Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

12ème  Saison     Chroniques   12.36   à   12.40    Page  197

 

       

JEAN MICHEL JARRE  -  OXYGENE  LIVE

The RABEATS au BATACLAN  

     

La Tournée des Idoles au Zénith

De Johnny Clegg à Renaud via Iggy Pop

Magistral Boomerang des Rolling Stones

60ème Festival de Cannes

A la recherche d'un soixantième anniversaire... à fleur d'écran

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ENTRE AUTRES

de  Jean Rochefort

mise en scène  François Comar

****

Théâtre de La Madeleine 

Tel: 01 42 65 07 09  

  

    Photo ©  Dunn Meas

En ce mardi 11 décembre où sera décerné en fin de soirée à l'issue des rappels, le prix " Gus Viseur " à Lionel Suarez, surnommé amicalement le " Nobel de l'Accordéon " par Jean Rochefort ainsi accompagné en complicité musicale dans son spectacle bon vivant, la rue de Surène bruisse joyeusement d'un capharnaüm rassemblant en un seul et même public, les spectateurs qui sortent de " Biographie sans Antoinette " d'avec ceux qui arrivent pour " Entre Autres " qu'un clin d'oeil pourrait malicieusement sous-titrer a posteriori " Biographie avec Jean ".

En effet, tel Tintin au pays du " Carpe diem ", l'acteur de 77 ans a décidé de se faire plaisir sur scène en évitant soigneusement tous les formatages que d'habiles conseilleurs auraient pu à tort ou à raison apparente, lui suggérer.

Succédant de quelques mois sur ces mêmes planches à Philippe Noiret qui y joua ses ultimes représentations de " Love Letters " en compagnie d'Anouk Aimée, le fringant comédien a concocté un kaléidoscope imaginaire de ses coups de coeur à travers les âges jalonnant sa carrière artistique sans y apporter le moindre jugement de valeurs.

Réunissant en ce patchwork hétérogène, les citations des plus grands auteurs avec des papotages délibérément anodins, ses dons d'imitation animalière peuvent y côtoyer mine de rien son talent peu connu de chanteur, sans que l'ego forcément surdimensionné de l'artiste se trouve en posture de se prendre au sérieux.

Ainsi c'est la force de Jean Rochefort, revenu de toutes mythomanies professionnelles appréciées au prisme des tentations dérisoires, que de laisser libre cours à son esprit fantasque dans un apparent fatras culturel sans queue ni tête, quoique bien malin qui pourrait le surprendre en flagrant délit d'incohérence.

Assumant le caractère inexhaustif de son " two men show " qui dut débuter dans l'urgence en fonction d'une défection circonstanciée dans la programmation du Théâtre de La Madeleine, Jean Rochefort n'en a que plus de mérite à assurer plus de deux heures de présence habitée pêle-mêle par Pinter, Cioran, Molière, Henry Miller, Roland Barthes, Delphine Seyrig, Verlaine, Primo Levi, Victor Hugo, Fernand Raynaud... avec en prime des souvenirs anecdotiques sur Michel Audiard, Jacques Prévert, Michel Serrault, Aragon, Edwige Feuillère, Pénélope Cruz... et en chansons buissonnières avec Boby Lapointe, Charles Trenet, et même Fernandel... tout en nourrissant une frustration éternelle à propos de ses interprétations avortées du Misanthrope et de Don Quichotte.

Ce vaste panorama en forme de coq-à-l'âne enchante les spectateurs qui voue à ce fabuleux dandy à la chevelure argentée et au sourire turgescent, une cote d'amour qui touche à toutes les générations.

C'est donc presque à regrets qu'il répond à son partenaire accordéoniste:

" Oui, c'est fini !... Mais ce n'est pas la peine de le dire aux spectateurs !... "

Theothea, le 12/12/07

GARY / AJAR

de  André Asséo

mise en scène  Christophe Malavoy

****

Petit Théâtre Montparnasse

Tel: 01 43 22 83 04  

  

    Aficche Photo ©  Marianne Rosensthiel

Dans l'écrin du Petit Montparnasse, Christophe Malavoy a installé un fauteuil de cuir confortable dont l'orientation face au public pourra se retourner jusqu'au mur de scène, en fonction de la retro-projection du plus bel effet d'extraits de lettres ou textes de Romain Gary, par laquelle le spectateur pourra suivre l'écriture en train de se former dans la transparence du volume visuel.

Ainsi, l'acteur se met en scène lui-même dans un dédale de lumières où celui-ci peut apparaître tel son propre démiurge, à l'instar du célèbre écrivain dont la préoccupation était de renaître sans cesse sous de nouvelles destinées.

Sous les multiples facettes d'un prisme composé pour célébrer l'art dans sa diversification, cette mise en espace sophistiquée place le comédien en observateur attentif des métamorphoses qui se jouent entre le personnage incarné et son double.

Ainsi, Romain Gary et son clone Emile Ajar vont-ils se confronter dans une schizophrénie littéraire, dont les perspectives créatrices apparaissent tout à la fois, infinies et redoutables. D'ailleurs elles finiront par avoir raison de l'auteur qui mit un terme vital aux affres de cette course effrénée, à 66 ans.

D'un prix Goncourt à l'autre, de celui de 1956 au second en 1975, de " Les racines du ciel " à " La vie devant soi ", de Romain Gary à Emile Ajar, l'homme aura donc appris à se dédoubler, à vivre deux destins concomitants avec, à la clef, ce terrible secret qui le fit jubiler autant que l'angoisser.

Il en viendra d'ailleurs à regretter de n'avoir pas osé mettre un terme à l'imposture, le jour même où lui fut décerné le second prix Goncourt; ce qui lui aurait ainsi permis de triompher sur toute la distance en faisant un pied de nez historique à tous les jurys littéraires.

Mais puisque ce remords de vanité poussée aux extrêmes a pu en outre se cumuler avec d'autres déceptions encore plus insurmontables, telles ses trois compagnes adorées mais emportées successivement parmi lesquelles l'actrice Jean Seberg, le désespoir semblait avoir épuisé toute la palette des affects qu'il lui fut possible de sublimer dans la création littéraire.

C'est donc ainsi que André Asséo a voulu rendre hommage à son ami en imaginant les dispositions d'esprit avec lequel Romain Gary composa son livre posthume "Vie et mort d'Emile Ajar".

Theothea le 11/12/07

LA VIE DEVANT SOI

de  Romain Gary  ( Emile Ajar )

mise en scène  Didier Long

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Petit Théâtre Marigny

Tel:  01 53 96 70 20

  

   

Depuis trois mois, Myriam Boyer incarne au Petit Marigny la « Madame Rosa » de « La vie devant soi » écrit par Romain Gary qui reçut ainsi en 1975 son deuxième prix Goncourt sous le pseudonyme d’Emile Ajar.

Jouant désormais les prolongations, la mise en scène subtile de Didier Long s’appuyant sur une adaptation de Xavier Jaillard qui par ailleurs interprète le rôle du Docteur Katz, a la vertu supplémentaire d’attirer l’attention sur Aymen Saïdi qui, lui, pourrait fort bien prétendre au titre de la révélation masculine des Molières 2008, pour sa composition à la fois candide et enjouée de « Momo ».

En passant de l’écriture brillante du roman aux fastes cinématographiques avec Simone Signoret pour parvenir enfin à l’intimité des planches avec Myriam Boyer, cette oeuvre syncrétique se déguste comme une fable moderne sur la vulnérabilité du genre humain en quête de racines autant que de tuteurs

Ce n’est pas le surgissement du père légal (Magig Bouali) après une décennie de silence qui pourra remettre les pendules affectives à l’heure de la maturité, bien au contraire.

Ce sont les angoisses d’une enfance musulmane confiée aux bons soins d’une hétaïre juive, mère de tous les fils de pute du quartier d’avant la contraception, qui en constituant le socle d’une adolescence inquiète mais sauvegardée par des principes moraux basiques bien que contradictoires, seront les garants d’une complicité fusionnelle et indéfectible de Momo d’avec Madame Rosa jusqu’à ce que la mort envisage de les séparer.

Truffée d’un humour linguistique où les concepts se trompent de mots pour exprimer néanmoins des idées justes se cachant derrière une culture en élaboration brouillonne mais non moins motivée, la dialectique de Momo trouve dans le partenariat de Mme. Rosa et la pédagogie du docteur Katz, les rails d’un avenir à conquérir dans une identité multiple en voie d’unification.

Pleine d’émotions contenues, cette réalisation à vocation universelle se dresse comme un phare au sein d’une saison théâtrale 07-08 qui cherche, comme toujours, les fondamentaux de l’Amour.

Theothea le 19/12/07

VLADIMIR VISSOTSKY OU LE VOL ARRETE

de  Marina Vlady

mise en scène  Jean-Luc Tardieu

****

Théâtre des Bouffes du Nord 

Tel: 01 46 07 34 50 

  

    Photo LD.

Dans l’écrin du Théâtre des Bouffes du Nord, réaménagé récemment pour un meilleur confort des spectateurs, la sobriété d’une mise en scène, fût-elle de Jean-Luc Tardieu, est toujours le garant d’une mise en valeur du texte d’autant plus s’il est écrit par la main de Marina Vlady s’y présentant en tant qu’héroïne distanciée de la passion qu’elle partagea avec Vladimir Vissotsky durant 12 années jusqu’à la mort, en 1980 à 42 ans, du poète acteur célébré par le choeur des peuples d’URSS.

Si la comédienne fut par la suite mariée successivement à trois hommes de qualité et même de notoriété tels Robert Hossein et Léon Schwartzenberg, ce premier époux qu’elle connut dans la fleur de sa jeunesse fut son réel pygmalion auquel elle a souhaité rendre hommage dans un livre sous-titré de manière explicite «... ou le vol arrêté ».

C’est à cette jeune femme, aimée en secret par l’artiste irrévérencieux et rebelle à toutes les censures de l’union soviétique, que celui-ci proposa, dès leur première rencontre à l’issue d’une représentation au théâtre de la Taganka où il triomphait, de vivre enfin le « Grand Amour » ensemble.

Aussitôt dit que fait, à tel point que près de quarante années plus tard au centre des lumières de Jacques Rouveyrollis, la très belle Marina, de robe plissée en cape tout de gris chic, chante dans le murmure de la nostalgie, la lame de fond d’une langue russe venant poser ses mots sur cette histoire intime déjà si proche de la légende collective.

Accompagnée de trois musiciens, Constantin Kazansky et Oleg Ponomarenko aux guitares et Philippe Garcia à la contrebasse, l’égérie de ce spectacle d’une heure un quart nous invite à un véritable récital amoureux où se rencontreraient la bohème tchekhovienne du temps perdu avec la culture retrouvée d’une Russie en pleine réminiscence.

Theothea le 27/12/07

ARSENE LUPIN BANQUIER

de  Albert Willemetz & Charles-Louis Pothier

mise en scène  Philippe Labonne

****

Théâtre de l'Athénée 

Tel:  01 53 05 19 19

  

    Photo ©  Elisabeth de Sauverzac 

En accueillant une nouvelle fois à Paris durant les fêtes de fin d’année la compagnie « Les Brigands », le théâtre de l’Athénée propose à son public ravi à l’avance, un spectacle aussi effervescent que des bulles de champagne.

Cependant avec un nouveau chef d’orchestre Christophe Grapperon dirigeant la musique de Marcel Lattès et idem pour la mise en scène du livret d’Yves Mirande par cette fois-ci Philippe Labonne, cette réalisation créée en octobre à La Coursive de La Rochelle a gagné en maîtrise artistique ce qu’elle remise quelque peu en exaltation jubilatoire.

Arsène Lupin, interprété par Gilles Bugeaud, s’y présente paradoxalement comme un redresseur de torts qui aurait pour mission de moraliser la spéculation financière en faisant profiter les petits épargnants de gains improbables en logique capitalistique classique.

L’usurpation d’identité étant la clef de voûte de son imposture fortuite, ses partisans vont l’entourer d’une fidélité à nulle autre efficace alors même que les peines d’Amour vont dicter à ce maître en esbroufes, une procédure toute pragmatique à la résolution des frustrations affectives.

Plus préoccupé par le retour au semblant d’équité qu’aux moyens mis en oeuvre pour y parvenir, Arsène Lupin ne dérogera pas à la tradition d’échapper à toutes poursuites en brouillant les cartes de la hiérarchie sociale jusqu’à faire perdre trace de tous les méfaits induits.

Ce n’est pas moins de douze musiciens qui rythment depuis la fosse d’orchestre, la course poursuite engagée entre le réel et le virtuel, entre le vraisemblable et l’incongruité, entre la déontologie et l’escroquerie, mais c’est pareillement sur la scène neuf comédiens qui slaloment entre les chausse-trappes de l’auteur Maurice Leblanc et les Lyrics d’Albert Willemetz et Charles-Louis Pothier au mieux de la scénographie de Florence Evrard et de la chorégraphie de Jean-Marc Hoolbecq.

Au-delà de l’entracte, la salle sera définitivement conquise par tant d’espièglerie ingénieuse encouragée par un enthousiasme délibérément communicatif.

Theothea le 03/0108

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