Alors que « Le Roi Lion » actuellement programmé
à laffiche parisienne jusque fin juillet 2022, des rumeurs
annonceraient lannonce prochaine dune seconde saison à
Mogador à linstar des trois années déjà
effectuées lors de la création française originelle
de 2007 à 2010.
A lépoque, ce spectacle emportait trois Molières 2008,
« Meilleure comédie musicale »,
« Meilleurs costumes » et « Meilleures
lumières ».
Si, depuis plusieurs années, ces deux derniers prix sont
désormais réunis en un seul intitulé
« Création visuelle, scénographie, lumière,
costumes », il est remarquable de noter que cette nouvelle production
vient dobtenir deux nouvelles nominations aux prochains Molières
2022, celles précisément pour lesquelles ces mêmes
trophées lui avaient donc déjà été
décernés en 2008.
A la relecture, de ce que
nous écrivions concernant limpact prévisible dès
la soirée de gala 2007, il semblait acquis que cette réalisation
haut de gamme atteignait des sommets inégalés dont nous sommes
en mesure dobserver que, par surcroît aujourdhui pour ce
rendez-vous 21-22, lexcellence artistique est
« généralisée » notamment celle
de linterprétation devenue très personnalisée
voire même subjectivée.
Cest un réel plaisir partagé de la première
seconde du show au baisser du rideau de scène que de ressentir cette
initiation existentielle de la faune sauvage, par essence métaphorique,
ravir nos sens et lintellect grâce notamment à la
distanciation opérée par ces masques sculptés et ces
marionnettes à échelles différenciées au prorata
de tailles humaines dont les rouages et autres leviers de manipulation demeurent
apparents avec ce charme indéniable que procure le synchronisme en
temps réel.
Cest cette créativité attrayante de la metteuse en
scène originelle Julie Taymor qui séduit ainsi la planète
entière depuis 1997 grâce à cette Comédie Musicale
atypique initialisée à Broadway en provenance du non moins
célèbre dessin animé Disney avec lintention de
fédérer tous les publics de tous les âges.
Cest à la fois magique, poétique, drôle et en
même temps, cela interroge avec pertinence le monde du vivant.
Point étonnant que malgré les multiples reports et interruptions
dus à la pandémie, la jauge du Théâtre Mogador
ne cesse de faire le plein denthousiasme, de bonne humeur et
détincelles dans les regards de ceux qui, très souvent,
ont envie de revoir le spectacle à plusieurs reprises.
Le phénomène est à la mode; il est viral et
naurait pas dautre réplique que lui-même par ailleurs
plutôt humble et la tête sur les épaules avec les yeux
bleu profond.
Nous savons quil sappelle Michalik et que son nom sonne comme
un détonateur de « success story » ce qui au
Théâtre est davantage quune simple
étrangeté.
Bien sûr, il y a Ariane Mnouchkine en contre-exemple dune
réussite qui doit tout à la volonté de préserver
son indépendance face aux sollicitations de pactisation avec le diable
médiatico-spéculatif mais, lui, Alexis nen aurait cure
puisquil est prêt à faire feu de tout bois pourvu quil
reste pleinement libre dadapter sa méthode « anti
ennui » aux sujets quil décide de traiter en surfant
et en zappant sur tous les composants induits.
Bref cet artiste aux déjà cinq Molières, à
la fois comédien, réalisateur, dramaturge et écrivain
sapparente à un Ovni dont tout le monde connaît
désormais lexistence « jeune », le talent
« récurrent » et linfluence
« illimitée ».
On ne parle de ses pièces que parce quil faut les
différencier les unes des autres, on ne parle de ses interprètes
que parce quil intègre leurs potentialités interchangeables
mais on ne peut échapper à son magnétisme
scénographique puisque celui savère garant de capter
tous les publics alors que seul compterait en définitive le mot de
passe à divulguer : « Michalik » sonnant comme
un sésame codé.
Qui, en effet, peut se vanter actuellement en 2022 après les affres
du confinement Covid de faire salles pleines non pas pour un spectacle mais,
bel et bien, pour six concomitants
« Edmond »,
« Intra
Muros »,
« Le Porteur
dhistoire », « Une Histoire
dAmour » quil signe et
« Les
Producteurs » dont il nest que le metteur en scène
?
Voilà lessentiel est dit ! Alors si vous voulez
apprécier la reprise de cette histoire damour au Théâtre
La Scala, point besoin de « divulgacher » lintrigue,
celle-ci sort complètement des narrations à tiroir
dévènements historico-culturels précédents
en sappuyant tout au contraire sur le vécu au quotidien des
avanies intimes que les multiples liens relationnels initiés par chacun
dentre nous entrechoquent jusquà les vulnérabiliser
ou les rendre caduques.
Rires et larmes sont au rendez-vous dun humour distancié
bien décidé à ne jamais sappesantir sur un état
affectif plutôt quen son opposé.
Ici comme ailleurs, larme absolue de Michalik consiste à
passer sans cesse dune scène à lautre par le fondu
enchaîné voire même
« déchaîné » sans jamais temporiser
avec laffect.
En tant que metteur en scène et acteur, Gérard Chambre a
toujours fait du Théâtre et du Cinéma son terrain de
jeu favori mais ce que, sans doute, lon sait moins, cest son
attrait pour la musique, la composition et même
linterprétation, par exemple en ayant repris
précédemment le rôle de Jacques Brel dans une adaptation
de « Lhomme de la Mancha ».
Cest donc en passionné par la chanson française
quil créa, en 2016, au château de Lacoste sous les auspices
de Pierre Cardin, son « Moi jaime le
Music-Hall » quil poursuivit, par la suite, sur plusieurs
saisons dans le magnifique petit Théâtre de Chez Maxims
tous les lundis soirs alors que le célèbre restaurant parisien
faisait relâche hebdomadaire.
Actuellement, cest donc le Théâtre des Mathurins qui
accueille la reprise de cette discrète mais terriblement efficace
production de la compagnie « Opéra ma non troppo »
forcément vouée au succès tant ce spectacle est à
la fois sympathique, chaleureux et source effective d'émotions, de
souvenances et de nostalgie avec lensemble de ces refrains, rengaines
ou autres tubes qui peuplent la mémoire des multiples
générations ainsi entrecroisées.
Edifiant des saynètes scénarisées autour de ces extraits
chantés a capella, en chur ou en canon accompagnés
dune pianiste/organiste sadaptant à tous les styles, à
tous les rythmes, ce récital en forme de play-list ou de best of prend
aisément des allures de Comédie Musicale pouvant sapparenter
à un spectacle de Music-Hall dans la plus élégante de
ses traditions artisanales, cest-à-dire celle inspirée
par la bonne humeur partagée avec le public.
Des classiques Trenet, Bécaud, Piaf, Brel, Barbara, Gréco,
Montand, Aznavour, Brassens aux artistes sixties Sylvie Vartan,
Françoise Hardy, Sheila, Julien Clerc, Dalida, Claude François,
Johnny Hallyday à ceux des seventies tel Alain Souchon
jusquaux récents à linstar de Stromae Formidable
donc !
Cest plus de 80 chansons pour une soixantaine dinterprètes
que, sous une formation légèrement plus resserrée qu'à
lorigine, Véronique Fourcaud la battante, Mathieu Gambier le
crooner, Fabrice Coccitto lespiègle emballent le piano de Marion
Villaneau la performante placée à Cour en laissant libres,
à Jardin, flux & reflux pour les entrées & sorties
de ces baladins ainsi emmenés par un Gérard Chambre amusé,
rieur, malicieux et plein dentrain comme ce chef de bande
expérimenté et néanmoins juvénile quil
est devenu au fil de son talent en arborant pour la circonstance un look
denfer tendance Keith Richards !
Ok ! On se calme mais il est tellement compréhensible que des
aficionados reviennent voir ce spectacle à de multiples reprises puisque
son objectif affiché, assumé et revendiqué est bel et
bien de se faire plaisir en redécouvrant tout ce que l'âme des
poètes a su semer dans les esgourdes, les regards, les esprits et
le cur au détour de trois petites notes de musique sachant nous
enchanter au premier accord, nous émouvoir jusquaux larmes et
nous faire frissonner dès le vibrato de chacune de leur aubade
entonnée.
Cest séduisant ! Cest enivrant ! Cest essentiellement
réconfortant ! Voici « Hair » pour un rappel
tous ensemble Let the sun shine in Laissons entrer le Soleil !
avec
Isabelle GEORGES Chant, Frederik
STEENBRINK chant, Bruno FONTAINE Piano, Benoit DUNOYER
Contrebasse, Daniel CIAMPOLINI Batterie et Adrien SANCHEZ
Saxophone