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19ème
Saison
Chroniques 19.36
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LA DOUBLE INCONSTANCE
de Marivaux
mise
en scène Anne Kessler
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****
Comédie
Française
Tel 08 25 10 16 80
(0,15e/m)
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photo © Brigitte Enguérand
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Surprenante Anne Kessler, entrée à La Comédie
Française en 1989, nommée sociétaire en 1994 et qui,
vingt ans plus tard, non sans avoir enchaîné ses premières
mises en scène au Studio Théâtre et au Vieux Colombier
puis sêtre fait particulièrement remarquée avec
celle « Des fleurs pour Algernon » au Studio des
Champs-Elysées, vient aujourdhui « mine de
rien » triompher en salle Richelieu avec « La double
inconstance » quelle réalise à sa main,
cest-à-dire en rendant les dialogues à leur pertinence
et les sentiments à leur évidence inexorable.
Si, à ce cocktail gagnant, sajoutent une projection instinctive
de malice relationnelle et une nette disposition à lambivalence
du ressenti amoureux, tous les ingrédients sont effectivement réunis
pour que le couple marivaldien puisse se fracasser sur le mur imaginaire
de la réalité afin de faire surgir un ersatz de lAmour
là où il ne resterait en définitive que le fruit dune
manipulation éhontée.
Résumons-nous, Arlequin (Stéphane Varupenne) et Silvia (Adeline
dHermy) saiment passionnément de façon sincère
mais voilà que Le Prince (Loïc Corbery) en a décidé
autrement; complètement envoûté, celui-ci veut
posséder, pour lui-même, cette jolie villageoise, quitte à
se donner tous les moyens de la conquérir.
Le pire étant à venir puisquà terme les amoureux
transis du début finiront par se résoudre deux-mêmes
à loption fallacieuse dun tel coup fourré.
Mais pourquoi donc nauront-ils pas su ou pu résister à
la séduction de Flaminia (Florence Viala), aux roueries de Lisette
(Georgia Scalliet), à lhypocrisie du Prince ? etc
Pourquoi
la nature humaine apparaît-elle si vulnérable face à
des convictions initiales pourtant réputées inébranlables
?
Anne Kessler a pris le parti, risqué à lorigine, mais
très performant dans le décor gigogne du Foyer de la Comédie
Française reconstitué, dillustrer le piège du
délaissement progressif en linscrivant dans une mise en abîme
scénographique, celle de la maïeutique offerte par le temps de
répétition in situ. En effet, au Théâtre, celle-ci
savère être la période de véritable
compréhension du texte par les acteurs mis en situation
dincarnation après lecture à la table.
En jouant ainsi avec la préparation chronologique et
lapprentissage des rôles, ceux-ci, endossant peu à peu
leurs costumes, vont pouvoir éclore en artifices psychologiques
signifiants. Ils démontrent par ce processus récurrent que
lêtre humain nest toujours, à linstant
présent, que le résultat de ses contradictions
précédentes dont lAmour ne serait, en fait, quune
des composantes.
Terrible aveu dimpuissance en miroir sans aucun doute mais,
assurément, au service dune parfaite réussite en salle
Richelieu du tandem de circonstances, Marivaux - Kessler !
Theothea le 06/12/14
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KING KONG THEORIE
de Virginie Despentes
mise
en scène Vanessa Larré
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****
La
Pépinière Théâtre
Tel
01 42 61 44 16
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photo © Francois Berthier
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photo © Francois Berthier
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LE JOUEUR D'ECHECS
de
Stefan ZWEIG
mise en scène
Steve SUISSA
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****
Théâtre
Rive Gauche
Tel
01 43 35 32 31
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photo © Fabienne
Rappeneau
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OU ETAIS-TU ?
de Natalie Rafal
mise
en scène Isabelle Labrousse et Jérôme
Pisani
|
****
Théâtre
du Lucernaire
Tel 01 45 44 57 34
|
Un refrain lancinant ponctue ce récit d'une femme qui, entre 17
et 37 ans, n'a cessé de parcourir le monde en quête permanente
de l'autre : "Où étais-tu ?" décliné et
répété inlassablement par un homme confident et complice
plein de compréhension qui l'accompagne sur cette petite scène
du Paradis au Lucernaire. Tour à tour, voix rassurante ou pressante
qui lui somme de se souvenir et de recoller les morceaux épars d'une
vie effrénée et dispersée.
" Où étais-tu ?" Question entêtante, égrenée
pendant un peu plus d'une heure auquelle elle tente de répondre par
bribes, en esquivant les propres motivations de ses voyages. A chaque
interrogation, défilent le nom d'un pays, d'une ville, ou le prénom
de l'homme rencontré. Ainsi sont scandés comme des notes musicales
Bali, Stockholm, Canada, Pierre, Franck, Carlos, Dublin, New-York, Gere,
Antonio, Igor, Oslo, Moscou... noms jetés pêle-mêle au
gré de ses humeurs fantaisistes, ne cherchant jamais à expliciter,
à clarifier l'intime. Femme fougueuse, elle énumère
les pays avalés, sautant d'un avion à l'autre, d'un train à
un car, jamais retenue par ces multiples hommes vivant à l'autre bout
de la planète.
Dans un rythme saccadé, c'est par petites touches qu'elle distille
l'errance existentielle d'une fille de nulle part, d'une "fille-papillon"
qui parcourt le globe avec la légèreté d'un oiseau
migrateur. Pas d'appesanteur, pas d'aigreur, absence de jugement, elle se
contente de donner et de prendre "Âme, ma belle âme, ne vois-tu
rien venir?" dit-elle en leitmotiv. Cette pureté d'âme la
protège. Elle traverse avec une forme d'insouciance ces vingt années
de quête, de peaux arpentées.
Natalie Rafal a écrit ce beau texte qu'elle interprète avec
beaucoup d'émotion sur une bande-son des années 70-80 diffusant
des tubes des Stones - Patti Smith - Janis Joplin. Elle est accompagnée
par un comédien lunaire, Guillaume Ede, à la fois
représentant tous les hommes, amants, amis, compagnons, mais surtout
ayant le rôle de l'interlocuteur qui l'interpelle, l'exhorte à
parler, l'encourage à se révéler en pointillés.
Dans un décor minimaliste formé de six cubes transparents
dont deux lumineux, ils exhibent, au cours de ce récit, un nombre
incroyable de tee-shirts qui représentent les pays visités
et recréeront ensemble une mappemonde sur le sol. Beaucoup de poésie
se dégage et en final, avec trois fois rien, quelques petits luminaires
bleus amovibles et un ruban fluorescent, ils dessineront une piste
d'atterrissage, celle de tous ces vols de retour. Ils ont fini par accoucher
d'une histoire mue par l'espérance d'un renouveau où l'amour
a une place primordiale.
Cats / Theothea.com le 14/12/14
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OUH OUH
de Isabelle Mergault & Daive
Cohen
mise
en scène Patrice Leconte
|
****
Théâtre
des
Variétés
Tel 01 42 33 09 92
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« Sympathie pour le démon » chante les Rolling
Stones en scandant « Ouh Ouh » repris en chur par
la foule des stades à travers la planète depuis des
décennies
Eh bien, à Paris au Théâtre depuis
quelque temps, une Isabelle, non pas celle en plein bain de jouvence concomitant
avec son Roméo mais lautre, celle des Variétés
bien connue par son chuintement irrésistible, sessaye tous les
soirs à psalmodier voire à pactiser avec un revenant
qui ne serait autre que le fantôme de son mari en quête
dabsolution pour lau-delà.
Non, ce nest pas dune pièce dEric-Emmanuel Schmitt
dont il sagit, quoique la méprise soit effectivement envisageable
mais il faut se rendre à lévidence que lauteur
de cette damnation denfer est bel et bien la comédienne
elle-même, épaulée par la bonne âme de Daive Cohen
ainsi que la mise en scène un tantinet diabolique de Patrice
Lecomte.
Cest ainsi que se réunissent autour de Ramona la fameuse
chanteuse « has been », son frère (Julien Cafaro)
et néanmoins médecin, son majordome (Jean-Louis Barcelona)
toujours aux petits soins de lartiste et, donc, son mari (Jean-Luc
Porraz), sorte de zombie tout habillé de blanc, tel un meneur de revue
invisible aux yeux des deux partenaires précédents !
Ainsi, que du beau monde masculin gravitant sur scène autour de
lex-diva dun improbable hit-parade pour lequel la star se verrait
bien de nouveau en piste !
Le contexte ayant été ainsi décrit grosso modo, tout
reste à jouer pour que « Ouh Ouh » se fraye son
cheminement à travers un purgatoire comico-dramatique en accédant
au Paradis des succès de la saison théâtrale en cours.
En tout cas, le scoop de ce mois de décembre 14, cest que
« Ouh Ouh » est désormais prolongé
jusquau 1er février 15.
Pour la suite de ces pérégrinations fantomatiques, faisons
confiance aux rappels & applaudissements se confirmant chaque soir au
rendez-vous donné par Isabelle Mergault & son trio, et ce, bien
que Chantal Ladesou, sa partenaire dune récente saison passée
dans ce même théâtre, officie à quelques centaines
de mètres dans une autre création chorale concurrente.
Bref, que de lémulation dans lair festif des Grands
Boulevards parisiens actuellement et que du rire à partager avec tous
ceux qui sont disposés à bien en profiter !
Theothea le 07/12/14
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