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Les    Chroniques   de

  

29ème  Saison     Chroniques   00.01   à   00.05    Page  490

 

       

                   

                 

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  Mylène Farmer  Nevermore 2024 © Theothea.com

   

       

   

       

 Mylène Farmer  Nevermore 2024 © Theothea.com

     

     

   

            

           

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VOLE EDDIE, VOLE !

« Vole Eddie Vole ! » vers l’au-delà du dépassement de soi au Petit Montparnasse

                 

de  Léonard  Prain   

mise en scène  Sophie Accard   

avec  Benjamin Lhommas, Sophie Accard & Léonard  Prain    

***.

     

Théâtre du Petit Montparnasse

      

© Fabienne Rappeneau

   

Assister à la représentation de cet « envol » atypique à l’issue des jeux Olympiques & Paralympiques de Paris 2024, c’est aussi en quelque sorte tenter de replacer le sport de haut niveau dans un enjeu dédié qui ne soit pas exclusivement médiatique.

D’abord parce que l’histoire d’Eddie est un narratif qui provient de la réalité vécue pour laquelle le personnage ayant inspiré la pièce a l’opportunité de s’exprimer en épilogue par un bref vidéo-commentaire distancié mais aussi parce l’on y apprend que la direction du CIO a, depuis cette aventure, réglementé l’accession aux candidatures de telle façon qu’une telle expérience athlétique ne soit, paradoxalement, plus réalisable.

Et pourtant qu’il est émouvant cet exploit contre la destinée tracée telle que le propose ce témoignage scénographique sur le ton d’une comédie plutôt farfelue mais surtout poétique.

Ainsi Michael Eddie Edwards aura-t-il bataillé depuis ses 13 ans pour parvenir, plus d'une décennie plus tard en 1988, à se distinguer aux jeux Olympiques de Calgary (Canada) en étant le seul athlète britannique à participer à l’épreuve du tremplin à ski puisqu’aucun autre de ses condisciples n’était en mesure d’effectuer les performances minimales pour y être sélectionné.

Terminer alors le dernier au classement de tous les candidats internationaux aura même pu ajouter un surplus à sa gloire sportive selon la devise promulguée par le baron Pierre de Coubertin « L’essentiel n’est point de gagner mais bel et bien de participer».

Quel magnifique exemple à la fois de persévérance dans l’effort et d’humilité dans l’émulation humaine !

La pièce nous permet d’observer tous les obstacles médicaux accidentels ou naturels, administratifs, financiers, psychologiques... qui se seront succédé au cours des entraînements d’Eddie sans que pour autant la lassitude ou le découragement parviennent à le dissuader dans son objectif de représenter son pays à ces jeux d’hiver.

« Je pense donc Je skie !» ose d'ailleurs lui faire dire humouristiquement le dramaturge.

Mais auparavant il lui avait fallu trouver la discipline sportive dans laquelle il aurait pu se distinguer; ce qui n’aura vraiment pas été aisé puisque doué d’un physique plutôt adipeux, peu performant et bigleux, il se trouva très rapidement exclu de tous les sports d’équipe l’amenant par la suite à s’assumer isolé et quelque peu démuni au sein des compétitions individuelles.

C’est cependant un camarade de jeunesse intuitif mais relativement avisé qui lui fera office de coach au fil des années de progression mâtinées de reculades spectaculaires alors que focalisé, une fois pour toutes, sur cette idée fixe des Jeux Olympiques à la suite de son visionnage d’un reportage télévisé, Eddie s’accrochait à son rêve dont rien ni personne ne pouvait lui faire dévier du moindre renoncement.

A commencer par sa famille et surtout son père ayant décidé de le chasser du foyer car il lui paraissait rationnel que son fils poursuive la profession de plâtrier offerte par transmission héréditaire; personne donc ne parvint à infléchir l’ambition d’Eddie contractée à la pré-adolescence bien que jugée utopique par tous.

Ayant trouvé ce créneau du tremplin à ski déserté par les anglais, l’excitation était à son comble car il allait pouvoir, à force d’obstination, en étant sélectionné aux JO être le seul représentant de sa nation et devenir, de fait, une légende aux yeux de ses concitoyens sous le surnom de « Eddie L’Aigle ».

Sur les planches du Petit Montparnasse, trois comédiens, dont l’auteur Léonard Prain & la metteuse en scène Sophie Accard se démutiplient dans une vingtaine de rôles alors que Benjamin Lhommas, tout en recherchant la ressemblance physique, se concentre sur son incarnation du héros Olympique faisant lien sensible avec le Paralympisme.

A l’instar des paroles de la chanson de Michel Sardou, « Mes chers parents je pars... je ne m’enfuis pas je vole, comprenez bien je vole...» Eddie monte tout là-haut au sommet de son tremplin de 90 mètres prêt à la descente vertigineuse et à son envol sous les acclamations enthousiastes des spectateurs... en totale fusion identitaire avec le dépassement de soi.

Theothea le 24/09/24              

   

       

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LETTRES D'EXCUSES

« Lettres d’excuses » Patrick Chesnais (se livre) tel qu’en lui-même au Lucernaire.

                 

de & avec   Patrick Chesnais   

mise en scène    Emilie Chesnais   

***.

     

Théâtre du Lucernaire

      

©  Captavidéo

     

Micro-cravaté sur la scène du Lucernaire, l'excellente nouvelle dès le début du spectacle c'est que, pour la première fois depuis longtemps, nous sommes assurés d'entendre correctement les propos sonorisés de Patrick Chesnais voire même ses borborygmes... cela va donc être un régal pour l'oreille et pour l'esprit.

Son livre d'excuses épistolaires étant paru en 2023, en voici désormais son adaptation sur les planches grâce à une sélection savamment ordonnée mise en espace artistique par sa fille Émilie.

A 78 ans, le comédien poursuit, en pleine forme physique, son artisanat perspicace qui ne lui a jamais fait défaut depuis son entrée en sacerdoce théâtral lors de sa sortie du conservatoire d'art dramatique.

Mais, cependant au cours de sa carrière, l'artiste a accumulé de multiples fautes ou surtout des manquements à se faire pardonner alors c'est par la tangente qu'il tente de se raconter ou plutôt d’élaborer une sorte d'état des lieux autrement dit celui de l’état de l’homme de spectacle ayant tracé jusqu'ici sa route sans vraiment se retourner.

Et pourtant des ruptures dans ce cheminement se sont dressées avec la première d'entre elles par laquelle il débute ses lettres d'excuses, adressée à Ferdinand son fils qu'il pense n'avoir pas su suffisamment protéger...

Ainsi, au-delà de l’accident fatal, c'est l'absence elle-même du fils qui prédomine actuellement et qui envahit son ressentiment de père, peut-être, négligent.

Cependant rien n'arrête la vie ou la survie, c'est délibérément volontariste que l'acteur attaque chaque petit matin d'autant plus vigilant que le doute tenterait de faire effraction.

A l’oral du seul en scène, celui-ci passe d'une lettre à l'autre sans jamais insister sur la chute du propos, son apothéose ou le point final.

C'est le fondu enchaîné qu'adopte la scénographie du récit conjugué à la première personne du singulier; c'est bien de Patrick Chesnais dont il est question existentielle mais se racontant avec ses faiblesses assumées sans aucun pathos et même, pour le fond, sans véritables regrets exprimés clairement.

Tel un philosophe en activité conceptuelle, il observe, il constate & déduit de son analyse que force est de renouveler en permanence l'expérience des planches car c'est le seul véritable outil d'évaluation de son potentiel, de ses forces réelles, ses compétences et de leur impact sur le public.

Tout autre état d'âme pourrait être trompeur ou fallacieux, mieux vaut se fier à l'acte de présence scénique pourvu que celui-ci soit nourri par la vie elle-même et toutes ses incidences.

Alors d'anecdotes professionnelles jusqu'aux considérations sur la naissance, la mort et entre-temps les anniversaires, c'est la vie vécue sous toutes ses formes qui dicte sa loi universelle.

Patrick Chesnais aura décidé une fois pour toutes d’affronter toutes ces facettes de front avec leurs joies et leurs peines respectives.

Alors s'il s'excuse entre autres auprès de Delphine Seyrig, Mathilda May, Michel Bouquet ou Jack Nicholson... ce n'est pas tant pour leur avoir fait un tant soit peu d'ombre, c'est de s'être pris lui-même au piège du manque d’anticipation et donc de s'être montré insuffisamment prévoyant face aux conséquences de son attitude pouvant apparaître quelquefois indolente.

Si, par ailleurs, il en veut à sa jeunesse maintenant estompée et à sa vieillesse encore virtuelle, c'est de leur tentative insidieuse à s’efforcer de masquer l'intérêt prioritaire de l'instant présent... Carpe diem !

De surcroît, ayant compris qu’en s’étourdissant d’activités, le risque de voir lui échapper tout contrôle sur le flux du ressenti se faisait menaçant, il est prêt désormais à accorder une valeur relative à l’ennui et s’efforce donc, quand il le peut, de cultiver cette prédisposition qui lui avait, jusque-là, toujours fait défaut.

C’est, cependant, avec son deuxième fils qu’il aura eu le plus de difficultés à se mouvoir sur les mêmes longueurs d’ondes. De toute évidence par exemple, Victor ne partage point les mêmes appétences que son père en matière d’humour et aura préféré de loin la compagnie de ses propres amis pour se laisser aller à rire sans aucunement autoriser son père à participer de cette complicité générationnelle...

En revanche, parmi ses victoires sur la fatalité, le compagnon de route perspicace aura su transgresser le masque du COVID ravageur en découvrant in situ la vérité sur l’Amour et, ainsi, pouvoir en reconnaître son insondable profondeur... auprès de sa femme Josiane Stoléru.

Définitivement, c’est donc selon un esprit sain dans un corps sain qu’il souhaite poursuivre son cheminement d’homme... au rythme du comédien renvoyant en miroir, selon la plus grande justesse possible, son interprétation distanciée du vivant... reçue, bien entendu, par le public au diapason de son charme nonchalant bel et bien indéfinissable.

Theothea le 30/09/24

              

       

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RUPTURE A DOMICILE

 « Rupture à Domicile » en livraison amoureuse contrariée au Rive Gauche

                 

de  &   mise en scène  Tristan Petitgirard   

avec  Cyril Garnier, Isabelle Vitari & Loup-Denis Elion   

***.

     

Théâtre Rive Gauche

      

© Fabienne Rappeneau

   

       

Depuis presque 10 ans, de reprise en reprise, cette pièce à succès de Tristan Petitgirard est en passe de devenir un Must de la Comédie car son renouvellement du triangle amoureux permet à l’auteur d'y faire fonctionner un véritable enjeu de chaises musicales où le rapport de forces tanguerait entre trois pôles se pliant successivement mais sans jamais pouvoir vraiment rompre.

En effet dans le schéma classique, à l’instar du fameux système quelque peu éculé « L’épouse, l’amant et le mari » où les rôles sont attribués une fois pour toutes, chacun y joue sa partition du mieux que lui accordent les circonstances certes évolutives mais nécessairement liées aux trois assignations initiales.

Alors qu’ici selon une perspective innovante où la communication à distance, spécifique aux moeurs de notre époque, viendrait s’intégrer dans la manière de concevoir, en l’occurence, une rupture amoureuse voilà qu’un tiers pourrait être en charge de transmettre le message sans doute douloureux pour son destinataire mais où la dramatisation devrait être réduite à un impact minima.

Cette méthode, apparemment très cool & clean pour procéder à une déclaration forcément désagréable aux deux futurs ex-partenaires, aurait ainsi l’avantage d’assumer une forme de véracité mais sans devoir en supporter les affres contingents.

A ceci près qu’en introduisant le service marchand d’une telle décision unilatérale, c’est tout un cortège d’aléas non maîtrisables qui pourrait également être initié à l’insu de son expéditeur sans même en pouvoir évaluer les conséquences contre-productives.

Ainsi, si comme dans cette pièce de Petitgirard, Hyppolite charge Eric d’aller prévenir Gaëlle qu’il ne viendra pas ce soir ni même aucun autre soir à venir, la situation pourrait a priori paraître simplissime... sauf, bien entendu, si quelques minutes avant l’heure dite, Hyppo. était soudain en proie au doute et voulait à tout prix empêcher le message et le messager de parvenir à destination.

Et imaginez, en outre, que ce dernier en arrivant au domicile de Gaëlle pourrait lui-même avoir la surprise réciproque de découvrir que cette « cliente » ne lui est personnellement pas vraiment inconnue !...

Bref tous les ingrédients pourraient être désormais réunis pour que les « faux-semblants » côtoient les « fake news » et que de tromperies avérées en aveux repentants les protagonistes passent l’un après l’autre par des sensations de désarroi entrecoupées par des reprises en main factices.

Tous seraient logés à même enseigne dans une sorte de duperie généralisée à géométrie variable où chacun tenterait de tirer la couverture à soi mais sans jamais parvenir à se rendre invulnérable ou hors d’atteinte des failles de sa propre lâcheté.

Dans cette configuration, l’auteur découvrirait qu’il a entre les mains un véritable gisement de modèles contemporains ainsi que de contre-modèles où, au fur et à mesure des révélations plus ou moins pertinentes, chaque protagoniste se retrouverait tour à tour en prise directe avec sa propre incohérence.

De la dentelle à tisser avec jubilation pour un dramaturge s’émerveillant des méandres que le spectateur, au fil de l’intrigue, pourra parcourir à son tour de tout son soul.

D’ailleurs Tristan Petitgirard confie volontiers, qu’aujourd’hui encore, lors de cette reprise avec ces trois comédiens fort expérimentés notamment dans l’humour, il trouve source à faire progresser l’écriture de sa pièce (Meilleur Auteur Francophone Molières 2015) en l’adaptant à leurs comportements talentueux pour faire jaillir de nouvelles pépites jusque-là insoupçonnées.

Comme, de surcroît, il s’en trouve être également le metteur en scène, sous les auspices d’Eric-Emmanuel Schmitt en ce lieu théâtral où il a créé récemment avec bonheur « La maison du loup », c’est dans un cercle ô combien performant que le trio Isabelle Vitari (Nos chers voisins), Loup-Denis Élion (Scènes de ménage) et Cyril Garnier (On ne demande qu’à en rire) vient allègrement pourfendre la cuirasse du politiquement correct finalement aussi mal armée aux relations amoureuses d’hier que de demain... en la transformant en un régal drolatique du jeu de la vérité déclinée au diapason des impératifs aléatoires de l’instant présent.

Theothea le 14 oct 2024

   

               

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SARAH BERNHARDT

« ou L’extraordinaire Destinée de Sarah Bernhardt »

« Sarah Bernhardt » L’Impératrice du Théâtre en immersion percutante au PalaisRoyal

                       

de & mise en scène  Géraldine Martineau   

avec Estelle Meyer, Marie-Christine Letort, Isabelle Gardien, Blanche Leleu, Priscilla Bescond, Adrien Melin, Sylvain Dieuaide, Antoine Cholet, Florence Hennequin et Florence Dollinger.

***.

     

Théâtre du Palais-Royal

      

© Fabienne Rappeneau

       

   

Selon une triangulaire féminine vertueuse, Sarah Bernhardt apparaît à l’affiche parisienne solidement arrimée entre Géraldine Martineau l’auteure metteuse en scène & Estelle Meyer l’Artiste interprète selon une perspective collective ne rassemblant qu’une seule entité créatrice à la tête du Biopic lui étant dédié au Palais-Royal, de surcroît sous les auspices de Sébastien Azzopardi co-directeur de ce Théâtre sorti de sa réserve médiatique en annonçant qu’il est lui-même descendant en ligne directe de la légendaire comédienne.

Le trio activiste aura pour ligne de conduite moins d’en faire triompher le fabuleux personnage charismatique évoluant au tournant des 19ème & 20ème siècles mais plutôt d’en reconstituer l’essence pour l’incarner en synergie avec notre monde contemporain.

Pour atteindre cet objectif existentiel nul besoin, par exemple, d’en imiter ses célèbres intonations caverneuses jusqu’à les caricaturer par des effets spéciaux de sonorisation qui, précisément, n’existaient point en ces temps-là mais tout au contraire de s’en abstraire car, de toute évidence aujourd’hui, personne, y compris à n’en pas douter Sarah Bernhardt elle-même, ne se sentirait dans l’obligation de jouer sur scène avec une telle voix déclamatoire.

Aussi prenant quasiment le contre-pied du cliché acoustique fallacieux, la metteuse en scène va utiliser la superbe voix d’Estelle Meyer pour la faire chanter et même composer des intermèdes ô combien illustratifs du comportement innovant et volontariste de La Divine mais qui, donc, elle-même ne s’était jamais adonnée aux vocalises.

Et pour autant, aucune provocation ne procède de cette démarche scénographique mais c’est bel et bien le désir de faire partager une admiration sans borne face à l’audace, à l’énergie et à la détermination cherchant sans relâche tous les partis pris possibles afin d’en tester les potentialités et ainsi franchir l’ensemble des obstacles objectifs ou supposés tels rencontrés par l’Artiste se hissant sur les sommets d’un show déjà « business » versus le reste du Monde, accompagné de sa fameuse devise « Quand même ».

C’est par le prisme de l’imaginaire que Géraldine Martineau perçoit la figure de proue emblématique des combats universels globalement menés au nom de l’émancipation, sans pour autant idéaliser l’icône qu’elle souhaiterait, au contraire, humaniser dans toutes ses composantes.

Ainsi la dimension familiale caractérisant la carrière de Sarah Bernhardt pourra-t-elle servir notamment à en illustrer les facettes complexes, contradictoires et hypersensibles en prise avec les comportements d’interdépendance à charge et à décharge.

Par exemple, sans porter le moindre jugement de valeurs, ses relations avec sa sœur, son fils, sa coach et d'autres proches sont présentées « brut de décoffrage » de telle façon que le spectateur reste libre d’en évaluer éventuellement les torts et raisons de chacun.

L’ensemble factuel nous est proposé comme un canevas poétique, décalé, baroque voire peut-être monstrueux mais où, de fait, l’indifférence n’aurait guère sa place attitrée.

Nous assistons à une marche en avant quelquefois forcée par le destin, dans d’autres cas, suggérée par la médiocrité environnante mais où jamais le renoncement ne pourrait être convoqué en tant que partenaire du défi combattant précisément les forces inhibitrices et toxiques.

Ainsi, lorsqu’il s’agira de décider l’amputation d’une de ses jambes, c’est de fait un sentiment positif qui présidera à ce choix essentiel que l’artiste assumera par la suite dans toutes ses conséquences sans jamais y trouver une quelconque cause à limiter ses activités physiques.

Dans cette démarche d’adaptation permanente à l’ensemble des modalités contingentes, tout choix ne résultera que de l’unique ambition de le réaliser quels que soient les efforts requis.

S’entourant d’animaux sauvages au sein de l’espace domestique tels que crocodile, lion ou singe etc..., point question de s’interroger sur les éventuels inconvénients liés à ces présences inaccoutumées et, par ailleurs, pas davantage de réserves pour son addiction à se reposer fréquemment dans un cercueil.

Alors pareillement, Estelle Meyer & ses partenaires de jeu se soumettront à une discipline radicale liée aux recommandations de la réalisatrice afin de transgresser toute tentation d’auto-censure malvenue.

Ensemble les huit comédiens et deux musiciens auront activement participé à l’élaboration de leurs rôles concernant pas moins de 35 personnages à animer.

La direction d’acteurs a éminemment tenu compte de leurs perceptions. La composition est multi-factorielle mettant en accord la sensibilité et l’empathie des interprètes avec la dynamique accompagnant la performance magnétique secrétée autour du « monstre sacré ».

Se voulant authentique et jusqu’au-boutiste comme son modèle, Estelle Meyer est censée coordonner l’ensemble des pulsions et transferts, les siens et ceux de ses partenaires pour conduire chaque représentation à son apothéose, depuis la naissance dans l’anonymat jusqu’à l’enterrement XXL de la Diva.

Sur scène, l’enjeu est hors normes et doit le rester jusqu’à l’ultime baisser de rideau.

L’instant présent est seul maître à bord pour honorer un phare d’humanité à suivre et à poursuivre jusque dans les plus profondes implications du Tous pour Une !...

Theothea le 20/10/24         

         

     

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L'AMANTE ANGLAISE

« L’Amante Anglaise » Sandrine Bonnaire forcément sereine sous apnée Durassienne à l’Atelier

   

de  Marguerite Duras   

mise en scène Jacques Osinski  

avec  Sandrine Bonnaire, Frédéric Leidgens & Grégoire Oestermann   

****

     

Théâtre de l'Atelier

      

© Pierre Grosbois

          

A la fois, implicitement sensibilisée par l’autisme inhérent à l’une de ses sœurs cadettes, de même que par le traumatisme ressenti depuis sa violente agression sous emprise fomentée par un ex-partenaire, d’autre part profondément choquée par la maltraitance de sa propre mère constatée en Ehpad, Sandrine Bonnaire affiche ainsi, sans ambages, ses prises de positions éthiques publiques autant qu’elle sait exposer son talent de comédienne avec l’immense pudeur que le goût pour l’authenticité lui suggère bien naturellement.

C’est donc en toute lucidité cohérente que la comédienne serait en mesure d’endosser la responsabilité du meurtre commis par Claire Lannes à l’encontre de Marie-Thérèse Bousquet une cousine sourde et muette que Pierre Lannes son mari a installé en qualité de domestique et cuisinière dans leur maison de Viorne...

Ce rôle que Marguerite Duras aura peaufiné selon plusieurs versions fictionnelles successives à partir d’un fait divers remanié va permettre à l’actrice de conforter son engagement théâtral en transcendant toute morale ou plus précisément toute raison justificatrice.

Cette corde raide sur laquelle en funambule l’artiste va chercher l’équilibre, c’est précisément ce point nodal où évolue le personnage Durassien qui revendique l’assassinat mais qui ne peut pas expliquer les motivations de son geste aussi soudain qu’ imprévisible.

De surcroît, le corps de la victime aura par la suite été tronçonné en morceaux, de façon à en assurer l’évacuation par wagons de chemin de fer, jetés du haut d’un pont.

Mais pourtant les enquêteurs n’en retrouveront jamais la tête et Claire refusera ou ne saura point exprimer ce qu’il est advenu à cette partie anatomique manquante.

L’interprète d’un tel personnage doit incontestablement faire preuve lui-même d’une savante distanciation en même temps que s’abstraire de tout surmoi qui le retiendrait dans les cordes du rationnel.

Ce fut longtemps un fameux rôle récurrent pour Madeleine Renaud; Suzanne Flon s’y adonna également ainsi que Ludmila Mikaël, de même que plus récemment Judith Magre ou encore Dominique Reymond etc...

Toutes ainsi devaient notamment subir l’interrogatoire du chargé de mission, sans que l’on sache à quel titre médical, juridique, administratif, policier ou autre celui-ci intervenait, tout en espérant néanmoins qu’une meilleure compréhension des faits en sortirait au terme de la représentation.

Il pourrait apparaître ici que pour Jacques Osinski, l’enjeu se trouve résolument ailleurs en plaçant Sandrine Bonnaire sur une chaise face au public, permettant ainsi à Claire toute latitude pour expérimenter la pertinence des questions qui lui sont posées au prorata de ses réponses frappées d’une incertitude infinie mais dans la fierté d'une posture donnant l’impression d'avoir été pleinement adoubée par son alter ego scénique.

Face à cette attitude de dédoublement, il semblerait que Sandrine Bonnaire trouve avec grande justesse sa vitesse de croisière, sans doute précisément nourrie de sa connaissance interne des ressorts relationnels sous-tendus par le langage autistique.

De toute évidence, Sandrine bénéficie en surcroît de la présence de deux partenaires haut de gamme qui, non seulement, jouent leurs propres partitions en pleine symbiose mais dont la dialectique harmonique se prolonge jusque dans le phrasé, la tonalité, les modulations des voix qui se répondent au mieux de l’intention Durassienne.

Ô temps suspend ton vol, l’instant de grâce indicible traverse le rideau de scène jusque dans les coulisses du Théâtre de l’Atelier...

Alors comme si l’écoute prenait le pas sur toute prévalence, celle du public à l’affût du moindre indice déterminant son intime conviction, celle de l’interrogateur ( Frédéric Leidgens ) en recherche de la faille signifiante, celle de Claire en quête d’une reconnaissance existentielle, celle également du mari ( Grégoire Oestermann ) soucieux de ne pas contredire sa propre impunité, c’est bien l’extrême attention à la parole d’autrui qui catalyse la problématique du sens en donnant caution par avance à la parole miraculeuse par laquelle pourrait éventuellement s’échapper la vérité du non-dit.

Cependant si la « Menthe anglaise » pousse avec prédilection dans le jardin favori de la meurtrière comme pourrait le signifier un principe d’alchimie domestique, c’est que Marguerite Duras s’approche, en toute conscience romancière & théâtrale, d’un ersatz de la folie en nous faisant partager, en temps réel, la révélation quasi intangible de sa substance :

« Écoutez-moi… je vous en supplie… » .  De fait, Claire aura eu le dernier mot.

Theothea le 01/11/24

   

           

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Mylène Farmer  Nevermore 2024 © Theothea.com

     

   

   

          

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Deep Purple - Smoke on the Water - Zénith Paris 2024 -     © Theothea.com