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21ème  Saison     Chroniques   20.051   à   20.055    Page  411

 

     

        

     

           

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UN AMOUR IMPOSSIBLE

de  Christine Angot 

mise en scène  Célie Pauthe  

avec  Maria de Medeiros & Bulle Ogier    

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Théâtre Odéon Berthier

   

                  ©   E Carecchio

                                   

En adaptant elle-même son propre roman, celui convoquant la mère et la fille au sein des profondeurs abyssales habitant leur réciprocité, en perspective d’être joué sur la scène théâtrale, Christine Angot ajoute une corde « porteuse » à son arc lui permettant de cibler la relation binôme fondatrice et universelle.

Réécrivant le parcours d’une vie, celui de Rachel sa génitrice, selon plusieurs rencontres chronologiques sous tête-à-tête avec la narratrice, celle-ci se dédoublera tout à la fois en L’écrivaine distanciée ainsi que La jeune « Christine » s’incarnant jusqu’à l’adolescence sous le nom matriarcale de « Schwartz » et, par la suite, sous celui patriarcal de « Angot » puisque Pierre, l’ex-amant adoré, aura alors consenti à reconnaître civilement l’enfant âgée de 14 ans.

Associées, dès l’origine, au projet initial souhaité par la metteuse en scène Célie Pauthe après que celle-ci eut donc contacté l’auteure, les comédiennes Bulle Ogier & Maria de Medeiros donnèrent leur accord d’autant plus enthousiasmées qu’elles allaient devoir jouer avec les âges progressant en concomitance avec ceux de Rachel & Christine.

Unité de temps, imaginé comme une longue journée où celles-ci se remémoraient en tableaux scénographiques les moments clefs successifs d’impossibles amours duels conjugués à trois. Unité de lieu, celui de l’espace scénique qui s’adapterait à la conceptualisation symbolique et néanmoins géo-localisée de ces relations tripartites où la présence charnelle de Pierre, l’ex-amant et père incestueux y sera d’autant plus exclue que son décès marquera le point initial de l’adaptation théâtrale où la mise en mots lui servira ainsi d’hologramme virtuel.

Davantage que la vengeance, la rébellion ou autre ressentiment, sous-tendant certains de ses précédents livres rendant compte de la transgression paternelle, la démarche « romancière » voulue ici par Christine Angot est celle d’une analyse idéologique et politique du crime familial dont la responsabilité morale, par- delà l’agresseur, incomberait collectivement au laxisme sociétal des règles ségrégatives implicitement en cours.

Au-delà des conséquences victimaires indélébiles, il importait présentement à Christine de tenter de comprendre, par le biais de leurs perceptions féminines en cheminement divergeant, les éventuels entendement, discernement et motivations maternels en testant à chaque étape la prise de conscience de Rachel, a posteriori ou non, des enjeux relationnels ayant été impliqués.

Si, respectivement à 84 et 58 ans, la rancoeur pourrait, ainsi, faire place à l’apaisement, c’est tout simplement parce que l’amour sera demeuré présent, certes dissimulé mais sans fard, et pourvu qu’à deux, mère & fille, elles sachent désormais lui accorder une place prépondérante.

Il faut dire qu’à ce jeu éminemment théâtral auquel se livrent, corps et âmes à tous les âges de la vie, Maria & Bulle, le charme est indicible, la performance est émotionnelle, le talent est à fleur de peau.

La metteuse en scène dirige avec tact les affrontements et réconciliations opportuns selon des enchaînements de plateaux à vue où respiration, quiétude & sérénité scéniques s’expriment en un calme ballet technique dédramatisant.

Bulle Ogier nous apparaît en adéquation confondante à travers le prisme nostalgique sorti de son univers cinématographique; Maria de Medeiros envoûte par son sourire adulescent et ses manières de jeune fille non rangée en pleine empathie affective avec sa partenaire.

A travers elles deux, surgissent notamment, et comme par magie, les années soixante symbolisées par des pas de danse anthologiques en solo puis à deux sous le rythme rock et sensuel de Nancy Sinatra scandant le fameux « These boots are made for walkin’ »

Bravo à Christine & Célie d’avoir rendu « possible » ce revival show Bulle & Maria… ludique, emblématique et métaphorique de cette quête en résilience !

Theothea le 28/02/17

   

           

               ©   Theothea.com

     

BANKABLE

de  Philippe Madral 

mise en scène  Daniel Colas  

avec  Lorànt Deutsch, Vincent Winterhalter, Jérôme Anger, Manoëlle Gaillard & Caroline Maillard    

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Théâtre  Montparnasse

   

                      ©   Theothea.com    

                                   

Pierre, Bruno, Antoine et les autres… en l’occurrence Solange & Sabine respectivement mère de Bruno & épouse de Pierre… sont dans un bateau qui prend l’eau et il va falloir que le système « D » supplée à leurs difficultés sous peine de couler… tous ensemble.

A ceci près qu’en dehors de toute métaphore aquatique et surtout en perspective du prochain tournage d’un film à succès, le scénariste, l’acteur et le producteur doivent trouver, au sein de judicieux compromis, le moyen de rassurer le co-producteur américain et ainsi de mener à terme le processus de créativité cinématographique.

Ce trio n’est pas sans rappeler celui que Daniel Colas a eu l’occasion de diriger en 2011 au Théâtre Antoine, puis de reprendre à La Michodière sous le titre « Hollywood » si ce n’est qu’à l’acteur tête d’affiche s’y substituait alors un metteur en scène en situation de siège éjectable.

Il s’agissait, déjà, à l’époque de réussir à boucler l’écriture scénaristique malgré toutes les vicissitudes spécifiques aux Studios Hollywoodiens alors que, présentement, au Théâtre Montparnasse, c’est principalement la vraisemblance entre les caractéristiques de l’acteur choisi et l’écriture en gestation qui va poser problème à une co-production mal ficelée dès l’origine.

Cerise sur le gâteau du 7ème Art, c’est donc également Daniel Colas qui, de nouveau, est aux commandes de cette création théâtrale.

La thématique est néanmoins différenciée car il s’agissait, précédemment, de l’adaptation du célèbre roman et film « Autant en emporte le vent » alors que, présentement, Philippe Madral a écrit cette comédie « impayable » en fonction de sa connaissance interne du milieu du cinéma où les proches des protagonistes participent, à leurs dépens, aux tribulations engendrées par cette coopération lobbyiste.

C’est l’aspect caractériel qui va ici prédominer en montrant des « professionnels de la profession », vulnérables dans leur équilibre relationnel et plus souvent soucieux de leurs intérêts propres ou privés au détriment de ceux d’une ambition collectivement partagée.

Par ailleurs, le parti pris de la réalisation scénographique penchera du côté de la bande dessinée plutôt que de celui du réalisme; ce qui aura pour conséquence de placer les comédiens dans une certaine fébrilité de type cinéma muet et ainsi de susciter une atmosphère similaire à celle des Max brothers.

Daniel Colas s’est ainsi orienté vers une réalisation délibérément différente de son « Hollywood » et c’est donc dans une perspective davantage ludique que paranoïaque que ses personnages semblent interagir en mettant en valeur leur subjectivité respective totalement contre-performante.

Lorànt Deutsch compose un scénariste hypocondriaque, excédé dès qu’il est envisagé de retoucher à son écriture; Jérôme Anger un producteur toujours prêt à se dénier afin de perpétuer son train de vie; Vincent Winterhalter l’acteur quasiment « has been » mais qui n’a rien vu venir.

Par ailleurs, adulescent attardé, celui-ci se laisse aisément cornaquer par Solange, sa mère pathologiquement égocentrique alors que Sabine, à la recherche d’une harmonie familiale, stigmatise les réactions velléitaires de Pierre.

Bien entendu, tout ce petit monde ne peut représenter l’état psychosocial du cinéma français contemporain mais puisqu’il s’agit d’une comédie de moeurs, cela contribue à en montrer certains travers de nantis. Reste au public de savoir en rire jaune ou pas !

Theothea le 25/02/17

           

               ©   Theothea.com

     

L'AIGLE A DEUX TÊTES

de  Jean Cocteau 

mise en scène   Issame Chayle  

avec  Delphine Depardieu, Alexis Moncorgé, François Nambot, Julien Urrutia & Salomé Villiers    

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Théâtre du Ranelagh

   

             ©   Julien Jovelin

                             

       

     

               ©   Theothea.com

     

ENTRETIENS D'EMBAUCHE

   

de & mise en scène  Anne Bourgeois  

avec  Laurence Fabre    

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Théâtre Déjazet

   

             ©   LOT

                                   

Dans le titre, se trouvent donc les mots « entretiens », « embauche » qui doivent être complétés, selon l’autrice, par « et autres demandes excessives ».

Bien entendu, ce supplément d’exigence est imputable en partie au demandeur d’emploi mais surtout à son questionneur et, de manière générale, à tous ceux qui pourraient abuser du pouvoir qu’ils détiennent face à la vulnérabilité humaine.

Une sorte de vade mecum informel va apparaître au fur et à mesure des rencontres professionnelles engageant le postulant à appliquer quelques règles comportementales : « être soi-même », « aimer son interlocuteur », « s’habiller sans ostentation » etc… bref, maintenir le bon sens et la simplicité en ligne directrice.

Mais le texte et la mise en scène d’Anne Bourgeois échappent rapidement à ce cadre convenu, en installant la comédienne Laurence Fabre en situation d’instabilité existentielle, c’est-à-dire que celle-ci, au-delà de sa recherche ponctuelle du gagne-pain indispensable, se retrouve face à la vie, démunie comme l’enfant qui vient de naître… à ceci près qu’il s’agit d’une jeune femme contemporaine en mal de repères sociaux, psychologiques, affectifs voire métaphysiques.

Et Dieu dans tout cela, qu’en penserait-il, en effet, si la croyance devait être également au rendez-vous ?

Flirtant ainsi sur le domaine, ô combien spéculatif, d’Eric-Emmanuel Schmitt, Anne Bourgeois, en totale complémentarité et complicité avec son « actrice », effectue alors un virage de traverse et l’engage sur le terrain de la pantomime facétieuse où l’art du clown peut être considéré comme une réponse au stress sociétal en adoptant des comportements décalés mais significatifs du mal être, ainsi qu’en exprimant des mimiques, des gestes, des phrases en apparence peu conformes à la maîtrise de soi mais en définitive fort libérateurs d’énergie et d’affect, bref en laissant le corps et l’esprit trouver une adéquation constructive devant l’incompréhension formatée du monde environnant.

Pour parvenir à cette perspective scénographique, Laurence Fabre dispose de ressources fort appropriées, à la fois naturelles mais également acquises, en dialectique synchrone avec la voix off questionnante de Fabrice Drouelle.

Selon un visage d’apparence différenciée, pouvant évoluer, par exemple, d’ « Agnès Soral » à « Céline Dion » (ou « Véronic Di Caire » son imitatrice) en passant par « Virginie Lemoine » dont sa composition de demandeuse d’emploi, à la fois gentille, naïve et pétulante, serait la plus proche, l’artiste endosse à part entière son rôle de one-woman-show, capable par exemple, de se dédoubler dans l’instant en Solange son interrogatrice burlesque de pôle emploi.

Dans ce légendaire Théâtre Dejazet, dirigé depuis quarante décennies par Jean Bouquin totalement passionné à la cause du spectacle vivant tout en ne fonctionnant que par instinct et « coups de coeur », Laurence Fabre & Anne Bourgeois trouvent en ce « mécène » de l’art théâtral l’opportunité de « toucher » les spectateurs durant deux mois que « tous ensemble » devraient estimer à sa plus haute intensité.

Apprécions, par conséquent, cette création du Festival off d’Avignon 2015 à hauteur de conte tragi-comique, telle une quête globalisante impliquant l’invite et la démarche initiatique à (re)prendre possession de sa véritable personnalité, ce qui, à terme, devrait permettre pour tout un chacun d’être réellement présent au monde selon des compétences spécifiques et, ainsi, de pouvoir interpréter, penser et, en définitive, assumer une relation « sereinement subjective » face à la société.

Theothea le 23/02/17

     

         

                ©   LOT

     

C'EST ENCORE MIEUX L'APRES-MIDI

de  Ray Cooney    adaptation Jean Poiret

mise en scène  José Paul  

avec  Pierre Cassignard – Lysiane Meis – Sébastien Castro - Guilhem Pellegrin – Pascale Louange - Guillaume Clérice – Rudy Milstein – Anne-Sophie Germanaz 

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Théâtre  Hébertot 

   

             ©   Laurencine LOT

                             

       

     

               ©   Laurencine LOT

     

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