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Bejo © Theothea.com
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DEUX MENSONGES ET UNE
VERITE
de
Sébastien Blanc & Nicolas Poiret
mise
en scène Jean-Luc
Moreau
avec Lionnel Astier, Raphaëline
Goupilleau, Frédéric Bouraly, Philippe Maymat, Esther Moreau
& Julien Kirshe
|
****
Théâtre Rive
Gauche
|
Heureusement quaprès plus dun mois de
représentations, le bouche à oreille ayant fonctionné
à plein régime et quainsi en jauge pléthorique,
se retrouvant spectateur lambda placé, au hasard dune
« répartition aléatoire », en fond de salle
du Rive Gauche, survient au dernier instant une bonne fée qui nous
convie à rejoindre le second rang des fauteuils face à la
scène prête à senflammer de verve rhétorique
et dargumentation partiale autour de deux mensonges et une
vérité.
Il est alors indéniable que, situé en cette nouvelle place,
lobservateur candide va pouvoir apprécier, à sa juste
mesure, le savoir-faire de comédiens autant exaltés quen
pleine maîtrise les conduisant à transgresser les règles
dun statu quo à imploser.
Si la bonne conduite dun couple modèle consistait à
ne jamais faire de vagues avec la destinée et, par conséquent,
à perdurer au fil de la connaissance approfondie du conjoint
jusquà parvenir à tout savoir de lui en anticipant même
ses désirs, goûts et réactions face à nimporte
quel imprévu, il est quasiment sûr quau 27ème
anniversaire de leur mariage, lordonnancement pourrait en être
réglé comme du papier à musique et aboutir, par exemple,
à ce que les cadeaux respectifs soient devinés de part et
dautre en pleine réussite garantie.
Cependant est-ce véritablement un objectif enviable que
dêtre ainsi copie conforme au regard et à lentendement
du partenaire ? Devrait-on se réjouir dêtre ainsi en position
de transparence tellement convenue que plus aucune surprise puisse atteindre
la stabilité et léquilibre dun duo ainsi soudé
à jamais par lanticipation absolue de toute initiative
spontanée ?
Voilà bien lenjeu de cette pièce écrite
précisément à quatre mains par Sébastien Blanc
et Nicolas Poiret qui, sans que nous ayons connaissance spécifique
de leurs méthodes daccouchement en comédie, ont dû,
à tout le moins, jubiler de satisfaction en voyant peu à peu
apparaître le scénario contrarié du si grand Amour
« parfait » réunissant Philippe (Lionnel Astier)
et Catherine (Raphaëline Goupilleau).
En effet, incarnant paradoxalement sur laffiche illustrative du
spectacle les deux cases du mensonge, celle de la vérité revient
à leur ami commun Edouard (Frédéric Bouraly) en charge
darbitrer a posteriori le jeu stupide éponyme qui serait venu
les séparer au moment même où ces réjouissances
annuelles auraient dû rassembler de nouveau les deux tourtereaux
festifs.
A vrai dire, leur point de vue diverge complètement au sujet de
leur transparence réciproque; Raphaëline pense que rien nest
jamais acquis et que le conjoint est toujours susceptible de faillir dans
son interprétation des intentions de son « alter
ego ». A linverse Philippe défend la thèse
du « tout est écrit davance » quon
le veuille ou non.
A un détail près, car cest avant tout en avocat
(professionnel de la profession) quil argumente, convaincu à
100% de la thèse quil prend ainsi en défense mais dont
le spectateur se doutera peu à peu quil pourrait, en excellent
maître du barreau, argumenter la thèse exactement inverse
.
avec bien entendu le même brio.
Et ce dernier est vraiment le juste mot car, en fin de représentation,
littéralement emporté par la cause, les spectateurs assistent
à la caricature dune plaidoirie à charge tout azimut
qui, à elle seule, peut effectivement remplir, chaque soir, la salle
du Rive Gauche : Un véritable moment danthologie qui, vu du
2ème rang de lorchestre, pourrait
« subjectivement » prétendre à tous les
Molières.
Trois autres comédiens renforcent la dialectique de ce débat
en opposant une sorte de distanciation humoristique agissant en contrepoint
des principes radicaux exposés frontalement. Investis de
convivialité amusée, ils apportent une déstabilisation
relative à toutes les certitudes fallacieuses.
Jean-Luc Moreau, en maître duvre relationnel, excelle
comme daccoutumé à extraire la vulnérabilité
humaine prise à son propre jeu des cyclones sociétaux.
Le Rive Gauche tient, en cette perspective de systématisation du
couple, lun des grands succès de la saison 17-18, mais les
comédiens ont intérêt sanitaire à bien canaliser
leur énergie car celle-ci est sollicitée au plus haut point.
Theothea le 23/02/18
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MONOLOGUE
d'après
La Femme rompue - Simone de Beauvoir
mise
en scène Hélène Fillières
avec Josiane Balasko
|
****
Théâtre
Hébertot
|
Quand le rideau s'ouvre, elle est allongée dans un pyjama noir
informe sur un étroit canapé orange pour tout décor,
comme isolée du reste du monde, restant bien ainsi immobilisée
deux longues minutes, telle une respiration silencieuse nécessaire
dans le calme inquiétant d'avant la tempête.
Car cette femme va bientôt déverser un torrent de bile en
cette soirée de réveillon où elle cherche à
s'endormir pour oublier son immense solitude alors qu'autour d'elle les
fêtards font un bruit assourdissant que le public n'entend pas.
Seul le soliloque de Murielle nous en informe car les uniques éclats
qui nous parviennent sont ceux qu'elle débite sous la pression, fardeau
trop lourd, de ses tourments intérieurs qu'elle ne parvient plus à
maîtriser et qui lassaillent, lempêchant de trouver
le repos salvateur.
Ne pouvant fermer l'oeil, elle va tourner, se retourner sur ce lit, ruminant
des pensées noires, des mauvais souvenirs. Elle sagite, se redresse,
sénerve, se repositionne sur le dos telle une analysée
sur le divan, tombant le masque, ouvrant les portes cadenassées de
son inconscient, nous livrant ses douleurs et ses échecs,
sétonnant de nêtre pas aimée, alors quelle
déteste la terre entière.
Elle s'en prend à ses proches : à sa mère qui na
pas su laimer, à son père parti trop tôt, à
son frère, à ses maris qui lont « jetée comme
une vieille chaussette », à son fils dont on lui a soustrait
la garde. Le cancer de la culpabilité remonte à la surface
et la ronge : elle na pas su empêcher la mort de sa fille qui
s'est suicidée.
Pleine de rancoeur, excédée, elle va vitupérer contre
un monde indifférent à ses problèmes. Elle dégaine
sa colère, crachant son mal de vivre, pestant des flots
dinsanités « Je men branle de lhumanité
», bloc de ressentiment contre les « salauds » elle conspue,
insulte, accuse.
« La femme rompue » : Simone de Beauvoir a donné un titre
très juste à un recueil de trois nouvelles écrites en
1967 qui parlent de femmes en pleine crise existentielle et en proie aux
désillusions affectives dont ce Monologue écrit comme une sorte
d'auto-analyse féroce dans une langue drue, rude, qui ne fait pas
"dans la dentelle", ne manquant pas de surprendre et bien loin de la «
jeune fille rangée ».
Dans un réalisme cru et quelque peu outrancier, Murielle, en
rébellion contre elle-même et en guerre contre une
société machiste qui met au ban les épouses
délaissées, ne cesse de se trouver des excuses et rejette la
responsabilité sur l'ingratitude des hommes.
Après les Bouffes du Nord en 2016, cet âpre monologue, mis
en scène par Hélène Fillières, est repris au
théâtre Hébertot. Josiane Balasko le vocifère
de son lit pendant une heure et c'est là que le bât blesse,
lorsque, allongée, elle sadresse au plafond ou pire
lorsquelle se retourne, dos au public, la salle perd des répliques
complètes. Dommage pour cette litanie implacable et sans concession.
Josiane Balasko défend son personnage avec un courage et une
vérité qui forcent le respect. Elle linterprète
avec une morgue insolente, sans fioriture, refuse démouvoir
et d'apitoyer mais le parti-pris scénique dHélène
Fillières froid, radical et systématique, tempère beaucoup
trop la rage qui consume intérieurement Murielle et canalise en une
déclamation quasi monocorde cette colère et cette violence
quand la lave aurait dû jaillir du volcan en éruption.
Enfin, Josiane Balasko quitte son sofa tel un radeau de sauvetage sur
lequel elle s'agrippait fébrilement et se lève pour les saluts
! Certes, la comédienne fut audacieuse, mais il manque à ce
spectacle le vibrato bouleversant des fêlures d'une femme "rompue".
Cats / Theothea.com le 02/03/18
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DOM SGANARELLE
de &
mise
en scène
Jean-Philippe Ancelle
avec
Jean-Philippe
Ancelle et Michel Pilorgé |
****
Théâtre du Ranelagh
|
|
© Chantal
Depagne/Palazon
|
Difficile de concevoir quil soit possible dinterpréter
les rôles de « Rodrigue »,
« Chimène », « Roméo »,
« Juliette » ou consorts au-delà dun certain
âge, relatif certes, mais nécessitant néanmoins
lattrait de la jeunesse en plein épanouissement.
En revanche, quen est-il de « Dom Juan » ? Serait-il
nécessairement un jeune premier à qui tous les espoirs sont
permis; ne serait-il pas plutôt lhomme dans la force de
lâge à qui lexpérience servirait de viatique
à lesprit de conquête ? Et pourquoi, de surcroît,
ne pourrait-il pas être celui qui, ayant tout expérimenté,
continuerait à désirer le monde malgré les revers,
déconvenues et échecs accumulés au fur et à mesure
de ses aventures amoureuses ?
Bref, lorsquun acteur ou a fortiori un duo aurait triomphé,
plusieurs décennies auparavant, dans cette tragi-comédie de
Molière, il paraît compréhensible que ceux-là
puissent, le temps de la maturité ayant été largement
dépassé, avoir néanmoins envie de renouer avec le goût
du succès dautant plus que leurs liens relationnels
complémentaires devraient rester plausibles à tous les âges
de leur vécu.
Cest donc ainsi que Jean-philippe Ancelle a écrit une
comédie intitulée « Dom Sganarelle » condensant
en une tournure unique et exemplaire Dom Juan & Sganarelle pour le meilleur,
à savoir une plongée dans leurs rôles respectifs
pourtant devenus peu à peu interchangeables
au point
dêtre en mesure deffectuer, en parallèle, un bilan
mémoriel de vie et de carrière partagée à
laune dune perspective de théâtre dans le
théâtre.
En pratique, Jean-Philippe Ancelle et Michel Pilorgé, ayant très
souvent fait uvre commune de comédiens dont notamment
ce fameux « Dom Juan » de Molière dans leur jeunesse
professionnelle, se retrouvent, de nos jours, sur un plateau prêté
par un ami pour envisager une reprise de leur création dantan
en effectuant un travail de répétitions afin dévaluer
la viabilité de ce nouveau projet, si motivant.
Et cest donc tout naturellement quà chaque scène
rejouée, ils éprouvent le besoin de faire, en marge, des
commentaires différenciés et le plaisir de jauger le ressenti
actualisé se confrontant au souvenir de leurs exploits passés.
Quen définitive, leur intention aboutisse et soit validée
ou non par un producteur convaincu de lintérêt de cette
reprise, dans tous les cas, les deux compères auront passé
cette période dévaluation à se glisser à
nouveau dans le plaisir du jeu de tous les possibles, ici conjugués
au masculin-féminin de la force de séduction projetée
et ainsi réactivée.
En effet, le nombre des années némoussant en rien
cette perspective, les deux acolytes sortiront, quoi quil arrive, gagnants
du défi au temps et les spectateurs, eux, bénéficieront,
en prime, dune éventuelle cure de jouvence au Ranelagh
si, toutefois, lâge leur en dit !
Theothea le 28/02/18
|
MIRACLE EN ALABAMA
de
William Gibson
mise
en scène Pierre
Val
avec
Valérie
ALANE, Julien CRAMPON, Stéphanie HEDIN, Marie-Christine ROBERT, Pierre
VAL et, en alternance, Lilas MEKKI et Clara BRICE |
****
Théâtre La
Bruyère
|
Véritable miracle au La Bruyère où cette adaptation
théâtrale du roman de William Gibson pourrait valoir
« Traité déducation » à vocation
universelle rappelant celui de « Lenfant sauvage »
de François Truffaut prônant le langage comme étant
loutil essentiel du rapport de lêtre humain à
lui-même et au monde.
Lhistoire de Helen Keller tient quasiment du prodige que peut engendrer
la destinée humaine lorsque celle-ci trouve soudain la lueur au fin
fond de lobscurantisme qui pourrait éclairer, de fait, la
première étape dune démarche structurante permettant
datteindre à la maîtrise relationnelle.
Ainsi sourde, aveugle et muette à deux ans suite à une
congestion cérébrale mal traitée, lenfant aura
sombré peu à peu dans un système sans repère
tout en étant lobjet dune attention familiale totalement
dévouée à cette cause.
A deux doigts de lenfermement en asile, le recours à la
dernière chance sappellera Annie Sullivan, elle-même
spécialiste du langage des signes suite à cécité
dans lenfance, accédant en loccurrence à la charge
déduquer Helen devenue ingérable par son entourage.
La gouvernante ainsi nouvellement en place comprendra intuitivement que
la jeune handicapée doit être soustraite à
lapitoiement et à la surprotection dont elle est dautant
plus gratifiée quelle se trouve en situation permanente de harceler
sa famille en essayant dimposer une chaîne de caprices successifs
afin de tenter dexister au regard dautrui.
Dans cet univers autistique, Annie imagine quil serait possible
de se servir des doigts de la main pour objectiver les mots en prise avec
quelques premiers signifiants basiques.
Cependant sa lutte pour faire reconnaître à Helen ces
éléments rudimentaires de langage se doublera dune bataille
avec chacun des membres de la famille en incompréhension plus ou moins
réactive face à cette stratégie dont lutilité
ne leur paraît point primordiale.
Et pourtant, au final, la verbalisation tactile de la muette
savèrera être la méthode adéquate pour une
progression vertueuse vers sa socialisation et le savoir-être ainsi
que vers son emprise sur lenvironnement et le savoir-faire.
Le succès du film dArthur Penn en 1962 ayant décerné
les Oscars de la meilleure actrice à Anne Bancroft (Annie) et celui
du meilleur second rôle à Patty Duke (Helen) pourrait contribuer
à célébrer, présentement, la formidable adaptation
théâtrale francophone de Pierre Val jouant lui-même le
rôle du Pater familias.
Au La Bruyère, chacun des rôles est défendu avec la
justesse et la pertinence dun psychodrame projeté dans la guerre
de sécession alors que, paradoxalement, ses enjeux sincarnent
dans une contemporanéité tout aussi brûlante quà
lépoque.
En effet dépassant lhistoire véridique vécue
par Helen Keller, la problématique en question ici est bien celle
du rapport existentiel de lhumanité à elle-même
passant obligatoirement par celle du langage.
Aussi, à la manière dune démonstration
Rousseauiste, les protagonistes se débattent-ils dans un tissu complexe
de contradictions à la fois naturelles et sociétales pour en
définitive émerger dialectiquement vers une civilisation à
figure humaine ô combien salvatrice.
Theothea le 02/03/18
|
TROIS SACRES
de Sylvain
Groud
mise
en scène Yann
Dacosta
avec Sylvain Groud & Bérénice
Bejo
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Théâtre 13ème
Art
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