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Les    Chroniques   de

  

21ème  Saison     Chroniques   20.026   à   20.030    Page  406

 

           

     

     

             

Concert Chorale Unesco 19/01/17 © Theothea.com

   

       

   

     

                

 KARAMAZOV - TGP   © Theothea.com

     

     

           

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LE TEMPS ET LA CHAMBRE

de Botho Strauss

mise en scène  Alain Françon 

traduction  Michel Vinaver

avec  Antoine Mathieu, Charlie Nelson, Gilles Privat, Aurélie Reinhorn, Georgia Scalliet de la comédie française, Renaud Triffault, Dominique Valadié, Jacques Weber, Wladimir Yordanoff et la voix d'Anouk Grinberg 

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Théâtre de La Colline

Tel  01 44 62 52 52  

   

                      ©   Michel Corbou    

                                 

Directeur du Théâtre de La Colline durant douze années accompagnant, en quelque sorte, le passage au XXIème siècle, Alain Françon revient dans ce lieu forcément significatif pour lui-même, en réalisant l’un de ses projets restés en suspens depuis son départ, à savoir celui de mettre en scène l’une des pièces les plus étranges qu'il connaisse qu'est « Le Temps et la Chambre » de Botho Strauss.

En effet, dissociant d’emblée l’espace et le temps en deux entités autonomes, l’auteur y fait de même avec chacune des rencontres hommes-femmes s’effectuant en deux parties différenciées, l’une en lien préférentiel avec la géo-localisation, c’est-à-dire cette chambre, l’autre avec une figure féminine nommée Marie Steuber.

Alain Françon explique volontiers que son seul souci de réalisation fut de n’y montrer que « ce qui est écrit » sans s’embarrasser de considérations thématiques ou linéaires qui tenteraient de donner sens et emprise à un quelconque supputé « sujet de la pièce ».

S’appuyant, ainsi, sur la seule substance des mots constituant l’œuvre, il confie à chacun de ses comédiens leur partition spécifique se substituant en l’occurrence au réalisme des différents rôles.

Ce sera au spectateur, éventuellement, de relier entre eux tous ces éléments, à la manière d’électrons libres, qu’il sera toujours possible d’agencer subjectivement a posteriori, en autant de compréhensions que de regards portés sur les relations humaines s’y déployant de manière composite.

Au demeurant, la perception du public néophyte méconnaissant l’approche discontinue et fragmentaire des dialogues de Botho Strauss risque fort d’être désemparée tant que celle-là cherchant, en vain, à transformer les répliques kaléidoscopiques en une suite narrative logique n’aura pas atteint le déclic du « lâcher prise » au profit désormais d’une écoute latente, de type psychanalytique, autorisant des associations libres éclairant, par le haut de la pyramide conceptuelle, l’entendement d’une humanité évoluant, par nature, dans la multiplicité et la contradiction.

Parvenu au stade du non-retour en arrière, Botho Strauss ne pourrait plus dorénavant être dramaturge de la chronologie factuelle; pour Alain Françon l’enjeu de création est forcément autre car comment penser que l’amoureux de Tchekhov pourrait faire fi de la nostalgie ?

En tout cas, durant cette tournée 2017, Georgia Scalliet de La Comédie-Française et Jacques Weber ont rejoint la compagnie « Théâtre des nuages de neige » nouvellement fondée par Alain Françon, entourant entre autres Gilles Privat, Dominique Valadié et Wladimir Yordanoff pour se glisser subtilement dans cette expérience théâtrale hors du commun, tout à la fois déconcertante et ambitieuse mais obligeant nécessairement le spectateur à prendre position en temps réel, quitte à faire progresser avantageusement, par la suite, son appréciation.

Theothea le 14/01/17

       

     

               ©   Theothea.com

     

KARAMAZOV

d'après Fédor Dostoïevski

mise en scène  Jean Bellorini  

avec  Michalis Boliakis, François Deblock, Mathieu Delmonté, Karyll Elgrichi, Jean-Christophe Folly, Jules Garreau, Camille de La Guillonnière, Jacques Hadjaje, Blanche Leleu, Clara Mayer, Teddy Melis, Marc Plas, Benoit Prisset, Geoffroy Rondeau et un enfant 

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TGP

Tel   01 48 13 70 00

   

                      ©   Theothea.com    

                                 

Jean Bellorini, nommé à la tête du Centre dramatique national de Saint-Denis depuis trois ans, voit grand et ne craint pas de pourfendre des œuvres littéraires magistrales.

Après avoir subjugué le public avec sa fougueuse " Tempête sous un crâne " d'après les Misérables, il réitère avec la même troupe de comédiens qui l'accompagnent depuis le début dont Camille de la Guillonière qui nous avait complètement éblouis.

C'est avec sa complicité que tous deux ont adapté, cette fois-ci, un monument de la littérature russe, les Frères Karamazov de Fédor Dostoïevski. Le metteur en scène en a tiré un spectacle palpitant et dense de près de 5 heures intitulé Karamazov. Passé à Avignon dans le cadre pittoresque de la carrière Boulbon, l'été dernier, il a retrouvé le chemin du TGP jusqu'à fin janvier avant de partir en tournée.

En ouverture, travesti en femme, Camille de la Guillonière apostrophe le public pour résumer de façon cocasse et épique les personnages et les situations. C'est en quelque sorte le coryphée, incursion d'une figure du théâtre grec dans cette histoire profondément russe qui va débuter par un chœur d'acteurs musiciens - en fait la distribution complète - entonnant un magnifique chant terriblement poignant.

Tout au cours de cette saga, la bande se reformera régulièrement pour chanter ensemble et même jouer en fanfare. La datcha abrite le pianiste Michalis Boliakis et Benoît Prisset à la batterie qui nous offriront aussi bien du Tchaïkovski que des morceaux contemporains et une version très réussie de " Tombe la neige" d'Adamo.

Dans un décor mobile avec plateaux et deux petites cages de verre circulant sur des rails, toute la place jusque sur le toit de l'isba est laissée aux acteurs en contact permanent avec le public, le prenant à bras le corps pour le conduire à travers les arcanes abyssaux du roman racontant une terrifiante histoire de famille, celle d'un père et ses fils en révolte contre lui.

Fiodor Pavlovitch, hobereau sans scrupules, représente une sorte de mal incarné, avare, buveur, dépravé, joué idéalement par Jacques Hadjaje, excellent dans l'outrance et l'excès, cynique et veule à souhait. Ses trois fils légitimes, nés de mères négligées, trompées et mortes ont été élevés par d’autres et le quatrième, bâtard, est traité en vil serviteur.

Tout tourne autour de ce père détesté qui sera finalement assassiné. La tragédie du parricide représente exactement le contraire de l' idée, où, loin de racheter les fautes de leur père, les fils Karamazov deviennent acteurs, sinon complices de son meurtre.

Dimitri, le fils aîné, tiraillé entre vice et vertu, obnubilé par les femmes et l'argent, violent, possède aussi une âme sensible au fond de lui-même et ouverte à la purification par la souffrance. Ici, Jean-Christophe Folly lui insuffle une impressionnante présence.

Ivan, l' intellectuel de la famille, solitaire, est un idéaliste qui n'accepte pas le monde tel qu'il est. Il voue à son père une haine jamais clairement exprimée. Interprété par un Geoffroy Rondeau vibrant, il a la lourde tâche de développer le long monologue de l'Inquisiteur, récit contre le retour du Christ, exposant la thèse selon laquelle, en laissant l'homme libre de choisir de croire ou non, il s'est trompé sur la nature humaine et a rendu l'homme malheureux. Cette tirade assez ardue de près d'une demi-heure crée un espace-temps qui brise l'élan ardent de la pièce.

Aliocha, le cadet, incarne l'espoir que seul le retour à Dieu peut sauver l'humanité. Ici, François Deblock, longue figure pâle et fragile, aux cheveux peroxydés, dans son long manteau rouge (costumes de Macha Makeïeff), fait penser au petit Prince, naïf et doux rêveur, se déplaçant tel un funambule prêt à "purifier" le monde.

Reste Smerdiakov, le bâtard épileptique, assoiffé de vengeance. Marc Plas y apporte toute la veulerie conforme au personnage.

La trame policière construite, la quatrième partie résoudra finalement la question de celui qui a tué. Smerdiakov se révèle dans les faits être le coupable. Il est celui qui porte au plus haut la tare contenue dans le père. Ivan est, quant à lui, un assassin potentiel miné par le désir de tuer le père qu'il méprisait. Mais c’est Dimitri qui sera jugé et condamné.

Tous les comédiens épousent avec une énergie communicative les affres, les contradictions, les tourments de l'âme humaine, les tentations, la lutte incessante entre le bien et le mal. Ainsi également des personnages féminins, Clara Mayer, lumineuse Grouchenka, jeune femme de bon plaisir qui aime et a été abandonnée ou Karyll Elgrichi, la sombre Katerina, en position sacrificielle, qui aime souffrir à ne pas être aimée.

Il est impossible de ne pas se laisser emporter par cette impétueuse troupe d’un style apparenté à celle d’ "Ariane Mnouchkine" menée par un chef d'orchestre qui, mêlant musique et chants à la parole, dirige à une cadence vertigineuse la langue polyphonique et lyrique de Dostoïevski.

Cat’s / Theothea.com le 31/01/17 

   

           

               ©   Theothea.com

     

PIEGE MORTEL

de  Ira Levin 

mise en scène  Eric Metayer  

avec   Nicolas BRIANCON, Cyril GARNIER, Virginie LEMOINE, Marie VINCENT et Damien GAJDA

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Théâtre La Bruyère

Tel  01 48 74 76 99

   

                      ©   LOT    

                                 

Le véritable piège de cette pièce, mortifère à souhait, c’est qu’il ne faut rien en dire au risque d’en déflorer le suspens. Annoncer que les coups de théâtre s’y succèderaient comme à guignol s’apparenterait à inhiber le jeu de massacre qui s’y prépare.

Évoquer l’humour anglo-saxon qui le traverse, de part en part, à chaque étape de son carnage dramaturgique reviendrait à confirmer que le renversement des rôles s’y substitue en son contraire bien que déjà plus personne ne saurait où en est le fil conducteur de sa thématique façon « Brexit or no ». 

Bref, à force de tourner autour de Nicolas Briançon, Virginie Lemoine et Cyril Garnier comme autant de spécimens phénoménaux d’un thriller grandeur nature du type « Eric Métayer », l’adaptation de Gérald Sibleyras de « Deathtrap », jouée sans interruption entre 1978 et 1982 établissant ainsi le record de longévité sur Broadway pour une comédie policière, finirait par prendre des allures d’énigme « sans retour ».

Et pourtant, les droits d’auteur fondant la propriété intellectuelle, çà existe ici autant qu’ailleurs sur la planète mais selon, de toute évidence, des modalités différenciées.

Il s’avère que ceux-ci pourraient fort bien être à l’origine du pataquès suscité par Sydney (Nicolas Briançon) en panne d’inspiration pour écrire une nouvelle pièce à succès et ainsi, en l’occurrence, être fort tenté de prendre à son compte le manuscrit de Clifford (Cyril Garnier), un de ses jeunes disciples, afin d’en recueillir la totalité des royalties en fin de saison théâtrale.

Ceci dit, cette tentative d’explication radicale serait encore beaucoup trop prosaïque pour épuiser les forces obscures ou bénéfiques entrant en jeu diabolique avec la destinée lorsqu’il faut coucher sur le papier, fût-ce avec une machine à écrire pour binôme, les phases successives de la création dramaturgique menant aux confins de la gloire et de la richesse alors même que la fiction devrait impérativement se contenter d’une réalité vécue au plus profond du drame engendré.

Voilà, à ce stade, il est sûr que tout le monde a perdu pied, n’est-ce pas ? Le piège mortel s’est bel et bien refermé sur tous ceux qui voulaient le braver, fût-ce simplement pour le gérer à distance prudente à l’instar de Myra (Virginie Lemoine), l’épouse de Sydney !

Disons néanmoins que, en joignant Marie Vincent et Damien Gajda aux comédiens précités plus haut, et sans vouloir faire œuvre de voyance divinatoire, il est fort probable, par construction dramatique aboutie, que l’un(e) d’entre eux puisse être en mesure de tirer son épingle d’un jeu théâtral à forte connotation prédictive. A vos souhaits !…

Theothea le 25/01/17

       

     

               ©   Theothea.com

     

HÔTEL DES DEUX MONDES  

de  Eric-Emmanuel Schmitt 

mise en scène  Anne Bourgeois  

avec   Davy SARDOU, Jean-Paul FARRE, Jean-Jacques MOREAU, Michèle GARCIA, Odile COHEN, Noémie ELBAZ, Günther VANSEVEREN & Roxane LE TEXIER

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Théâtre Rive Gauche

Tel   01 43 35 32 31

   

                      ©   Theothea.com    

                                 

Dix-sept années ont passé depuis qu’au tournant du siècle était créée, en salle Popesco du Théâtre Marigny, cette huitième pièce d’Eric-Emmanuel autour de l’ascenseur diabolique d’un petit motel désuet. Nous débutions notre chronique de l’époque ainsi :

« Ce pourrait être le purgatoire des âmes, mais c’est plus certainement l’antichambre de la destinée que cet hôtel des deux mondes, situé quelque part entre le haut et le bas comme un improbable refuge en état d’apesanteur.

Les corps flottent débarrassés de leur contingence pathologique permettant ainsi aux esprits de se réapproprier leurs capacités précédemment atrophiées par les aléas de la vie… »

Il est effectif que ce flottement scénographique éthéré nous revient désormais à la mémoire en même temps que le sifflet strident qui précédait chaque voyage en monte-charge vers cette alternative de l’au-delà ou de l’ici-bas.

Aujourd’hui, au Théâtre Rive Gauche cogéré par E-E. Schmitt, il apparaît aisément que la direction d’acteurs signée Anne Bourgeois prend le contre-pied de cette précédente mise en scène de Daniel Roussel, davantage abstraite et cérébrale.

Les huit comédiens, dont deux anges fort expressifs bien que muets, y jouent présentement d’une manière charnelle et, délibérément, « bien vivante ».

Ce parti pris a priori paradoxal, eu égard à cette création de l’an 2000, s’explique par la dimension avant tout humaine de ces personnages déboutés par la vie quel que soit leur retrait, temporaire ou définitif.

En effet, propulsés dans ce lieu « hospitalier » par un coma profond survenu à la suite d’une cause accidentelle ou pathologique, ces êtres, souvent hauts en couleur, vont tenter, durant cette parenthèse de temps plus ou moins brève, de (se) reconstruire un espace vital selon des variables d’ajustement collectif.

C’est ainsi que, par la parole échangée, argumentée, problématisée, les cinq protagonistes dépossédés du droit existentiel vont reprendre pied dans ce hall d’accueil face à une doctoresse (Odile Cohen) bienveillante mais se disant dénuée de tout pouvoir décisionnel vital.

Julien (Davy Sardou), le président Delbec (Jean-Jacques Moreau), Laura (Noémie Elbaz), Marie (Michèle Garcia), le mage Radjapur (Jean-Paul Farré), chacun ira de son couplet à connotation terre à terre, idéaliste, philosophique ou métaphysique bien que toujours menacé par le défaitisme ou le renoncement mais chacun, surtout, se construira une nouvelle armure, prêt à affronter objectivement la fatalité au nom d’une maxime basique mais ô combien performante :

«  La confiance est une petite flamme qui n’éclaire rien, mais qui tient chaud ».

Et puis, chacun à son heure, appelé par la destinée et, donc en l’occurrence, par la fameuse Docteur S. (comme Schmitt), devra rejoindre le majestueux ascenseur à cage mordorée pour y être enfermé si possible paisiblement… afin de se soumettre aux lois mystérieuses du tirage au sort à titre personnel.

A cet instant, dans un délire addictif semblable à la musique des machines à sous de tous les casinos du monde, se déclenchera une procédure de recherche acoustique et visuelle aléatoire, du plus bel effet sur le public… se soldant, au bout d’un espace temps relatif, par le pouce levé ou baissé, en l’occurrence par une signalisation stroboscopique de l’ascenseur se dirigeant subjectivement vers le meilleur ou le pire.

Les jeux sont faits !… « Rien ne va plus ! »… et pour en finir avec la métaphore ludique… Rouge ou noir, pair ou impair, manque ou passe, chacun y aura ainsi trouvé son compte, sa perspective et sa fortune, heureuse ou moins, à la roulette de « l’Hôtel des deux mondes ».

Theothea le 26/01/17

         

       

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LES ENFANTS DU SILENCE

de  Mark Medoff 

mise en scène   Anne-Marie Etienne  

avec  Catherine Salviat, Alain Lenglet, Coraly Zahonero, Françoise Gillard, Laurent Natrella, Elliot Jenicot & Anna Cervinka 

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Théâtre  Antoine 

Tel   01.42.08.77.71

   

                      ©   Theothea.com    

                             

La chronique de Theothea  lors de la création au Vieux-Colombier en 2015 :

"« The sound of silence » chantent toujours Simon & Garfunkel ! Serait-ce un paradoxe similaire qui régit actuellement la mise en scène d’Anne-Marie Etienne au Vieux-Colombier ?  ..... Lire la suite de la chronique

       

     

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