Les
Chroniques
de
 |
 |

10ème
Saison
Chroniques 10.61
à
10.65
Page 162
NEWS: " Les
MOLIERES
excluent la
PRESSE
"
Festival
d' Avignon
2005
58ème
Festival
du Film de Cannes
2005
MOLIERES
Nominations
2005
Points de vue
Toutes nos
critiques
2005 -
2006
En
Bref...
etc...Thea
"Ben Hur"
THEA
BLOGS
Recherche
par mots-clé
AGORA
VOX
|
CALIGULA
de Albert
Camus
mise en scène
Charles Berling
|
****
Théâtre de l'Atelier
Tel: 01 46 06 49 24
|
 |
Du rôle d' Hamlet
à celui de Caligula, l'énergie vitale de Charles Berling
vibre de la même passion et c'est peu dire que dans les interviews
et la promotion de ce nouveau spectacle celui-ci sait communiquer l'enthousiasme
à l'égard d'un auteur qu'il redécouvre après
avoir quelque peu négligé son intérêt scolaire.
Est-ce que cette fougue artistique peut néanmoins suffire pour
réussir un coup de maître en guise de coup d'essai à
la mise en scène certes assistée des conseils de Christiane
Cohendy ?
Est-ce que la direction d'acteurs peut s'affranchir d'un regard débutant
sur ses partenaires tout en s'immergeant totalement dans le rôle titre
?
Il ne nous appartient pas d'apprécier la juste valeur d'une initiative
créatrice encouragée par Laura Pels, directrice du
Théâtre de l'Atelier, mais d'observer une hésitation
latente dans le jeu des comédiens lorsque la présence de Caligula
fait défaut sur scène pour concevoir que ceux-ci semblent en
manque de certitudes quant à la pertinence de leur
expressivité.
Cernés de paillettes du plus bel effet esthétique, les
protagonistes évoluent dans le cabaret moderniste des fantasmes
contemporains en impliquant Caligula davantage à la posture plutôt
qu'à l'impasse éthique.
Tout se passe comme si l'intention iconoclaste et transgressive de Charles
Berling se heurtait de front à des ersatz de tyrannie, sans que celui-ci
puisse passer irréellement à la vitesse supérieure de
l'indicible.
Theothea le 10/02/06
|
LE BOURGEOIS
GENTILHOMME
de
Molière
mise en scène
Alain Sachs
|
****
Théâtre de Paris
Tel: 01 48 74 25 37
|
Les mimiques sont de Bigard, le texte de Molière, la musique de
Lully et la mise en jogging d'Alain Sachs. La facture globale est de bon
goût, n'en déplaise aux porteurs de préjugés et
aux redresseurs de valeurs établies.
Stéphane Hillel et le Théâtre de Paris accueillent
un spectacle à grands moyens destiné à un large public
sans exclusive socioculturelle. Qui se reconnaît en Jean-Marie Bigard,
qu'il suive Monsieur Jourdain, il y trouvera son alter ego, celui qui fait
fortune en dirigeant une salle de sports ou en s'impliquant dans une quelconque
niche de marketing à la mode, avec l'ambition affichée
d'intégrer la jet-set.
La force de cette création tient en premier lieu au respect à
la lettre du texte de Molière, ce qui est la moindre des choses bien
que sa version in-extenso ait été quelque peu amputée,
mais tient surtout à son actualisation en temps réel et à
son emprise directe avec le comportementalisme contemporain.
Chaussé de tennis ostentibles voire de rollers dernier cri,
affublé de sportswear extravagants "be yourself", paradant en caddie
à porteur, le roi Soleil n'est pas le cousin de JMB qui le lui rend
bien, en trônant sur tous les stéréotypes de
l'idéologie égocentrique triomphante.
En effet, le show man se plie consciencieusement aux règles du
Théâtre classique pour mieux en faire exploser la bulle
conventionnelle et ramasser la mise authentique gagée par l'auteur
attitré du règne de Louis XIV.
Danses hip-hop et kendo cadrent la performance non pour parodier les ballets
de Lully mais bel et bien pour singer la vanité à surfer sur
toutes les académies au goût du jour.
En contrepoint, l'humanisme résiduel du personnage pédant
est titillé par son épouse que Catherine Arditi compose avec
l'élégance d'une poésie venue d'ailleurs. Citons
également Nadège Beausson-Diagne qui catapulte le rôle
de la servante Nicole dans la stratosphère des personnages truculents
grâce à leur feeling exacerbé.
Si l'orchestration de l'ensemble peut faire apparaître de-ci de-là
quelques incertitudes de complémentarité, entre le jeu des
acteurs et les chorégraphies, il se pourrait que dans ces interstices
se glisse, au fur et à mesure des représentations, le peaufinement
apporté par la contribution humoristique de chacun des
protagonistes.
Bref, ce "Bourgeois gentilhomme" est excellemment servi par une troupe
bien décidée à faire passer cette célèbre
comédie-ballet du XVIIème siècle au rang d'une fameuse
comédie musicale du XXIème.
Theothea le 14/02/06
|
PYGMALION
de
Georges-Bernard Shaw
mise en scène
Nicolas Briançon
|
****
Théâtre Comédia
Tel: 01 42 38 22 22
|
 |
|
A la suite de l'immense succès public d' "Un violon sur le toit",
le théâtre Comédia récidive en réunissant
tous les élèments aptes à constituer en triomphe le
"Pygmalion" de Bernard Shaw, mais également celui de Nicolas
Briançon qui, disposant des moyens d'une importante production, signe
le spectacle parisien le plus jubilatoire de la saison en cours.
Dès le lever du rideau, à l'apparition d'une scène
londonienne insufflée par Dickens où la sortie pluvieuse d'un
spectacle sert de cadre à une mise en situation des protagonistes,
il est d'emblée évident que chacun des personnages va être
à la hauteur du retour de "My Fair Lady" sur les planches, pour lequel
un triple décor en accordéon conçu par Jean-Marc
Stehlé tel un livre d'images se dépliant sur lui-même
va garantir une magie de tous les instants à venir.
Barbara Schulz pressentie dans le rôle d'Elisa Doolittle par Robert
Hossein en raison de son côté "Titi parisien" dès les
coulisses d'Antigone au Marigny après s'être considérablement
distinguée dans Joyeuses Pâques aux Variétés en
compagnie de Pierre Arditi, donne ici au personnage de la marchande de fleurs
destinée à se transformer en femme du monde sous l'impulsion
du docteur Higgins alias Nicolas Vaude, la classe chic et choc que le parler
faubourien va pouvoir faire imploser plaisamment en autant de récurrences
latentes.
Mais au-delà de l'apprentissage au langage châtié
permettant de côtoyer les sphères de la haute société
qu'il convoîte pour sa protégée en raison d'un défi
opportuniste, le Pygmalion va se trouver pris dans le piège de ses
propres lacunes en ne sachant pas accorder le savoir-faire avec la grandeur
d'âme.
Ce dilemme entre les signes manifestes d'une bonne éducation et
ceux des vertus du coeur va se trouver exposé à front
renversé, impliquant à rebours que le savoir- vivre n'est pas
nécessairement l'apanage de celui qui proclame en détenir les
codes.
Cependant au sein des relations humaines contradictoires, la maîtrise
sociale de l'expression orale va s'imposer de facto en tant que vecteur pouvant
faire grandir toute personne, fût-ce à son corps défendant;
c'est ainsi qu'Elisa Doolittle en incarnera merveilleusement l'emblême
initiatique.
Pour illustrer cette pédagogie interactive gravitent autour du
tandem de référence une douzaine de rôles tous
interprétés de manière très savoureuse parmi
lesquels Danièle Lebrun, Odile Mallet, Henri Courseaux, Jean-Claude
Barbier jamais en reste pour vivifier l'esprit de haute voltige dont l'humour
british ne doit en aucun cas se départir.
Ce spectacle est conçu tel un divertissement ès qualités
dont chacun pourra faire son miel, à l'aune du plaisir joyeux et
réconfortant de croire mordicus à tous les progrès
potentiels de l'espèce humaine.
Theothea le 16/02/06
|
LE ROI LEAR
de William
Shakespeare
mise en scène
André Engel
|
****
Théâtre de l'Odéon Berthier
Tel: 01 44 85 40 40
|
 |
Photo
Ld Marc Vanappelghem
|
D'Alain Sachs à André Engel, de Jean-Marie Bigard à
Michel Piccoli, d'une salle de sport à un hangar désaffecté,
du théâtre de Paris à l'Odéon Berthier, de
Molière à Shakespeare, de la Comédie au Drame, du Bourgeois
Gentilhomme au Roi Lear, il y a plus que de la concomitance fortuite, plus
que de la transposition, il y a le pouvoir de la réussite contemporaine,
celle de l'argent maître qui peut tout régler, y compris les
successions familiales, du moins le croient-ils tous en choeur ou feignent-ils
de le croire respectivement, pris à leur propre piège de
vanité qui les réduira de force à l'humilité
suprême.
Ici autour et alentours de "Lear Entreprise & co", la guerre des gangs
fait rage comme dans la Chicago d'Al Capone; Citizen Piccoli y traverse le
siècle comme celui d'une dévastation prise dans la tourmente
au pire de l'angoisse du tonnerre, au mieux de la splendeur des tempêtes
de neige.
Ses trois filles, Régane (Lisa Martino), Goneril (Anne Sée),
Cordélia (Julie-Marie Parmentier) auraient passé le test
d'affectivité telle une épreuve de vérité qui
se serait retournée contre elle-même en une destinée
tragique adossée à l'aveuglement paternel cherchant à
perdurer le règne personnel au travers de la filiation.
Guetté irrémédiablement par la folie, la sienne
intégrant celle de l'humanité toute entière, c'est dans
le dénuement extrême que s'égrèneront les stations
du chemin de croix royal où se joueront les règlements de compte
à l'égard d'un héritage impossible à assumer
par la descendance.
Prenant à contre-pied l'imaginaire monstrueux dans les filets d'un
anachronisme moderne, André Engel renvoie aux spectateurs l'image
inversée..., à l'instar de l'enseigne lumineuse trônant
dans la transparence de la verrière frontale d'un entrepôt plus
vrai que nature signé Nicky Rieti, ...d'une époque barbare
habituellement aseptisée par la distance temporelle.
De plein fouet donc avec un hyperréalisme "hic et nunc", les enjeux
paternels seront broyés par la déliquescence des sentiments
que les tabous institutionnels ne sauront même plus scandaliser.
Ce "King Lear" fera nécessairement date, car son influence sur
les consciences n'en finira pas de toquer contre les parois insensibles de
l'indifférence contemporaine caractérisée par l'ambivalence
de ses pulsions.
Et puis, entourer les 80 ans de Michel Piccoli par la présence
prestigieuse de Gérard Desarthe, Jean-Paul Farré, Jean-Claude
Jay et Jérôme Kircher, c'est assurer tous les autres de participer
à une oeuvre célébrant le jeu des comédiens dans
un magistral voyage festif.
Theothea le 21/02/06
|
LA MAISON DES MORTS
de Philippe
Minyana
mise en scène
Robert Cantarella
|
****
Théâtre du Vieux-Colombier
Tel: 01 44 39 87 00
|
 |
Photo
DR. Cosimo Mirco Magiocca
|
"Sublime, forcément sublime !...". De Marguerite à
Catherine, de Duras à Hiegel, il n'y aurait qu'une enjambée!...
Celle franchissant par exemple la Vologne d'un bord à l'autre du fait
divers, celle qui transgresse la réalité sordide pour parvenir
au concept symbolique, mais surtout celle qui transcende le tragique en mots
pour permettre à l'altérité de se jouer du réalisme
des maux.
Cette "maison" est un cadeau, celui de l'auteur Philippe Minyana à
l'intention de l'immense comédienne Catherine Hiegel à qui
est dédiée le rôle pivot de la pièce, celui de
"la femme à la natte" parcourant sur la scène du Vieux-Colombier
soixante-dix années d'une vie de zombie, parmi les siens.
L'histoire de ce mort-vivant au féminin se partage au gré
de ses maisons se constituant en une cité cercueil abritant l'absence
de langage élevé au rang de non-sens familial.
Qu'il faille des surtitres virtuels pour expliciter les zones de non-droit
au savoir-vivre, c'est la moindre des obligations que s'impose la mise en
scène de Robert Cantarella dont la règle maîtresse est
le cadrage et le recadrage perpétuel autour des figures sociales de
l'indicible en autant d'identités anonymes telles "la dame à
la petite voix" et "la femme à la carapace" (Catherine Ferran), "l'homme
aux cannes" (Pierre vial), "La femme au regard acéré" (Julie
Sicard), "l'homme malade" (Sharokh Moskin Ghalam), "l'homme habillé
en dame" (Nicolas Maury), "l'homme pauvre" (Grégoire Tachnakian)...
Que des pantins dénués de tout désir d'avoir envie
soient associés à des marionnettes douées d'humanité
latente, voilà l'enjeu évolutif d'une métamorphose que
la dignité d'être au monde se doit à elle-même
de questionner.
En effet, s'il devait y avoir une Rédemption à tant de
souffrances intégrées à ce silence vociférant
des borborygmes, c'est bien que le désespoir ne tient jamais ses
promesses!...
Dans une perspective pragmatique, la création de "La maison des
morts" dans la deuxième salle du Français est une judicieuse
opportunité que Philippe Mynyana offre à la Culture
Institutionnelle pour déstructurer les codes d'une langue dont la
syntaxe est de manière concomitante mise à l'épreuve
en salle Richelieu par Valère Novarina.
Theothea le 22/02/06
|
Recherche
par
mots-clé
 |

|
|