration silencieuse nécessaire dans le calme inquiétant d'avant la tempête.

Car cette femme va bientôt déverser un torrent de bile en cette soirée de réveillon où elle cherche à s'endormir pour oublier son immense solitude alors qu'autour d'elle les fêtards font un bruit assourdissant que le public n'entend pas.

Seul le soliloque de Murielle nous en informe car les uniques éclats qui nous parviennent sont ceux qu'elle débite sous la pression, fardeau trop lourd, de ses tourments intérieurs qu'elle ne parvient plus à maîtriser et qui l’assaillent, l’empêchant de trouver le repos salvateur.

Ne pouvant fermer l'oeil, elle va tourner, se retourner sur ce lit, ruminant des pensées noires, des mauvais souvenirs. Elle s’agite, se redresse, s’énerve, se repositionne sur le dos telle une analysée sur le divan, tombant le masque, ouvrant les portes cadenassées de son inconscient, nous livrant ses douleurs et ses échecs, s’étonnant de n’être pas aimée, alors qu’elle déteste la terre entière.

Elle s'en prend à ses proches : à sa mère qui n’a pas su l’aimer, à son père parti trop tôt, à son frère, à ses maris qui l’ont « jetée comme une vieille chaussette », à son fils dont on lui a soustrait la garde. Le cancer de la culpabilité remonte à la surface et la ronge : elle n’a pas su empêcher la mort de sa fille qui s'est suicidée.

Pleine de rancoeur, excédée, elle va vitupérer contre un monde indifférent à ses problèmes. Elle dégaine sa colère, crachant son mal de vivre, pestant des flots d’insanités « Je m’en branle de l’humanité », bloc de ressentiment contre les « salauds » elle conspue, insulte, accuse.

« La femme rompue » : Simone de Beauvoir a donné un titre très juste à un recueil de trois nouvelles écrites en 1967 qui parlent de femmes en pleine crise existentielle et en proie aux désillusions affectives dont ce Monologue écrit comme une sorte d'auto-analyse féroce dans une langue drue, rude, qui ne fait pas "dans la dentelle", ne manquant pas de surprendre et bien loin de la « jeune fille rangée ».

Dans un réalisme cru et quelque peu outrancier, Murielle, en rébellion contre elle-même et en guerre contre une société machiste qui met au ban les épouses délaissées, ne cesse de se trouver des excuses et rejette la responsabilité sur l'ingratitude des hommes.

Après les Bouffes du Nord en 2016, cet âpre monologue, mis en scène par Hélène Fillières, est repris au théâtre Hébertot. Josiane Balasko le vocifère de son lit pendant une heure et c'est là que le bât blesse, lorsque, allongée, elle s’adresse au plafond ou pire lorsqu’elle se retourne, dos au public, la salle perd des répliques complètes. Dommage pour cette litanie implacable et sans concession.

Josiane Balasko défend son personnage avec un courage et une vérité qui forcent le respect. Elle l’interprète avec une morgue insolente, sans fioriture, refuse d’émouvoir et d'apitoyer mais le parti-pris scénique d’Hélène Fillières froid, radical et systématique, tempère beaucoup trop la rage qui consume intérieurement Murielle et canalise en une déclamation quasi monocorde cette colère et cette violence quand la lave aurait dû jaillir du volcan en éruption.

Enfin, Josiane Balasko quitte son sofa tel un radeau de sauvetage sur lequel elle s'agrippait fébrilement et se lève pour les saluts ! Certes, la comédienne fut audacieuse, mais il manque à ce spectacle le vibrato bouleversant des fêlures d'une femme "rompue".

Cat’s / Theothea.com le 02/03/18 

   

                       

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DOM SGANARELLE

     

de & mise en scène  Jean-Philippe Ancelle

avec    Jean-Philippe Ancelle et Michel Pilorgé

****

     

Théâtre du Ranelagh  

   

  © Chantal Depagne/Palazon

                                               

Difficile de concevoir qu’il soit possible d’interpréter les rôles de « Rodrigue », « Chimène », « Roméo », « Juliette » ou consorts au-delà d’un certain âge, relatif certes, mais nécessitant néanmoins l’attrait de la jeunesse en plein épanouissement.

En revanche, qu’en est-il de « Dom Juan » ? Serait-il nécessairement un jeune premier à qui tous les espoirs sont permis; ne serait-il pas plutôt l’homme dans la force de l’âge à qui l’expérience servirait de viatique à l’esprit de conquête ? Et pourquoi, de surcroît, ne pourrait-il pas être celui qui, ayant tout expérimenté, continuerait à désirer le monde malgré les revers, déconvenues et échecs accumulés au fur et à mesure de ses aventures amoureuses ?

Bref, lorsqu’un acteur ou a fortiori un duo aurait triomphé, plusieurs décennies auparavant, dans cette tragi-comédie de Molière, il paraît compréhensible que ceux-là puissent, le temps de la maturité ayant été largement dépassé, avoir néanmoins envie de renouer avec le goût du succès d’autant plus que leurs liens relationnels complémentaires devraient rester plausibles à tous les âges de leur vécu.

C’est donc ainsi que Jean-philippe Ancelle a écrit une comédie intitulée « Dom Sganarelle » condensant en une tournure unique et exemplaire Dom Juan & Sganarelle pour le meilleur, à savoir une plongée dans leurs rôles respectifs pourtant devenus peu à peu interchangeables… au point d’être en mesure d’effectuer, en parallèle, un bilan mémoriel de vie et de carrière partagée à l’aune d’une perspective de théâtre dans le théâtre.

En pratique, Jean-Philippe Ancelle et Michel Pilorgé, ayant très souvent fait œuvre commune de comédiens dont notamment ce fameux « Dom Juan » de Molière dans leur jeunesse professionnelle, se retrouvent, de nos jours, sur un plateau prêté par un ami pour envisager une reprise de leur création d’antan en effectuant un travail de répétitions afin d’évaluer la viabilité de ce nouveau projet, si motivant.

Et c’est donc tout naturellement qu’à chaque scène rejouée, ils éprouvent le besoin de faire, en marge, des commentaires différenciés et le plaisir de jauger le ressenti actualisé se confrontant au souvenir de leurs exploits passés.

Qu’en définitive, leur intention aboutisse et soit validée ou non par un producteur convaincu de l’intérêt de cette reprise, dans tous les cas, les deux compères auront passé cette période d’évaluation à se glisser à nouveau dans le plaisir du jeu de tous les possibles, ici conjugués au masculin-féminin de la force de séduction projetée et ainsi réactivée.

En effet, le nombre des années n’émoussant en rien cette perspective, les deux acolytes sortiront, quoi qu’il arrive, gagnants du défi au temps et les spectateurs, eux, bénéficieront, en prime, d’une éventuelle cure de jouvence au Ranelagh… si, toutefois, l’âge leur en dit !

Theothea le 28/02/18

                   

     

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MIRACLE EN ALABAMA

de  William Gibson   

mise en scène   Pierre Val  

avec  Valérie ALANE, Julien CRAMPON, Stéphanie HEDIN, Marie-Christine ROBERT, Pierre VAL et, en alternance, Lilas MEKKI et Clara BRICE 

****

     

Théâtre  La Bruyère   

   

  ©  LOT

                                               

Véritable miracle au La Bruyère où cette adaptation théâtrale du roman de William Gibson pourrait valoir « Traité d’éducation » à vocation universelle rappelant celui de « L’enfant sauvage » de François Truffaut prônant le langage comme étant l’outil essentiel du rapport de l’être humain à lui-même et au monde.

L’histoire de Helen Keller tient quasiment du prodige que peut engendrer la destinée humaine lorsque celle-ci trouve soudain la lueur au fin fond de l’obscurantisme qui pourrait éclairer, de fait, la première étape d’une démarche structurante permettant d’atteindre à la maîtrise relationnelle.

Ainsi sourde, aveugle et muette à deux ans suite à une congestion cérébrale mal traitée, l’enfant aura sombré peu à peu dans un système sans repère tout en étant l’objet d’une attention familiale totalement dévouée à cette cause.

A deux doigts de l’enfermement en asile, le recours à la dernière chance s’appellera Annie Sullivan, elle-même spécialiste du langage des signes suite à cécité dans l’enfance, accédant en l’occurrence à la charge d’éduquer Helen devenue ingérable par son entourage.

La gouvernante ainsi nouvellement en place comprendra intuitivement que la jeune handicapée doit être soustraite à l’apitoiement et à la surprotection dont elle est d’autant plus gratifiée qu’elle se trouve en situation permanente de harceler sa famille en essayant d’imposer une chaîne de caprices successifs afin de tenter d’exister au regard d’autrui.

Dans cet univers autistique, Annie imagine qu’il serait possible de se servir des doigts de la main pour objectiver les mots en prise avec quelques premiers signifiants basiques.

Cependant sa lutte pour faire reconnaître à Helen ces éléments rudimentaires de langage se doublera d’une bataille avec chacun des membres de la famille en incompréhension plus ou moins réactive face à cette stratégie dont l’utilité ne leur paraît point primordiale.

Et pourtant, au final, la verbalisation tactile de la muette s’avèrera être la méthode adéquate pour une progression vertueuse vers sa socialisation et le savoir-être ainsi que vers son emprise sur l’environnement et le savoir-faire.

Le succès du film d’Arthur Penn en 1962 ayant décerné les Oscars de la meilleure actrice à Anne Bancroft (Annie) et celui du meilleur second rôle à Patty Duke (Helen) pourrait contribuer à célébrer, présentement, la formidable adaptation théâtrale francophone de Pierre Val jouant lui-même le rôle du Pater familias.

Au La Bruyère, chacun des rôles est défendu avec la justesse et la pertinence d’un psychodrame projeté dans la guerre de sécession alors que, paradoxalement, ses enjeux s’incarnent dans une contemporanéité tout aussi brûlante qu’à l’époque.

En effet dépassant l’histoire véridique vécue par Helen Keller, la problématique en question ici est bien celle du rapport existentiel de l’humanité à elle-même passant obligatoirement par celle du langage.

Aussi, à la manière d’une démonstration Rousseauiste, les protagonistes se débattent-ils dans un tissu complexe de contradictions à la fois naturelles et sociétales pour en définitive émerger dialectiquement vers une civilisation à figure humaine ô combien salvatrice.

Theothea le 02/03/18

   

         

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TROIS SACRES

de Sylvain Groud  

mise en scène  Yann Dacosta  

avec Sylvain Groud & Bérénice Bejo   

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Théâtre 13ème Art  

   

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TROIS SACRES - Bérénice Bejo © Theothea.com

 

       

   

   

   

     

          

     

     

     

          

     

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