Les
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21ème
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à
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LE TEMPS ET LA CHAMBRE
de Botho
Strauss
mise
en scène Alain Françon
traduction Michel Vinaver
avec
Antoine Mathieu, Charlie Nelson, Gilles
Privat, Aurélie Reinhorn, Georgia Scalliet de la comédie
française, Renaud Triffault, Dominique Valadié, Jacques Weber,
Wladimir Yordanoff et la voix d'Anouk Grinberg |
****
Théâtre de La Colline
Tel 01 44 62 52 52
|
Directeur du Théâtre de La Colline durant douze années
accompagnant, en quelque sorte, le passage au XXIème siècle,
Alain Françon revient dans ce lieu forcément significatif pour
lui-même, en réalisant lun de ses projets restés
en suspens depuis son départ, à savoir celui de mettre en
scène lune des pièces les plus étranges qu'il
connaisse qu'est « Le Temps et la Chambre » de Botho
Strauss.
En effet, dissociant demblée lespace et le temps en
deux entités autonomes, lauteur y fait de même avec chacune
des rencontres hommes-femmes seffectuant en deux parties
différenciées, lune en lien préférentiel
avec la géo-localisation, cest-à-dire cette chambre,
lautre avec une figure féminine nommée Marie Steuber.
Alain Françon explique volontiers que son seul souci de
réalisation fut de ny montrer que « ce qui est
écrit » sans sembarrasser de considérations
thématiques ou linéaires qui tenteraient de donner sens et
emprise à un quelconque supputé « sujet de la
pièce ».
Sappuyant, ainsi, sur la seule substance des mots constituant
luvre, il confie à chacun de ses comédiens leur
partition spécifique se substituant en loccurrence au réalisme
des différents rôles.
Ce sera au spectateur, éventuellement, de relier entre eux tous
ces éléments, à la manière délectrons
libres, quil sera toujours possible dagencer subjectivement a
posteriori, en autant de compréhensions que de regards portés
sur les relations humaines sy déployant de manière
composite.
Au demeurant, la perception du public néophyte méconnaissant
lapproche discontinue et fragmentaire des dialogues de Botho Strauss
risque fort dêtre désemparée tant que celle-là
cherchant, en vain, à transformer les répliques
kaléidoscopiques en une suite narrative logique naura pas atteint
le déclic du « lâcher prise » au profit
désormais dune écoute latente, de type psychanalytique,
autorisant des associations libres éclairant, par le haut de la pyramide
conceptuelle, lentendement dune humanité évoluant,
par nature, dans la multiplicité et la contradiction.
Parvenu au stade du non-retour en arrière, Botho Strauss ne pourrait
plus dorénavant être dramaturge de la chronologie factuelle;
pour Alain Françon lenjeu de création est forcément
autre car comment penser que lamoureux de Tchekhov pourrait faire fi
de la nostalgie ?
En tout cas, durant cette tournée 2017, Georgia Scalliet de La
Comédie-Française et Jacques Weber ont rejoint la compagnie
« Théâtre des nuages de neige » nouvellement
fondée par Alain Françon, entourant entre autres Gilles Privat,
Dominique Valadié et Wladimir Yordanoff pour se glisser subtilement
dans cette expérience théâtrale hors du commun, tout
à la fois déconcertante et ambitieuse mais obligeant
nécessairement le spectateur à prendre position en temps
réel, quitte à faire progresser avantageusement, par la suite,
son appréciation.
Theothea le 14/01/17
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KARAMAZOV
d'après
Fédor Dostoïevski
mise
en scène Jean
Bellorini
avec
Michalis Boliakis, François
Deblock, Mathieu Delmonté, Karyll Elgrichi, Jean-Christophe Folly,
Jules Garreau, Camille de La Guillonnière, Jacques Hadjaje, Blanche
Leleu, Clara Mayer, Teddy Melis, Marc Plas, Benoit Prisset, Geoffroy Rondeau
et un enfant |
****
TGP
Tel 01 48
13 70 00
|
Jean Bellorini, nommé à la tête du Centre dramatique
national de Saint-Denis depuis trois ans, voit grand et ne craint pas de
pourfendre des uvres littéraires magistrales.
Après avoir subjugué le public avec sa fougueuse " Tempête
sous un crâne " d'après les Misérables, il
réitère avec la même troupe de comédiens qui
l'accompagnent depuis le début dont Camille de la Guillonière
qui nous avait complètement éblouis.
C'est avec sa complicité que tous deux ont adapté, cette
fois-ci, un monument de la littérature russe, les Frères Karamazov
de Fédor Dostoïevski. Le metteur en scène en a tiré
un spectacle palpitant et dense de près de 5 heures intitulé
Karamazov. Passé à Avignon dans le cadre pittoresque de la
carrière Boulbon, l'été dernier, il a retrouvé
le chemin du TGP jusqu'à fin janvier avant de partir en
tournée.
En ouverture, travesti en femme, Camille de la Guillonière apostrophe
le public pour résumer de façon cocasse et épique les
personnages et les situations. C'est en quelque sorte le coryphée,
incursion d'une figure du théâtre grec dans cette histoire
profondément russe qui va débuter par un chur d'acteurs
musiciens - en fait la distribution complète - entonnant un magnifique
chant terriblement poignant.
Tout au cours de cette saga, la bande se reformera régulièrement
pour chanter ensemble et même jouer en fanfare. La datcha abrite le
pianiste Michalis Boliakis et Benoît Prisset à la batterie qui
nous offriront aussi bien du Tchaïkovski que des morceaux contemporains
et une version très réussie de " Tombe la neige" d'Adamo.
Dans un décor mobile avec plateaux et deux petites cages de verre
circulant sur des rails, toute la place jusque sur le toit de l'isba est
laissée aux acteurs en contact permanent avec le public, le prenant
à bras le corps pour le conduire à travers les arcanes abyssaux
du roman racontant une terrifiante histoire de famille, celle d'un père
et ses fils en révolte contre lui.
Fiodor Pavlovitch, hobereau sans scrupules, représente une sorte
de mal incarné, avare, buveur, dépravé, joué
idéalement par Jacques Hadjaje, excellent dans l'outrance et
l'excès, cynique et veule à souhait. Ses trois fils
légitimes, nés de mères négligées,
trompées et mortes ont été élevés par
dautres et le quatrième, bâtard, est traité en
vil serviteur.
Tout tourne autour de ce père détesté qui sera finalement
assassiné. La tragédie du parricide représente exactement
le contraire de l' idée, où, loin de racheter les fautes de
leur père, les fils Karamazov deviennent acteurs, sinon complices
de son meurtre.
Dimitri, le fils aîné, tiraillé entre vice et vertu,
obnubilé par les femmes et l'argent, violent, possède aussi
une âme sensible au fond de lui-même et ouverte à la
purification par la souffrance. Ici, Jean-Christophe Folly lui insuffle une
impressionnante présence.
Ivan, l' intellectuel de la famille, solitaire, est un idéaliste
qui n'accepte pas le monde tel qu'il est. Il voue à son père
une haine jamais clairement exprimée. Interprété par
un Geoffroy Rondeau vibrant, il a la lourde tâche de développer
le long monologue de l'Inquisiteur, récit contre le retour du Christ,
exposant la thèse selon laquelle, en laissant l'homme libre de choisir
de croire ou non, il s'est trompé sur la nature humaine et a rendu
l'homme malheureux. Cette tirade assez ardue de près d'une demi-heure
crée un espace-temps qui brise l'élan ardent de la
pièce.
Aliocha, le cadet, incarne l'espoir que seul le retour à Dieu peut
sauver l'humanité. Ici, François Deblock, longue figure pâle
et fragile, aux cheveux peroxydés, dans son long manteau rouge (costumes
de Macha Makeïeff), fait penser au petit Prince, naïf et doux
rêveur, se déplaçant tel un funambule prêt à
"purifier" le monde.
Reste Smerdiakov, le bâtard épileptique, assoiffé
de vengeance. Marc Plas y apporte toute la veulerie conforme au personnage.
La trame policière construite, la quatrième partie
résoudra finalement la question de celui qui a tué. Smerdiakov
se révèle dans les faits être le coupable. Il est celui
qui porte au plus haut la tare contenue dans le père. Ivan est, quant
à lui, un assassin potentiel miné par le désir de tuer
le père qu'il méprisait. Mais cest Dimitri qui sera
jugé et condamné.
Tous les comédiens épousent avec une énergie
communicative les affres, les contradictions, les tourments de l'âme
humaine, les tentations, la lutte incessante entre le bien et le mal. Ainsi
également des personnages féminins, Clara Mayer, lumineuse
Grouchenka, jeune femme de bon plaisir qui aime et a été
abandonnée ou Karyll Elgrichi, la sombre Katerina, en position
sacrificielle, qui aime souffrir à ne pas être aimée.
Il est impossible de ne pas se laisser emporter par cette impétueuse
troupe dun style apparenté à celle d "Ariane
Mnouchkine" menée par un chef d'orchestre qui, mêlant musique
et chants à la parole, dirige à une cadence vertigineuse la
langue polyphonique et lyrique de Dostoïevski.
Cats / Theothea.com le 31/01/17
|
PIEGE MORTEL
de Ira
Levin
mise
en scène Eric Metayer
avec
Nicolas BRIANCON,
Cyril GARNIER, Virginie LEMOINE, Marie VINCENT et Damien
GAJDA |
****
Théâtre La Bruyère
Tel 01 48
74 76 99
|
Le véritable piège de cette pièce, mortifère
à souhait, cest quil ne faut rien en dire au risque den
déflorer le suspens. Annoncer que les coups de théâtre
sy succèderaient comme à guignol sapparenterait
à inhiber le jeu de massacre qui sy prépare.
Évoquer lhumour anglo-saxon qui le traverse, de part en part,
à chaque étape de son carnage dramaturgique reviendrait à
confirmer que le renversement des rôles sy substitue en son contraire
bien que déjà plus personne ne saurait où en est le
fil conducteur de sa thématique façon « Brexit or
no ».
Bref, à force de tourner autour de Nicolas Briançon, Virginie
Lemoine et Cyril Garnier comme autant de spécimens phénoménaux
dun thriller grandeur nature du type « Eric
Métayer », ladaptation de Gérald Sibleyras
de « Deathtrap », jouée sans interruption entre
1978 et 1982 établissant ainsi le record de longévité
sur Broadway pour une comédie policière, finirait par prendre
des allures dénigme « sans retour ».
Et pourtant, les droits dauteur fondant la propriété
intellectuelle, çà existe ici autant quailleurs sur la
planète mais selon, de toute évidence, des modalités
différenciées.
Il savère que ceux-ci pourraient fort bien être à
lorigine du pataquès suscité par Sydney (Nicolas
Briançon) en panne dinspiration pour écrire une nouvelle
pièce à succès et ainsi, en loccurrence, être
fort tenté de prendre à son compte le manuscrit de Clifford
(Cyril Garnier), un de ses jeunes disciples, afin den recueillir la
totalité des royalties en fin de saison théâtrale.
Ceci dit, cette tentative dexplication radicale serait encore beaucoup
trop prosaïque pour épuiser les forces obscures ou
bénéfiques entrant en jeu diabolique avec la destinée
lorsquil faut coucher sur le papier, fût-ce avec une machine
à écrire pour binôme, les phases successives de la
création dramaturgique menant aux confins de la gloire et de la richesse
alors même que la fiction devrait impérativement se contenter
dune réalité vécue au plus profond du drame
engendré.
Voilà, à ce stade, il est sûr que tout le monde a
perdu pied, nest-ce pas ? Le piège mortel sest bel et
bien refermé sur tous ceux qui voulaient le braver, fût-ce
simplement pour le gérer à distance prudente à
linstar de Myra (Virginie Lemoine), lépouse de Sydney
!
Disons néanmoins que, en joignant Marie Vincent et Damien Gajda
aux comédiens précités plus haut, et sans vouloir faire
uvre de voyance divinatoire, il est fort probable, par construction
dramatique aboutie, que lun(e) dentre eux puisse être en
mesure de tirer son épingle dun jeu théâtral à
forte connotation prédictive. A vos souhaits !
Theothea le 25/01/17
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HÔTEL DES DEUX MONDES
de
Eric-Emmanuel Schmitt
mise
en scène Anne
Bourgeois
avec
Davy SARDOU, Jean-Paul
FARRE, Jean-Jacques MOREAU, Michèle GARCIA, Odile COHEN, Noémie
ELBAZ, Günther VANSEVEREN & Roxane LE TEXIER |
****
Théâtre Rive Gauche
Tel 01 43
35 32 31
|
Dix-sept années ont passé depuis quau tournant du
siècle était créée, en salle Popesco du
Théâtre Marigny, cette huitième pièce
dEric-Emmanuel autour de lascenseur diabolique dun petit
motel désuet. Nous débutions notre chronique de
lépoque ainsi :
« Ce pourrait être le purgatoire des âmes, mais
cest plus certainement lantichambre de la destinée que
cet hôtel des deux mondes, situé quelque part entre le haut
et le bas comme un improbable refuge en état dapesanteur.
Les corps flottent débarrassés de leur contingence pathologique
permettant ainsi aux esprits de se réapproprier leurs capacités
précédemment atrophiées par les aléas de la
vie
»
Il est effectif que ce flottement scénographique
éthéré nous revient désormais à la
mémoire en même temps que le sifflet strident qui
précédait chaque voyage en monte-charge vers cette alternative
de lau-delà ou de lici-bas.
Aujourdhui, au Théâtre Rive Gauche cogéré
par E-E. Schmitt, il apparaît aisément que la direction
dacteurs signée Anne Bourgeois prend le contre-pied de cette
précédente mise en scène de Daniel Roussel, davantage
abstraite et cérébrale.
Les huit comédiens, dont deux anges fort expressifs bien que muets,
y jouent présentement dune manière charnelle et,
délibérément, « bien vivante ».
Ce parti pris a priori paradoxal, eu égard à cette
création de lan 2000, sexplique par la dimension avant
tout humaine de ces personnages déboutés par la vie quel que
soit leur retrait, temporaire ou définitif.
En effet, propulsés dans ce lieu
« hospitalier » par un coma profond survenu à
la suite dune cause accidentelle ou pathologique, ces êtres,
souvent hauts en couleur, vont tenter, durant cette parenthèse de
temps plus ou moins brève, de (se) reconstruire un espace vital selon
des variables dajustement collectif.
Cest ainsi que, par la parole échangée, argumentée,
problématisée, les cinq protagonistes dépossédés
du droit existentiel vont reprendre pied dans ce hall daccueil face
à une doctoresse (Odile Cohen) bienveillante mais se disant
dénuée de tout pouvoir décisionnel vital.
Julien (Davy Sardou), le président Delbec (Jean-Jacques Moreau),
Laura (Noémie Elbaz), Marie (Michèle Garcia), le mage Radjapur
(Jean-Paul Farré), chacun ira de son couplet à connotation
terre à terre, idéaliste, philosophique ou métaphysique
bien que toujours menacé par le défaitisme ou le renoncement
mais chacun, surtout, se construira une nouvelle armure, prêt à
affronter objectivement la fatalité au nom dune maxime basique
mais ô combien performante :
« La confiance est une petite flamme qui néclaire
rien, mais qui tient chaud ».
Et puis, chacun à son heure, appelé par la destinée
et, donc en loccurrence, par la fameuse Docteur S. (comme Schmitt),
devra rejoindre le majestueux ascenseur à cage mordorée pour
y être enfermé si possible paisiblement
afin de se soumettre
aux lois mystérieuses du tirage au sort à titre personnel.
A cet instant, dans un délire addictif semblable à la musique
des machines à sous de tous les casinos du monde, se déclenchera
une procédure de recherche acoustique et visuelle aléatoire,
du plus bel effet sur le public
se soldant, au bout dun espace
temps relatif, par le pouce levé ou baissé, en loccurrence
par une signalisation stroboscopique de lascenseur se dirigeant
subjectivement vers le meilleur ou le pire.
Les jeux sont faits !
« Rien ne va plus ! »
et pour en finir avec la métaphore ludique
Rouge ou noir, pair
ou impair, manque ou passe, chacun y aura ainsi trouvé son compte,
sa perspective et sa fortune, heureuse ou moins, à la roulette de
« lHôtel des deux mondes ».
Theothea le 26/01/17
|
LES ENFANTS DU
SILENCE
de Mark
Medoff
mise
en scène Anne-Marie
Etienne
avec
Catherine Salviat, Alain Lenglet,
Coraly Zahonero, Françoise Gillard, Laurent Natrella, Elliot Jenicot
& Anna Cervinka |
****
Théâtre Antoine
Tel
01.42.08.77.71
|
La chronique de Theothea lors de la
création au Vieux-Colombier en 2015 :
"« The sound of silence » chantent toujours Simon & Garfunkel
! Serait-ce un paradoxe similaire qui régit actuellement la mise en
scène dAnne-Marie Etienne au Vieux-Colombier ?
..... Lire
la suite de la chronique
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